Article mis à jour le 21 octobre 2016

« Un tueur en série recherché depuis plus de 15 ans vient d’être arrêté en Chine. L’homme a été trahi par l’ADN de son chromosome Y grâce à une méthode originale d’anthropologie forensique.

Lorsque la police est venue arrêter Gao Chengyong, fin août, il se trouvait derrière le comptoir de l’épicerie qu’il tient avec sa femme à Baiyin, une ville industrielle du nord de la Chine. Entre 1988 et 2002, cet homme âgé de 52 ans a tué et violé onze femmes. Il procédait toujours de la même façon: circulant à vélo, il repérait une femme seule, puis la suivait jusqu’à chez elle et l’attaquait. Il avait une prédilection pour les femmes avec de longs cheveux portant du rouge.

A l’issue de son crime, il découpait les mains, les oreilles et les organes génitaux de ses victimes, qu’il jetait dans une rivière. A plusieurs reprises, il a laissé des traces d’ADN sur la scène du crime: du sperme, un peu de sang et de la salive sur une tasse dans laquelle il avait bu un thé après avoir assassiné une fillette de huit ans.

Pour retrouver l’auteur de ces crimes, la police a effectué des centaines de prélèvements d’ADN sur des habitants de Baiyin. Mais Gao Chengyong ne se trouvait pas parmi les hommes testés car sa résidence était formellement enregistrée à Chenghe, un village rural situé loin de cette cité de 1,7 million d’habitants.

Trahi par son chromosome Y

Début 2016, la police a confié ce cas au Laboratoire d’anthropologie contemporaine de l’Université Fudan. «Nous avons séquencé le matériel génétique contenu dans les échantillons fournis, en nous concentrant sur le chromosome Y, détaille Li Hui, l’un des chercheurs de ce laboratoire. Ce dernier se transmet de père en fils et mute très peu entre chaque génération. Il permet donc d’établir des lignées familiales claires, dotées d’un profil génétique qui leur est unique.»

L’ADN du meurtrier de Baiyin a ensuite été introduit dans une base de données répertoriant le chromosome Y de plus de 400 000 hommes. «Il s’agit d’une ressource unique au monde, relève le scientifique. Elle comprend des données en provenance de chaque comté, voire de chaque village, en Chine.» La recherche a livré un résultat clair: le chromosome Y retrouvé sur les scènes du crime était le même que celui d’un clan portant le nom de famille Gao et dont les membres étaient originaires du village de Chenghe. Une nouvelle série de prélèvements d’ADN, ciblant cette fois les membres de la famille Gao vivant dans les environs de cette zone rurale, a été effectuée. Elle a permis d’identifier le meurtrier, un certain Gao Chengyong. »

 

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