Article mis à jour le 5 mars 2023

Nom : Lam Kor-Wan

Né le : 22 mai 1955 à Hong Kong (Chine)

Surnoms : The Jars Murderer (Le tueur aux bocaux), The Rainy Night Butcher (Le boucher de la nuit pluvieuse),The Rainy Night Killer (Le tueur de la nuit pluvieuse), The Hong Kong Butcher (Le boucher de Hong Kong)

Mort le : toujours vivant, emprisonné à perpétuité à Hong-Kong.

Surnommé “Le tueur aux bocaux”, Lam Kor-wan a conservé les organes sexuels de ses victimes dans des boites tupperware après les avoir démembrées. Solitaire et obsédé par la pornographie, il vivait avec ses parents et son frère, qui n’ont jamais rien soupçonné de ses crimes ou de ses perversions.

Informations personnelles

Lam Kor-wan aurait été battu par son père lors de son enfance.
Ses parents ont divorcé alors qu’il était très jeune et son père s’est remarié 2 fois par la suite.

Lam Kor-wan vivait avec son père, sa belle-mère et son demi-frère dans un vieil immeuble situé dans le quartier de To Kwa wan, sur Kwei Chau Street, à Hong-Kong.

A l’âge de 18 ans, il acheta un appareil Polaroïd et commença à se glisser dans les toilettes des femmes. C’était au début des années 1970 et la plupart des toilettes publiques à Hong Kong n’était rien de plus que des trous dans le sol. Tenant son appareil sous la porte de la cabine, Lam prenait une photo puis s’enfuyait en courant. Après quelques semaines, il tenta même des attouchements.
Il humilia et énerva ainsi des dizaines de femmes, mais au bout de quelques mois, il fut arrêté en flagrant délit.
Comme il était jeune et qu’il n’avait pas de casier, on considéra qu’il devait plutôt être soigné et il fut envoyé à l’hôpital psychiatrique Castle Peak. Il y resta pendant 3 ans et demi.

A sa sortie de l’hôpital, il décida de devenir chauffeur de taxi.

C’était un jeune homme solitaire qui collectionnait énormément de magazines pornographiques. Lam prenait des photos des clichés présentés dans les magazines, puis les agrandissez en taille réelle. Son passe-temps lui prenait la plupart de son temps libre (il allait dépenser des milliers de dollars en équipement).
Mais finalement, les photos ne lui suffirent plus. Il voulut se rapprocher de la réalité.

Crimes et châtiment

Le 3 février 1982, à l’âge de 27 ans, Lam devint bien plus qu’un voyeur.
Il conduisait comme à son habitude dans le quartier de Tsim Sha Tsui, à la recherche de clients voulant rentrer chez eux après une sortie, vers quatre heures du matin. Une femme sortie d’un restaurant, et le héla. Il était évident qu’elle était totalement ivre. Plusieurs chauffeurs avaient refusé qu’elle monte dans leur véhicule, mais Lam la fit monter dans son taxi pour la ramener chez elle.
À la moitié du trajet, elle demanda au chauffeur de s’arrêter et lorsqu’il freina devant une station essence, elle ouvrit la porte pour vomir. Refermant la porte, elle demanda à Lam de repartir dans la direction opposée. Le taxi fit demi-tour, mais quelques minutes plus tard, elle changea à nouveau d’idée. Elle ne savait plus où elle était.

Le quartier de Tsim Tsa Chui

Lam allait expliquer qu’il avait hésité à la tuer, car le fait qu’elle avait vomi le dégoûtait. Mais quelque chose en lui s’était brusquement enclenché. Il en avait eu assez.
Il entra dans un garage, toujours dans le quartier de Tsim Sha Tsui, fit le tour jusqu’à la porte passager et, utilisant du câble électrique, il étrangla la jeune femme. Il conduisit jusqu’à chez lui et se gara comme à son habitude devant l’immeuble. Il était cinq heures du matin, l’heure à laquelle il terminait normalement son travail. La rue étant déserte, il cacha le cadavre dans un grand sac puis le porta à travers le bitume et jusqu’à son immeuble. Le veilleur de nuit dormait sur un lit de camp dans le hall d’entrée et ne se réveilla pas au passage de Lam. Ce dernier entra dans l’appartement aussi silencieusement qu’il le put et cacha le corps sous le canapé.

Durant plusieurs heures, il resta allongé dans son lit, feignant d’être endormi. Quand son frère et ses parents quittèrent l’appartement après leur petit déjeuner, il se leva et commença à préparer sa chambre. Il couvrit le sol avec du plastique, s’assurant que même les plinthes étaient protégées. Puis, il allongea le corps sur le plastique et ferma à clé la porte de sa chambre. À l’aide d’une scie électrique, il commença à découper le corps. Il fit très attention, mais il lui fut impossible d’éviter qu’un peu de sang n’éclabousse les murs.
Il lui fallut plusieurs heures pour découper le cadavre et il prit des photographies durant le processus. Quand il eut terminé, il emballa la tête, les membres et le torse dans des paquets séparés. Il nettoya méticuleusement, roulant les feuilles de plastique et épongeant avec soin les murs et le sol.
Il dut faire plusieurs voyages pour transporter tous les morceaux du corps jusqu’à son taxi, mais personne ne fit attention aux petits paquets qu’il déposa dans son coffre. Satisfait de n’avoir laissé aucune trace de son massacre, il conduisit jusqu’aux Nouveau Territoires.

(Wikipedia : Les Nouveaux Territoires sont un secteur de Hong-Kong. Ils constituent 80 % du territoire hongkongais et comprennent les territoires entourant l’île de Hong-Kong et la péninsule de Kowloon, jusqu’à la rivière Shenzhen, qui délimite la frontière entre l’ancienne colonie britannique et la Chine continentale.)

Il voulait absolument trouver un endroit isolé pour y abandonner le corps et s’arrêta lorsqu’il trouva un endroit désert sur les bords de la rivière Shing Mun, près de Sha Tin. S’assurant que personne ne le voyait, il sortit les paquets de son coffre les uns après les autres et les jeta dans la rivière. Les eaux boueuses transportèrent les paquets jusqu’à la mer.

Lam n’expliqua jamais pourquoi il avait confié ses films à la boutique Kodak pour qu’elle le développe, alors qu’il possédait lui-même le matériel nécessaire. L’un des enquêteurs suggéra qu’il était excité par la possibilité d’être arrêté et manqua de l’être dès la première fois.
Quand il alla rechercher les photos, il fut interrogé au sujet des membres et des sections d’articulations visibles sur les clichés. Il répondit qu’il était un technicien de laboratoire d’université et que les photos faisaient partie de ses recherches médicales. L’employé accepta son explication et ne lui en demanda pas plus.

Un peu plus d’une semaine après le meurtre, Lam entendit à la radio qu’un bras avait été retrouvé sur la berge de la rivière Shing Mun. Le lendemain, une paire de jambe fut découverte et peu après, ce fut le reste du corps. La police tenta de déterminer, en se basant sur les marées, le jour où le corps avait été jeté dans la rivière.

corps rivière lam kor wan

L’un des bras présentait un tatouage (un cœur traversé par un couteau), ce qui était rare pour une femme à l’époque. En publiant une photo dans les journaux et en cherchant parmi les dossiers de personnes disparues, la police identifia le corps de Chan Fung-lan, que son époux cherchait depuis une semaine. Elle n’avait que 21 ans, était mère de 2 jeunes enfants et était « hôtesse » dans le night-club “Chinese Palace” à Tsim Sha Tsui. Les enquêteurs apprirent qu’après le travail, elle était allée boire un verre et grignoter avec sa sœur et deux autres employées de bar, puis avait pris un taxi pour rentrer chez elle.
La police lança un appel à témoin, mais le chauffeur de taxi ne se manifesta -évidement- pas et les amies de Chan Fung-lan n’avaient pas noté la plaque d’immatriculation.

Le premier meurtre de Lam Kor-wan était opportuniste, mais le suivant fut planifié. Il était perfectionniste et était déterminé à être mieux préparé. Plutôt que d’utiliser une scie électrique, il voulait un équipement professionnel et se rendit dans un magasin de matériel chirurgical. Il étudia avec attention les couteaux, les lames et les ciseaux, achetant finalement des instruments chirurgicaux spécialisés ainsi que plusieurs bouteilles de formaldéhyde.

Le 29 mai 1982, trois jours après avoir acheté son matériel, Lam tua à nouveau. Sa seconde victime travaillait, elle aussi, dans un bar, mais cette fois, il l’a choisi avec calme. Il étrangla Chan Wan-kit avec un câble électrique, puis la ramena chez lui. Comme pour sa première victime, il resta dans son lit en attendant que sa famille parte travailler puis commença à découper le corps.

Lam avait passé des jours à réfléchir à ce qu’il ferait et avait préparé la chambre avec soin, exactement comme il l’avait planifié. Il plaça un grand plateau sous le corps afin d’empêcher le sang de couler sur le sol puis sortit sa caméra vidéo. Plus tard, en étudiant cette vidéo, les enquêteurs réaliseraient qu’il avait pris le plateau situé en dessous de la cage des perruches de la famille.

Lam découpa le corps avec un soin méticuleux. Lorsque le corps fut découvert et autopsié, le médecin légiste remarqua cette compétence chirurgicale. Les incisions étaient si précises qu’il semblait que le tueur fut un professionnel. Le démembrement terminé, Lam photographia à nouveau les morceaux de corps.
Il avait longuement réfléchi à l’endroit où jeter le corps et après plusieurs excursions au beau milieu de la nuit, il avait trouvé l’endroit parfait. Cette fois, il emballa les morceaux de corps dans un grand sac de riz en plastique.
Il le plaça dans le coffre de son taxi et, très tôt le matin, pris le tunnel traversant la zone portuaire vers l’île de Hong-Kong. L’endroit qu’il avait à l’esprit était à 20 minutes en voiture à l’est du centre-ville, sur Tai Hang Road (un endroit résidentiel très boisé).
Il se gara dans une portion de la rue peu éclairée qui ne pouvait pas être vu depuis les immeubles alentour. Le sac était lourd et il eut des difficultés à le sortir de son coffre puis à le porter sur une courte distance jusqu’à la rambarde. Il jeta le corps par-dessus et le regarda alors qu’il dévalait la pente jusqu’à un ravin boueux.

Tai Hang Road dans les années 1980
Tai Hang Road dans les années 1980

Durant les jours qui suivirent, Lam repensa constamment aux événements de cette nuit. Non qu’il se sentit coupable ou éprouva des remords, mais parce qu’il voulait se perfectionner. Deux semaines plus tard, il frappa à nouveau. Cette fois, la victime était une caissière qui s’appelait Leung Sau-wan. Il étrangla avec un câble électrique et la ramena dans sa chambre comme il l’avait fait avec les deux premières. Ensuite, il emballa le corps dans un grand sac de riz et retourna à Tai Hang road pour s’en débarrasser.

Avec chaque meurtre, Lam devenait plus audacieux et il passa du temps à préparer avec soin son prochain forfait. Il était familier des bars du quartier de Tsim Sha Tsui et connaissait les endroits où les femmes attendaient souvent un taxi, seules. Ses trois premières victimes avaient toutes été ce qu’il appelait « des mauvaises filles ». Mais il voulait que sa prochaine victime soit une femme d’une meilleure classe sociale et choisit délibérément une jeune femme qui semblait « innocente ».
Son nom était Leung Wai-sum, elle avait 17 ans et elle était vierge. Lam la trouva devant un hôtel de Tsim Sha Tsui le 2 juillet 1982. Elle avait participé à une fête de son lycée avant les examens finaux, mais avait décidé de repartir après le repas. Ses amies du lycée l’avaient mise dans un taxi pour être sûr qu’elle rentrerait chez elle en toute sécurité…

Lam la conduisit jusqu’à une route tranquille et isolée et se gara. L’adolescente fut terrifiée lorsqu’il saisit ses poignets et la menotta au siège avant. Il était seulement 21h30 et donc trop tôt pour retourner chez lui, mais ce n’était pas la seule raison pour laquelle il voulait la détenir dans son taxi. Il voulait lui parler. Privé d’amitié et cherchant désespérément de la compagnie, il garda Leung attachée pendant des heures, lui posant des questions sur sa famille, la religion et sa vie en général. Lam apprécia réellement sa compagnie, mais cela ne fut pas assez pour entraver son plan macabre.
Vers quatre heures du matin, l’adolescente s’endormit et Lam l’étrangla avec un câble électrique.
Il la ramena ensuite chez lui et attendit comme à son habitude que sa famille quitte l’appartement.
Puis, il attacha sa caméra vidéo sur une étagère en hauteur et enregistra ce qu’il fit ensuite. La vidéo, retrouvée plus tard par les policiers, le montre avoir un rapport sexuel avec le cadavre de l’adolescente. Lam était vierge. La nécrophilie était sa première expérience sexuelle.

Alors qu’il installait le matériel d’éclairage pour filmer ses activités, une lampe tomba sur la cuisse de sa jeune victime et brûla sa peau. Il fit également des photos.
Il découpa ensuite le corps en morceaux comme il l’avait fait pour les précédentes victimes.
Ensuite, il abandonna le cadavre sur Tai Hang road.

Et il confia à nouveau ses négatifs photos à une boutique Kodak.
Le technicien du labo photo n’en cru pas ses yeux lorsqu’il développa les clichés. Il n’était pas rare qu’il tombe sur des photos de femmes nues, c’était même plutôt courant. Mais ces photos-là étaient différentes. La jeune femme  était complétement nue et avait été photographiée sous toutes les coutures, parfois en gros plans. Ses poses étaient délibérément pornographiques, ou en tout cas, dans l’idée de copier celles que l’on peut trouver dans un magazine pornographique. Le technicien aurait pu glisser les clichés dans leur enveloppe, en pensant avoir simplement affaire aux fantasmes d’un couple grivois. Mais il ne put ignorer l’une des photos : c’était celle d’un sein coupé.

Il contacta son manager, qui examina les photos et appela immédiatement la police. Le médecin légiste Philip Beh analysa les clichés et confirma les craintes des enquêteurs : la jeune femme photographiée était certainement morte. Il désigna une blessure à l’intérieur de sa cuisse, une marbrure rouge sombre, comme si elle avait été brûlée.

La police décida d’attendre le propriétaire des photos pour l’appréhender. Il n’était pas encore venu récupérer ses clichés et devait normalement passer le lendemain à la boutique Kodak.

Le 17 août 1982, deux policiers en civil attendirent en face du magasin, dans le quartier de Tsim Sha Tsui (une partie de Hong-Kong située sur le continent, au nord de l’île). Ils restèrent ainsi toute la matinée et l’après-midi, observant discrètement toutes les personnes qui entraient dans la boutique. Lorsque le soir arriva, un taxi se gara juste devant et le conducteur couru à l’intérieur.
Dès qu’il tendit son reçu, le caissier le signala à la police. Les officiers attendirent que le jeune homme, vêtu simplement d’un jean et d’un T-shirt, paie pour récupérer le film et ses photos, avant de l’arrêter alors qu’il retournait à son taxi. Le jeune homme affirma que les photos ne lui appartenaient pas, il était venu les chercher “pour un ami qui travaillait sur un bateau”. L’un des policiers sortis la carte d’identité du jeune homme de son portefeuille. Il s’appelait Lam Kor-wan. 27 ans. Chauffeur de taxi.

Une demi-heure plus tard, les deux policiers et Lam se tenait au coin d’une rue passante au nord de Tsim Sha Tsui. Ils attendaient le soi-disant ami qui devait récupérer les photos, laissant au jeune homme le bénéfice du doute. Après une heure d’attente, il fut évident que Lam Kor-wan mentait et que les photos étaient bien les siennes.
Lorsque la police fit une fouille rapide du taxi, les officiers découvrirent un couteau caché sous le pare-soleil. Le jeune homme expliqua qu’il lui servait seulement à se défendre en cas d’agression. Les policiers trouvèrent également une paire de menottes et, cette fois, Lam Kor-wan n’eut aucune explication.

Les policiers l’emmenèrent au poste de police alors qu’une équipe d’enquêteur des homicides se rendait chez lui, à Kwei Chau Street. Les parents de Lam ainsi que son jeune frère, qui était en train de dîner, dévisagèrent les officiers de police avec surprise.

L’appartement était typique de Hong-Kong, à peine 45 m² avec une minuscule cuisine et deux chambres à coucher, dont une que Lam partageait avec son frère. L’entrée de cette chambre était dissimulée par un rideau noir fait de centaines de boîtes de films opaques collés sur des bandes adhésives pendues au cadre de la porte. Lorsque l’on poussait le rideau pour entrer dans la chambre, les boîtes en plastique faisaient un bruit fracassant.

La chambre à coucher était petite, avec un lit superposé qui ne laissait qu’un passage étroit. Étant donné la taille de la chambre, une quantité incroyable de choses y était accumulées : de l’équipement photographique, des valises, des malles, des livres… Chaque centimètre disponible était utilisé comme espace de rangement. Une malle en acier sous la couchette de Lam attira l’attention de l’un des policiers et il la tira vers lui. C’était une ancienne boîte de munitions, d’environ 80 cm de long. Le policier la reconnu, car il avait vu sur les photos : elle avait été utilisée pour soutenir les hanches de la jeune victime. La boîte contenant des magazines pornographiques, un livre sur l’anatomie humaine et des dizaines de photos de cadavres découpés, ainsi que des cassettes vidéo, une paire de chaussures de femme blanches et un sac à main rouge.
Sur l’une des photos de cadavres, l’un des policiers identifia le cœur tatoué sur le bras de Chan Fung-lan, retrouvé dans la rivière Shing Mun en février.

Sous le lit, les policiers trouvèrent ensuite de grandes boites Tupperware. Elles étaient lourdes et remplies de… quelque chose. Le policier les posa sur le sol et enleva avec précaution l’adhésif qui entourait le rebord de l’une d’elles. L’odeur acide de formaldéhyde le frappa. En suspension dans le liquide clair se tenait un objet couleur chair. Le policier regarda de plus près et comprit que c’était le sein coupé de la photographie.

Les enquêteurs des homicides commencèrent alors à enlever les boîtes et les malles qui encombraient la chambre. Tout le monde fut abasourdi par la quantité d’équipements photographiques : plusieurs trépieds, des dizaines d’objectifs, des boîtes d’équipements lumière, des gadgets high-tech, une caméra infrarouge et un agrandisseur photo.

La chimiste médico-légale, Sheilah Hamilton, enleva l’adhésif de la seconde boite Tupperware. Elle allait expliquer plus tard que ce qu’elle y avait vu l’avait traumatisé : un vagin conservé dans du formaldéhyde.

Une inspection rapide des malles et des boîtes révélèrent une énorme réserve de pornographie, des piles et des piles de magazines, et des centaines de photos.

Il allait falloir des semaines pour analyser et cataloguer toutes les preuves. Des scellés furent posés sur la porte de l’appartement pendant 4 jours, alors que la police perquisitionnait méthodiquement. On passa l’aspirateur sur tous les sols, et les débris et les petites particules furent analysées. L’équipe médico-légale trouva des poils pubiens dans les débris, ce qui n’était pas inhabituel, excepté que ses poils n’appartenaient ni à Lam ni à son frère.

La chambre fut examinée minutieusement et l’on découvrit de petites traces de sang ainsi que de minuscules morceaux de chair sur les murs. La police saisit finalement 696 négatifs couleurs, 1500 diapositives couleurs et 1900 photos, dans leur très grande majorité, pornographiques. Les enquêteurs découvrirent également des bandes vidéo, qui étaient, de loin, les plus horrifiantes. Elles montraient un véritable carnage et des actes de nécrophilie qui furent considérées trop horribles pour que Sheilah Hamilton, une femme, puisse continuer à travailler sur cette affaire.

On découvrit par la suite que le sac à main rouge et les chaussures blanches appartenaient à la dernière victime, Leung Wai-sum.

Les enquêteurs arrêtèrent officiellement Lam Kor-wan, mais aussi son père et son frère. Ils pensèrent qu’ils avaient affaire à une famille de tueur pervers. La quantité de pornographie était phénoménale et les morceaux de corps étaient dissimulés juste sous le lit, ce qui mena les enquêteurs à penser qu’il était peu probable qu’une personne ait pu cacher un tel secret dans un si petit appartement.
Les trois hommes furent emmenés au commissariat pour y être interrogés. Questionnés individuellement et enfermés dans des cellules séparées, tous les trois nièrent avoir eu connaissance des photos ou des morceaux de corps.

Le frère et le père de Lam Kor-wan

Les enquêteurs prirent leur temps et laissèrent les trois hommes passer la nuit en cellule. Pendant 2 jours, les policiers présentèrent à Lam Kor-wan les abominables photos qu’il avait prises et tentèrent de le convaincre d’admettre les meurtres. Sans effet.

Mais le 20 août, Lam Kor-wan demanda innocemment si les photos qu’il avait prises allaient être publiées dans les journaux. Les policiers, par ruse, lui répondirent qu’ils allaient les donner aux médias afin qu’ils révèlent au monde quel monstre il était. Ne pouvant supporter que ses « trophées » soient partagés aux yeux de tous, Lam décida d’avouer tous ses crimes.

La police avait saisi une quantité phénoménale de pornographie. Les magazines avaient été envoyés depuis la Grande-Bretagne par courrier, car Lam était trop embarrassé pour les acheter dans une boutique. Sa cachette était toujours fermée à clé et même son frère n’avait pas idée de son existence. Les magazines, comme toutes les possessions de Lam, été classés avec un soin obsessionnel. Tous ses 33 tours étaient consciencieusement catalogués. Un jour, il avait trouvé son petit frère en train de regarder la pochette de l’un de ses disques, était devenu furieux et l’avait frappé. Lam ne pouvait pas supporter que qui que ce soit n’empiète sur son intimité.

Bien qu’ils partageaient leur chambre à coucher, il n’était pas aussi difficile qu’on put le penser que Lam puisse cacher des secrets aussi sordides à son frère. Il avait toujours travaillé de nuit, et ne voyait quasiment jamais sa famille. Quand il se levait, ils étaient déjà partis travailler et quand il revenait à la maison vers cinq heures du matin, ils étaient couchés. Sa famille savait qu’il était fasciné par la photographie, mais elle n’avait jamais soupçonné que, quand il s’enfermait dans sa chambre, il créait son propre studio pornographique.

Lam accepta de montrer aux enquêteurs où il avait caché les corps. Les seconde et quatrième victimes étaient toujours là où il les avait jetées, dans le ravin, mais il ne put retrouver la troisième. Des dizaines de policiers fouillèrent la colline durant des jours, mais leurs recherches furent vaines.

La police remonte l'une des victimes de Tai Hang road
La police remonte l’une des victimes de Tai Hang road

Quelques mois plus tard, en décembre, un agent d’entretien découvrit un crâne dans un parc tout proche. Il ne présentait plus que quelques mèches de cheveux et deux dents. Les policiers pensèrent que le crâne avait été découvert par un chien et abandonné dans le parc.

Les victimes furent formellement identifiées grâce à leur dentition par deux professeur du Prince Philip Dental Hospital, de l’Université de Hong-Kong. Pour déterminer l’identité du crâne retrouvé dans le parc, ils utilisèrent un nouveau système de « photo-surimposition » qu’ils avaient perfectionné. Ils superposèrent une photographie de la jeune Leung  Sau-wan avec une radio du crâne : les similitudes parfaites des caractéristiques faciales leur permirent d’affirmer que le crâne était bien celui de l’adolescente.

La Justice hong-kongaise considérant que la nécrophilie, la pornographie et les meurtres seraient trop dérangeants pour une femme, on choisit un jury composé uniquement d’hommes.
L’accusation leur montra des centaines de pièces à conviction et ils durent regarder plusieurs heures des vidéos du tueur.
La défense comme l’accusation présentèrent les témoignages de psychiatres avec des opinions contradictoires. Ceux de la défense le considéraient comme un malade mental, ceux de l’accusation comme un psychopathe pervers.

La confusion de ne dissipa aucunement sur son état mental, mais les preuves contre Lam Kor-wan était écrasante et, le 8 avril 1983, il fut condamné à mort.

Le 29 août 1984, sa sentence fut transformée en prison à perpétuité. Il est toujours interné au pénitencier de sécurité maximum de Shek Pik.

Les victimes deLam Kor-Wan


Chan Fung-lan
(21 ans)
Son corps démembré fut découvert à divers endroits sur les barges de la rivière Shing Mun, dans les « Nouveaux Territoires ».

Chan Wan-kit (31 ans)
Son corps démembré fut découvert dans un grand sac de riz, près de Hang Road, sur l’île de Hong Kong.

Leung Sau-wan (29 ans)
Son corps démembré fut découvert dans un grand sac de riz, près de Hang Road, sur l’île de Hong Kong.

Leung Wai-sum (17 ans)
Son corps démembré fut découvert dans un grand sac de riz, près de Hang Road, sur l’île de Hong Kong.

Mode opératoire

Lam, qui travaillait comme chauffeur de taxi, s’en prenait à des clientes qui entraient dans son véhicule.

Il les étranglait avec du câble électrique, puis les ramenait chez lui.

Là, il photographiait le cadavre et le démembrait, en prenant soin de garder certaines parties de corps dans des bocaux.

Motivations psychologiques

Bien qu’il vécût avec sa famille et qu’il partagea une petite chambre avec son frère, Lam Kor-wan était un solitaire. À 27 ans, il n’avait jamais eu de petite amie, n’avait aucun ami à qui parler et travaillait la nuit. Quand il retournait chez lui après le travail, à 5 heures du matin, sa famille dormait et quand lui se levait, ils étaient déjà partis au travail. Ils se croisaient à peine.

Quelques mois avant de commencer à tuer, il tenta d’avoir un rapport sexuel avec une prostituée, mais n’y parvint pas. Il se découvrit impuissant. En tout cas, avec une femme vivante.

Le passe-temps préféré de Lam était la photographie. Et la collection de magazines pornographiques. Seul dans l’appartement, il les sortait et passait des heures à les lire ou à les photographier.

Lam ne montra pas la moindre émotion lorsqu’il décrivit les meurtres qu’il avait commis aux policiers. Après avoir répondu aux questions durant quelques jours de manière très prosaïque, il demanda à l’un des enquêteurs de lui amener son jeu d’échecs électroniques. Jouer calmait ses nerfs et il était doué pour ce jeu. La majorité de l’enfance de Lam avait été passée collé à un plateau à damier noir et blanc, un substitut de meilleur ami. L’école avait été pour lui une expérience solitaire, il était timide et n’était jamais parvenu à se libérer de sa nervosité.

Il colla de l’adhésif sur les yeux de sa première victime alors qu’il la photographiait, car il ne voulait pas qu’elle le regarde.

Lam Kor-wan était un homme intelligent, mais très sensible. Il avait une mauvaise opinion de lui-même et ne supportait pas la critique. Lam passa tout son temps avant son procès sur son jeu d’échecs électronique, qu’il avait réglé au niveau le plus difficile (il était l’un des premiers à Hong-Kong à posséder ce gadget, high-tech pour l’époque). Il expliqua qu’il ne se sentait à l’aise que lorsqu’il était absorbé dans son jeu.

Le petit frère de Lam n’utilisait la chambre que pour dormir. C’était le royaume de son grand frère. Il ne pouvait toucher à rien, de peur d’être battu par son ainé.

Durant le procès, en 1983, la mère biologique de Lam Kor-wan témoigna qu’elle et son fils avaient très souvent été battus par son époux lorsque Lam était enfant et qu’ils vivaient en Malaisie. Sa mère et son père s’étaient séparé quand Lam Kor-wan était très jeune. Son père était un homme brutal qui s’était marié 3 fois, mais le garçon était resté vivre avec lui.

Sa mère affirma que le père avait si mauvais caractère qu’il avait frappé la tête du garçon contre un mur lorsque celui-ci n’avait que deux ans. L’enfant avait perdu connaissance. Selon la mère de Lam, le garçon s’était retrouvé « avec deux yeux au beurre noir ». Ce phénomène, appelé ecchymoses périorbitaires, est visibles quelques heures après une fracture de la base du crâne.
Les experts ont découvert que beaucoup de nécrophiles et de tueur en série souffrent de blessures sévères à la tête durant leur enfance. Les policiers qui ont enquêté sur ces meurtres se sont demandé s’il avait été frappé au point que son cerveau avait été endommagé.

Il ne ressentait aucune culpabilité pour ce qu’il avait fait, mais il était désolé pour sa dernière victime, l’adolescente Leung Wai-sum. Durant le procès, il lâcha même quelques larmes pour elle, un très rare moment d’émotion alors qu’il était assis au tribunal, et il est difficile de dire ce qu’il pensait réellement.

Il fut très embarrassé quand la police l’interrogea au sujet de sa vidéo nécrophile. Il affirma ne l’avoir fait qu’une seule fois et n’avoir aucun intérêt sexuel pour les femmes. Le procureur lui mit alors sous le nez ses centaines de magazines pornographiques. Il le poussa à s’expliquer et il répondit finalement qu’il avait fait cette vidéo parce qu’il voulait « que le monde les voit ». Il avait même « coiffé » les poils pubiens de l’adolescente, ce qui expliquait ce que la police médico-légale avait collecté dans sa chambre.

Sur la vidéo où il se filma en train de violer le cadavre de l’adolescente Leung Wai-sum, il souriait en regardant la caméra. Il a également ouvert son corps pour regarder à l’intérieur.

Ses trois premières victimes avaient toutes été ce qu’il appelait « des mauvaises filles » et il expliquerait à la police qui ne ressentait aucun remord pour les avoir tuées parce qu’elles étaient « inutiles à la société ».

Il affirma qu’il était un messager de Dieu et tuait sous son commandement. Il affirma également que c’était la pluie qui provoquait chez lui un désir ardent de tuer…
Il essaya de se faire passer pour fou afin d’éviter la peine capitale.

Citations

« Il paraissait complétement dépourvu d’émotion » : l’Inspecteur en chef Martyn Richmond, parlant de Lam Kor-wan.

Bibliographie

HONG KONG MURDERS

Hong Kong Murders tells a unique and engrossing Hong Kong story showing how the murders committed in the territory reflect various aspects of its life.

Filmographie

“Dr Lamb” (« Gou yeung yi sang”), Grand River Film, Danny Lee et Billy Tang, 1992.

Liens

Les fouilles autour de la rivière : https://www.youtube.com/watch?v=yrbWzjSKBDk

L’arrivée au tribunal et la foule présente : https://www.youtube.com/watch?v=oBtVF4z97zQ

Si vous appréciez le site tueursenserie.org et que vous voulez encourager mon travail, soutenez-moi sur Tipeee (de 1 à 20 euros / mois) et vous obtiendrez des contreparties telles que des livres numériques ou papier, des questions/réponses, des articles exclusifs, des vidéos privées, etc. 
Merci à celles et ceux d’entre vous qui sont déjà mécènes !
Vous ne voulez pas soutenir le site chaque mois ? Pas de soucis. Vous pouvez simplement m’acheter un café (ou plusieurs !) sur Ko-fi.com.

Cet article vous a intéressé ? Partagez-le.