Article mis à jour le 5 mars 2023

Crimes et châtiment (suite)

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Richard Ramirez et sa famille avaient de très mauvaises relations avec ses avocats. La juge Elva Soper avait désigné un avocat d’office, Allen Adashek, mais la famille Ramirez voulait que leur fils soit défendu par un avocat d’El Paso, Manuel Barraza. Adashek refusa d’abandonner l’affaire et après des mois de tergiversations, Bazzara annonça qu’il ne défendrait pas Ramirez.
Là, Ramirez commença à se plaindre qu’il n’appréciait pas Adashek et refusa qu’il soit son avocat. Adashek était un homme réaliste qui n’acceptait pas les changements d’humeur et le comportement de voyou de son client au tribunal : lors de ses audiences, Ramirez avait menacé le juge, insulté l’accusation et s’était montré indiscipliné. Il avait nuit à sa propre défense, dessinant des pentagrammes sur la paume de sa main pour les présenter aux journalistes présents, fanfaronnant tel un gamin en manque d’attention.

Afin d’accorder à l’accusé les libertés auxquelles il avait droit (et il faisait partie d’une “minorité raciale”, fait important), le Juge Soper accepta la requête de Ramirez et accueillit un avocat embauché par la sœur de Ramirez, Joseph Gallego, un Californien expérimenté de 56 ans.

ramirez et ses avocats

Gallego avait du talent, voulait réellement défendre son client et, surtout, il comprenait bien la culture “Latino”.
Mais la sœur de Richard Ramirez finir par le licencier, pour embaucher Daniel et Arturo Hernandez à sa place. Ils avaient peu d’expérience dans les procès de meurtre et pas assez d’endurance pour supporter les responsabilités requises par la famille Ramirez. Ils tentèrent d’abord de renvoyer l’audience préliminaire prévue en décembre 1986 en avril 1987 afin de mieux préparer leur défense. L’audience fut ajournée au 24 février 1987, contre l’avis de l’accusation.

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Plus de 30 témoins participèrent à cette audience qui dura 3 semaines, dont Jack Vincow, qui avait trouvé le corps de sa mère ; Joseph Duenas, qui avait vu le meurtre de Tsai-Lian Yu ; Maria Hernandez, que Ramirez avait failli tuer dans son parking ; Ruth Wilson et Renata Gunther, qui avait été violées par Ramirez ; et Esperanza Gonzales, dont le petit ami avait acheté une arme à Ramirez.
Tout au long de l’audience, la défense et l’accusation se laissèrent aller à des querelles étrangères aux procédures légales. La défense accusa la cour d’avoir des préjugés et de déformer la vérité. L’accusation affirma que le comportement de la défense montrait son irrespect pour les jurés.
Ramirez ne faisait qu’envenimer les choses. Le juge Nelson dut lui ordonner, à plusieurs reprises, de cesser son comportement étrange, ses incessants étalages de mépris envers les experts, les témoins et l’accusation. La famille Ramirez, assise derrière lui, plaisantait et se moquait de la cour avec lui. Ramirez riait souvent et parlait bruyamment, même durant les témoignages douloureux. Lorsque l’on montrait des scènes de crimes sanguinolentes, il souriait, l’air satisfait.

L’audience préliminaire se termina le 7 mai. Le procès fut fixé au 2 septembre, mais la défense le fit renvoyer au 2 décembre. Toutefois, le juge en charge de l’affaire étant débordé, il renonça à poursuivre cette affaire et un autre juge, Michael Tynan, se la vit confier. Le procès fut de nouveau repoussé, cette fois au 1er février 1988.

Les avocats de Ramirez prétendirent alors qu’ils n’avaient pas eu accès à tous les dossiers de la police de Los Angeles et le procès fut encore ajourné, en juillet 1988.

Comme les médias avaient attiré l’attention sur l’horreur des crimes de Ramirez, il allait falloir trouver des jurés impartiaux. Cela prit des mois, mais finalement, la défense et l’accusation finirent par approuver le groupe de jurés choisi. Six d’entre eux étaient hispaniques.

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Le procès de Richard Ramirez commença enfin, le 29 janvier 1989, alors que le cauchemar de ses crimes s’était peu à peu effacé des mémoires.
La salle était pleine de journalistes et les caméras de télévision avaient été autorisées à filmer certaines parties du procès. Au premier rang, du côté de l’accusation, se tenaient les victimes, les familles des victimes et les policiers qui avaient participé à l’enquête. La famille Ramirez se tenait derrière lui, ainsi que plusieurs jeunes femmes inconscientes et fascinées par le personnage, un véritable “fan club”.
Ses avocats l’avaient habillé d’un costume classique et l’avaient fait coiffer. Il portait des lunettes noires “pour cacher son regard menaçant”… et avait l’impression d’être une star de Hollywood.

YoDehors

L’accusation expliqua qu’il n’existait aucun doute : des examens balistiques prouvaient que quatre pistolets de petits calibres appartenant à Ramirez avaient été utilisés durant plusieurs meurtres ; des bijoux appartenant à plusieurs victimes avaient été retrouvés chez sa sœur, à El Paso, car elle les avait innocemment acceptés comme cadeaux ; les empreintes et les traces de pas de Ramirez avaient été relevées sur les lieux des crimes ; et de nombreux témoins pouvaient reconnaître Ramirez comme étant leur violeur, leur agresseur ou l’assassin de leur conjoint. Ces meurtres avaient été prémédités et l’accusation demanda donc que Ramirez soit condamné à la peine capitale.
Les avocats de Richard Ramirez ne purent pas faire grand-chose et leur inexpérience devint plus flagrante à mesure que le procès avançait. Daniel Hernandez, épuisé par un mois de débat, demanda une suspension pour raison médicale. Le juge refusa, mais remplaça son collègue Arturo par un avocat de mérite, Ray Clark. Celui-ci restructura intelligemment la défense de Ramirez en essayant de prouver qu’il y avait erreur sur la personne et que Ramirez était victime d’une erreur judiciaire. Mais il était déjà trop tard et il ne convainquit personne.

165 témoins se présentèrent à la cour, la plupart avec des témoignages terribles contre Ramirez, qu’ils reconnurent les uns après les autres.

Ramirez se conduisit de la même manière que durant son audience préliminaire : arrogant, incontrôlable, riant durant les témoignages. Il montra encore le pentagramme sur sa main aux journalistes.

Procestourne

Il se retournait pour regarder ses “fans”, des jeunes femmes littéralement hypnotisées qui passaient leurs journées au tribunal. Il leur faisait de petits signes et des sourires.
Une fois, alors que l’accusation décrivait ses crimes, il mit ses index sur sa tête comme des cornes et entonna : «Mauvais… Mauvais… Mauvais…»

Le 20 septembre 1989, Richard Ramirez fut déclaré coupable de tous les crimes dont il était accusé, et condamné à mort.
Lorsque le juge Tyran lui demanda s’il avait quoi que ce soit à ajouter, Ramirez répondit : « Je n’ai pas besoin de regarder cette cour pour n’y voir que les menteurs, les haineux, les tueurs, les escrocs, les lâches paranoïaques – les vrais parasites de la Terre, chacun dans sa profession juridique. Vous êtes des larves, vous me rendez malade, hypocrites tous autant que vous êtes… ».

Mais plus personne ne se souciait de ce qu’il avait à dire.
Il allait mourir en prison sans plus pouvoir faire de mal.

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Ramirez et Doreen Lioy

En octobre 1996, Ramirez épousa l’une de ses nombreuses “fans” (avec qui il correspondait depuis 1987), Doreen Lioy, une éditrice. Cette dernière semble vivre sur une autre planète, car elle considère que Ramirez est “gentil, charmant et attentionné“, elle est persuadée qu’il est innocent et elle s’inquiète de savoir s’il est bien traité en prison.

En 2000, voyant que ses possibilités d’appels diminuaient les unes après les autres et que son exécution approchait, Richard Ramirez décida d’affirmer qu’il était fou et donc non responsable de ses actes… Il espérait que sa sentence serait annulée, mais ce ne fut évidement pas le cas.

En 2009, la police de San Francisco relia l’ADN de Ramirez au meurtre de Mei Leung, 9 ans, le 10 avril 1984. La petite fille avait été tuée dans le sous-sol d’un hôtel résidentiel dans le quartier Tenderloin de San Francisco où elle vivait avec sa famille. Ramirez y séjournait également à l’époque.
Sa première victime fut donc, semble-t-il, une enfant.

Richard Ramirez était emprisonné dans le couloir de la mort du pénitencier de San Quentin et fit appel de nombreuses fois pour éviter d’être exécuté, alors qu’il prétendait ne pas craindre la mort, car il voulait «rejoindre Satan»… Souffrant d’une hépatite C, il est décédé le 7 juin 2013 d’un lymphome, à l’âge de 53 ans.

Il n’a pas été jugé pour les meurtres qu’il a commis à San Francisco et dans le Comté d’Orange. En effet, les autorités du Comté de Los Angeles ont craint que de nouveaux procès soient très onéreux, repoussent la date de l’exécution de Ramirez et soient utilisés par ses avocats pour tenter de trouver des éléments contradictoires. Le meurtre de M. Pan et le viol de son épouse sont toujours considérés comme “non classés”.

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