Article mis à jour le 5 mars 2023

Nom : Ricardo (puis Richard) Leyva Munoz Ramirez
Surnom : « The Night Stalker » (le traqueur de la nuit)
Né le : 28 février 1960, à El Paso (Texas) – Etats Unis
Mort le : 7 juin 2013, de causes naturelles, dans un hôpital de San Francisco, Californie.

Le fameux « Night Stalker » a terrorisé les nuits des habitants de Los Angeles et de San Francisco durant des mois. Il pénétrait dans des maisons par effraction, puis il tuait, cambriolait, frappait, menaçait, violait… Il laissait également des symboles sataniques sur certains lieux de ses crimes. Fan d’occultisme et de heavy metal, Richard Ramirez se prenait pour le « traqueur de la nuit », un être malfaisant et tout-puissant. Mais sa trop grande confiance en lui la perdu et il a laissé des empreintes un peu partout. La police l’a identifié et a publié sa photo dans les journaux. Reconnu par les habitants de son propre quartier, il a failli être lynché… et a été sauvé par des policiers.

Informations personnelles

Richard Ramirez à 6 ans
Richard Ramirez à 6 ans

Ricardo Ramirez est né dans le quartier hispanique d’El Paso au Texas. Sa famille était pauvre et, dès l’enfance, il commença à voler.
Son père, Julian, un immigré clandestin qui travaillait pour la société des chemins de fer, et sa mère, Mercedes, eurent sept enfants en tout. Ricardo était le plus jeune, le petit dernier.
Catholique, Mercedes Ramirez tenta d’élever ses enfants de son mieux et de les guider afin qu’ils suivent « le chemin du Seigneur ». Elle y parvint avec tous, sauf Richard. Les instituteurs de l’école primaire expliquèrent qu’il aurait pu être un bon élève s’il s’était intéressé aux études. Il redoubla plusieurs classes, passant plus de temps sur les jeux vidéos d’arcade qu’à l’école.
Tout jeune, il fut arrêté plusieurs fois alors qu’il cambriolait des maisons ou volait dans des magasins. À chaque fois, il fut condamné à des travaux d’intérêts généraux, mais fut finalement envoyé dans une maison de redressement.

Ramirez adolescent
Ramirez adolescent

Adolescent, il n’avait que trois intérêts dans la vie : les arts martiaux, la marijuana et le heavy metal. Selon un ami, il adorait Black Sabbath et Judas Priest. Peu à peu, il s’intéressa également aux pratiques occultes. Il semblait préoccupé par le satanisme et les histoires de magie noire, de démons et de dragons.
Sa mère l’envoya au catéchisme, espérant qu’il adopterait la manière de vivre d’un « bon chrétien », mais il apprit ses leçons à l’envers… Après le catéchisme, il allait à la bibliothèque et lisait des ouvrages sur Satan et les anges déchus : les personnages que son professeur critiquait pour louer Jésus et ses Apôtres.

Richard Ramirez fut de nouveau suspecté de vol, mais la police ne put rien prouver. Sa première arrestation en tant qu’adulte fut pour possession d’une petite dose de marijuana, la seconde pour la même raison et la troisième pour conduite dangereuse. Il échappa à la prison en acceptant des travaux d’intérêt général et trois années de mise à l’épreuve.
À 20 ans, il quitta El Paso et partit pour la Californie.

Entre le moment où il quitta sa ville natale, en 1980, et celui où il commença à tuer, en 1984, Ramirez fut arrêté pour des délits mineurs. Il passa son temps à boire dans les bars en parlant de Satan et à fumer des joints.

Il dormait parfois dehors, portait des vêtements sales et ne se nourrissait quasiment que de nourriture de fast-food. Il n’avait pas de travail, mais il avait toujours de l’argent. Il se vanta auprès d’amis de posséder un « pass » qui lui permettait d’entrer dans les voitures.
Richard Ramirez cambriolait souvent les maisons pour voler l’électroménager et les bijoux, qu’il revendait pour s’acheter de la cocaïne.

Crimes et châtiment

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La nuit du 28 juin 1984, un homme entra dans le petit appartement de Jennie Vincow, 79 ans, situé à Glassel Park (dans la ville de Glendale, banlieue de Los Angeles). Il faisait chaud et l’humidité avait étouffé Los Angeles toute la journée. Le soir venu, la température avait baissé et la vieille dame avait ouvert sa fenêtre pour laisser entrer un peu d’air frais. L’homme passa par cette fenêtre, la viola et la brutalisa. Il la laissa presque décapitée, étendue dans son sang, et repartit par la même fenêtre.
Le corps de Jennie Vincow fut découvert par son fils, qui vivait tout prêt. Elle avait été égorgée et poignardée à plusieurs reprises. Les policiers furent choqués par cette brutalité et voulurent rapidement trouver l’assassin, mais les indices ne les menèrent nulle part.
Les « Hillside Stranglers« , Bianchi et Buono, avaient également opéré à Los Angeles (jusqu’en 1979) mais s’étaient attaqué à des femmes jeunes et souvent prostituées. Les enquêteurs ne songèrent donc pas immédiatement à un tueur en série.

Moins d’un an plus tard, l’homme frappa à nouveau. Le 17 mars 1985, peu avant minuit, Maria Hernandez gara sa voiture dans le garage de son immeuble, juste en dehors de Los Angeles. Lorsqu’elle sortit de son véhicule, l’homme, qui attendait derrière un pilier, la visa avec son arme. Et l’aperçut et le supplia de ne pas tirer, mais il ne l’écouta pas. Elle tomba à la renverse lorsqu’il fit feu et le tueur, pensant qu’elle était morte, passa à côté d’elle pour entrer dans la voiture. Mais Maria Hernandez avait eu beaucoup de chance, car la balle avait ricoché sur les clés qu’elle tenait à la main, la blessant simplement aux doigts. Le tueur s’en alla. Lorsqu’elle eut repris ses esprits, Maria Hernandez se précipita vers son appartement. Là, elle découvrit sa colocataire, Dayle Okazaki, 33 ans, dans une marre de sang. Le tueur l’avait abattue d’une balle dans la tête, à bout touchant. Et il avait disparu.
Hernandez, sous le choc, ne fut pas capable de donner une description très précise du tueur. Il était grand, très brun, maigre et « peut-être » Hispanique.

Monterey Park
Monterey Park

Le tueur n’attendit pas une autre année avant de commettre son troisième meurtre. En fait, il attendit à peine une heure. Une étudiante Taïwanaise, Tsai-Lian Yu, conduisait sur la North Alhambra Avenue, dans le quartier de Monterey Park, à l’Est de Los Angeles, et s’arrêta au feu rouge. Avant qu’elle ait eu le temps de réagir, un homme ouvrit la portière, la saisit et la traîna sur le trottoir en l’insultant, puis lui tira une balle dans la tête.

Les policiers commencèrent à comprendre que ces meurtres étaient peut-être reliés entre eux. Des témoins qui avaient assisté au meurtre de Tsai-Lian Yu expliquèrent que le tueur était grand, très brun, maigre et « peut-être » Hispanique.
Une description qui correspondait malheureusement à des milliers d’hommes de Los Angeles.

Dix jours plus tard, le tueur frappa de nouveau. Il pénétra dans l’habitation d’un couple, Vincent et Maxine Zazzara, qui sommeillaient devant la télévision. Le tueur abattit Vincent d’une balle dans la tête et tabassa Maxine au point de la défigurer. Il la poignarda au cou, au visage, au cœur, à l’abdomen et au pubis. Avec son couteau, il s’attaqua également à ses yeux, qu’il emporta avec lui…
Le lendemain matin, leur fils découvrit le massacre et appela la police.
Les enquêteurs trouvèrent des traces de pas, visiblement des « tennis », dans la cuisine et sur le parterre de fleurs, indiquant par où le tueur était entré. Cette fois-ci, il n’y avait eu aucun témoin, mais un mode opératoire commençait à apparaître. Bien que ne possédant pas de preuves formelles, les policiers songèrent que le même homme avait assassiné Vincow, Okazaki, Yu et les Zazzara. Le tueur devenait de plus en plus audacieux et brutal.
Des policiers investirent les quartiers où le tueur avait frappé, interrogeant les étrangers, arrêtant les promeneurs tard le soir et cherchant des témoins. Ce qui n’apporta malheureusement pas grand-chose.

Le 14 mai 1984, le tueur entra dans la maison d’un autre couple, Harold et Jean Wu, 66 et 63 ans, toujours par la fenêtre. Il tira d’abord sur Harold, en pleine tête, puis frappa Jean, qui était handicapée, au visage. Il lui ordonna de lui donner son argent, mais elle assura qu’elle n’en avait pas. Il lui attacha les mains dans le dos et la fit rouler au milieu du lit, sur le corps de son époux mourant. Il mit la maison sens dessus dessous, tirant les tiroirs et ouvrant les armoires, à la recherche d’argent. Mais il ne trouva rien. Il revint dans la chambre et viola brutalement Jean Wu. Souriant, moqueur, il s’en alla, lui laissant la vie sauve.
Mme Wu, encore tremblante, expliqua aux enquêteurs que le meurtrier était grand, maigre, très brun et Hispanique. Une description qu’ils connaissaient déjà…

Le 30 mai 1984, le tueur pénétra dans l’habitation de Ruth Wilson, 41 ans. Elle fut réveillée par la lumière d’une lampe-torche et aperçut un pistolet. L’homme lui demanda où était son argent. Avant qu’elle ait pu répondre, l’intrus la saisit par sa robe de nuit et la conduisit jusqu’à la chambre de son fils de 12 ans. Utilisant le gamin terrifié comme pression, il ordonna à Ruth Wilson de lui donner des objets de valeur. Elle lui expliqua où se trouvaient des bijoux et il sembla satisfait par le collier en diamant qu’il trouva. Il enferma pourtant le garçon dans le placard et ramena Ruth Wilson dans sa chambre. Il lui attacha les mains dans le dos, puis la viola et la sodomisa, tout en lui imposant de dire qu’elle aimait et adorait Satan… Il partit, lui laissant la vie sauve, ainsi qu’à son fils.
Lorsque la police l’interrogea, elle donna la description classique : grand, maigre, très brun et hispanique.

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Le portrait robot

La police produisit des portraits – robots du tueur établis grâce aux descriptions des victimes survivantes et à celles des témoins du meurtre de Tsai-Lian Yu. Le suspect était hispanique, avait entre 25 et 30 ans et portait des cheveux noirs assez longs, gras et ébouriffés. Il était très maigre, avait une mauvaise peau, des lèvres minces et un menton carré. Selon Ruth Wilson, ses dents étaient pourries. Il était toujours habillé en noir.
Des unités de policiers continuaient de parcourir la ville et sa banlieue. Les enquêteurs vérifiaient toutes les informations reçues et cherchaient quiconque ressemblait au portrait robot. Mais les crimes continuaient.

L’agression du 1er juin 1984, le lendemain de celle de Ruth Wilson, ajouta une note démoniaque à tous ces meurtres. Malvia Keller, 83 ans, institutrice à la retraite, et sa sœur invalide Blanche Wolfe, 79 ans, furent férocement battues dans leur petite maison de Monrovia, près de l’une des autoroutes d’état de Los Angeles.
Elles furent découvertes par leur jardinier le lendemain matin. Elles avaient été frappées avec un marteau. Blanche Wolfe était mourante et perdait son sang par une blessure à la tête. Elle avait été violée. Malvia Keller, qui avait succombé, avait les mains et les pieds attachés. Elle avait été écrasée par une lourde table que le tueur avait retournée sur elle.

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Le tueur avait dessiné un pentagramme inversé – symbole satanique – sur sa cuisse avec du rouge à lèvre. Un autre pentagramme était dessiné sur l’un des murs de la chambre de Blanche Wolfe.
Ce symbole d’un culte satanique ne surprit pas le Shérif du comté de Los Angeles, Sherman Block, qui suspectait depuis un moment que les crimes soient influencés par cette croyance. Une casquette de base-ball noire portant la griffe du groupe de rock AC/DC avait été trouvée non loin de Dayle Okazaki. Ce groupe était connu à l’époque pour avoir créé des chansons aux paroles « tendancieuses ». Dans le journal « Los Angeles Times », on put lire : « Les autorités se concentrent sur l’album d’AC/DC « Highway to Hell » et notamment la chanson « Night Prowler » (le rôdeur de la nuit) qui dit : « Quel est ce bruit à ta fenêtre ? Quelle est cette ombre sur l’abat-jour ? Tu es étendue là, nue comme un corps dans un tombeau, vie suspendue, alors que je me glisse dans ta chambre » ». Il s’avérerait par la suite que le tueur adorait cette chanson…

Durant les six semaines qui suivirent, la région de Los Angeles connut une autre série de crimes si brutaux que la ville fut plongée dans la panique. Comme le tueur s’en prenait aussi bien aux hommes qu’aux femmes, aux jeunes qu’aux vieux, aux blancs qu’aux orientaux, personnes ne se sentaient en sécurité et les gens se barricadaient chez eux. Le tueur n’exprimait aucune préférence pour une culture, un âge, une couleur de peau, un sexe ou même une zone géographique : ses meurtres avaient eut lieu dans un périmètre de 60 km autour du centre de Los Angeles. Il tuait parce que l’opportunité se présentait.

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Les polices municipales et celles du comté de Los Angeles travaillaient jour et nuit. Elles reconnurent officiellement la gravité du problème. Personne n’était en sécurité.
Le Sergent Frank Salerno avait travaillé sur l’enquête des « Hillside Stranglers » quelques années auparavant, et avait été le premier à affirmer que les meurtres de Los Angeles étaient l’œuvre d’un tueur en série.
En juin 1985, il avait relevé les similarités entre les meurtres, avait trouvé des cartouches de calibres 22 en divers endroits et plusieurs empreintes de chaussures de tennis, des Reebok taille 45. La description du tueur, un grand homme brun, était toujours identique. Et plusieurs meurtres portaient la trace du satanisme.

Salerno compara ses notes avec celles de la police de Los Angeles. Peut-être ses collègues avaient-ils connaissances d’affaires semblables, irrésolues, qu’ils pourraient comparer. Personne ne voulait qu’une situation similaire à celle de l’affaire des « Hillside Stranglers », où la police de Los Angeles et les agents du Shérif avaient travaillé séparément, se représente : ils avaient manqué des opportunités d’arrêter les tueurs, avaient provoqué une grande confusion… et beaucoup d’embarras.

Un groupe spécial fut créé, comportant des enquêteurs de tout le comté et de la ville de Los Angeles. Ils échangèrent leurs informations et collaborèrent durant leurs enquêtes. L’équipe de Salerno créa une base de données informatisée (très à la pointe, en 1985) qui emmagasina toutes les informations possibles sur l’affaire.
Pourtant, malgré leur bonne volonté et leur travail acharné, les policiers ne purent empêcher le tueur de frapper à nouveau.

  • Le 27 juin, Patty Higgins, 32 ans, fut assassinée chez elle, à Arcadia. Le tueur lui coupa la gorge.
  • Le 2 juillet, ce fut Mary Louise Cannon, 75 ans, qui fut égorgée et battue chez elle.
  • Quelques jours plus tard, Diedre Palmer, 16 ans, survécu à l’agression du tueur, qui la battit avec un tuyau en acier.
  • Le 7 juillet, Joyce Lucille Nelson, 61 ans, fut battue à mort dans sa maison de Monterey Park. Le tueur la mutila.
  • Le même soir, le tueur s’en prit également à Linda Fortuna, 63 ans, toujours à Monterey Park, qui fut agressée sexuellement et cambriolée mais que le tueur abandonna sans la tuer.
  • Le 20 juillet, Maxson et Lela Kneiding, 66 et 64 ans, furent attaqués dans leur lit alors qu’ils dormaient, dans leur maison de Glendale. Le tueur leur tira dans la tête et les mutila, décapitant presque Maxson Kneiding.
  • Le même soir, le tueur s’en prit à la famille Assawahem, qui vivait à Sun Valley. Le mari, Chitat, 32 ans, fut abattu dans son lit, d’une balle dans la tête. Le tueur saisit son épouse, Sakima, 29 ans, la traîna hors du lit, la frappa, la viola et la força à lui faire une fellation. Le tueur l’obligea à affirmer qu’elle aimait et adorait Satan. Il l’attacha et alla dans la chambre de leur fils de 8 ans, qu’il frappa et viola. Il prit de l’argent liquide et s’en alla.
  • Le 5 août, Christopher et Virginia Petersen, 38 et 27 ans, furent attaqués chez eux, à Northridge. Mais ils étaient forts tous les deux et le calibre de l’arme était petit. Le tueur tira dans le visage de Virginia, la défigurant, et dans la tête de Christopher. Celui-ci parvint pourtant à se lever et à se jeter sur le tueur. Affolé, celui-ci s’enfuit. Le couple survécut.
  • Le 8 août, le tueur agressa un autre couple, Elyas et Sakina Abowath, 35 et 28 ans, chez eux, à Diamond Bar. Elyas fut tué d’une balle dans la tête. Sakina fut attachée, tabassée et violée mais elle survécut. Leur fils de 3 ans, Aamar, fut agressé lui-aussi.
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Les journalistes avaient donné des surnoms au tueur : «l’intrus de la vallée», «le tueur qui entre chez les gens»… Le Los Angeles Herald-Examiner trouva le surnom qui allait lui rester : le «Night Stalker» (le traqueur de la nuit). La ville était terrifiée.

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