Article mis à jour le 22 août 2022

Noms : Paul Bernardo et Karla Homolka
Surnom : « Ken et Barbie »
Nés le : Paul Bernardo est né le 27 août 1964, à Toronto (Canada). Karla Homolka est née le 4 mai 1970 à Port Credit, près de Toronto (Canada)
Morts le : Toujours vivants tous les deux. Bernardo est emprisonné au pénitencier de Milhaven, à Bath (Ontario). Homolka a été libérée en 2005.

On les a surnommés « Ken et Barbie » parce qu’ils étaient jeunes, beaux, blonds… et superficiels. Il voulait des esclaves sexuelles à violer, elle les lui fournissait sur un plateau « par amour ». Ce couple de Canadiens, mariés, bien sous tout rapport, habitant aux alentours de Toronto, a violé au moins 20 femmes et assassiné 3 adolescentes, dont la propre sœur de Karla. Et, vu les lenteurs de la police, ils n’auraient peut-être jamais été arrêtés si Bernardo n’avait fini par se lasser d’Homolka et s’était mis la battre, ce qu’elle n’a pu supporter venant de son « chéri ».

Informations personnelles

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La mère de Paul Bernardo avait été adoptée par un éminent avocat de Toronto, Gerald Eastman, et avait été élevée par des parents doux et heureux.
Son époux, Kenneth Bernardo, était fils d’un immigré italien, un homme brutal avec son épouse et ses enfants. Marylin et lui se marièrent en 1960 et s’installèrent dans le quartier de Scarborough, à Toronto. Mais le mariage battit rapidement de l’aile. Tout comme son père, Kenneth Bernardo battait sa femme. Après avoir donné naissance à un garçon et une fille, Marylin trouva refuge dans les bras d’un ex-petit ami. Paul fut un enfant illégitime.
Le père de Paul l’apprit, mais ne s’en offusqua pas et accepta de reconnaître l’enfant. Il voulait peut-être se faire pardonner ses propres « écarts » : c’était un voyeur et il avait presque violé une fillette.
Marylin, dépressive, prit énormément de poids, cessa de s’occuper de sa maison et de ses enfants, et s’enferma dans le sous-sol de leur maison. Kenneth Bernardo, lui, travaillait beaucoup. Les enfants Bernardo se retrouvaient souvent seuls.
Pourtant, pour qui ne connaissait pas l’intimité de la famille, elle semblait heureuse. Les Bernardo partaient fréquemment en vacances, il y avait une piscine dans le jardin, de jolies bicyclettes pour les enfants…

Le jeune Paul sembla bien supporter la situation : il était poli, bien élevé, bon à l’école, un peu timide, et s’était engagé chez les scouts. En grandissant, il s’impliqua encore plus dans le scoutisme (une famille de substitution ?) et travailla comme conseiller pour les enfants durant l’été. Les enfants l’adoraient et il aimait passer du temps avec eux. Les adolescentes l’aimaient également. Il était beau, timide et romantique.

Il était également intelligent et travaillait bien au lycée. Il voulait « devenir quelqu’un » et réussir dans la vie.

Mais chez Paul comme pour la famille Bernardo, il existait des craquelures dans l’image idyllique. Paul s’était mis à mépriser sa mère. Il se rangeait peu à peu à l’avis de son père, qui lui répétait que les femmes « doivent rester à leur place ». Il se mit à se plaindre de la nourriture et de la manière dont sa mère le traitait. Il accusa sa sœur d’être la « favorite » de sa mère.
À 16 ans, Paul se disputa violemment avec sa mère, et celle-ci, dans sa rage, lui révéla qu’il était un enfant illégitime. Paul ne s’en remit jamais. Il fut littéralement anéanti par le fait que sa mère lui ait menti, que sa propre existence soit basée sur un mensonge. Il se mit à insulter sa mère, la traitant de « putain ». Elle lui répondait en le traitant de « bâtard », reportant sans doute sur son fils la haine qu’elle éprouvait pour son époux.
Quant à son père, Paul apprit qu’il violait sa sœur depuis des années.

Son attitude en général, et plus particulièrement envers les femmes, changea radicalement. Il se lia d’amitié avec une bande de petits voleurs, machos et violents, qui couchaient avec des filles faciles. Son opinion des femmes empira.
Il trouva un petit boulot dans la société « Amway ». Scott Burnside et Alan Cairns dans « Deadly Innocence » décrivent comment Paul fut profondément influencé par les choses qu’il apprit grâce aux personnes qui le recrutèrent. « Paul utilisa les techniques d’Amway dans bien des facettes de sa vie, pas seulement la vente et les affaires, mais également dans ses relations personnelles. Il acheta les livres et les cassettes de célèbres experts du « devenez riche et célèbre »… Bien que Paul ne gagna pas beaucoup d’argent chez Amway, la philosophie qu’il adopta grâce à cette entreprise foncièrement capitaliste justifia ses propres désirs grossiers et égoïstes. » Il abandonna ses anciens amis et adopta une attitude supérieure.
Avec les nouveaux amis de sa bande, il passa ses nuits dans les bars pour embobiner des jeunes filles avec ses mensonges de futur millionnaire et coucher avec elles.

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Lors de sa première année à l’université, il développa des fantasmes sexuels violents et pervers. Lui qui avait été un amant prévenant et gentil, se mit à battre ses petites amies, à les humilier en public. Il ne pouvait plus ressentir du plaisir qu’en violant. Il fallait que toutes les femmes lui soient soumises. Sa réputation fit le tour de l’université et, rapidement, plus aucune fille ne l’approcha.

Il commença également à trafiquer différents objets pour augmenter ses revenus, notamment des cigarettes. Il voulait toujours posséder les derniers vêtements à la mode, et il avait besoin de beaucoup d’argent.
En 1987, Paul obtint son diplôme et trouva un emploi de comptable dans une grande société. Là aussi, les femmes le fuirent dès que sa réputation fut faite.
En mai de la même année, il commit son premier viol dans son quartier natal de Scarborough, sur une jeune femme de 21 ans, qu’il sodomisa et brutalisa.

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Karla Homolka était la fille d’un couple de petits bourgeois tranquilles et aimants, Karel et Dorothy Homolka. Karel avait fui la dictature tchécoslovaque et s’était installé aux États-Unis, où il avait épousé Dorothy et avait créé une petite société avec des amis. Son seul défaut était qu’il était un peu porté sur la boisson.
Karla avait deux sœurs, Tammy et Lori, avec qui elle s’entendait bien.

Blonde aux yeux bleus, mignonne, elle se débrouillait bien à l’école, où elle était appréciée. Elle faisait partie d’une chorale. Tout le monde savait qu’elle adorait les animaux et en ferait sûrement son métier. Elle invitait souvent des amis dans la maison familiale, ils discutaient et écoutaient de la musique.
Elle se mettait très rarement en colère. Elle avait pourtant un caractère entier et ne faisait rien à moitié : avec elle, c’était tout ou rien.
Mais rien ne semblait clocher dans sa vie ou sa personnalité.

À la fin du lycée, toutefois, son comportement changea et elle se mit à moins travailler en classe. Elle sortait avec une bande d’amis qui séchaient parfois les cours et buvaient un peu trop. Les parents Karla pensèrent que son attitude était liée à la « crise de l’adolescence ».

Avant de rencontrer Paul Bernardo, bien qu’intéressée par les garçons, elle n’était pas sortie avec beaucoup d’entre eux. Elle aima un jeune homme qui repartit chez lui, dans le Kansas. Contre l’avis de ses parents, Karla lui rendit visite et, à 17 ans, elle eut sa première expérience sexuelle.
Elle travaillait dans une clinique vétérinaire comme assistante et semblait être une jeune fille « bien sous tout rapport », sans aucun problème.

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En octobre 1987, Karla se rendit à une convention avec une amie. Elle rencontra Paul Bernardo, 23 ans, dans un café, lui aussi avec un ami. Les filles invitèrent les garçons dans leur chambre pour regarder la télé… À la grande surprise de son amie, Karla coucha avec Paul dès ce soir-là, alors que l’amie de Karla et celui de Bernardo étaient assis, terriblement gênés, à quelques mètres. Karla Homolka expliqua plus tard à son amie qu’elle avait su immédiatement qu’ils allaient se marier parce qu’elle était tout de suite tombée amoureuse de lui…

Paul Bernardo, qui fantasmait sur les adolescentes, manipula facilement la jeune Karla. Il commença par la taquiner, puis arriva en retard à leurs rendez-vous et finalement lui fit réaliser tous ses fantasmes sexuels.
Il avait toujours voulu avoir quelqu’un complètement en son pouvoir, comme son père le faisait avec sa mère. Son rêve se réalisait.

Ils devinrent sexuellement obsédés l’un par l’autre. Au contraire des autres filles qui le fuyaient, Karla encourageait le comportement sadique de Paul. Lorsqu’il lui annonça qu’il avait commencé à violer des femmes dans le quartier de Scarborough, elle lui répondit que c’était « cool » !

Le portrait-robot
Le portrait-robot

En 1988, il avait violé au moins 13 jeunes femmes et n’avait aucune envie de s’arrêter. La police tournait en rond, bien que les enquêteurs aient prélevé des échantillons de spermes et d’autres preuves physiques sur les victimes.
Ils possédaient également un très bon portrait-robot, établi grâce aux témoignages de certaines victimes. Toutefois, ils ne le diffusèrent que dans les autres départements de police du Canada et ne le dévoilèrent pas à la population locale !
Quand il allait être diffusé dans les médias en mai 1990, les policiers allaient immédiatement être submergés d’appels.

Karla savait que Paul était le « violeur de Scarborough » et, au lieu de le dénoncer, elle l’encourageait.
L’une des victimes expliqua aux policiers qu’elle avait vu une femme avec le violeur, et qu’elle avait un caméscope. Mais les enquêteurs mirent ce témoignage de côté, considérant qu’il était le résultat d’une hystérie provoquée par le viol…

Le portrait-robot ressemblait tellement à Bernardo qu’en 1990, des amis et des collègues contactèrent la police, qui alla rendre visite à Bernardo. Il semblait si poli et sympathique que les enquêteurs eurent du mal à le soupçonner. Ils lui demandèrent malgré tout des échantillons de sang, de salive et de cheveux afin de procéder à des tests sanguins et ADN. Mais 230 autres hommes avaient fourni des échantillons, et il fallut beaucoup de temps pour réaliser toutes les analyses ADN.

Crimes et châtiments

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En 1990, ils se fiancèrent. Karla était folle de joie. Pour elle, Paul Bernardo était beau, sophistiqué, intelligent, et… il avait de l’argent. Leur mariage allait être superbe, leurs familles et leurs amis ne l’oublieraient jamais. Ses rêves d’adolescentes se réalisaient.
Paul était aux yeux de Karla un être unique et parfait. Même sa « sauvagerie » au lit lui plaisait et elle acceptait toutes les demandes de son fiancé, même les plus humiliantes.

Paul Bernardo, lui, était très contrarié par le fait que Karla n’était plus vierge et le lui reprochait. Elle aurait dû attendre et rester pure pour lui.
Il demanda alors à Karla, comme si c’était tout naturel, de se débrouiller pour qu’il puisse prendre la virginité de sa jeune sœur, Tammy, sans qu’elle le sache… ou n’y consente. Il lui demanda tout simplement de la laisser violer sa sœur.
Au début, Karla Homolka refusa, mais Paul insista tellement qu’elle finit par se convaincre qu’elle était responsable de son mécontentement et qu’elle devait réparer son erreur. La volonté de Bernardo de filmer le viol lui sembla tout aussi logique.
Alors que la plupart des gens faisaient les magasins et préparaient les vacances de Noël, Paul Bernardo et Karla Homolka planifiaient tranquillement le viol de Tammy, comme si de rien n’était.

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Karla Homolka travaillait pour une clinique vétérinaire et avait accès aux drogues et aux calmants qui étaient utilisés sur les animaux. Elle ramena chez elle une bouteille de Halothane, un sédatif deux fois plus fort que le chloroforme et quatre fois plus efficace que l’éther, qui peut être dangereux pour le foie et les muscles. Elle avait aussi « emprunté » quelques comprimés de Halcion, un puissant somnifère qui ne doit pas être mélangé avec de l’alcool. Il existait certains risques, car elle ne possédait pas l’équipement approprié.
Mais Karla se dit qu’elle allait verser du halothane sur un bout de tissu puis le poser sur le visage de sa sœur. Elle vérifierait simplement que Tammy respirait régulièrement. Karla avait tout préparé et organisé.
Paul Bernardo réduisit les cachets de Halcion en poudre et les versa dans le verre de Tammy, alors que toute la famille Homolka regardait un film à la télé, dans la nuit du 23 décembre 1990. Peu après que ses parents sont montés dans leur chambre pour dormir, laissant Tammy, Karla et Paul dans la chambre d’ami du sous-sol pour qu’ils regardent un autre film, Tammy sombra dans l’inconscience.
C’était le moment qu’ils attendaient, et Paul ne perdit pas de temps : il ordonna à Karla de prendre le halothane et de commencer à filmer avec le caméscope.

Paul et Karla couchèrent l’adolescente inconsciente sur le sol et Karla pressa un tissu imbibé de halothane contre sa bouche et son nez. Paul la déshabilla, puis la viola. Il ordonna ensuite à Karla de caresser sa sœur, lui indiquant exactement ce qu’il voulait qu’elle fasse. Pendant tout ce temps, le caméscope filmait tout. Paul tourna Tammy sur le ventre et la sodomisa. C’est là qu’il remarqua qu’elle ne respirait plus et qu’elle avait vomi.
Paul et Karla rhabillèrent Tammy, puis appelèrent une ambulance, mais il était déjà trop tard. L’adolescente mourut avant même de parvenir à l’hôpital.

Karla et Paul ne furent aucunement suspectés de la mort de Tammy. Elle avait bu et, bien qu’il y ait une marque étrange sur son visage – à cause du tissu imbibé de halothane – sa mort fut imputée à un étouffement : elle avait inspiré ses vomissures dans ses poumons, avait suffoqué et était morte.
Selon les récits de toute la famille, Paul fut complètement dévasté quand on lui apprit que Tammy était morte. Non pas qu’il se sentit coupable ou qu’il aimait Tammy, mais elle l’excitait beaucoup et il perdait avec elle la possibilité de réaliser ses fantasmes de viol sur une vierge.
Karla, elle, bien que sincèrement peinée durant les funérailles, se préoccupa rapidement des effets que la mort de Tammy pourrait avoir sur ses projets de mariage. Ses parents pensaient qu’il ne serait pas approprié de célébrer le grand mariage festif qui avait été prévu, vu la situation.
Cela rendit Karla presque malade.

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Elle n’était déjà pas très heureuse que Paul ne soit plus le bienvenu en tant qu’hôte dans la maison de ses parents. Ce n’est pas qu’on le soupçonnait de quoi que ce soit, au contraire, mais le reste de la famille ne se sentait pas à l’aise quand il était là, alors qu’ils portaient le deuil. Lorsqu’on lui demanda gentiment de rentrer chez lui, Karla Homolka partit avec lui.
Dans leur nouvelle maison, à Port Dalhousie, ils érigèrent un autel consacré à Tammy, et Paul présenta souvent des photos d’elle aux invités, leur racontant combien tout le monde l’avait aimé…

Peu de temps après le mort de Tammy, Paul et Karla passèrent une soirée dans la chambre de la défunte. Karla revêtit des vêtements ayant appartenu à sa sœur et ils couchèrent ensemble. Cet épisode fut filmé par leur caméscope (… et utilisé contre Bernardo durant son procès).
Bernardo était extrêmement satisfait de s’être sorti de ce mauvais pas, sans être même soupçonné, ce qui ne fit que renforcer son envie de continuer. De plus, la complète coopération de son esclave sexuelle soumise, Karla, lui prouva qu’il pouvait compter sur elle pour l’aider à réaliser ses fantasmes pervers.

Bernardo abandonna son emploi. Ses seuls revenus lui provenaient à présent du trafic de cigarettes entre le Canada et les États-Unis, qu’il transportait dans sa voiture.

Bernardo était toujours ennuyé par la mort de Tammy et la reprochait souvent à Karla. Dans l’espoir de se faire pardonner, Homolka voulut trouver une autre fille qui remplacerait sa sœur. Elle connaissait une adolescente de 15 ans, Jane, qui ressemblait beaucoup à Tammy. Jane idolâtrait Karla et accepta avec plaisir son invitation chez elle, en l’absence de Paul.
Elles mangèrent puis passèrent des heures à discuter alors que Karla lui faisait boire des verres d’alcool remplis d’Halcion. Lorsque Karla fut certaine que Jane avait sombré dans l’inconscience, elle appela Paul Bernardo, qui arriva rapidement. Il fut ravi de voir à quel point Jane ressemblait à Tammy… et qu’elle était vierge. Ils déshabillèrent l’adolescente et Paul filma Karla qui la caressait et la léchait. Puis, il la viola et la sodomisa. Satisfait, il ordonna à Karla de nettoyer le sang, de laver Jane et de la mettre au lit.
Le lendemain, Jane eut la nausée et des douleurs, mais ne comprit pas ce qui s’était passé. Le couple la laissa rentrer chez elle.

Leslie Mahaffy n’avait que 14 ans quand elle tomba entre les griffes de Paul Bernardo, au milieu de la nuit du 15 juin 1991. Elle était née le 1er juillet 1976, un « bébé miracle », selon sa mère qui avait eu un cancer des ovaires et n’aurait jamais dû avoir d’enfant. Elle était intelligente et sympathique, mais, arrivée à l’adolescence, comme beaucoup, elle se rebella et fit même des fugues. Classiquement, elle voulait rester dehors, à s’amuser toute la nuit avec ses amis, elle négligeait ses devoirs et séchait les cours.
La nuit où elle disparut, elle était sortie avec des amis et, lorsqu’elle rentra chez ses parents, à 2 heures du matin, elle trouva la porte fermée. Elle marchait autour de sa maison, cherchant un moyen d’entrer sans réveiller ses parents, lorsqu’elle rencontra Paul Bernardo, entièrement vêtu de noir, avançant dans son jardin.
Elle lui demanda ce qu’il faisait là et il lui répondit tout simplement qu’il rôdait dans le voisinage pour cambrioler des maisons. Leslie, rebelle et naïve, n’y vit pas de problème. Elle lui demanda s’il avait une cigarette, il répondit par l’affirmative et dit qu’elles étaient dans sa voiture. Elle le suivit jusque-là, il la convainquit de monter sur le siège passager, puis la menaça avec un couteau. Il le pointa sur sa gorge, démarra et fonça dans la nuit.
Il lui banda les yeux avec un pull à col roulé et la conduisit jusqu’au « petit nid d’amour » qu’il partageait avec Karla. Celle-ci dormait, mais Paul était tellement excité par sa prise qu’il la réveilla pour s’en vanter. Il dit à Karla de rester dans sa chambre, à l’étage. C’était temporaire, évidemment, car il avait l’intention de faire participer Karla à tous les « jeux » qu’il prévoyait pour sa captive. Karla se rendormit, tout simplement.
Paul déshabilla Leslie, alluma son caméscope et la viola. Ses cris réveillèrent Karla, qui se joignit à son fiancé. Il lui indiqua ce qu’elle devait faire, puis lui confia le caméscope pour qu’elle le filme alors qu’il sodomisait l’adolescente.
Cette fois-ci, le couple n’avait pas l’intention de laisser leur victime s’en aller.
Paul l’étouffa et la démembra avec une scie électrique. Il plaça les morceaux dans des boîtes remplies de ciment frais.

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Quelques jours plus tard, le 29 juin 1991, Paul et Karla se marièrent. Un mariage très « clinquant » : il eut lieu dans une église située près du lac Niagara, non loin des chutes du même nom. Karla portait une robe en mousseline et Paul était vêtu d’un smoking à nœud papillon blanc. Ils quittèrent l’église dans une calèche tirée par des chevaux blancs. Ils avaient tout prévu : le champagne, la musique, un faisan farci…
Paul Bernardo avait pris soin de régler les détails et avait même demandé au pasteur de les déclarer « homme et épouse » et non pas « mari et femme ». Il fut déçu par le cadeau de mariage des parents de Karla, «pas assez cher», et leur en voulut beaucoup, même s’il ne le montra pas ouvertement.

Le même jour, en fin de soirée, un couple faisait du canoë sur le lac Gibson lorsqu’il cogna contre un bloc de béton d’où émergeaient des morceaux de chair et d’os. Ils contactèrent un ami qui les aida à sortir le bloc de l’eau. Lorsqu’ils reconnurent un pied et un mollet, ils appelèrent la police.
Les enquêteurs sortirent quatre autres blocs du lac. Comme l’eau était peu profonde à cet endroit, les policiers pensèrent que l’assassin ne devait pas connaître la région, car il aurait plutôt jeté les blocs de béton depuis le pont, plus loin, là où l’eau était bien plus profonde…
Leslie Mahaffy fut identifiée grâce à ses dents.

Après une lune de miel d’une semaine à Hawaï, Paul et Karla Bernardo retournèrent chez eux et reprirent leur vie comme si de rien n’était.
Mais Bernardo, privé de son divertissement préféré, était enclin à la mauvaise humeur. Karla, l’épouse dévouée, demanda à Jane de venir chez eux. Mais Jane était loin d’être l’esclave sexuelle idéale. D’abord, la jeune fille les contraria en refusant de laisser Bernardo coucher avec elle (Jane pensait qu’elle était encore vierge). La fellation était la seule chose qu’elle accepta de faire.
Puis, elle parla de Paul à son professeur d’équitation, qui en parla à la mère de Jane. Le résultat fut que Paul et Karla eurent moins d’occasions de « s’amuser » avec Jane…
Une nuit, les choses dérapèrent à nouveau avec le halothane et Jane arrêta de respirer quelques minutes. Bernardo et Homolka en furent terrifiés et décidèrent de ne plus « inviter » Jane chez eux.

Paul et Karla se refermèrent sur eux-mêmes. Les rares amis qui venaient chez eux savaient que Bernardo avait mauvais caractère et que Karla faisait tout ce qu’il voulait. Il pouvait la traiter comme une esclave ou comme une reine, claquant des doigts pour obtenir à boire ou la couvrant de robes et de bijoux. Il était extrêmement possessif, mais Karla l’était aussi.

Le 30 novembre 1991, la vive et jolie Terri Anderson, 14 ans, disparut.

Le 16 avril 1992, Kristen French, 15 ans, fut enlevée sur le parking d’une église, devant sept témoins. Karla Homolka avait fait semblant de s’être perdue et avait demandé son chemin à l’adolescente, l’attirant vers la voiture. Alors que Kristen regardait la carte de Karla par la fenêtre, Bernardo avait surgi avec un couteau et l’avait forcé à entrer dans le véhicule.
Ils la ramenèrent chez eux et la torturèrent durant trois longues journées.
Kristen accepta de faire tout ce que le couple lui demanda, espérant que sa coopération pourrait les pousser à la relâcher. Mais plus elle coopérait et plus Bernardo devenait sadique. Il la viola plusieurs fois, urina sur elle, l’insulta et la força à manger ses propres cheveux après que Karla les a coupés. Il lui coupa également les ongles afin que sa peau à lui ne puisse être découverte et analysée puis utilisée comme preuve par la suite.
Le couple la força même à regarder son père, Doug French, suppliant ses ravisseurs de la libérer, à la télévision. Elle dut visionner la vidéo que Paul avait faite alors qu’il découpait Leslie Mahaffy en morceaux.
Lorsque Paul Bernardo se fut lassé de Kristen, il l’étrangla avec un câble électrique. Il viola le corps de l’adolescente, encore une fois.

Tout, absolument tout fut filmé avec le caméscope.

Bernardo abandonna le corps de Kristen French sur la route de Burlington, non loin du cimetière où était enterré Leslie Mahaffy.

Le corps nu de Kristen fut découvert le 30 avril 1992 dans un petit dépôt d’ordures.
Les enquêteurs créèrent une force spéciale, la « Green Ribbon Task Force », qui allait se consacrer uniquement au meurtre de Kristen French. Leur quartier général fut établi à St Catherine. On demanda également l’aide du FBI.

À la même époque, les 230 tests sanguins dans l’enquête sur le violeur de Scarborough avaient enfin été accomplis. Seuls 5 des 230 échantillons correspondaient au groupe sanguin du violeur. Paul Bernardo était l’un des cinq.
Des tests supplémentaires, analysant l’ADN, furent donc demandés sur ces 5 échantillons. Mais à cette époque, le « violeur de Scarborough » ne faisait plus parler de lui et l’affaire n’avait plus ni l’urgence ni la gravité qu’elle avait en 1990.
Les échantillons furent en conséquence placés en bas de la pile.

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Peu après, une dame contacta la police pour expliquer qu’elle avait été témoin d’une lutte entre un homme et une jeune femme brune, dans une voiture, là où Kristen French avait été enlevée. Elle pensait que le véhicule était une Chevrolet Camaro. Les enquêteurs commencèrent alors à rechercher tous les propriétaires de Camaro de la région.

Pendant ce temps, les enquêteurs de la Task Force suivaient toutes les pistes. Ils reçurent plusieurs appels concernant Paul Bernardo et décidèrent de lui rendre visite. Il reçut poliment les policiers, fut très accueillant et admit qu’il avait été soupçonné dans l’affaire du violeur de Scarborough, mais uniquement parce qu’il lui ressemblait physiquement. Les enquêteurs notèrent que Bernardo était très coopératif et qu’il conduisait une Nissan couleur or qui ne ressemblait en rien à une Camaro.
Ils contactèrent néanmoins leurs collègues de Toronto et leur demandèrent les résultats de leurs enquêtes sur le « violeur de Scarborough ». Huit jours plus tard, on leur apprit que les examens supplémentaires du sang et de la salive de Bernardo n’avaient pas encore été réalisés…

Le 23 mai 1992, on retrouva le corps de Terri Anderson dans le lac Ontario, à Port Dalhousie. Excellente élève, populaire auprès de ses camarades, elle n’avait jamais eu aucun problème. Aussi ses parents furent-ils très surpris lorsqu’on leur apprit que Terri s’était accidentellement noyée après avoir bu de la bière et avoir pris du LSD. Le médecin légiste avait établi la cause de la mort avec beaucoup de difficulté, car le corps de Terri était resté dans l’eau pendant 6 mois. Ses parents et ses amis refusèrent de croire que sous l’influence de quelques bières et d’un peu d’acide, et dans un état d’engourdissement que ni elle ni ses amis n’avaient remarqué, avait avancé dans les eaux glacées de novembre du Lac Ontario et s’était noyée…

On ne sut jamais qui avait tué Terri Anderson et aucune preuve suffisante ne fut présentée au procès de Bernardo pour que l’on puisse l’accuser de son meurtre.

Paul Bernardo et Karla Homolka passaient entre les mailles du filet et semblaient avoir une chance insolente.
Mais leur vie n’allait pas bien pour autant. Paul frappait régulièrement Karla. Sa mère, Marylin, voyait un psychiatre et son père, Kenneth, avait été condamné à 9 mois de prison pour « agression sexuelle sur mineur ».

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Le 6 janvier 1993, lors d’une terrible querelle, Paul Bernardo frappa violemment Karla avec une lampe-torche. Les blessures furent si graves qu’elle fut admise d’urgence à l’hôpital général de St Catherine. Ses parents lui rendirent visite et, la voyant dans cet état, la convainquirent de quitter Bernardo et de porter plainte.
Elle alla s’installer chez son oncle et sa tante afin que Bernardo (qui ne les connaissait pas) ne puisse la localiser.
Le lendemain, Paul Bernardo fut arrêté par la police, inculpé de coups et blessures, et relâché.
Il était fou de rage et, en représailles, il fit changer toutes les serrures de leur maison.

En février 1993, le laboratoire forensique de la police de Toronto analysa enfin l’échantillon de sang de Paul Bernardo. Les tests conclurent qu’il était bien le « violeur de Scarborough ».
Les enquêteurs placèrent Bernardo sous surveillance. Ils apprirent rapidement qu’il avait été inculpé de coups et blessures sur son épouse, Karla. La police de Toronto et la Task Force voulurent interroger Karla. Mais ils souhaitèrent également prendre ses empreintes digitales et l’interroger sur une montre Mickey en sa possession, qui ressemblait étrangement à celle que Kristen French portait lorsqu’elle avait été enlevée.
Des policiers de Toronto interrogèrent Karla durant cinq heures. Ils lui apprirent qu’ils avaient relié les viols de Scarborough aux meurtres de French et Mahaffy. Homolka se montra charmante, voir charmeuse, mais n’admit rien face aux enquêteurs. Elle avoua par contre à son oncle que Paul Bernardo était bien le « violeur de Scarborough » et l’assassin des deux adolescentes. Son oncle lui conseilla de prendre un avocat, ce qu’elle fit.

Elle demanda à George Walker de la défendre et il accepta. Mais à mesure de ses nombreuses entrevues avec Karla, George Walker réalisa qu’elle n’était pas nécessairement l’innocente victime qu’elle voulait dépeindre. Cependant, il ne comprenait pas vraiment, à ce moment-là, quel rôle exact elle avait eu dans ces crimes.
Il tenta de passer un marché avec la Justice afin de protéger sa cliente. Il chercha d’abord à obtenir une immunité totale en échange de la coopération complète de Karla, mais comprit rapidement qu’il n’y parviendrait pas.

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Le 17 février 1993, Paul Bernardo fut arrêté puis inculpé de 43 viols et agressions sexuelles.
Il venait de changer de nom, demande qu’il avait fait des mois auparavant, par convenance personnelle. Il s’appelait à présent Paul Teale.

À la mi-février, l’avocat de Karla et Murray Segal, du bureau du procureur, parvinrent à un accord (un « plea bargain », en droit anglo-saxon), qu’ils rendirent public. Karla Homolka allait être condamnée à 12 ans de prison pour les meurtres de deux victimes, Leslie Mahaffy et Kristen French. Elle pourrait être libérée sur parole au 1/4 de sa peine si elle se conduisait bien. En échange, elle s’engageait à dire absolument toute la vérité sur sa participation aux crimes et tout ce qu’elle savait sur eux. Et donc à témoigner contre son époux.

Le 19 février, la police fouilla la maison de Paul et Karla Bernardo. Grâce aux indications de Karla, les enquêteurs saisirent une grande quantité de preuves. Ils emmenèrent tout, des canalisations des toilettes à l’évier de la cuisine.
Ils découvrirent que Bernardo avait gardé le compte, par écrit, de tous ses viols à Scarborough.
Ils trouvèrent également une collection de livres et des vidéos sur les déviations sexuelles, la pornographie et les tueurs en série : certains appartenaient à Bernardo, d’autres à Karla Homolka.
Ils mirent par ailleurs la main sur une courte vidéo montrant Karla en train de coucher avec deux prostituées, sous les encouragements de Bernardo.

En mars 1993, Karla fut admise dans un hôpital psychiatrique pour une évaluation. On lui donna de lourdes doses de calmants. Elle trouva la force d’écrire une lettre à ses parents et à sa sœur, Lori, où elle leur expliqua que Paul et elle étaient «responsables de la mort de Tammy». «Il m’a menacée physiquement et m’a abusée émotionnellement lorsque j’ai refusé».
Par la suite, elle allait toujours présenter cette image de femme apeurée et soumise.

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Le 28 juin 1993, son procès commença. Elle avait pris soin de se vêtir de façon « correcte » : un mois plus tôt, lors de sa première apparition devant le juge, elle était habillée comme une adolescente délurée et non une jeune femme de 23 ans. Elle avait toutefois gardé son maquillage criard.
Le rapport psychiatrique incarna la base du « plea bargain« . Le psychologue de Karla, le docteur Malcolm, conclut qu’elle «savait ce qui se passait, mais se sentait totalement impuissante et incapable d’agir pour se défendre elle-même ou qui que ce soit d’autre. Elle était, selon moi, paralysée par la peur et, dans cet état, elle est devenue obéissante et s’est occupée d’elle seule».
Le procureur Murray Segal, lui, lut durant 25 minutes une litanie d’agressions, des viols et de tortures plus choquants les uns que les autres. Selon les journalistes, «c’était un catalogue de dépravation et de mort».
Les mères de Leslie Mahaffy et de Kristen French vinrent expliquer à la barre ce que la mort de leur fille signifiait pour leur famille. Elles pleurèrent plusieurs fois, et Karla elle-même essuya des larmes, alors qu’elle était restée impassible lors de la lecture du procureur.

Sachant que la population allait protester contre le « plea bargain », le procureur Murray Segal choisit de faire une déclaration. «Pourquoi pas une peine plus lourde à la lumière de ces actes abominables ? Parce que sans elle, la vérité sur ces affaires aurait pu ne jamais être connue. Plaider coupable est le signe d’un remords. Son âge, son casier judiciaire vierge, les abus et l’influence de son époux, et son rôle tout de même secondaire, ont été des facteurs. Elle ne commettra plus de crime».
En réalité, l’accusation ne possédait aucune preuve directe contre Bernardo et le témoignage de Karla était la meilleure preuve de la culpabilité du jeune homme. En quelque sorte, l’accusation « ne pouvait pas faire autrement ».

Le 6 juillet 1993, Karla Homolka fut reconnu coupable des homicides de Leslie Mahaffy et Kristen French, pour lesquels elle avait plaidé coupable, et fut condamnée à une peine totale de 12 ans de prison. La sentence maximum pour l’homicide est, au Canada, la perpétuité, mais le juge nota qu’elle «est réservée aux pires crimes commis par les pires assassins».
Malgré tout, bien des gens furent étonnés par l’indulgence de sa peine, car Homolka pouvait être libérée sur parole dès 1997.

En août, elle commença une procédure de divorce.

En avril 1994, on annonça que l’audience préliminaire de Bernardo n’aurait pas lieu et qu’on allait directement passer au procès. Peu après, Karla Homolka et Paul Bernardo divorcèrent officiellement.

Le procès de Bernardo ne commença en fait que 2 ans après son arrestation. L’une des raisons de ce délai était que Bernardo avait placé son premier avocat, Ken Murray, devant un dilemme moral. Il lui avait confié où se trouvaient les vidéos que Karla et lui avaient filmées durant les viols et les meurtres, pensant qu’ainsi les cassettes ne tomberaient jamais entre les mains de l’accusation.
Néanmoins, l’accusation savait grâce à Karla Homolka que les vidéos existaient et avait enregistré les conversations entre Murray et Bernardo. La tension monta et Murray finit par craquer. Il fournit à l’accusation le plan qu’avait dessiné Paul Bernardo et se retira de l’affaire. Un autre avocat plus aguerri, John Rosen, devint le nouvel avocat de Bernardo.

Les policiers trouvèrent les cassettes dans le plafond de la salle de bains de Paul Bernardo / Teale.

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Le 18 mai 1995, le procès de Paul Bernardo commença. Les cassettes vidéo étaient des preuves à charge extrêmement importantes. Il était accusé de deux meurtres avec préméditation, de deux viols aggravés, de deux enlèvements, de deux « détentions de force » et d’avoir « accompli des indignités sur un corps humain ».
Le premier jour, le procureur Ray Houlahan décrivit une avalanche de dégradations sexuelles, de brutalités et de meurtres. Il expliqua en détail que l’accusation pensait que Paul avait tout d’abord dominé Karla Homolka, la réduisant au rôle de victime consentante par des abus physiques et mentaux systématiques. Puis, il l’avait utilisée pour réaliser ses fantasmes sexuels dans le viol de Tammy Homolka. Incapable de se libérer du contrôle de Bernardo et terrifiée par la possibilité qu’il révèle à ses parents son rôle dans la mort de sa sœur, elle avait alors pris part aux viols et aux meurtres de Kristen French et Leslie Mahaffy.

Le procureur projeta certaines parties des vidéos de Bernardo et Homolka. Il commença par une cassette où Karla Homolka se masturbait pour exciter Bernardo. Elle lui disait qu’elle allait lui ramener des vierges de 13 ans pour qu’il les viole. Le dialogue était une énonciation de tous les fantasmes sexuels de Bernardo, dans le but de l’amener à l’orgasme. Karla jouait le rôle de l’esclave sexuel et Bernardo était «le roi». Alors que d’autres vidéos de Jane, de Leslie et de Kristen étaient diffusées, il devint évident que Bernardo était un abominable pervers sexuel.
Karla Homolka fut appelée à la barre afin d’expliquer ce qui s’était passé. Elle décrivit sa relation avec Bernardo comme une suite de dégradations sexuelles empirant de jour en jour. Il lui avait fait porter un collier de chien et l’avait quasiment étranglée pour satisfaire ses fantasmes sadiques. Il lui avait dit qu’elle n’était rien sans lui et la traitait de « pute » et de « traînée ».
Homolka décrivit ensuite les enlèvements, les viols, les tortures et les meurtres. Elle révéla que Paul Bernardo avait coupé les tendons de ses victimes, alors qu’elles étaient encore vivantes, afin de les empêcher de s’enfuir.

L’avocat de Bernardo attaqua la crédibilité de Karla Homolka. Il voulut montrer qu’elle n’avait pas été une victime, contrairement à ce qu’elle disait, mais une participante enthousiaste aux viols et aux meurtres.
Toutefois, que Karla Homolka, soit innocente ou coupable importait peu à présent, et cela ne sauva pas Paul Bernardo.

Le 1er septembre 1995, il fut reconnu coupable de tous les crimes dont il était accusé et condamné à la prison à perpétuité.

Il devait encore être jugé pour le meurtre de Tammy Homolka et les viols de Scarborough. Il pouvait faire appel et être libéré sur parole après 25 ans de prison.

Le 3 novembre 1995, Bernardo fut déclaré coupable de plusieurs des viols de Scarborough et fut déclaré « criminel dangereux » (dangerous offender). Dans le système judiciaire canadien, cela signifie qu’il sera sans doute emprisonné indéfiniment : il n’existe quasiment aucune possibilité qu’il soit libéré sur parole.
Il a été incarcéré au pénitencier de Kingston, dans une cellule qui l’isole des autres détenus, pour sa propre sécurité, et était filmé 24h sur 24 par une caméra de surveillance.

Elizabeth Bain
Elizabeth Bain

Paul Bernardo est soupçonné du meurtre d’Elizabeth Bain, une étudiante de 22 ans qui habitait dans le quartier de Scarborough. Elle disparut le 19 juin 1990. Son petit ami de l’époque, Robert Baltovich, a été reconnu coupable de ce meurtre le 31 mars 1992.
En 2004, un juge a cassé ce jugement, considérant que l’enquête avait été mal menée et que certains témoignages avaient été négligés. Des témoins ont notamment vu Elizabeth Bain partir avec un jeune homme blond qui aurait pu être Paul Bernardo.
Robert Baltovich a été rejugé et déclaré innocent en mars 2008.

Les terribles cassettes vidéo furent détruites en décembre 2001, après une longue bataille juridique menée par les familles Mahaffy et French.

Karla Homolka fut d’abord incarcérée à la prison québécoise de Joliette, considérée comme un « club Med » mais où les détenues doivent travailler et pointer si elles veulent manger. En 1997, elle déclina une possibilité de demander sa libération sur parole, déclarant qu’elle craignait pour sa vie si elle était libérée. Elle suivit des cours de psychologie. Elle continuait à se préoccuper de son apparence et faisait de l’exercice.
Puis, les autorités, poussées par l’opinion publique, commencèrent à réaliser qu’elles avaient peut-être, malgré tout, commis une erreur en ne condamnant Karla Homolka qu’à 12 ans de prison.

En avril 2001, Homolka fut transférée dans une prison de haute sécurité, à Sainte-Anne-des-Plaines. Là, elle n’étudiait plus, ne travaillait plus, et passait ses journées à regarder la télé ou à discuter avec ses codétenues, meurtrières comme elle.
Elle fut transférée dans une autre aile lorsque l’on apprit qu’elle avait une relation avec un détenu masculin, un français, assassin et pervers sexuel violent.

Le 17 janvier 2003, le bureau national des libérations sur paroles ordonna que Karla Homolka reste en prison jusqu’à ce que les 12 années auxquelles elle avait été condamnée soient totalement passées.
En juin 2003, Homolka retourna à la prison de Joliette, dans une nouvelle aile de sécurité maximum.

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Karla Homolka fut libérée en juillet 2005, à l’âge de 35 ans, et exprima dans une interview télévisée son désir de s’installer à Montréal.
Suite à l’indignation de la population canadienne et aux efforts des procureurs généraux de l’Ontario et du Québec, un juge décida que des restrictions devraient être appliquées à Homolka (une première au Québec).
Elle aurait dû :
– suivre une thérapie
– se présenter une fois par mois à la police
– aviser si elle doit quitter la ville pour plus de 48 heures
– ne pas fréquenter une personne possédant un casier judiciaire pour crime avec violence
– ne pas avoir de drogue en sa possession
– ne pas posséder d’arme à feu.
Elle aurait également dû subir un test d’ADN avant sa sortie de prison et ne pas se retrouver en position d’autorité avec des jeunes de moins de 16 ans. Elle n’aurait pas pu communiquer ni avec Paul Bernardo et sa famille, ni avec les familles des victimes.
Karla Homolka aurait été passible d’emprisonnement si elle ne respectait pas les conditions prescrites par la Cour.

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Mais, quelques semaines plus tard, un autre juge cassa ce jugement, indiquant que la loi devait être respectée et que ces restrictions étaient, en quelque sorte, illégales, puisque que Karla Homolka avait accompli l’intégralité de sa peine d’emprisonnement. L’état avait « signé un contrat » avec elle et se devait de le respecter.

Karla Homolka est donc libre, bien qu’elle représente toujours un possible danger pour la société, car elle n’a pas modifié son comportement. Elle se considère toujours comme une victime « qui n’a rien fait de mal » et, même en prison, elle a noué une relation avec un pervers sexuel violent (comme l’était Bernardo).
Sa relation avec Bernardo ayant joué un rôle primordial dans son passage à l’acte criminel, il reste à espérer que Homolka ne rencontrera pas un homme du même genre, et que l’on n’entendra plus jamais parler d’elle.
Elle a changé de nom et s’est remariée. Elle vit à présent au Canada avec ses 3 enfants et son nouveau conjoint (le frère de son ex-avocate).

En 2006, Paul Bernardo a avoué 10 autres agressions sexuelles datant commise en 1986 et 1987, dont l’agression d’une adolescente de 15 ans pour laquelle un autre homme, Anthony Hanemaayer, avait été reconnu coupable. En juin 2008, la Cour d’appel de l’Ontario a annulé la condamnation et innocenté Hanemaayer.

Bernardo devait épouser une jeune Britannique en 2014, mais le mariage n’a finalement pas eu lieu.

Il a demandé une libération anticipée, qui lui a été refusée en 2015, 2018 et 2021.
Lors de sa réunion de libération conditionnelle de 2018, des rapports d’experts psychiatriques ont révélé qu’il avait « des intérêts sexuels déviants et [il] répondait aux critères de diagnostic du sadisme sexuel, du voyeurisme et de la paraphilie« . Les rapports indiquaient en outre qu’il « répondait aux critères du trouble de la personnalité narcissique et [remplissait l’exigence] pour un diagnostic de psychopathie« , ce qui signifie qu’il était « plus susceptible de répéter des infractions sexuelles violentes« . Les rapports ont conclu que Bernardo « a montré une prise de conscience minimale de [sa] délinquance, ce qui est cohérent avec les informations du dossier qui suggèrent qu'[il] a tenu au fil des ans à trouver [ses] propres raisons – non fondées – à [son] comportement criminel« .

Les victimes de Bernardo et Homolka

Paul Bernardo, dans le quartier de Scarborough, à Toronto, a agressé et violé une trentaine de femmes entre 1986 et 1990. Karla a parfois filmé ses « aventures ».

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Tammy Homolka (16 ans)
La soeur de Karla. Droguée et violée dans la maison de leurs parents. La drogue, l’alcool et les sévices de Paul Bernardo ont provoqué des vomissements.
Morte étouffée, le 23 décembre 1990 dans sa chambre, deux jours avant Noël.

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Leslie Mahaffy (14 ans)
Enlevée le 14 juin 1991 à une centaine de mètres de chez elle.
Torturée, violée et étouffée.
Son corps fut retrouvé le 29 juin1991, découpé en morceaux et caché dans des blocs de ciment jetés dans le Lac Gibson.

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Kristen French (15 ans)
Enlevée le 16 avril 1992 sur le parking d’une église.
Torturée, violée et étranglée.
Son corps fut retrouvé le 30 avril 1992 dans un fossé, au bord d’une route.

Modus Operandi

Pour les viols :
Il y a quasiment eu deux « périodes » pour les viols.
Bernardo a d’abord été très violent. Durant les premières agressions, les jeunes victimes étaient saisies par derrière, la nuit et menacée avec un couteau. Bernardo les sodomisait violemment et les forçait à lui faire une fellation. Il lui est également arrivé d’entrer par surprise dans des habitations où des jeunes femmes vivaient seules. Si elles tentaient de résister, il les tailladait avec son couteau. Karla Homolka a parfois filmé ces viols avec leur caméscope.
Durant les dernières agressions, les femmes venaient toutes de descendre d’un bus, elles étaient accostées par derrière, Bernardo avait été rude, mais ne les avait pas vraiment « violées ». Il les avait caressées d’une manière sexuelle, pénétrant la dernière avec ses doigts… Elles le décrivaient comme un jeune homme soigné, qui avait de belles dents et ne sentait pas mauvais.
Que ce soit durant les premiers ou les derniers viols, Bernardo leur parlait tout le temps pendant qu’il les agressait, et il voulait les entendre dire des choses spécifiques, sur le fait qu’il était fort et « tout-puissant », et qu’elles aimaient ce qu’il leur faisait.
Bernardo a agressé des adolescentes et des jeunes femmes d’une vingtaine d’années.

Le charme, la gentillesse de Paul Bernardo, lui auraient permis d’attirer facilement ses proies, mais il préférait faire preuve de brutalité.

Pour les meurtres :
Karla Homolka a aidé Paul Bernardo à violer et à tuer deux de leurs trois victimes.
– Elle a offert sa sœur Tammy « sur un plateau » à Bernardo, prenant même soin de fournir les drogues.
– Elle a servi d’appât pour attirer Kristen French jusqu’à leur voiture, afin que Bernardo puisse forcer l’adolescente à monter à l’intérieur.
– Bernardo a profité de sa « bonne fortune » lorsqu’il a rencontré Leslie Mahaffy, par hasard, en plein milieu de la nuit.
Tammy Homolka a été violée dans la maison des parents de Karla. Leslie Mahaffy et Kristen French ont été ramenées chez Bernardo et Homolka, dans leur voiture, et ont subi les pires sévices dans l’habitation même.

Bernardo tenait toujours à ce que ses viols et ses meurtres soient filmés, dans les moindres détails.

Motivations

Paul Bernardo :
Un ami de Paul Bernardo, qui était resté en contact avec lui après sa condamnation, a répondu aux questions des journalistes en 2002. Il a expliqué qu’il ne parle plus à Bernardo depuis un moment. Pourquoi ? Parce que Paul Bernardo, comme tous les psychopathes, est totalement égoïste : «Son point de vue sur le monde se ramène toujours à lui, lui, lui… Il pense toujours que la plupart des gens ont une bonne opinion de lui, qu’il n’est pas aussi mauvais qu’on le dit. Je pense qu’il vit dans un monde irréel. Il a une vision complètement déformée du monde».

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Bernardo était obsédé par l’argent et par son apparence physique. Il avait une très haute opinion de lui-même.
Lorsque sa mère lui a révélé qu’il était un « bâtard », tout son système de croyances, son monde, ses rêves d’avenir, tout s’effondra. Bernardo en conçut une haine viscérale contre sa mère… et les femmes en général. Et il voulut rétablir cette image d’homme parfait, aux yeux des autres et à ses propres yeux. Il a répété à Karla qu’il haïssait sa mère.

C’est un sadique sexuel classique. Pour lui, le plaisir sexuel ne pouvait être obtenu qu’en humiliant, en dégradant, en violant, en possédant une femme. C’était un voyeur, même à l’âge adulte, il se masturbait souvent et ne pouvait concevoir une relation sexuelle avec Karla Homolka sans menottes, sans fouet, sans « bondage », etc.

Bernardo a commencé à violer 6 mois avant de rencontrer Homolka et a continué durant plusieurs années.

Les violeurs en série sont des êtres plutôt rares. Ils réalisent invariablement un fantasme étrange, très personnel, et les détails de leurs crimes permettent de les reconnaître.
Bernardo ne voulait pas que ses victimes le regardent (pour ne pas le reconnaître), il les attaquait de dos (pour ne pas voir leur visage et pour les « dépersonnaliser ») et les faisaient s’agenouiller (pour les humilier et nourrir son fantasme de domination). Il les menaçait avec un couteau, les tirait par les cheveux et les tailladait souvent avec son arme. Les viols pouvaient durer plus d’une heure. Il s’en prenait surtout à des adolescentes et voulait que Karla s’habille comme une adolescente. Sans doute avait-il peur de la sexualité avec une femme « mûre ».
Il est assez étrange que Bernardo ait d’abord été très violent, puis soit devenu moins brutal avec ses victimes. Généralement, c’est plutôt le contraire, il y a un crescendo dans la violence. Est-ce parce qu’il obtenait « assez de plaisir » avec les meurtres et les nombreux visionnages des vidéos ? Se sentait-il « rassasié » au point de plus ressentir le besoin de violer ? Est-ce parce que Karla Homolka réalisait la plupart de ses fantasmes, même les pires ?

On sait qu’il a d’abord été un gentil petit ami pour Karla mais qu’il est graduellement devenu un amant jaloux, puis un « maître » dominateur et violent. Il lui a d’abord expliqué comment se vêtir et se coiffer, puis lui a dit où elle pouvait aller et ne pas aller. Il l’a enjointe à ne plus voir ses amis parce qu’ils ou elles étaient «immatures et stupides». Il l’a encouragée à boire de l’alcool. Dans leur vie intime, il a commencé à réclamer des fellations. Quand Karla a consenti, il est passé à la sodomie. Elle a fini par accepter de porter un collier de chien et une laisse ou des menottes, et a laissé Bernardo l’insulter et l’humilier.
Bernardo a réduit Karla Homolka en une «propriété sexuelle obéissante» (dixit le profiler Roy Hazelwood).

Karla Homolka :
Karla Homolka adorait les animaux et ne supportait pas que l’on fasse de mal à une mouche. Elle était gentille, travaillait bien tant à l’école qu’au cabinet vétérinaire et avait de l’humour. C’était une adolescente immature, mais sympathique.
Mais malgré son passé sans histoire, Karla avait un côté sombre inconnu de sa famille et de ses amis. Par exemple, elle était attirée par les livres racontant des crimes, réels ou imaginaires, les plus macabres et par les ouvrages parlant d’occultisme, de rituels sataniques et d’histoires d’horreur. Dans l’agenda d’une amie de l’école secondaire, elle a écrit un jour : «C’est la mort qui nous mène. La mort est une jouissance. J’aime la mort. Tuons ce foutu monde». Ses fantasmes sexuels tournaient également autour du sado-masochisme.

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Paul Bernardo a été l’élément déclencheur, chez elle. Après l’avoir rencontré, elle n’a plus été la même. Sa vie s’est transformée. Il était son prince charmant, son rêve devenu réalité. Son existence lui semblait ennuyeuse lorsqu’il était absent et elle ne pouvait plus s’imaginer vivre sans lui.
Après sa rencontre avec Paul Bernardo, les amis et les parents de Karla remarquèrent un grand changement en elle. Alors qu’elle avait son petit caractère et ses opinions propres, son monde se mit à tourner uniquement autour de « Paul » : comment il était, ce qu’il aimait faire, ce qu’il disait, ce qu’il penserait de telle ou telle chose… Bien qu’ils soient séparés par deux heures de trajet en voiture, il lui rendait visite tous les week-ends et, finalement, les parents de Karla l’autorisèrent à passer la nuit chez eux, avec Karla, pour qu’il n’ait pas à refaire le long trajet de retour le soir.
Leur relation prit rapidement une nouvelle forme : Paul contrôlait Karla dans sa manière de s’habiller, de se maquiller, pour ses goûts musicaux et pour tout le reste. Elle était heureuse qu’il le fasse, lui envoyait des cartes postales et des lettres chaque jour quand ils n’étaient pas ensemble, s’écoulant en déclarations d’amour et de dévotion.
Bien que Paul sorte avec d’autres femmes au même moment, ce que Karla ignorait, elle ne doutait pas qu’ils seraient très bientôt mariés.

Elle voulait tellement le garder auprès d’elle qu’elle était prête à faire n’importe quoi pour lui. Elle ne posa donc pas trop de question lorsqu’il lui demanda de l’aider à violer sa petite sœur, Tammy, 6 mois avant qu’ils ne soient mariés.
Ils se marièrent le 29 juin, et après une lune de miel à Hawaï, ils s’installèrent dans leur petite maison de style Cape Cod dans un quartier petit bourgeois appelé Port Dalhousie. C’était bien plus cher que ce qu’aucun de leurs amis n’aurait pu se permettre, et les gens se demandèrent comment le jeune couple se débrouillait. Mais c’était la maison de leur rêve et ils semblaient parfaitement heureux.
Cela se termina quand Paul battit brutalement Karla, la laissant avec deux yeux pochés et plusieurs contusions sur tout le corps.
Dans les mois qui suivirent, elle se retourna contre son mari et chercha conseil auprès d’un avocat auquel elle raconta une histoire de kidnappings, de tortures, de viols, et de meurtres.
Au procès de Paul Bernardo, elle l’accusa de tout, absolument tout, et réussit à convaincre le jury qu’il était bien le monstre que le procureur affirmait.
Toutefois, les jurés ne furent pas convaincus de son innocence à elle. Et le public ne le fut pas non plus.

Les avis des experts sont partagés sur la personnalité de Karla. L’un d’eux a dit tout simplement qu’il ne trouvait aucune explication au « vide moral » de Karla Homolka. La majorité des spécialistes ont vu en elle une femme battue et une victime consentante de Paul Bernardo. Deux experts – diligentés par le département de la Justice – ont déclaré qu’elle était une psychopathe dangereuse.
On sait par contre qu’elle n’a pas exprimé de remords pour sa participation aux crimes et qu’elle a montré très peu d’émotions durant son procès, alors que l’on expliquait ce que les jeunes victimes avaient subi.

Une chose est certaine : Karla Homolka a participé activement aux enlèvements, aux orgies sexuelles et aux meurtres, comme en témoignent les vidéos. Elle était la « rabatteuse » de jeunes vierges que voulait violer Paul Bernardo.

Parmi les explications avancées pour expliquer le comportement de Karla Homolka, certains ont avancé qu’elle était excitée par la menace qu’elle ressentait avec Bernardo. On a parlé de « paraphilie » ou de « hybristophilie ». L’hybristophile (du grec « hybrizein », commettre un outrage contre quelqu’un et de « philie », qui aime) est excité sexuellement par le fait de savoir que son partenaire a commis un acte violent tel qu’un viol, un meurtre ou un cambriolage de banque. Bonnie Parker (la compagne de Clyde Barrow) était sûrement hybristophile.

Selon le professeur John Money, un spécialiste en sexologie, « le comportement de l’hybristophile n’est pas complaisant, mais complice : la complaisance signifie que vous suivez des instructions ; la complicité signifie que vous devenez volontairement l’équivalent du partenaire ».

Stephen Williams, dans ces différents ouvrages, donne un avis qui me semble intéressant : il avance que Karla avait le besoin de satisfaire tous les désirs de son mari, qui ne l’a battue sérieusement qu’une seule fois (à coups de lampe de poche).
Il écrit : «Paul parlait à Karla des jeunes vierges qu’il aimerait violer et Karla l’encourageait à vivre ses fantasmes. Depuis le tout début de leur relation, alors qu’elle avait 17 ans et lui 26, jusqu’au moment de leur arrestation, Karla fut l’ange maudit qui inspira Paul Bernardo à violer au moins dix-neuf femmes, toutes des inconnues. Selon le témoignage de Paul Bernardo, aucune femme n’a été tuée à la suite de ces viols. Aucune ne mourut quand il agissait seul…»
D’un autre côté, une majorité de personnes pense que si Karla Homolka n’avait pas rencontré Paul Bernardo, elle n’aurait jamais commis de tels crimes ou ne s’en serait jamais rendue complice. On sait que Karla était bien plus une complice qu’une initiatrice des meurtres. Elle n’était pas une victime, mais elle n’était pas la dominatrice du couple.

Entre le moment où Karla Homolka et Paul Bernardo se sont rencontrés, en octobre 1987, et celui où ils ont tué Tammy Homolka, 16 ans, en décembre 1990, ils se sont engagés de plus en plus profondément dans les déviances sexuelles, et ont fini par commettre d’horribles meurtres.
Séparément, il est possible qu’ils n’auraient pas commis de meurtres. Mais le fait de se rencontrer et d’agir ensemble les a poussé toujours plus loin, jusqu’au point de non-retour.

Citations

« Le procès… Ça a été comme si ma fille mourait une seconde fois. Pour moi, il y a un sentiment constant de perte, la perte irrémédiable de votre enfant. Lorsque mon frère est mort, j’ai perdu une partie de mon passé. Lorsque ma fille est morte, j’ai perdu une partie de mon avenir » : Mme Debbie Mahaffy, mère de Leslie.

« Tu sais ce que j’aimerais faire ? Je voudrais dessiner des points partout sur le corps de quelqu’un, prendre un couteau et jouer à « relier les points ». Je verserai ensuite du vinaigre partout » : Karla Homolka, 17 ans, à son amie Tracy.

« Elles (les vidéos) montrent son attitude envers ses victimes : alors qu’il les avilissait brutalement, il leur ordonnait de le remercier et de demander qu’il continue. Il pensait que ces filles n’étaient rien et n’a eu aucune hésitation à les tuer » : l’accusation durant le procès de Paul Bernardo.

Bibliographie

Livres en francais :

Karla, le pacte avec le diable : Au cœur de l’affaire Bernardo
Sujet : « Il est de notre devoir d’informer la population des actes diaboliques de Karla Homolka et des circonstances troublantes qui mèneront à sa prochaine libération » (l’éditeur). Ce livre est la traduction en français du livre « Karla: A Pact with the Devil », qui fut quasiment interdit de vente au Canada.
Critique : Ce livre pose des questions importantes et dérangeantes. Pourquoi ne pas avoir libéré Karla Homolka plus tôt et l’avoir forcée, alors, à être surveillée et contrôlée ? Pourquoi ne pas s’être soucié de sa réintégration dans la société ? Pourquoi persister à la considérer comme une psychopathe alors que tous les psys qui l’ont examinée en prison disent le contraire ? Est-ce finalement les erreurs de la police qui ont poussé la justice à passer un marché avec Karla Homolka ?
On peut ne pas être d’accord avec tous les arguments de Stephen Williams, mais on ne peut nier que ce livre est particulièrement intéressant.

Livres en anglais :

Deadly Innocence
Résumé : Ce livre se concentre sur la vie conjugale de Paul et Karla Bernardo, leurs meurtres et leurs procès.
Critique : Paul Bernardo est définitivement le méchant dans ce livre et l’auteur est plus gentil avec Karla Homolka, qui apparaît comme une femme abusée, maltraitée, qui a participé par désespoir… Plus intéressants sont les chapitres du livre qui traitent de la vie de tous les jours du couple, de leurs amitiés, et de la manière dont ils ont pu garder un secret aussi terrible face à ceux qui les entouraient. Le livre ne parle pas beaucoup de la personnalité qu’avaient Karla et Paul Bernardo avant de se rencontrer, et présente peu d’informations sur la série de viols perpétrée par Bernardo à Scarborough.

Invisible Darkness: The Strange Case Of Paul Bernardo and Karla Homolka
Résumé : Invisible Darkness raconte l’histoire de Karla & Paul Bernardo d’une manière très recherchée et très approfondie. De leurs naissances à leurs procès, ce livre explore chaque aspect du couple.
Critique : Karla Homolka n’est pas présentée comme une victime innocente, mais comme une partenaire consentante, voire joyeuse, des viols, des tortures et des meurtres. Il est intéressant d’en apprendre plus sur le passé de ces deux-là, leur famille, leur enfance et leur rencontre. Il y a aussi beaucoup d’informations sur les viols de Scarborough et la transcription des cassettes vidéo qui ne furent pas projetées au tribunal (affreux). Sans doute le livre le plus intéressant publié sur ce couple.

Lethal Marriage: The Unspeakable Crimes of Paul Bernardo and Karla Homolka
Résumé :  Bernardo et Homolka semblaient former un couple parfait alors qu’ils étaient d’abominables tueurs. Ce livre explique en détail les crimes de ce couple.
Critique : Un livre très complet. Il contient beaucoup d’information sur chaque aspect de l’affaire, bien que l’on sente que l’auteur est peut-être un peu trop convaincu par l’idée que Karla était une épouse abusée qui supportait un monstre uniquement par peur pour sa vie. Les transcriptions des cassettes vidéo sont incluses et sont effroyables.

Liens

– Desperately Seeking Karla : la tornade médiatique provoquée par l’affaire (en anglais)
– Le site officiel de la ville de Toronto (en anglais)
Faut-il avoir peur de Karla Homolka ? (article de 2005)