Article mis à jour le 20 octobre 2015

Un fermier de 56 ans a été arrêté pour plusieurs meurtres dans un village du sud de la Chine où au moins 17 personnes, presque tous des adolescents, ont disparu ces dernières années.

Lorsque leurs enfants ont commencé à disparaître dans le village de Nanmen, dans la province du Yunnan, leurs parents ont pensés qu’ils avaient été enlevés pour travailler comme esclaves dans des usines de briques illégales. C’est une pratique commune dans la région.
Personne ne pensait que Zhang Yongming, un fermier discret, calme, joueur d’échec, qui vivait dans une cabane en bois à la lisière du village, puisse être responsable de leurs disparitions.

Le 9 mai dernier, la police qui enquêtait sur la disparition de Han Yao, 19 ans, a trouvé sa carte bancaire chez Zhang. Les policiers ont arrêtés le fermier peu après. Le jeune Han Yao avait disparu le 25 avril 2012 et avait été vu pour la dernière fois près d’une grande unité de stockage, à quelques centaines de mètres de la maison de Zhang.
Lorsque sa famille l’a cherché dans le village, ses parents ont appris que 8 autres jeunes avaient disparu dans un rayon de deux kilomètres durant les 5 dernières années, dont 6 qui avaient disparu durant les 15 derniers mois.

A présent, la police soupçonne Zhang Yongming d’être responsable de plus de 20 meurtres de jeunes hommes dans le village de quelques milliers d’habitants.

Alors que les familles des garçons disparus s’étaient rassemblées autour de la cabane de Zhang après son arrestation, elles ont vu les enquêteurs repartir avec plusieurs grands sacs en plastique vert, dont l’un qui semblait contenir des os humains.
La police aurait également trouvé des dizaines d’oeils humains préservés dans l’alcool, dans des bouteilles de vin. Les policiers auraient également découvert un morceau de chair humaine, pendu à l’intérieur de la maison pour le faire sécher.
La police a déterré de nombreux ossements dans une ferme proche de la cabane de Zhang.

Li Yudong, 42 ans, dont le fils de 12 ans Hanxiong a disparu le 1er mai 2007, est effaré. « Je connais Zhang. Pas une seule personne dans le village ne l’aurait soupçonné. Il ne parlait à personne, même aux gens qui vivaient à côté de chez lui. On le voyait tous les jours mais on ne faisait pas attention à lui. A présent, je pense qu’il pourrait être responsable de la disparition de mon fils. Nous sommes tous inquiets dans le village, et les enfants sont accompagnés à l’école ces jours-ci ».

Li travaillait dans sa ferme le jour où son fils a disparu et il avait été surpris de ne pas le voir revenir à la maison pour le déjeuner. Lorsqu’il n’était pas réapparu non plus en fin d’après-midi, M. Li avait prévenu la police. « Nous l’avons cherché pendant des mois. Nous avons pensé qu’il avait été forcé à travailler dans un atelier ou une usine de briques. Nous avons dépensé toutes nos économies pour le chercher ».

Certaines des victimes de  Zhang Yongming
Certaines des victimes de Zhang Yongming

La police locale a admis que Zhang Yongming a été condamné à la perpétuité pour un meurtre en 1978. Il avait démembré sa victime. Toutefois, il avait été libéré en 1997.

En décembre 2011, il avait été surpris alors qu’il étranglait avec sa ceinture un adolescent de 17 ans, Zhang Jianyuan, à côté de chez lui. Les villageois avaient appelé la police, mais Zhang Yongming avait affirmé que c’était juste une mauvaise plaisanterie et qu’il taquinait l’adolescent.
« Nous avons dit à la police que Zhang Yongming avait essayé d’étrangler le garçon, mais ils nous ont simplement répondu qu’il était fou », explique Xie Shunsheng, 39 ans, dont le garçon de 16 ans, Haijun, a disparu en janvier 2011. « Maintenant, nous nous rendons au poste de police tous les jours. Mais ils ne nous donnent aucune information, alors nous n’avons pas la moindre idée d’où en est l’enquête ».

Une équipe spéciale a été envoyée par le Ministère de la Sécurité Publique de Beijing pour mener l’enquête, alors que le chef de la police locale et le directeur du poste de police ont été démis de leurs fonctions pour ne pas avoir agis malgré les nombreuses disparitions. La police n’a fait aucun commentaire.

Cai Wen, 40 ans, dont les fils de 17 ans, Yunwei, a disparu depuis février 2012, affirme que tout le village attend les résultats de l’enquête. « Les gens sont nerveux. Nous supplions le gouvernement de retrouver nos fils ».

L’équipe spéciale est un groupe du « Crime Investigation Bureau «  (Bureau d’enquête criminelle), l’équivalent chinois du FBI. Le CIB emploie effectivement des experts dans le domaine criminel, mais ils traitent surtout les affaires « qui menacent la stabilité publique » et ils agissent avant tout à des fins ministérielles. Les parents des victimes seront probablement ignorés, l’affaire sera déclarée « exceptionnelle et unique en son genre », et les informations offertes au public seront rares.

Bien que la Chine ait un taux de criminalité violente relativement faible, le pays a subit une vague de meurtres en série au cours des dernières années.
En janvier, 13.000 policiers  ont été déployés pour rechercher Zeng Kaigui, un ancien policier, après qu’il ait abattu sa dernière victime dans la ville de Nanjing. Zeng est soupçonné d’avoir tué six personnes lors de braquages à main armées depuis 2004, et n’a toujours pas été appréhendé.
En septembre 2011, un fonctionnaire du gouvernement Chinois dans la province du Henan a été reconnu coupable d’avoir créé «  un donjon du sexe » dans lequel il avait gardé plusieurs femmes en captivité, et en a tuées au moins deux.
En 2004, Yang Xinhai, le «monstre tueur » a été reconnu coupable des meurtres de 65 hommes, femmes et enfants, entre 1999 et 2003.