Article mis à jour le 5 mars 2023

Nom : Inconnu.
Surnom : Le Zodiac, le tueur du Zodiac
Né le : Sans doute à la fin des années 1930, quelque part en Californie.
Mort le : Inconnu.

Inspirateur de nombreux livres et films, le tueur du Zodiac a assassiné 5 jeunes gens et en a grièvement blessé 2 autres entre 1968 et 1969. Lâche et brutal, il a abattu ses victimes avec une arme à feu ou les a poignardées lors d’attaques éclair. Digne émule de Jack l’Éventreur, il a envoyé de multiples courriers moqueurs et provocateurs aux journaux de la région de San Francisco. Plusieurs suspects ont été nommés, voir accusés, par les policiers et des enquêteurs amateurs, mais personne n’a jamais pu découvrir sa véritable identité.

Crimes

Les villes de Vallejo et de Benicia se situent sur la rive de la baie San Pablo et du détroit de Carquinez, à 30 km au nord-est de San Francisco. À la fin des années 1960, la région entourant les deux cités ouvrières était pratiquement inhabitée. Encore de nos jours, seules quelques routes bitumées parcourent les étendues stériles du comté de Solano au-dessus de l’autoroute Vallejo-Benicia. L’une de ses routes se nomme Lake Herman Road.

Herman Road
Lake Herman Road

Vers 21h, le vendredi 20 décembre 1968, une voiture de couleur claire, sans doute une Chevrolet Impala, fut remarquée près de l’entrée de la station service située au bord de Lake Herman Road. Le même véhicule fut aperçu une heure plus tard par différents témoins.
Entre ces deux moments, un jeune homme et sa petite amie étaient garés dans un petit parking gravillonné, non loin de là, lorsqu’une voiture claire roulant en direction de Vallejo ralentit pour se garer à quelques mètres d’eux. La voiture commença ensuite à faire doucement marche arrière pour se mettre derrière eux. Les deux jeunes gens, peu rassurés par ces manœuvres, démarrèrent immédiatement et partirent vers Benicia. La voiture les suivit jusqu’à la sortie suivante, qu’ils prirent, puis continua seule vers l’est sur Lake Herman Road.

Plus tard, deux adolescents, David Faraday et Betty Lou Jensen, 17 et 16 ans, se garèrent au même endroit, sur le parking gravillonné. Bons élèves, jeunes gens sérieux, ils avaient expliqué aux parents de Betty Lou qu’ils se rendaient à un concert de Noël… mais avaient en fait conduis jusqu’à ce parking isolé, connu comme un « coin des amoureux ». Moins d’une heure après qu’ils se sont garés, vers 23h15, une voiture s’arrêta derrière eux.
Le conducteur en sortit et, sans prévenir, il commença à leur tirer dessus avec un pistolet.
Il fit exploser la vitre arrière, puis fit feu dans la vitre droite et le pneu arrière gauche, et fit le tour pour tirer dans le pare-brise, sur la gauche. Terrifiés, les deux adolescents tentèrent de s’enfuir en ouvrant les portières du véhicule.

David Faraday parvint à sortir de sa voiture et fit quelques pas vers la route, mais fut tué d’une balle en pleine tête, à bout portant.
Betty Lou Jensen se mit à courir vers la route. Son corps fut retrouvé à 15 mètres de la voiture. Il semble que le tueur l’a manquée deux fois, puis soit parvenu à la toucher. Alors qu’elle gisait sur le sol, blessée, il lui tira quatre autres balles dans le dos.
Le tueur remonta immédiatement dans sa voiture et partit en trombes.
Une jeune femme remarqua une Chevrolet de couleur claire qui fonçait en direction de Benicia… et découvrit quelques secondes plus tard les corps des deux adolescents.

Malgré les efforts du sergent Les Lundbald, du bureau du shérif du comté de Solano, l’aide d’une dizaine d’enquêteurs locaux et la proposition d’une récompense par les camarades de classes de David et Betty Lou, le tueur ne fut pas identifié.

Un autre tueur ?
Certains enquêteurs pensèrent que le couple avait été tué pour une histoire de drogue. David Faraday savait qu’une grosse vente de drogue se préparait dans le coin et en avait parlé naïvement autour de lui. Il aurait été assassiné par l’un des vendeurs…
Certains considèrent également que David Faraday et Betty Lou Jensen n’ont pas été assassinés par le Zodiac parce que ce dernier n’a envoyé aucune lettre juste après leur meurtre. Toutefois, lorsqu’il a finalement envoyé un courrier pour s’attribuer leur meurtre, il a fourni des détails exacts et non connus du public.

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Blue Rock Spring

Six mois plus tard, le soir du 4 juillet 1969, Darlene Ferrin, 22 ans, et Michael Mageau, 19 ans, étaient garés dans la voiture de la jeune femme, sur le parking du golf de Blue Rock Spring (non loin de Vallejo), un endroit apprécié des adolescents.
Darlene travaillait comme serveuse dans un restaurant. Elle vivait avec son second époux, Dean, et leur petite fille Dena, mais flirtait souvent avec d’autres garçons, dont Michael Mageau, qui était célibataire et travaillait comme ouvrier.
Darlene était venue chercher Michael une demi-heure plus tôt pour aller manger, mais elle lui avait indiqué qu’elle voulait en fait lui parler. Darlene avait éteint les phares et avait laissé la radio allumée.
Quelques minutes plus tard, trois voitures conduites pas de jeunes fêtards entrèrent sur le parking. Les jeunes criaient, riaient et firent claquer quelques pétards, mais ne restèrent pas bien longtemps.
Vers minuit, une autre voiture, une Ford ou une Chevrolet beige, provenant vraisemblablement de Vallejo, entra sur le parking. Son occupant, un homme seul, éteignit les phares et se gara près de la voiture de Darlene Ferrin, un peu en arrière. Il laissa tourner le moteur un moment.
Michael demanda à Darlene si elle connaissait le conducteur et elle répondit « Oh, on s’en fiche ». Michael ne put dire si cela signifiait qu’elle le connaissait, ou si elle s’en moquait, tout simplement. Il voulut en savoir plus, mais l’inconnu fit soudain marche arrière, sortit du parking et repartit vers Vallejo.

Cinq minutes plus tard, la voiture beige était de retour sur le parking. Elle se gara derrière Darlene et Michael, un peu sur leur droite. Cette fois, le conducteur laissa ses phares allumés et sortit du véhicule. Il marcha tranquillement vers la portière passager, une lampe torche à la main, qu’il dirigea dans les yeux des deux jeunes gens. Michael Mageau crut qu’ils avaient affaire à un policier et commença à chercher sa carte d’identité.
Mais l’homme sortit brusquement un pistolet et tira plusieurs balles de calibre 9 mm. Plusieurs des balles atteignirent Michael au visage et au torse, traversèrent son corps et touchèrent Darlene.
Terrorisé, Michael parvint, malgré la douleur, à se glisser sur le siège arrière. Il fut de nouveau touché, au genou gauche. Le tireur s’en prit ensuite à Darlene, la touchant aux deux bras et dans le dos alors qu’elle tentait d’ouvrir sa portière pour s’enfuir.
Le tueur repartit tranquillement vers sa voiture lorsqu’il entendit Michael gémir de douleur. Il revint sur ses pas et tira deux balles sur chacun des deux jeunes gens, puis remonta dans son véhicule. Il fit demi-tour et partit en direction de Vallejo.
Souffrant horriblement, mais toujours conscient, Michael Mageau parvint à allumer les feux de détresse de la voiture pour appeler à l’aide. Il ouvrit ensuite la portière et se laissa tomber sur le sol du parking.
Un voisin du golf entendit les coups de feu et appela la police.

Plusieurs véhicules de police et une ambulance arrivèrent rapidement, avertis par des adolescents qui avaient découvert les deux jeunes victimes sur le parking. Malheureusement, ils arrivèrent trop tard pour Darlene Ferrin, qui mourut dans l’ambulance l’emmenant à l’hôpital, à 00h38. Michael Mageau fut plus chanceux : il entra immédiatement en chirurgie et, par miracle, il survécut.
Il avait pu apercevoir le profil de son assaillant. Il le décrivit comme un homme blanc, assez jeune, de taille moyenne, environ 1m75, costaud, dans les 90 kilos, avec un large visage et des cheveux bruns.

À 00h40, un homme appela la police de Vallejo depuis une cabine publique. Selon l’officier qui répondit, la voix était celle d’un homme mature qui s’exprimait sans accent. Il parlait de manière mécanique, comme s’il lisait un texte. Le policier tenta de lui demander son identité, mais l’homme ne se laissa pas interrompre : «Je veux signaler un double meurtre. Si vous allez à 1 km et demi à l’est de Columbus Parkway, vers le parc public, vous trouverez des gosses dans une voiture marron. Ils ont été abattus avec un Luger 9 mm. J’ai aussi tué les gosses l’année dernière. Au revoir.»
Il s’avéra que la cabine téléphonique était située à quelques pâtés de maison du bureau du shérif du comté de Vallejo.

Plusieurs des amis de Darlene Ferrin affirmèrent à la police qu’elle avait été suivie par un homme dans les mois précédents sa mort ou, au moins, qu’elle avait reçu des visites non désirées… Le mari de Darlene, Dean Ferrin, expliqua qu’il n’avait pas remarqué de comportement inhabituel ou d’anxiété de la part de son épouse. Le « harceleur » était sans doute George Waters, un homme originaire de Vallejo qui avait été repoussé plusieurs fois par Darlene et qui, selon plusieurs personnes, ne l’avait pas pris « courtoisement »… Mais les policiers établirent que Waters regardait des feux d’artifices avec son épouse au moment des meurtres.
On soupçonna également Dean Ferrin, qui aurait pu être jaloux que sa femme retrouve un autre homme, seule, le soir. Mais il avait un alibi : de nombreuses personnes l’avait vu dans le restaurant où il travaillait à l’heure du meurtre.

Quelques semaines plus tard, le 31 juillet 1969, les journaux San Francisco Examiner, le San Francisco Chronicles et le Vallejo Times-Herald reçurent chacun une lettre revendiquant les meurtres de Vallejo, ainsi que le tiers d’un cryptogramme.
Les affirmations de l’auteur étaient soutenues par une connaissance intime et détaillée des crimes. Pire : il promettait de faire d’autres victimes si son message n’était pas publié en première page le 1er août.
Les trois lettres étaient légèrement différentes, mais étaient toutes signées de la même manière : un cercle barré d’une croix, telle une cible, qui allait devenir la signature du « Zodiac ».
Le Vallejo Times Herald publia la lettre reçue dans sa totalité :

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« Cher Rédacteur en chef
Je suis l’assassin des deux adolescents Noël dernier à Lake Herman et de la fille le 4 juillet dernier. Pour prouver cela je vais énoncer quelques faits que seul moi + la police savons.

Noël
1. Nom de la marque des munitions Super X
2. 10 coups tirés
3. Le garçon avait les pieds tournés vers la voiture
4. La fille était allongée sur son côté droit les pieds à l’ouest

4 juillet
1. La fille portait un pantalon à motifs
2. Le garçon a aussi été touché au genou
3. Le nom de la marque des munitions était Western

Voici un message crypté qui est la première partie. Les 2 autres parties de ce message crypté ont été envoyées au SF Examiner + au SF Chronicle.

Je veux que vous imprimiez ce message crypté sur votre première page pour vendredi après-midi 1er août 69, Si vous ne le faites pas je vais faire un carnage vendredi soir qui durera tout le week-end. Je roulerai et je tuerai au hasard les personnes parasites et les couples qui sont seuls puis j’irai en tuer d’autres jusqu’à ce que j’ai tué plus d’une dizaine de personnes. »

La lettre envoyée au Chronicle était similaire, mais donnait une raison supplémentaire de publier le message codé : « Dans le message est mon identité ».

Le cryptogramme fut résolu en moins d’une semaine par un professeur de lycée de Salinas et son épouse, M. et Mme Harden. Bien que le tueur ait affirmé le contraire au Chronicle, le message ne révélait pas son identité. La solution fut soumise à la police de Vallejo le 8 août, vérifiée par l’unité cryptographique du Centre de Communication Navale de l’île de Skaggs, puis publié le 9 août par le San Francisco Chronicles et le Vallejo Times-Herald.

« J’AIME TUER DES GENS PARCE QUE C’EST TELLEMENT PLUS AMUSANT QUE DE CHASSER DANS LA FORET PARCE QUE L’HOMME EST L’ANIMAL LE PLUS DANGEREUX DE TOUS TUER QUELQUE CHOSE ME DONNE L’EXPÉRIENCE LA PLUS EXCITANTE C’EST ENCORE MEILLEUR QUE DE SE FAIRE UNE FILLE LA MEILLEURE PARTIE EST QUE LORSQUE JE MOURRAI JE RENAITRAI AU PARADIS ET TOUS CEUX QUE J’AI TUE DEVIENDRONT MES ESCLAVES JE NE VOUS DONNERAI PAS MON NOM PARCE QUE VOUS ESSAIYEREZ DE ME RALENTIR OU DE M’EMPÊCHER DE COLLECTER DES ESCLAVES POUR MA VIE APRÈS LA MORT.
EBEORIETEMETHHPITI »

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Les polices de Vallejo et de San Francisco cherchèrent, sans succès, des empreintes sur les lettres et les enveloppes.

Le 2 août, les trois morceaux du message crypté avaient été publiés. Le chef de la police de Vallejo, Jack Stiltz, expliqua que la police n’était pas sûre que le cryptogramme ait bien été rédigé par l’assassin… mais que c’était « possible ». Il demanda publiquement au tueur d’envoyer une nouvelle lettre à la police « avec plus de faits avérés afin de prouver » qu’il était bien le coupable.
Le tueur s’exécuta. Il envoya un nouveau courrier au San Francisco Examiner, qui fut reçu le 4 août. La lettre de trois pages était signée « Le Zodiac ».

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« C’est le Zodiac qui vous parle.
En réponse à votre demande, concernant le bon temps que j’ai pris à Vallejo, je serais très heureux de vous fournir plus de détails. D’ailleurs, la police prend-elle du bon temps avec le code ? Si ce n’est pas le cas, dites-leur de garder espoir ; lorsqu’ils le craqueront, ils m’auront.

Le 4 juillet : je n’ai pas ouvert la portière de la voiture. La fenêtre était déjà descendue. Le garçon était assis devant, au départ, lorsque j’ai commencé à tirer. Lorsque j’ai tiré le premier coup vers sa tête, il a sauté vers l’arrière en même temps, et je l’ai manqué. Il s’est retrouvé sur le siège arrière, puis le plancher se débattant violemment avec ses jambes ; c’est pour ça que je lui ai tiré dans le genou. Je n’ai pas quitté la scène du crime en faisant crisser mes pneus + moteur rugissant, comme l’a décrit le journal de Vallejo. Je suis parti plutôt lentement pour ne pas attirer l’attention vers ma voiture. L’homme qui a dit que ma voiture était marron était un nègre de 40-45 ans habillé de vêtements usés. J’étais dans ce téléphone public à m’amuser avec le policier de Vallejo lorsqu’il est arrivé. Lorsque j’ai raccroché le téléphone, cette saleté de truc a commencé à sonner et ça a attiré l’attention vers moi + ma voiture.

Noël dernier
Dans cet épisode la police se demandait comment je pouvais tirer + toucher mes victimes dans l’obscurité. Ils ne l’ont pas dis ouvertement mais l’ont insinué en disant que c’était une nuit bien éclairée + Je pouvais voir les silhouettes à l’horizon. Connerie. Cet endroit est entouré de collines élevées + arbres. Ce que j’ai fait c’est scotcher une petite lampe torche sur le canon de mon pistolet. Vous remarquerez, au centre du faisceau de lumière si vous visez sur un mur ou un plafond, vous verrez un point noir ou sombre au centre du cercle de lumière d’environ 10cm. Lorsqu’elle est attachée au canon d’un pistolet, la balle va toucher au centre du point noir dans la lumière. Tout ce que j’ai eu à faire a été de les arroser comme si c’était un tuyau d’arrosage ; pas besoin d’utiliser le viseur du pistolet. Je n’ai pas été content de voir que je ne faisais pas la première page.
Pas d’adresse »

La police n’ayant pas réussi à trouver d’empreinte digitale sur les lettres précédentes, ce dernier courrier fut directement confié au laboratoire du FBI, qui détermina que la lettre avait été écrite sur du papier de marque « Cinquième Avenue », vendu par les supermarchés Woolworth. Le laboratoire releva plusieurs empreintes utilisables, mais elles ne furent jamais reliées à aucun suspect.

Le lac Berryessa
Le lac Berryessa

Le 27 septembre 1969, sur la rive ouest du lac Berryessa, à 90km au nord-est de San Francisco, dans le comté de Napa, trois jeunes femmes se garèrent sur un parking vers 15h, avec l’intention d’aller se promener. Un homme conduisant une Chevrolet bleu clair à deux portes avec des plaques d’immatriculation Californiennes, démarra juste derrière elles. Il roula sur quelques mètres puis fit demi-tour pour venir se garer juste à côté d’elles. Il resta assis, les yeux tournés vers le bas, comme s’il lisait un livre ou une carte.
Les 3 jeunes femmes sortirent de leur voiture et vinrent s’installer au bord du lac, où elles prirent le soleil durant une demi-heure. Elles remarquèrent alors l’homme de la Chevrolet, en train de les observer. Il était rasé, propre et avait un physique avenant. Il mesurait environ 1,80m et devait peser plus de 90kg, avec des cheveux bruns séparés par une raie. Il portait un sweat-shirt molletonné noir à manches courtes par-dessus un t-shirt et un pantalon sombre.
L’homme les regarda sans un mot durant encore une vingtaine de minutes, en fumant des cigarettes, puis s’en alla. Lorsque les jeunes femmes retournèrent à leur voiture, vers 16h30, la Chevrolet bleu clair n’était plus là.

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Quelques heures plus tard, Cecelia Shepard et Bryan Hartnell, deux étudiants originaires d’Angwin comme les 3 jeunes femmes, vinrent pique-niquer à Twin Oak Ridge, une péninsule déserte à l’ouest du lac Berryessa. En début de soirée, ils furent approchés par un homme d’environ 1,80m, aux cheveux bruns, massif, portant un blouson noir et des vêtements noirs qui semblaient mouillés.
Cecelia, qui l’aperçu la première, remarqua qu’il portait des lunettes. Selon Bryan Hartnell, il était « dans la trentaine et tout à fait banal ». Mais lorsque l’homme s’approcha un peu plus, Bryan remarqua qu’il était plus jeune et plus costaud qu’à première vue.
L’inconnu se pencha soudainement derrière l’un des arbres alentours, mit une étrange cagoule rectangulaire sur sa tête, puis réapparu plusieurs mètres plus loin. La cagoule était bien cousue, noire, et comportait une sorte de bavoir qui descendait presque jusqu’à la taille de l’homme. Un symbole clair était brodé dessus : la cible que le « Zodiac » avait tracée dans sa lettre au cryptogramme… et qui allait servir de signature au tueur dans les lettres à venir. Il avait découpé des trous dans le tissu pour les yeux et la bouche et portait également des lunettes de soleil.
A la ceinture, l’homme portait un long couteau dans une gaine en bois, ainsi qu’un holster en cuir. Il s’approcha du jeune couple, un gros pistolet semi-automatique à la main, et le pointa vers Cecelia et Bryan.
D’une voix calme et monotone, il affirma : « Je veux votre argent et les clés de votre voiture ». Il ajouta : « Je veux votre voiture pour aller au Mexique ». Bryan Hartnell lui tendit les clés de sa Volkswagen et toute la monnaie qu’il avait dans ses poches.
Si l’homme prit l’argent, il jeta les clés sur la couverture de pique-nique. Il rangea ensuite son arme dans son holster. Bryan lui proposa de l’aider, mais l’homme répondit « Non. On n’a plus le temps ». L’homme expliqua alors qu’il s’était évadé d’une prison dans le nord-ouest du pays, qu’il avait tué un surveillant pénitentiaire et qu’il avait « une voiture volée et rien à perdre. Je n’ai plus un sous ».
L’homme avait une voix tout à fait normale, il ne s’exprimait pas avec un vocabulaire élaboré, mais ne semblait pas non plus ignare. Il n’avait aucun accent et parlait juste un peu lentement.
Espérant que l’homme allait simplement partir avec sa voiture, Bryan Hartnell se détendit et tenta de discuter avec l’inconnu pour l’amadouer.
Ils parlèrent durant quelques minutes de sa voiture mais, soudainement, l’homme saisit une corde à linge coincée dans sa ceinture et ordonna à Cecelia d’attacher les mains de Bryan. Les deux jeunes échangèrent un regard hésitant et l’homme se mit à crier « A terre ! Maintenant ! ». Cecelia ligota alors son ami, puis tendit son porte-monnaie à l’inconnu, qui l’ignora totalement. L’homme attacha à son tour la jeune femme, puis resserra les nœuds de Bryan. Le jeune homme remarqua alors que les mains de leur agresseur tremblaient et qu’il semblait particulièrement nerveux.

La portière
La portière

Il se redressa et lâcha « Je vais devoir vous poignarder ». Bryan répondit « Je ne supporterais pas de la voir poignardée. Frappez-moi d’abord ».
Le tueur acquiesça.
Il utilisa un long couteau à double tranchant, peut-être une baïonnette, avec un manche en bois.
L’agresseur poignarda Bryan Hartnell par six fois dans le dos. Il frappa la jeune Cecelia Shepard de dix coups de couteau, 5 fois devant et 5 fois dans son dos.
Il les laissa pour morts et marcha jusqu’à la voiture de Bryan. Utilisant un marqueur noir, il traça sur la portière son symbole (la cible) et les dates de ses meurtres précédents.

Un pêcheur entendu les cris du couple et contacta les gardes forestiers du parc. Il fallut plus d’une heure au secours pour accéder à la scène du crime. Heureusement, Bryan Hartnell survécu à ses blessures. Cecelia n’eut pas cette chance : elle succomba deux jours plus tard.

Après avoir poignardé ses deux victimes, le tueur s’arrêta près d’un téléphone public, qu’il utilisa pour appeler la police, comme il l’avait fait précédemment. La police de Napa répondit à 19h40 et retraça l’appel jusqu’à la cabine, située à côté d’une station service, à Napa.
L’homme parla d’une voix calme. « Je veux signaler un meurtre. Non, un double meurtre. Ils sont à 3km au nord de Park Headquarters. Il était dans une Volskwagen Kharmann Ghia blanche ». Lorsque l’opérateur lui demanda d’où il appelait, l’homme répondit « Je suis celui qui les a tués ». Puis, il lâcha simplement le combiné du téléphone et s’en alla.
Des policiers scientifiques trouvèrent une empreinte de paume claire et bien formée sur le combiné du téléphone. Malheureusement, le technicien qui la releva était tellement nerveux qu’il la brouilla totalement en étalant la poudre. Elle se révéla inutilisable.

Au lac Berryessa, les enquêteurs trouvèrent une série d’empreintes de pas menant à la scène de crime et en partant. Les analyses permirent de déterminer que les chaussures étaient des sortes de rangers, de taille 10 ½ (44). Enfoncées profondément dans le sol, les empreintes suggéraient un homme lourd, corpulent.

Washington Street
Washington Street

Le soir du samedi 11 octobre 1969, un jeune chauffeur de taxi de San Francisco, Paul Stine, prit en charge un client à Union Square, en direction du Presidio, tout au nord de la péninsule de San Francisco. Paul Stine indiqua à son dispatcher qu’il se rendait au coin de Washington et de Maple Street, à Presidio Heights. Vers 21h55, son taxi était arrêté à un pâté de maison plus à l’ouest, lorsque le passager tira dans la tête de Paul Stine, à bout portant.
Des témoins aperçurent l’homme penché à l’avant du taxi, alors qu’il prenait les clés et le portefeuille de Paul Stine. Il coupa ensuite un grand morceau de la chemise du jeune chauffeur, la trempa dans son sang et la prit avec lui, avant de s’éloigner calmement vers le nord.

Trois adolescents vivant dans un appartement de Washington Street, juste en face du taxi, furent attirés par le coup de feu et virent le tueur alors qu’il découpait la chemise de Paul Stine. L’homme prit également le portefeuille de Stine, puis essuya l’intérieur et l’extérieur du taxi, s’appuyant brièvement sur la portière.
Les adolescents appelèrent la police à 21h58 mais, dans leur affolement, ils se firent mal comprendre et le dispatcher de la police indiqua dans le signalement que l’assassin était… noir. Aussi, lorsque les policiers Donald Foukes et Eric Zelms se rendirent sur les lieux et remarquèrent un homme blanc assez corpulent marchant sur Jackson Street, ils ne tentèrent pas de l’arrêter.
Quand les adolescents leur fournirent à nouveau la description du tueur (un homme blanc et massif, dans les 30 ans, environ 1m75, des cheveux bruns en brosse, portant des lunettes épaisses et des vêtements sombres), Foulkes et Zelms firent marche arrière pour retrouver l’homme qu’ils avaient croisé. En vain.
Un mois plus tard, l’agent Foukes allait décrire le suspect comme un homme de 35-40 ans, d’approximativement 1m70, dans les 85 à 90 kg. Plutôt corpulent, le torse large, de teint clair, portant des lunettes épaisses. Foukes expliqua que l’homme avait des cheveux clairs, mais admit par la suite que la lumière des lampadaires avait pu l’induire en erreur. Il portait un vêtement sombre avec des bandes bleues et un large pantalon marron. “ Le sujet n’a jamais semblé vouloir se presser, mais marchait avec la tête penchée vers l’avant. L’apparence générale du sujet pour le classifier dans un groupe serait qu’il pourrait être d’origine Galloise (sic) ”.
Un agent du Département californien de la Justice, Mel Nicolai, qui enquêta quasiment sur tous les meurtres du Zodiac, affirma par la suite que les agents Foukes et Zelms avaient tout d’abord décrit l’homme comme « mesurant au moins 1m80 et pesant plus de 90kg ».

Les enquêteurs pensèrent que la balle qui avait tuée Paul Stine était de calibre .38, mais les analyses balistiques déterminèrent qu’il s’agissait de 9 mm. Elle n’était pas de la même marque que celles utilisées lors du meurtre de Darlene Ferrin, mais elle avait été tirée avec la même arme.
La police scientifique découvrit 30 empreintes de doigts et 3 de paumes sur la carrosserie et à l’intérieur du taxi. Les empreintes relevées sur la portière du côté passager étaient relativement claires et les techniciens pensèrent qu’elles avaient été laissées par le tueur, mais elles pouvaient appartenir à l’un des policiers, à un pompier ou même à un technicien de la police…
D’autres empreintes, moins précises, ensanglantées, étaient sûrement celles de l’assassin. Ces empreintes ne furent jamais reliées à aucune des millions d’empreintes de la base de données nationale du FBI, peut-être parce qu’elles n’étaient pas assez détaillées.
Les enquêteurs trouvèrent également une paire de gants en cuir de taille XXL, mais on ne sut pas si elle appartenait ou non au tueur.

Deux jours plus tard, le Chronicle reçu une lettre du Zodiac alléguant la responsabilité du meurtre. L’adresse de l’expéditeur était le symbole de la cible. Dans l’enveloppe, l’assassin avait glissé un petit morceau de la chemise de Paul Stine, qu’il avait découpée.
La police scientifique de San Francisco releva trois empreintes digitales sur le papier, qui ne permirent malheureusement pas, elles non plus, d’identifier un suspect.

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C’est le Zodiac qui vous parle.
Je suis l’assassin du chauffeur de taxi sur Washington St + Maple St la nuit dernière, pour le prouver voilà un morceau de la chemise tachée de sang. Je suis le même homme qui s’est fait les gens dans le nord de la baie.
La police de San Francisco aurait pu m’attraper la nuit dernière s’ils avaient cherché correctement dans le parc au lieu de faire des courses avec leur moto pour voir qui faisait le plus de bruit. Les conducteurs auraient pu simplement garer leurs voitures et rester assis tranquillement à attendre que je sorte de ma cachette.
Les enfants des écoles font de belles cibles, je pense que je vais éliminer un bus d’écoliers un de ces matins. Tirer dans un pneu avant + choisir les gamins qui sortiraient.

Le Zodiac allait par la suite envoyer deux autres morceaux de la chemise ensanglantée de Paul Stine, mais une grande partie est encore en sa possession.

Jusque-là, les autorités avaient pensé que le Zodiac suivait une mode opératoire, même vague. Il avait toujours frappé après le coucher du soleil, durant le week-end, s’en prenant à de jeunes couples dans ou près de leur voiture. Il avait toujours agi dans des endroits éloignés de la ville.
S’il pouvait à présent sortir de ses habitudes et tuer un homme seul en plein San Francisco, alors il pouvait tout à fait mettre sa menace à exécution et tirer sur un bus d’écoliers. En peu de temps, les conducteurs de bus de la région reçurent des instructions spécifiques sur la conduite à tenir si on faisait feu sur leur véhicule.

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Par la suite, le Zodiac allait réitérer ses menaces contre les bus d’écoliers. À la demande de la police de San Francisco, le Chronicle ne mentionna pas la menace dans ses pages, durant une semaine.
Le 18 octobre, un portrait robot dressé par la police à partir des témoignages des adolescents fut modifié selon la description donnée par les policiers de Cherry Street et fut publié avec le contenu entier de la lettre.

L’affaire du Zodiac commença à intéresser les médias nationaux au point que la police reçu des appels sur l’éventuelle identité du tueur provenant de Houston, Atlanta et Saint Louis.
Les enquêteurs de la côte ouest des États-Unis commencèrent à considérer que le tueur du Zodiac (également appelé “tueur de la Bay Area”) pouvait être l’auteur de certains de leurs meurtres irrésolus.

Les officiers Kinkead et Homsher, de Riverside (Californie), envoyèrent un résumé de leur enquête sur le meurtre d’une jeune étudiante, Cheri Joe Bates, assassinée en 1966, aux policiers des comtés de Napa, Solano et San Francisco. Mais ce dossier se perdit dans le tourbillon de l’enquête pendant plus d’un an…

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La nuit du 30 octobre 1966, une étudiante de 18 ans, Cheri Jo Bates, avait en vain tenté de faire démarrer sa Volkswagen, garée sur le parking de l’université de Riverside, Californie (à 100km à l’est de Los Angeles).
Elle n’avait pas compris que quelqu’un avait non seulement ôté le démarreur et le condensateur de sa voiture, mais avait aussi déconnecté le câble du distributeur.
Un homme lui avait proposé son aide et avait essayé de démarrer le véhicule. Sans succès. Il avait jeté un œil au moteur et avait prétendu qu’il ne pouvait rien y faire.
Il lui avait alors proposé de la raccompagner chez elle dans son propre véhicule et Cheri Jo avait accepté avec soulagement l’aide de cet homme.
Il l’avait accompagnée dans une ruelle sombre encadrée par deux maisons vides qui appartenaient à l’université. Ils étaient restés là durant près d’une heure et demi, sans doute pour discuter. Personne ne sait pourquoi.
Brusquement, l’homme s’était jeté sur elle, l’avait frappée, avait tenté de l’étrangler et, finalement, l’avait poignardée, trois fois à la poitrine, une fois dans le dos, alors qu’elle essayait désespérément de fuir, et sept fois dans la gorge.
On avait retrouvé la jeune femme étendue sur le trottoir, à peine à quelques pâtés de maison de la bibliothèque.
L’autopsie avait permis de déterminer que l’arme utilisée avait été un couteau de petite taille. Mais le tueur avait dû l’utiliser avec une violence inouïe : Cheri Jo Bates avait presque été décapitée.
Elle n’avait pas été violée et son assassin ne lui avait rien volé.

Les enquêteurs avaient découvert une montre d’homme Timex au bracelet cassé, couverte de taches de peintures, à quelques mètres de la voiture de Cheri Jo. La montre s’était arrêtée à 00h23. La peinture était de la peinture pour mur extérieur, tout à fait classique.
Les policiers avaient également trouvé l’empreinte de talon d’une chaussure de taille 44, ainsi que des cheveux, du sang et des morceaux de peau sur les mains et sous les ongles de Cheri Jo, qui avait tenté de se défendre.
Des empreintes graisseuses de paumes et de doigts avaient été relevées dans la voiture et sur la carrosserie.

La bibliothèque de l’université fermait à 21h00 mais deux témoins avaient affirmé avoir entendu “un hurlement affreux” vers 22h30, suivi d’un « cri étouffé et d’un bruit fort comme une vieille voiture qu’on démarre » deux minutes plus tard. L’autopsie avait révélé que Cheri Jo Bates avait effectivement été assassinée vers 22h30.
Que s’était-il donc passé entre 21h et 22h30 ?
Le fait que Cheri Jo ait pu passer près d’une heure et demie avec son assassin suggérait qu’elle le connaissait et lui faisait confiance. Les enquêteurs avaient alors considéré que la jeune étudiante avait été assassinée par un ex-petit ami ou un prétendant rejeté, rendu fou de rage.

Ce n’est qu’un mois plus tard que ce meurtre brutal allait être examiné d’une tout autre manière.
Le 29 novembre 1966, des copies carbones d’une lettre anonyme avaient été envoyées à la police de Riverside ainsi qu’au journal Riverside Entreprise. Le courrier avait été tapé sur une machine à écrire de marque Royal et était intitulé « La Confession ».
Les deux copies avaient été tapées sur du papier de mauvaise qualité, pliés en haut et en bas, formant un carré. Les courriers avaient été envoyés dans des enveloppes sans timbres ni adresse d’expéditeur et postés dans une boîte aux lettres isolées dans la campagne voisine.
À l’époque, les enquêteurs pensèrent que l’assassin de Cheri Joe Bates avait envoyé ces courriers, mais depuis, leur opinion a changé.

LA CONFESSION

PAR _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

lettre-bates-confession

ELLE ÉTAIT JEUNE ET BELLE MAIS MAINTENANT ELLE EST BATTUE ET MORTE. ELLE N’EST PAS LA PREMIÈRE ET NE SERA PAS LA DERNIÈRE JE RESTE ÉVEILLÉ LA NUIT EN PENSANT A MA PROCHAINE VICTIME. PEUT-ÊTRE SERA-T-ELLE LA BELLE BLONDE QUI FAIT DU BABY-SITTING PRES DU PETIT MAGASIN ET MARCHE LE LONG DE L’ALLÉE SOMBRE TOUS LES SOIRS VERS SEPT HEURES. OU PEUT-ÊTRE QU’ELLE SERA LA PETITE BRUNE BIEN FAITE QUI A DIT NON LORSQUE JE LUI AI PROPOSE UN RENDEZ-VOUS AU LYCÉE. MAIS PEUT-ÊTRE QUE CE NE SERA AUCUNE DES DEUX. MAIS JE COUPERAI SES ATTRIBUTS FÉMININS ET LES DÉPOSERAI POUR QUE TOUTE LA VILLE LES VOIT. ALORS NE ME RENDEZ PAS LES CHOSES TROP SIMPLES. GARDEZ VOS SŒURS, FILLES, ET ÉPOUSES LOIN DES RUES ET DES ALLÉES. MELLE BATES A ÉTÉ STUPIDE. ELLE EST ALLÉE A L’ABATTOIR COMME UN AGNEAU. ELLE NE S’EST PAS BATTUE. MAIS JE L’AI FAIT. CA A ÉTÉ FACILE. J’AI D’ABORD COUPE LE CÂBLE CENTRAL DU DISTRIBUTEUR. PUIS JE L’AI ATTENDUE DANS LA BIBLIOTHÈQUE ET JE L’AI SUIVIE DEHORS APRÈS DEUX MINUTES. LA BATTERIE DEVAIT ÊTRE MORTE A CE MOMENT LA. JE LUI AI ALORS OFFERT MON AIDE. ELLE ÉTAIT ALORS TRÈS DISPOSÉE À ME PARLER. JE LUI AI DIS QUE MA VOITURE ÉTAIT PLUS BAS DANS LA RUE ET QUE J’ALLAIS LA RACCOMPAGNER CHEZ ELLE. LORSQUE NOUS AVONS ÉTÉ LOIN DE LA BIBLIOTHÈQUE, A PIEDS, JE LUI AI DIT QU’IL ÉTAIT TEMPS. « LE TEMPS DE QUOI ?» M’A-T-ELLE DEMANDE. J’AI DIS QU’IL ÉTAIT TEMPS POUR ELLE DE MOURIR. J’AI ATTRAPE SON COU AVEC MA MAIN SUR SA BOUCHE ET MON AUTRE MAIN AVEC UN PETIT COUTEAU A SA GORGE. ELLE EST ALLÉE TRÈS VOLONTAIREMENT. SA POITRINE ÉTAIT CHAUDE ET FERME SOUS MES MAINS, MAIS JE N’AVAIS QU’UNE CHOSE A L’ESPRIT. LA FAIRE PAYER POUR TOUS LES RÂTEAUX QU’ELLE M’AVAIT ENVOYÉS DURANT LES ANNÉES PRÉCÉDENTES. ELLE EST MORTE DOULOUREUSEMENT. ELLE S’EST TORTILLÉE ET S’EST SECOUÉE PENDANT QUE JE L’ÉTOUFFAIS ET SES LÈVRES REMUAIENT. ELLE A CRIE UNE FOIS ET JE L’AI FRAPPE A LA TÊTE POUR QU’ELLE LA FERME. J’AI PLONGE LE COUTEAU EN ELLE ET IL S’EST BRISE. J’AI ENSUITE TERMINE LE TRAVAIL EN LUI COUPANT LA GORGE. JE NE SUIS PAS MALADE. JE SUIS ALIÉNÉ. MAIS ÇA N’ARRÊTERA PAS LE JEU. CETTE LETTRE DEVRA ÊTRE PUBLIÉE POUR QUE TOUS LA LISE. CELA POURRAIT BIEN SAUVER LA FILLE DANS L’ALLÉE. MAIS C’EST À VOUS DE DÉCIDER. CA SERA SUR VOTRE CONSCIENCE. PAS LA MIENNE. OUI, C’EST AUSSI MOI QUI VOUS AI APPELÉ. C’EST SEULEMENT UN AVERTISSEMENT. FAITES ATTENTION… JE POURSUIS VOS FILLES MAINTENANT.

COPIE. CHEF DE LA POLICE

Aucune des deux enveloppes ne présentait une adresse complète. Elle avait été écrite à la main avec un stylo-feutre.
Une empreinte avait été découverte sur l’enveloppe envoyée à la police, mais elle ne correspondit jamais à aucun des suspects interrogés par la suite : on ne sait pas si elle fut laissée par l’auteur des courriers, un postier ou même un policier…

L’assertion de l’auteur de cette lettre, selon laquelle Cheri Jo Bates ne s’était pas défendue, était contredite par les nombreuses blessures de défenses qu’elle présentait aux bras et aux mains, ainsi que par les morceaux de peau et les cheveux retrouvés sous ses ongles.
Bien qu’un journal ait affirmé à l’époque que le couteau s’était brisé dans le corps de l’étudiante, le rapport d’autopsie n’en fait pas mention et les policiers ont tous affirmé que le couteau ne s’était pas cassé.
L’auteur de la lettre ne parlait pas non plus de ce que Cheri Jo et son assassin avaient pu faire durant 1h30…
Toutefois, la voiture de Cheri Jo avait bien été sabotée de la manière décrite, ce qui n’avait été révélé qu’en partie aux médias.

Les policiers n’ont jamais su quel était l’appel téléphonique auquel l’auteur faisait mention à la fin de sa lettre, mais Tom Voigt, auteur du site www.ZodiacKiller.com, affirme qu’il aurait été passé au journal de Riverside plutôt qu’à la police, et aurait ainsi été incompris et ignoré.

Le 30 novembre 1966, la police de Riverside et le journal local avaient tous deux pris contact avec « l’Inspecteur du service postal » du comté de Riverside qui, à son tour, avait appelé le FBI : si le meurtre n’est pas un crime fédéral, l’extorsion de fonds par courrier en est un. Le FBI avait pensé un moment à se joindre à l’enquête, mais comme aucune somme d’argent n’était réclamée par le supposé tueur, le Bureau n’avait finalement pas proposé son aide.

Le 30 avril 1967, six mois exactement après le meurtre de Cheri Jo Bates, le Riverside Press, la police et le père de l’étudiante (dont le nom et l’adresse étaient apparus dans la presse locale le lendemain du meurtre) avaient chacun reçu une copie d’une autre lettre, cette fois écrite avec un stylo sur un papier à lettre rayé. La lettre était signée d’un symbole qui ressemblait à un « Z ».
Les enveloppes présentaient deux fois trop de timbres, ce qui allait devenir la marque de fabrique du « Zodiac », 2 ans plus tard.
Les lettres envoyées à la police et au journal se présentaient ainsi :

lettre-bates-had-to-die

BATES DEVAIT
MOURIR
IL Y EN
AURA PLUS

La copie sans la signature symbolique, envoyée à Joseph Bates, substituait le « BATES » par « ELLE ».
Une empreinte avait été relevée sur l’enveloppe envoyée à la police de Riverside, mais elle non plus ne pu jamais être liée à aucun des suspects.

En avril 1967, le concierge de la bibliothèque de l’Université découvrit un poème écrit sur le dessus d’un bureau qui avait été stocké dans un débarras. Le contenu du poème mena nombre d’enquêteurs à croire qu’il décrivait le meurtre de Cheri Joe et avait été écrit par son assassin.

Des enquêteurs amateurs ont remarqué quant à eux que le style et le ton du poème indiquent le contraire. L’une des théories est qu’il aurait été tout simplement écrit par un étudiant suicidaire.

220px-ZodiacsPoem

« Fatigué de la vie / ne désirant pas mourir
très
propre
si rouge /
propre.
sang jaillissant,
coulant goute à goute,
se déversant;
sur toute sa nouvelle
robe
bah
elle était rouge
de toute façon
la vie s’égouttant dans une
mort incertaine.
elle ne
mourra pas.
cette fois
quelqu’un la trouvera.
attendez seulement jusqu’à
la prochaine fois
rh »

Le Zodiac a-t-il tué Cheri Jo Bates ?
En 1998, la police de Riverside a obtenu un mandat afin de prélever des cheveux, de la peau et de la salive de l’ancien petit ami, qui ont été envoyés au FBI pour être analysés. Aucune nouvelle n’a été donnée depuis, laissant à penser que l’ADN du suspect ne correspond pas à celui prélevé sur Cheri Jo en 1966…
De nos jours, les enquêteurs de Riverside et la plupart de ceux de San Francisco pensent que Cheri Jo Bates n’a pas été tuée par le Zodiac. Les opinions sont plus mitigées concernant l’identité de la ou des personne(s) qui a/ont envoyé les lettres en 1966 et 1967…

La police de Riverside était restée persuadée que Cheri Jo Bates connaissait son assassin, ou au moins que le tueur la connaissait. Ils avaient identifié un suspect parmi plusieurs candidats intéressants, un ancien petit ami qui n’avait pas supporté leur rupture et était jaloux de la relation naissante entre Cheri Jo et un joueur de l’équipe universitaire de football.

Lorsque l’affaire du Zodiac avait été révélée au niveau national, durant l’automne 1969, le chef de la police de Riverside, Les Kinkead, avait donc envoyé une lettre de 3 pages décrivant le meurtre de Cheri Jo Bates aux enquêteurs de Napa et de San Francisco.
Lettre qui avait été totalement ignorée…

Au début du mois de novembre 1969, le Zodiac envoya une nouvelle lettre au Chronicle, dans une enveloppe timbrée avec le double du nécessaire et une instruction “Svp, donnez-la vite au directeur”.
À l’intérieur, les journalistes découvrirent une carte de vœux et un nouveau message codé, ainsi qu’un second morceau de la chemise ensanglantée de Paul Stine.
Pour la première fois, le Zodiac faisait le compte de ses meurtres, un nombre qui allait augmenter avec chaque nouveau courrier. Rien ne prouve, toutefois, que le Zodiac ait effectivement commis d’autres meurtres que les 5 qui lui sont attribués.

« C’est le Zodiac qui vous parle

J’ai pensé que vous auriez besoin de rire un bon coup avant d’avoir les mauvaises nouvelles vous n’allez pas recevoir ces nouvelles avant un moment

PS pourriez-vous publier ce nouveau message codé sur la 1ère page ? Je deviens terriblement esseulé lorsque l’on m’ignore, tellement esseulé que je pourrais faire ma Chose !!!!!

Morts : Juillet Août Septembre Octobre = 7″

Le message codé, quant à lui, n’allait être décodé qu’en 2020 par un trio d’enquêteurs amateurs : David Oranchak, un développeur de logiciels en Virginie, Jarl Van Eycke, un programmeur informatique belge, et Sam Blake, un mathématicien australien.

Il avait été écrit en majuscules, sans ponctuation, et comprenait une faute d’orthographe au mot « paradis » :
« J‘espère que vous vous amusez beaucoup en essayant de m’attraper
Ce n’était pas moi dans l’émission de télévision, ce qui soulève un point sur moi
Je n’ai pas peur de la chambre à gaz, car elle m’enverra au paradis d’autant plus tôt
Parce que j’ai maintenant assez d’esclaves pour travailler pour moi où tout le monde n’a rien quand ils atteignent le paradis, donc ils ont peur de la mort
Je n’ai pas peur parce que je sais que ma nouvelle vie sera facile dans la mort du paradis. »

L’émission télévisée à laquelle le message faisait référence était « The Jim Dunbar Show », un talk-show télévisé de la Bay Area où, deux semaines auparavant, un homme prétendant être le tueur du Zodiaque a appelé l’émission en direct.

Ce message, si difficile à décrypter, donne des indications sur les connaissances en cryptage du tueur du Zodiac : dans la plupart des autres messages codés, la solution consiste à déterminer quelles lettres sont représentées par certains symboles. Pour déchiffrer ce message de 340 caractères, le codage est différent, l’alignement des mots s’étend en diagonale sur la page, et parfois ils sont décalés sur une colonne. Certes, c’est un code compliqué, mais ce système a été retrouvé dans au moins un manuel de codage de l’armée américaine des années 1950.

Deux jours plus tard, le Zodiac envoya une lettre plus longue qui incluait le schéma d’une « machine de mort » qu’il affirmait avoir créée, prête à être utilisée contre des bus.
Le Chronicle reçu ces 2 lettres le même jour, et les confia à la police après en avoir fait des copies.
La police pensa pouvoir trouver une empreinte du tueur sur la lettre, mais il semble que ce ne fut pas le cas.

lettre-9nov1969

« C’est le Zodiac qui vous parle.
Depuis la fin du mois d’octobre j’ai tué 7 personnes. Je suis de plus en plus en colère contre les mensonges de la police à mon encontre. Alors je vais changer ma manière de collecter des esclaves. Je ne vais plus rien annoncer à qui que ce soit. Lorsque je commettrai mes meurtres, ils ressembleront à des meurtres durant un cambriolage, des meurtres de colère + quelques faux accidents, etc.
La police ne m’attrapera jamais, parce que j’ai été trop intelligent pour elle.
1. Je ressemble à la description donnée seulement lorsque je fais mes choses, le reste du temps je parais complètement différent. Je ne vous dirai pas en quoi consiste mon déguisement lorsque je tue.
2. Jusqu’à maintenant je n’ai laissé aucune empreinte derrière moi contrairement à ce que dit la police durant mes meurtres je porte des caches à empreintes transparents. Ce ne sont que deux couches de colle adhésive pour avion sur le bout de mes doigts – non repérable + très efficace.
3. Mes outils de meurtres ont été achetés avant que l’interdiction ne prenne effet. Sauf un et il a été acheté un dehors de l’état. Ainsi comme vous pouvez le voir la police n’a pas grand-chose sur quoi travailler. Si vous vous demandez pourquoi j’essuyais le conducteur de taxi je laissais de faux indices pour occuper la police dans toute la ville, J’ai donné aux flics du travail pour leur faire plaisir. Ça m’amuse de titiller les cochons bleus. Hé cochon bleu j’étais dans le parc – vous utilisiez les camions de pompiers pour masquer le son de vos voitures de patrouilles. Les chiens ne se sont jamais approchés à moins de 2 pâtés de maison de moi + ils étaient trop à l’ouest + il n’y avait que 2 groupes de parking à 10mn de distance les motos ne sont passés qu’à 45 mètres de distance du sud ou nord ouest.

P.S. 2 flics ont fait une boulette environ 3mn après que j’ai quitté le taxi. Je marchais de la colline vers le parc lorsque cette voiture de flic est arrivé + l’un des flics m’a même appelé + il m’a demandé si j’avais vu quelqu’un de louche ou d’étrange dans les 5 ou 10 dernières minutes + j’ai dis oui il y avait cet homme qui courrait avec un pistolet à la main & les flics ont fait crisser leurs pneus + et sont partis du côté que je leur ai indiqué + J’ai disparu dans le parc un pâté de maison plus loin pour ne plus jamais être revu.

Hé cochon est-ce que ça ne vous met pas en boule d’avoir votre nez frotté dans votre merde ?
Si vous les flics pensaient que je vais prendre un bus comme je l’ai dis, vous méritez d’avoir des trous dans vos têtes. Prenez un sac d’engrais de nitrate d’ammonium + 1 litre d’essence chaude et jetez quelques sacs de gravier par dessus + puis allumez le bazar + ça va ventiler tout ce qui sera près de l’explosion.

La machine de mort est prête. Je vous aurais bien envoyé des photos mais vous auriez été assez méchant pour trouver le développeur des photos + puis moi, alors je vous décrirai mon chef-d’œuvre. Le bon côté de ça c’est que toutes les parties peuvent être achetées dans un supermarché sans qu’aucune question ne soit posée.

1 horloge à piles – fonctionnera à peu près un an
1 interrupteur photoélectrique
2 ressorts à lames de cuivre
2 batterie de voiture 6V
1 ampoule de lampe torche + réflecteur
1 miroir
2 tubes en carton noir avec du cirage à l’intérieur et du coton

Le système a été vérifié d’un bout à l’autre durant mes tests. Ce que vous ne savez pas c’est si la machine est mort est visible ou si elle est stockée dans mon sous-sol pour une utilisation future.
Je pense que vous n’avez pas la main d’œuvre pour arrêter celle-là en regardant sur les bords des routes à la recherche de cette chose. + changez les horaires des bus car la bombe peut être adaptée à de nouvelles conditions.

Amusez-vous bien ! Au fait ça pourrait tourner mal si vous essayez de me bluffer.
PS. Imprimez la page que j’ai cochée en page 3 ou je ferai ma chose.

Pour prouver que je suis le Zodiac, parlez au flic de Vallejo de mon viseur de pistolet électrique que j’ai utilisé pour commencer ma collection d’esclaves. »

Le tueur ne fournit aucune explication pour les 5 croix tracées à gauche du symbole du Zodiac, mais on pensa qu’elles représentaient chacune des victimes « officielles ».

L’avocat Melvin Belli, défenseur des célébrités d’Hollywood, reçu une carte de Noël, chez lui, le 27 décembre 1969. Elle fut envoyée à son bureau où sa secrétaire l’ouvrit et y trouva un autre morceau de la chemise ensanglantée de Paul Stine. Au dos de l’enveloppe figurait « Joyeux Noël et Bonne Année ».

lettre-MelvinBelli

« Cher Melvin

C’est le Zodiac qui parle Je vous souhaite un joyeux Noël. Ce que je vous demande c’est ceci, s’il vous plait aidez-moi. Je ne peux pas m’en sortir parce que cette chose en moi ne me laissera pas. Il est très difficile pour moi de me contrôler J’ai peur de perdre le contrôle à nouveau et de prendre ma neuvième + possible dixième victime. S’il vous plait aidez-moi Je me noie. En ce moment les enfants sont en sécurité de la bombe parce que c’est difficile de creuser et la mèche demande tellement de travail pour être parfaitement ajustée. Mais si je me retiens trop longtemps de ma neuvième Je vais perdre {complètement} (mot barré) tout self control + créer la bombe. S’il vous plait aidez-moi Je ne peux pas me contrôler plus longtemps. »

Les enquêteurs pensèrent que le tueur avait écrit cette lettre dans un moment de lucidité, mais un examen approfondi de la lettre et de l’enveloppe montre qu’elles ont été méticuleusement écrites, avec une marge gauche parfaitement alignée et des lignes uniformément espacées. Même la manière dont il avait barré le mot « complètement » semblait trop nette pour être spontané.
Melvin Belli parla évidemment de cette lettre aux médias, mais le Zodiac ne le contacta plus par la suite.
On entendit plus parler du Zodiac durant 3 mois.

kathleen-High132
La highway 132

Dans la soirée du dimanche 22 mars 1970, Kathleen Johns, 23 ans, conduisait sur la nationale 132, à quelques kilomètres à l’ouest de Modesto. Sa fille était endormie à ses côtés.
Un homme dans une voiture claire se mit à lui faire des appels de phares et à klaxonner dans sa direction. Il accéléra pour se mettre à son niveau et lui indiqua que l’une de ses roues vacillait. Il lui proposa de la resserrer et elle s’arrêta juste à l’ouest de l’autoroute 5. L’homme sortit de sa voiture avec une clé et prétendit resserrer les boulons de sa roue. En fait, il les enleva tous. Lorsque Kathleen Johns voulu repartir, la roue se détacha. L’homme proposa à nouveau de l’aider en la conduisant cette fois dans une station service toute proche.
La jeune mère accepta et monta dans la voiture de l’inconnu avec son enfant. Ils roulèrent sur l’autoroute 132 jusqu’à la station service de Christmas Road, mais elle était fermée.
Suivirent alors 90 interminables minutes de silence pesant et de conduite sans but à travers la ville de Tracy et ses environs. Ils passèrent devant plusieurs stations service et Kathleen Johns demanda plusieurs fois « Qu’est-ce qui ne va pas avec celle-ci ? » ou « Pourquoi ne pas aller dans celle-là ? », ce à quoi l’homme répondit que ça n’était simplement « pas la bonne ». Kathleen était terrifiée par l’inconnu, voulait sortir de sa voiture, mais n’osait pas lui dire de s’arrêter. Elle avait rapidement réalisé qu’il ne la mènerait dans aucune station service et tenta de lui parler. Elle lui demanda s’il lui arrivait souvent d’aider les gens. Il répondit : « Lorsque j’en ai fini avec eux, ils n’ont plus besoin de mon aide ». Il ralentit plusieurs fois, comme s’il allait se garer, mais accélérait à nouveau.
Heureusement, il s’arrêta enfin à un stop et Kathleen Johns n’hésita pas un instant. Elle serra son bébé contre elle et sauta de la voiture, puis se mit à courir à travers champs et passa par-dessus un remblai pour se cacher dans l’obscurité. L’inconnu éteignit ses phares, recula sa voiture de quelques mètres et attendit sans bouger, en silence. Cinq minutes plus tard, il ralluma ses phares et s’en alla.

Kathleen Johns arrêta ensuite un homme qui passait en voiture. Il la conduisit au poste de police le plus proche, situé à Patterson. Là, Kathleen désigna le portrait robot du Zodiac accroché au mur et affirma que c’était cet homme qui avait saboté sa roue. Selon elle, l’homme portrait des lunettes à bordures épaisses et de grosses chaussures. Il avait des cheveux bruns, coupés en brosse. Il mesurait peut-être 1m70 ou 1m80 mais ne pesait pas plus de 75 kilos.
Le sergent posté à l’accueil, peut-être apeuré par une confrontation avec ce tueur digne du croque-mitaine, laissa Kathleen attendre seule dans un café avoisinant, durant plusieurs heures. Le sergent passa un appel radio décrivant l’endroit où Kathleen Johns avait laissé sa voiture, et un adjoint du shérif du comté de Stanislaus la retrouva, complètement brûlée et encore fumante. L’inconnu était revenu sur ses pas pour mettre le feu à la voiture, détruisant tout ce qui se trouvait à l’intérieur… ainsi que d’éventuelles empreintes.

Était-ce le Zodiac ?
Dans les années 1990, après avoir identifié deux hommes différents et peu ressemblants à la description originelle de son agresseur, Kathleen Johns a admis qu’elle ne pouvait même pas se souvenir si elle était mariée à cette époque. Sa mémoire n’était malheureusement pas assez bonne pour lui permettre de reconnaître son agresseur…

Les événements de cette nuit ont été racontés différemment par les journalistes et les écrivains. La version la plus dramatique et la plus connue, est celle qui fut racontée par Paul Avery dans le San Francisco Chronicle, publié huit mois après l’incident. L’homme y menaçait ouvertement Kathleen et son bébé, et la poursuivait avec une lampe-torche. C’est cette version qui apparaît dans le livre de Robert Graysmith, « Zodiac ».
Toutefois, Kathleen Johns a expliqué à deux policiers différents que l’homme avait simplement refermé la portière de la voiture et s’était éloigné. Des articles publiés dans le Modesto Bee et le San Francisco Examiner quelques jours après les faits correspondent aux rapports de ces policiers.

La tentative d’enlèvement de Kathleen Johns, près de Modesto, est la dernière fois que quiconque ait vu le Zodiac en personne.

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Pourtant, il continua à envoyer des lettres aux journaux et aux policiers. Il fit parvenir un courrier au Chronicle le 20 avril 1970, incluant un petit message crypté et les plans d’une bombe…
Le nombre de ses victimes s’élevait à présent, selon lui, à 10. Il expliquait cependant qu’il n’était pas celui qui avait « anéanti ce blue meanie avec une bombe au commissariat », tout en affirmant qu’il y a « plus de gloire à tuer un flic qu’un enquêteur de la criminelle parce qu’un flic peut riposter et vous tirer dessus ». Il expliquait enfin que sa « bombe du bus » n’avait pas explosé à cause de la pluie et qu’il allait en faire une autre…
L’expression « blue meanie » est certainement une référence aux « méchants » dans le dessin animé des Beatles « Yellow Submarine », sorti en 1968. Dans la contre-culture et chez les jeunes, il était devenu un surnom pour les policiers.
Le « blue meanie » en question était le sergent Brian McDonnell, 44 ans, de la police de San Francisco, dont le corps avait été déchiqueté par une bombe artisanale le 16 février 1970. Neuf autres policiers avaient été blessés. (On découvrit par la suite que ce meurtre était sans doute le fait d’un groupe terroriste communiste).

La dernière menace concernant les bus ne fut pas rendue publique durant un mois, jusqu’à ce qu’une note soit envoyée au Chronicle pour demander sa publication.
Datée du 28 avril 1970, le message avait été écrit sur une carte de vœux. Le tueur exigeait la publication de ses menaces au sujet des bus, ou il les mettrait à exécution. Il exprimait également son vœu de voir les habitants de la Bay Area arborer des badges à l’effigie de son « symbole cible », comme ils le faisaient avec le symbole de la paix ou celui du « black power »…
Des empreintes digitales furent relevées sur la carte et son enveloppe, peu après sa réception.
La menace du Zodiac fut finalement révélée au public le 29 avril 1970, mais les schémas (estimés « discutables ») ne furent publiés qu’en 1986, dans le livre de Robert Graysmith, « Zodiac ».

La lettre suivante fut envoyée au Chronicle le 26 juin 1970. Elle contenait un autre code et une carte de la route 66 traversant la Bay Area. Le Zodiac avait dessiné une horloge au sommet du Mont Diablo. Cette horloge ressemblait au symbole-cible du Zodiac, mais avec un zéro sur le haut, un 3 à droite, un 6 en bas et un 9 à gauche.

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« C’est le Zodiac qui vous parle.

Je suis très en colère contre les habitants de la San Fran Bay Area. Ils n’ont pas respecté mon souhait de les voir porter de jolis badges avec ma croix cerclée. Je promets de les punir s’ils ne s’exécutent pas, en annihilant un bus d’écoliers. Mais maintenant c’est les vacances d’été, alors je les punirai d’une autre manière. J’ai abattu un homme assis dans une voiture garée avec un calibre .38.


La carte couplée avec le code vous dira où la bombe se situe. Vous avez jusqu’à l’automne prochain pour la déterrer. »

Le seul meurtre par balle commit récemment avec un calibre .38 dans la Bay Area était celui d’un officier de police de San Francisco de 25 ans, Richard Radetich, père d’un bébé de 8 mois, abattu dans sa voiture alors qu’il dressait un PV, six jours avant que la lettre n’ait été envoyée.
Un témoin avait identifié un homme noir qui ne ressemblait pas du tout au portrait-robot du Zodiac, comme étant le tireur. Les policiers avaient arrêté un homme condamné auparavant pour un vol à main armé (Faute de preuves, il ne fut finalement pas inculpé du meurtre de Radetich). Les dirigeants de la police de San Francisco affirmèrent que la revendication du meurtre par le Zodiac n’était qu’un mensonge.
Beaucoup conviennent aujourd’hui que le Zodiac voulait s’attribuer le meurtre de Radetich pour se « faire mousser ». Mais dans ce cas, sans doute aurait-il précisé qu’il avait tué un « flic » et non simplement un « homme »… Le Zodiac se vantait-il du meurtre de quelqu’un d’autre ? Ou avait-il simplement tout inventé ?

Une lettre assez « hallucinée » fut envoyée au Chronicle le 24 juillet 1970. Après avoir cité l’enlèvement avorté de Kathleen Johns, le Zodiac reprenait les paroles d’un aria chanté dans l’un des opéras des Britanniques Gilbert et Sullivan (le Mikado), celui de « Ko-Ko, le Lord Bourreau »… Il faisait plusieurs fautes de grammaire et de prononciation, indiquant qu’il écrivait ses paroles de mémoire.

lettre-some-nice-buttons

« C’est le Zodiaque qui vous parle.

Je suis assez mécontent que vous ne portiez pas de jolis badges cibles. Alors maintenant j’ai une petite liste, commençant par cette femme + son bébé à qui j’ai offert une intéressante balade durant une paire d’heures un soir il y a quelques mois et qui s’est terminée quand j’ai brûlé sa voiture où je les avais trouvées.
(Symbole cible)
Un jour il se peut qu’une victime soit découverte. J’ai une petite liste. J’ai une petite liste, de délinquants qui pourraient bien être sous terre qui ne manqueraient à personne qui ne manqueraient jamais à personne. Il y a les nuées pestilentielles qui écrivent pour des autographes, tout ces gens qui ont des mains molles et des rires irritants. Tous ces enfants qui sont vêtus comme des rois et vous implore pour une cigarette. Tous ces gens qui serrent des mains serrent des mains comme ça. Et toutes ces troisième personnes qui perdent le temps et insistent. Aucun d’entre eux ne manquerait à personne. Aucun d’entre eux ne manquerait à personne. Il y a le joueur de sérénade au banjo et les autres de sa race et l’organiste au piano je l’ai mis sur la liste. Tous les gens qui mangent des bonbons à la menthe et les soufflent à votre visage, ils ne manqueraient jamais à personne. Ils ne manqueraient jamais à personne Et l’idiot qui fait l’éloge de toutes les époques sauf la nôtre, tous les pays sauf le sien. Et la femme de province qui s’habille comme un mec et ne pleure jamais et cette singulière anomalie la fille qui n’a jamais embrassé. Je ne pense pas qu’elle manquerait à quiconque je suis sûre qu’elle ne manquera à personne. Et ce bon « impriest » qui est assez répandu je l’ai sur ma liste. Tous les rigolos, les comiques et les clowns de la vie privée. Aucun d’eux ne manquera. Aucun d’eux ne manquera. Et les intransigeants tels que commentvouslesappelez, trucmuche et machinchose et ce genre-là, on s’en fiche, et tut tut tut tut, et cestquoisonnom, et vous savez qui, mais la tâche de remplir les blancs je vous la laisse. Mais ça n’a vraiment pas d’importance qui vous mettez sur la liste, parce qu’aucun de manquera à personne, aucun ne manquera à personne.

(Très grand symbole cible qui rempli la moitié de la page).

PS : Le code du Mont Diablo concerne les Radians + #cm le long des rayons ».

Plusieurs journaux de la Bay Area avaient publié quelques lignes sur l’enlèvement de Kathleen Johns, mais seul le petit Modesto Bee avait précisé que sa voiture avait été brûlée.

Deux jours plus tard, le Zodiac envoya sa 13ème lettre, décrivant les tortures que ses esclaves subiraient après leur mort. La dernière phrase (les joueurs de billards) était, elle aussi, inspirée de l’opéra « Mikado ».

lettre-torture-esclaves

« (…) Si vous ne portez pas ce genre de badge avec ma cible, je vais (avant toute chose) torturer tous les 13 esclaves qui m’attendent au Paradis. Certains je les attacherai au-dessus de fourmilières et je les regarderai hurler + s’agiter et se tortiller. D’autres auront des éclats de pin enfoncés sous leurs ongles + puis brûlés. D’autres seront places dans des cages + nourris de bœuf salé jusqu’à ce qu’ils en soient gorgés puis j’écouterai leurs supplications pour de l’eau et je me moquerai d’eux. D’autres seront pendus par leurs pouces + brûlés au soleil puis je les frictionnerai pour les réchauffer encore plus. Les autres je les dépècerai vivant + je les laisserai courir en hurlant. Et tous les joueurs de billards je les ferai jouer dans la cellule sombre d’un donjon avec des queues tordues + des chaussures bancales. Oui je m’amuserai beaucoup à infliger la plus délicieuse douleur à mes esclaves.
Symbole cible = 13
SFPD = 0″

Après quelques mois de silence, octobre amena deux autres communications du Zodiac. La première, une carte postale sur laquelle le tueur avait collé des lettres et percé 13 trous, fut postée le 5 octobre 1970. En mots et lettres découpés dans des journaux, elle était adressée au San Francisco Chronicle.

« Cher Rédacteur en chef,
Vous allez me détester, mais je dois vous le dire.
Le rythme ne se ralentit pas ! En fait c’est juste un gros treize
13
« Certains d’entre eux se sont débattus ce fut horrible »
P.S. Il y a des articles selon lesquels ces cochons de flics de la ville se rapprochent de moi.
Conneries, je suis intouchable, quel est le prix (de la récompense) maintenant ?

Zodiac »

Au départ, ce courrier fut considéré comme un faux. Mais certaines phrases furent répétées dans des lettres suivantes du Zodiac, tel le mot « intouchable », qui apparu dans une autre missive 5 mois plus tard. De plus, l’auteur s’attribuait à nouveau 13 meurtres, un nombre qui n’avait pas été rendu public.

lettre-peeckaboo

La seconde carte, envoyée le 27 octobre, était une carte d’Halloween adressée personnellement à Paul Avery, journaliste au Chronicle qui couvrait l’affaire du Zodiac.
À l’intérieur de l’enveloppe, écrit deux fois en forme de X, on pouvait lire « Désolé, pas de message codé ». Le Zodiac signa sa carte d’un Z et de son symbole/cible, mais ajouta également une adresse d’expéditeur et un symbole inconnu, 13 yeux, et le message « Coucou, t’es foutu ».
Au dos de la carte, il avait ajouté des mots qui se croisaient : « Par le feu. Par le fusil. Par le couteau. Par la corde. Paradis. Esclaves ».

Kathleen Johns, la jeune femme enlevée avec son bébé sur l’autoroute 132, affirma qu’elle reçut une carte similaire, à la même époque. D’après sa description, il est bien possible que cette carte lui a effectivement été envoyée par le Zodiac.

La carte adressée à Paul Avery fut considérée comme une menace de mort et le Chronicle publia un article en première page le 31 octobre.
Suite à cette publication, le journal reçu de nombreuses lettres, dont une, anonyme, provenant de Riverside et qui incitait Paul Avery à enquêter sur le meurtre, toujours irrésolu, de Cherry Jo Bates.

Après avoir retrouvé une lettre du chef de la police de Riverside, vieille d’un an, adressée à un enquêteur du comté de Napa, qui avait relié le meurtre de Cherry Joe Bates au Zodiac, Paul Avery rendit visite à la police de Riverside afin d’examiner les preuves dont elle disposait.
Intrigué par les lettres envoyées à la police et à la presse par l’assassin, sans parler de ce qui semblait être un « Z » utilisé comme signature dans certains courriers, Paul Avery fut l’instigateur d’une rencontre entre les enquêteurs de San Francisco et ceux des comtés de Solano, Napa et San Francisco, qui comparèrent leurs notes sur le meurtre de Cherry Jo Bates et chacun des meurtres connus du Zodiac.

Les inspecteurs Toschi et Armstrong
Les inspecteurs Toschi et Armstrong

Les autorités de la Californie du nord, notamment l’inspecteur de San Francisco William Armstrong, sentirent qu’il existait peut-être un lien entre le meurtre de Bates et les crimes du Zodiac. Le même homme avait possiblement commis tous les meurtres.
Le graphologue Sherwood Morrill (qui avait travaillé sur les courriers du Zodiac) étudia l’écriture du poème sur le bureau (de la bibliothèque) et les enveloppes envoyées au Chronicle. Il affirma qu’elles étaient « sans aucun doute le travail du Zodiac ». D’autres graphologues le rejoignirent pour les lettres, mais pas pour le poème.
La police de Riverside, particulièrement le Capitaine Irvin Cross, était moins convaincu et « réaffirma (son) scepticisme », probablement parce qu’ils n’avaient pas donné tous les détails du crime à leurs collègues : le fait que Cheri Jo Bates ait été frappée, presque étranglée, puis poignardée 11 fois et presque décapitée, suggérait qu’il s’agissait plutôt d’un crime commis sous l’emprise d’une terrible colère.

Le 16 novembre 1970, Paul Avery publia un article dans le SF Chronicle sur le meurtre de Cheri Jo Bates à Riverside.
La position officielle de la police de Riverside et de la plupart des enquêteurs, était que Cheri Jo n’avait pas été assassinée par le Zodiac. (La police de Riverside considère encore qu’un habitant de la ville est leur suspect et que le Zodiac n’a rien eu à voir avec ce meurtre, mais concède que le tueur de la Bay Area a pu envoyer l’une ou plusieurs des lettres reçues par la police ou le père de Cheri Jo Bates).

Après 5 mois de silence, le Zodiac envoya une nouvelle lettre.
Postée le 13 mars 1971, elle fut la seule lettre jamais envoyée par le tueur au Los Angeles Times, et la première à être postée ailleurs qu’à San Francisco (à Pleasanton, à 22km à l’est de la ville).

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«C’est le Zodiac qui vous parle

Comme je l’ai toujours dis, je suis intouchable -{crack proof}. Si les Blue Meannies veulent m’arrêter un jour, ils feraient bien de bouger leurs gros culs + faire quelque chose.
Parce que plus longtemps ils trainent + perdent leur temps, plus je vais collecter d’esclaves pour ma vie après la mort. Je dois quand même les féliciter pour être tombé sur mes activités de Riverside, mais ils ne trouvent que les plus faciles, il y en a plein d’autres.
La raison pour laquelle j’écris au Times c’est ça, Ils ne m’enterrent pas en dernière page comme les autres.

SFPD-0
Symbole-cible-17+»

Lors d’une interview avec l’enquêteur amateur Mike Butterfield (zodiackillerfacts.com), un policier de Riverside a expliqué que ses services avaient soupçonné l’auteur de la lettre anonyme (celle envoyée en 1970 à Paul Avery et reliant les crimes du Zodiac à celui de Cheri Jo Bates) d’avoir également envoyé ce courrier au Los Angeles Times, en se faisant passer pour le Zodiac. À l’époque, l’inspecteur David Toschi, de la police de San Francisco, avait été soupçonné de cette contrefaçon.
Mais il n’existe aucun moyen d’étayer ces hypothèses…

Ensuite, le Zodiac n’envoya plus aucun courrier durant près de 3 ans.

Il refit surface en 1974, lorsqu’il écrivit une série de lettres au Chronicle sur une période de 6 mois, qu’il envoya depuis la Bay Area. Ces quatre lettres furent identifiées par l’analyse des enveloppes et de l’écriture comme provenant effectivement du tueur, bien qu’elles soient différentes des précédentes : le tueur avait abandonné ses salutations habituelles (« C’est le Zodiac qui vous parle »), sa signature (la cible) et ses menaces grandiloquentes.

La première lettre fut envoyée le 29 janvier, depuis le sud de San Francisco, et parlait du film l’Exorciste : « la meilleure comédie satirique que j’ai jamais vue ». Le tueur citait à nouveau l’opéra Mikado : « Il plongea dans les flots houleux et un écho s’éleva des tombeaux des suicidés », puis faisait le compte : « Moi : 37 – SFPD : 0 ».

La seconde lettre parvint au Chronicle le 14 février. Le Zodiac, parlant de l’enlèvement de Patty Hearst par la Symbonese Liberation Army, demandait « Saviez-vous que les initiales SLA se prononcent ‘sla’, un vieux mot nordique signifiant ‘tuer’ ? ». Il signa simplement « Un Ami ».

Trois mois plus tard, le 8 mai 1974, une carte postale fut envoyée au Chronicle depuis Fremont, à 40km au sud de San Francisco. Le message exprimait la « consternation » face aux publicités publiées par le journal pour le film « Badlands », inspiré par les meurtres de Charles Starkweather et Caril Ann Fugate. « La glorification des meurtres est injustifiable. Montrez un minimum de considération pour vos lecteurs et supprimez cette publicité »… Il signa « Un citoyen indigné« .

La quatrième lettre fut envoyée depuis San Rafael le 8 juillet 1974. Elle attaquait le journaliste conservateur du Chronicle Marco Spinelli (« Renvoyez le comte Marco dans son trou à rats ») et était signée « le Fantôme Rouge (rouge de rage) ».

Les médias de San Francisco affirmèrent que les 2 dernières lettres provenaient bien du Zodiac, mais l’inspecteur David Toschi, de la police de San Francisco, informa le FBI qu’il avait des doutes sur leur authenticité. Après les avoir examinées, le laboratoire du FBI conclut que, bien que certaines caractéristiques de ces 2 lettres présentaient des différences avec l’écriture des autres courriers du Zodiac, « ces incohérences ne sont pas suffisantes pour éliminer l’auteur des lettres du Zodiac » comme l’auteur de ces deux dernières lettres.

En 1976, David Toschi se retrouva seul pour s’occuper de l’enquête du Zodiac. Le journaliste Herb Caen publia un article sur l’enquête non aboutie.

Le 24 avril 1978, le Zodiac envoya sa dernière lettre au San Francisco Chronicle.

lettre_derniere

« Cher rédacteur en chef
C’est le Zodiac qui vous parle,
Je suis de retour parmi vous
Dites à Herb Caen que je suis là, j’ai toujours été là. Ce cochon de Toshi est bon mais je suis plus malin et meilleur il va se fatiguer et me laisser tranquille.
J’attends toujours un bon film sur moi. qui va jouer mon rôle. Je suis maintenant en contrôle de toute chose. Votre dévoué
(Symbole cible) = devinez
SFPD : 0″.

Cette dernière lettre est considérée comme un faux par nombre d’enquêteurs et de graphologues. Elle aurait été écrite en recopiant l’écriture du Zodiac.
À nouveau, on a soupçonné l’inspecteur Toschi de vouloir renouveler l’intérêt pour l’affaire en écrivant cette lettre, ne serait-ce que parce que son nom était cité, mais il n’a jamais été accusé officiellement de cette fraude.
Robert Graysmith a parfois été soupçonné d’avoir écrit cette lettre mais, là non plus, personne n’a jamais pu le prouver.

Après cet ultime courrier, le tueur du Zodiac ne fit plus jamais parler de lui.

Jusqu’en 1989, de l’autre côté du pays.

Le Zodiac de New York :

17thprecinct

Le 17 novembre 1989, le commissariat du 17ème Precinct – East New York reçu une lettre titrée : « C’est le Zodiac ». Elle prévenait que 12 meurtres allaient avoir lieu, un pour chaque signe du zodiaque. Un cercle était dessiné sur une page, divisé en 12 quartiers, représentant chacun un signe zodiacal. Ce courrier affirmait également qu’un meurtre avait déjà eu lieu, celui d’un Taureau.

« C’est le Zodiac
Le premier signe est mort
Le Zodiac tuera les 12 signes dans la
Ceinture quand la lumière Zodiac sera vue ?
Le Zodiac répandra la peur
J’ai vu beaucoup de policiers sur Jamaica Avenue et Elen Lane mais vous n’êtes pas bon et vous n’attraperez pas le Zodiac.
Orion est celui qui peut arrêter le Zodiac et les Sept Sœurs »

Les policiers vérifièrent si un meurtre commis récemment pouvait être connecté à cette lettre, sans résultat. Ils considérèrent donc que ce courrier n’était que les divagations d’un fou, comme ils en reçoivent souvent.

Le 9 mars 1990, Mario Orozco, un cuistot de 39 ans, reçu une balle dans le dos alors qu’il revenait chez lui à 3h du matin, dans un coin de Brooklyn plutôt « mal famé ». Il survécut, mais la balle resta logée près de sa moelle épinière. Son agresseur laissa son arme, posée juste à côté de Mario.

Le 29 mars 1990, vers 3h du matin, alors qu’il rentrait chez lui après une soirée arrosée, Germaine Montenesdro, 34 ans, reçu une balle dans le ventre, qui traversa son foie. Il survécut. Son agresseur le fouilla alors qu’il gisait à terre. Il ne lui vola pas d’argent, mais prit son passeport.

La police de Brooklyn ne relia pas les agressions d’Orozco et de Montenesdro. Ils ne trouvèrent pas non plus le pistolet que, selon Mario Orozco, l’agresseur avait laissé près de lui.
A cette époque, les actes de violence aveugles étaient quotidiens et presque banals à New York.

Joseph Proce, 78 ans, vétéran de la Seconde guerre mondiale, aimait se promener dans East New York ou dans le Queens, tard le soir, malgré les mises en garde de ses amis. Le 31 mars 1990, vers 1h30 du matin, il croisa un jeune homme qui lui demanda de l’eau. Joseph Proce n’en avait pas et continua sa promenade. Le jeune homme le rejoignit, se disputa avec lui, et sortit une arme. Proce reçu une balle dans le dos, qui toucha son rein. Il mourut à l’hôpital des semaines plus tard, le 24 juin 1990. Son agresseur laissa une lettre manuscrite étrange près du vieil homme.
Avant qu’il ne meure, les policiers interrogèrent Joseph Proce, mais considérèrent qu’il avait été victime d’une tentative de vol et non de meurtre.
Néanmoins, deux enquêteurs, Mike Ciravolo et Bill Clark, furent surpris par la lettre sinistre laissée par le tueur. Clark avait fait partie de la force spéciale qui avait permis l’appréhension de David Berkowitz, le « Fils de Sam ». Ciravolo et lui pensèrent que Joseph Proce n’avait pas été la victime d’un « simple vol ». Ils ne relièrent toutefois pas le meurtre de Proce aux tentatives sur Orozco et Montenesdro car ces dernières avaient eu lieu à la limite entre le Queens et Brooklyn.
Le pauvre Joseph Proce tenta de décrire son agresseur, mais changea son histoire plusieurs fois, et notamment la description de son assaillant. Il affirma d’abord qu’il était noir, puis expliqua qu’il était possible qu’il soit blanc, voire Hispanique… Il faisait sombre lorsqu’il avait été attaqué. Joseph Proce devenait malheureusement sénile et, parfois, il ne reconnaissait même pas les enquêteurs qui revenaient l’interroger.

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Les peurs de Ciravolo et de Clark, qui craignaient que l’agresseur de Joseph Proce puisse être un tueur en série, commencèrent à se matérialiser. Des lettres similaires à celle découverte près du vieil homme furent envoyées au New York Post et à l’émission « 60 minutes ». L’auteur, qui disait être « Le Zodiac », écrivait dans le même style étrange, listant les dates et les endroits de chacun de ses meurtres ou tentatives, ainsi que le signe astrologique de ses victimes. La lettre précisait « Tous abattus à Brooklyn ».
Les policiers pensèrent d’abord que la lettre n’était pas celle d’un tueur en série, car ils ne considéraient pas les agressions d’Orozco et de Montenesdro comme de meurtres.

Se rendant au 17ème Precinct pour voir un collègue, Clark découvrit par hasard les recherches menées sur ces lettres. Il reconnut immédiatement l’écriture et le style de la lettre laissée près de Joseph Proce. Il pensa à vérifier l’existence de victimes qui avaient survécu à des agressions par armes à feu, ainsi que leur signe zodiacal, et découvrit Orozco et Montenesdro. Le nouveau « Zodiac » semblait ne pas avoir réalisé qu’il était dans le Queens et non plus à Brooklyn lorsqu’il avait abattu Proce, ni que ses 2 premières victimes avaient survécu.
Les lettres envoyées aux journaux étaient donc vraies.

Le 19 juin 1990, le New York Post publia un article « Le Mystère du tireur du Zodiac », qui mit la pression sur la police : les new yorkers se souvenaient comment le « Fils de Sam » avait utilisé la presse pour tourner la police en ridicule et terroriser la ville.

Durant les semaines qui suivirent, la presse fit ses premières pages sur cette affaire et les habitants de New York se demandèrent si le Zodiac de la Bay Area avait traversé le pays. Des astrologues apparurent à la télévision avec des prédictions et des explications. Des groupes d’auto-défense commencèrent à patrouiller dans East New York.

Le 19 juin 1990, Larry Parham, un SDF, s’allongea sur un banc de Central Park, Manhattan, pour y passer la nuit. Il reçut une balle dans la poitrine, qui rata heureusement son aorte. Il survécut.
Parham aida la police à dresser un portrait robot. Il décrivit un homme noir d’une trentaine d’année, d’environ 1m80 et 80kg. Le portrait fut communiqué à la presse et des centaines de personnes affolées appelèrent la police.

Le lendemain de l’agression de Larry Parham, une nouvelle lettre du Zodiac parvint au New York Post. Comme la précédente, elle présentait le même symbolisme astrologique, des divagations absurdes et une liste des victimes. Mais cette fois, l’auteur du courrier tentait de convaincre le journal, et donc la police et le public, que le Zodiac de New York était le même que celui de la Bay Area.
Mais, sauf rares exceptions, personne ne cru que les 2 tueurs n’en faisaient qu’un. Tout, depuis l’écriture du tueur jusqu’à la description de l’agresseur par les victimes survivantes, indiquait que le Zodiac de New York était un « copycat », un imitateur.

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« C’est le Zodiac
La lettre envoyée au Post à aucune des lettres du Zodiac de San Francisco vous êtes
Dans l’erreur l’écriture semble différente c’est
Un des mêmes Zodiac un Zodiac
A San Francisco a tué un homme dans un parc avec un

Flingue et tué une femme avec un couteau et tué
Un homme dans un taxi avec un flingue »

Cette lettre sembla trop désespérée et trop coléreuse, même pour les journalistes. C’était l’œuvre d’un homme jeune, qui vivait sûrement à Brooklyn, mais qui voulait que tout le monde pense qu’il était un tueur blanc d’âge moyen, originaire de San Francisco…

Des médiums offrirent leur aide à la police. Des centaines de personnes dénoncèrent des amis, des voisins, des collègues qui devaient être le Zodiac. On releva les empreintes d’un jeune homme uniquement parce qu’il avait emprunté un livre sur l’astrologie à la bibliothèque municipale. Un autre homme fut arrêté parce qu’en 1980, il avait signé le livre d’un ami avec une citation tirée d’une lettre du Zodiac de San Francisco. La police consulta même des professeurs d’astronomie pour obtenir des informations sur les constellations.
Les enquêteurs pensaient que la meilleure manière d’appréhender le tueur était de le prendre en flagrant délit. Il suffisait d’attendre une « conjonction astrale adéquate »

Mais le tueur décida de « faire profil bas ». La police possédait ses empreintes, relevées sur ses lettres. S’il était arrêté pour n’importe quel délit, la police saurait alors qu’il était le Zodiac. Le tueur cessa donc de tuer, comme l’avait fait le Zodiac de San Francisco.
Les policiers se mobilisèrent en août, dans l’attente d’une agression, mais il ne se passa rien. Ni les mois qui suivirent.
La force spéciale dédiée au Zodiac de New York fut finalement réduite de 50 à 18 enquêteurs. En quelques mois, les new yorkers se calmèrent et la ville cessa de s’inquiéter.

Le détective Ciravolo et quelques autres continuèrent leurs recherches lorsqu’ils avaient un peu de temps, mais l’affaire n’était plus considérée comme une priorité.

Durant plus de 2 ans, le tueur ne fit plus parler de lui.
Lorsqu’il décida de se remettre à tuer, il décida d’apporter quelques changements à ses habitudes. La police savait qu’il frappait souvent le jeudi, alors il ne tuerait plus ce jour-là. Il ne pouvait plus non plus prendre le temps de regarder la carte d’identité et la date de naissance de ses victimes pour connaître leur signe zodiacal. À présent, il allait juste tuer et s’enfuir.

Le 10 août 1992, Patricia Fonti, 39 ans, rencontra un jeune homme qui semblait charmant près du Highland Park, à la jonction entre le Queens et Brooklyn. Ils échangèrent quelques plaisanteries et elle accepta de le suivre dans la réserve naturelle du parc. À 1h30 du matin, l’homme lui tira deux balles dans le corps, mais elle parvint à le repousser et se débattit. Sans doute affolé, le Zodiac la poignarda, plus de 100 fois.

Le 4 juin 1992, Jim Weber, un employé du bâtiment de 40 ans, croisa un jeune homme vers minuit, devant Highland Park. Il reçut une balle dans les fesses. Il survécut.

Le 20 juin 1992, Joseph Diacone, un malade mental de 40 ans, fut abattu d’une balle dans le cou devant Highland Park, à bout portant.

Le 2 octobre 1992, Diane Ballard, 40 ans, était tranquillement assise dans Highland Park lorsqu’elle reçut une balle dans le cou, qui resta logée dans sa moelle épinière. Elle survécut.

La police, qui pensait que le Zodiac de New York avait « disparu », ne relia pas ces crimes entre eux. Dans une ville qui subissait une moyenne de 5 meurtres par nuit, les enquêteurs ne trouvèrent rien de particuliers à ces meurtres et cette tentative.

Le 10 mars 1994, la police arrêta un jeune hispanique nommé Heriberto “Eddie” Seda devant son appartement d’East New York pour possession illégale d’une arme à feu « faite maison ». Il était poli et coopéra avec les policiers. Son arme fut mal étiquetée au laboratoire et ne fut jamais analysée. Une semaine plus tard, Seda fut libéré.

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Le 1er août 1994, le « NY Post » reçu une nouvelle lettre du Zodiac. Elle contenait une liste de nouvelles victimes, un étrange code en forme de totem et une phrase «dors mon petit mort comment nous les haïssons».
Le journal publia la lettre et la ville retomba dans la panique.
Cette lettre déconcertait la police. Était-ce un copycat du copycat ? Ou l’imitateur original était-il de retour ?
Le tueur ne fit toutefois plus aucune victime.

Le 18 juin 1996, Heriberto Seda fut à nouveau arrêté, cette fois pour avoir tiré sur sa demi-sœur de 17 ans, Gladys Reyes, et menacé les policiers venus l’appréhender.

Heriberto Seda
Heriberto Seda

Seda et sa demi-sœur se disputait constamment, surtout depuis qu’elle avait commencé à fréquenter des dealers locaux. Gladys était la seule à travailler, et nourrissait tant son frère que sa mère, et n’avait cure des remarques de Seda. Elle avait donc invité un jeune dealer chez eux pour flirter et Seda avait pris l’une de ses armes « faites maison » pour tirer à travers le mur. Il avait touché sa demi-sœur dans le dos, mais elle était parvenue à fuir et se cacher. Les voisins avaient appelé la police. Deux ambulanciers s’étaient retrouvés coincés avec elle alors que Seda tirait à travers les fenêtres, vers la police.
Après des heures de palabres, un officier du 17ème Precinct était parvenu à convaincre Heriberto Seda de se rendre. Il fut amené au commissariat du 17ème.
Lorsqu’on demanda à Seda, 29 ans, d’écrire sa version des faits, l’un des enquêteurs trouva que son écriture ressemblait étrangement à celle des lettres du « nouveau Zodiac », et particulièrement la signature étrange qu’il traçait à la fin de chacune de ses lettres, une croix et trois 7.
Le policier montra la déposition à ses collègues, qui décidèrent de faire vérifier ses empreintes. C’étaient bien celles du Zodiac de New York.
Poussé par les policiers, Seda finit par avouer les meurtres et les agressions, dans tous leurs horribles détails.

Seda n’était jamais sorti avec une fille. Il était profondément religieux et se rendait régulièrement à l’église. Il vivait avec sa mère et sa demi-sœur dans l’est de New York. Il ne travaillait pas et traînait souvent seul. À 16 ans, il avait été renvoyé du lycée pour y avoir amené une arme à feu. Il avait frappé sa demi-sœur jusqu’en 1989.
Seda aimait lire, particulièrement des magazines sur les armes et la violence. Il possédait des livres sur les tueurs en série et idolâtrait Ted Bundy.
Mais le tueur que Seda admirait le plus était le Zodiac de la Bay Area, car il n’avait jamais été arrêté. Il était « plus malin que les flics ». Il était « un serviteur de Dieu et ses victimes pécheresses le servirait dans sa vie après la mort ». Eddie Seda avait lu des dizaines de fois le livre de Robert Graysmith sur le Zodiac, s’inspirant de ses crimes.
Il possédait un petit arsenal d’armes artisanales et d’explosifs. Il commandait ses munitions par catalogues et avait réalisé lui-même plusieurs pistolets. Il savait qu’avec ce genre d’arme, il pouvait changer de canon et donc éviter les correspondances balistiques.

En juin 1998, Seda fut condamné à 235 années d’emprisonnement.

Né en 1967, Seda n’était évidemment pas le Zodiac de la Bay Area.

En 2004, la police de San Francisco a officiellement déclaré l’enquête « inactive » pour le dernier meurtre « officiel » commis par le Zodiac, celui de Paul Stine. Les autres meurtres sont considérés « non classés ».

Les autres victimes :

Le Zodiac est soupçonné de plusieurs autres meurtres dans la Bay Area :

Robert Domingos et Linda Edwards
Le mardi 4 juin 1963, en fin d’après-midi, le couple s’amusait sur une plage isolée de Gaviota, dans le comté de Santa Barbara. Robert Domingos, 18 ans, a été abattu de 11 balles. Sa petite amie, Linda Edwards, 17 ans, a été abattue de 9 balles.
L’arme était un semi-automatique calibre .22.

Linda Edwards
Linda Edwards

Les corps n’ont été découverts que le lendemain soir.
Les deux victimes étaient lycéens et participaient à une fête traditionnelle de futurs bacheliers. Mais au lieu de faire la fête avec leurs camarades de classe, Domingos et Edwards avaient décidé de prendre un bain de mer, dans un coin isolé de la plage.
Apparemment, le tueur s’est approché d’eux alors qu’ils se baignaient. Il a forcé Linda Edwards à attacher Domingos avec des cordes pré-coupées, en la menaçant avec son arme. Mais les deux lycéens sont parvenus à se détacher et ont tenté de s’enfuir. Le tueur les a abattus.

Robert Domingo
Robert Domingo

Selon la police, les circonstances dans lesquelles les coups de feu ont été tirés suggèrent que le tueur connaissait bien les armes à feu et était un bon tireur. Les corps ont été traînés sur une dizaine de mètres jusqu’à un coin broussailleux plus près des terres, qui était parfois occupés par des SDF. Le tueur a mis le corps de Linda Edwards (sur le dos) sur le corps de Robert Domingos et a découpé le haut de son maillot de bain avec un objet effilé (sûrement un couteau), exposant ses seins. Il a ensuite tenté de mettre le feu aux broussailles, sans réussir.
Les similarités entre ces deux meurtres et l’agression de Bryan Hartnell et le meurtre de Cecelia Shepard au Lac Berryessa en 1969 sont frappantes (couteau, pistolet, corde pour attacher, agression d’un jeune couple dans un endroit isolé). Selon certains, le fait que Robert et Linda soient parvenus à se détacher expliqueraient pourquoi le Zodiac a vérifié puis resserré les liens de Bryan Hartnell au Lac Berryessa.
En 1972, le shérif du comté de Santa Barbara a demandé à ce que les meurtres de Domingos et Edwards soient officiellement considérés comme ayant été commis par le Zodiac.

Donna Lass
Donna Lass

Donna Lass
Cette infirmière de 25 ans a disparu le 26 septembre 1970, près de South Lake Tahoe (Californie). Elle travaillait dans un hôtel-casino de Stateline, juste à la frontière du Nevada, qu’elle quitta à 1h50 du matin pour rentrer chez elle. Personne ne la vit quitter l’hôtel, mais sa voiture fut retrouvée devant son appartement. Le lendemain, son employeur et son propriétaire reçurent un appel téléphonique d’un homme leur expliquant que Donna Lass était malade et qu’elle avait quitté la ville pour raison familiale. Il s’avéra que cet homme mentait.

Un mois plus tard, une carte postale provenant de Forest Pines (près du Lake Tahoe) fut reçue par le San Francisco Chronicle, affirmant que la disparition de la jeune infirmière était connectée au Zodiac.
Six mois plus tard, en mars 1971, le Chronicle, le SF Examiner et le SF Times reçurent une autre carte postale à ce sujet.
Toutefois, aucune preuve n’a pu relier la disparition de Donna Lass au Zodiac.

La légende :

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L’une des légendes qui perdurent concernant l’affaire du Zodiac est que le tueur était méticuleux et qu’il fut efficace dans ses efforts pour priver la police d’indices physiques. La déclaration du Zodiac en novembre 1969 selon laquelle le bout de ses doigts était recouvert de colle adhésive pour avion est citée comme preuve de son habilité à échapper à la police. Cette fanfaronnade va toutefois à l’encontre des faits rapportés par de nombreux enquêteurs, lisibles dans des dizaines de documents locaux, d’état et même fédéraux.
En fait, un examen des rapports remplis par la police de San Francisco, la police de Vallejo, le département du shérif du comté de Napa, le département de la Justice de Californie et le FBI révèle que le Zodiac a été pour le moins négligent, tant dans l’écriture de ses lettres à la presse que sur les scènes de ses crimes.

Trois empreintes au moins ont été relevées sur les premiers courriers du tueur : la lettre de juillet 1969 envoyée au Times-Herald de Vallejo, ainsi que sur le message codé envoyé au San Francisco Examiner. Deux « empreintes digitales de valeur » ont également été trouvées sur les pages de la lettre suivante, celle envoyée en août 1969 à l’Examiner. Elles ont été prélevées par le laboratoire du FBI, qui allait par la suite procéder à tous les relevés d’empreintes pour cette affaire.
Le département du shérif du comté de Napa a, quant à lui, trouvé plusieurs empreintes de doigts et de paume sur la scène du crime du lac Berryessa. Alors que les très nombreuses empreintes relevées sur la voiture de Bryan Hartnell furent considérées comme celle de passants sans rapport avec l’affaire, quatre empreintes intéressantes furent découvertes parmi les 35 couvrants le combiné téléphonique de la cabine publique d’où le tueur avait appelé la police de Napa.
Une empreinte de paume particulièrement nette avait par ailleurs été découverte sur le combiné. Elle était encore humide, indiquant qu’elle avait été laissée par la dernière personne ayant utilisé le téléphone, probablement le tueur. Malheureusement, le technicien chargé de relever cette empreinte, aussi nerveux qu’impatient, ne lui laissa pas le temps de sécher et la brouilla donc complètement en la relevant.

Les trois adolescents qui ont été témoins des derniers instants de Paul Stine ont observé le tueur nettoyer certaines parties du taxi du jeune homme. Il tentait d’effacer les éventuelles empreintes qu’il aurait pu laisser : cela aurait été inutile si les bouts de ses doigts avaient effectivement été couverts de colle. De plus, les témoins ont décrit un homme qui essuyait ses empreintes mais ne l’ont pas vu laisser de « fausses empreintes », comme le Zodiac l’avait affirmé.
Les techniciens du laboratoire de la police de San Francisco ont relevé des dizaines d’empreintes à l’intérieur du taxi et sur sa carrosserie. Parmi elles, selon le rapport de police, plusieurs « montrent des traces de sang et sont considérées comme des empreintes du suspect ». La plupart de ses empreintes intéressantes provenaient de l’habitacle, près des portières. L’un des enquêteurs de la police écrivit également dans son rapport : « des empreintes relevées sur la poignée de la portière avant droite sont également considérées comme appartenant au suspect ». Aucune empreintes ne présentaient une texture particulière, qui aurait dû apparaître si les doigts du tueur avaient été couverts par un adhésif.
Selon un rapport du FBI, la lettre qui fut envoyée pour se vanter du meurtre de Paul Stines présentait aussi des empreintes digitales.
Ce n’est que dans sa lettre suivante, envoyée le 9 novembre 1969, que le Zodiac affirma masquer ses empreintes digitales. Le Zodiac savait certainement que la police possédait non seulement ses empreintes, mais aussi une description physique exacte, et cette histoire de « caches transparents » n’était qu’une tentative pour instiller le doute dans l’esprit des enquêteurs.

Des empreintes furent également découvertes sur la carte de vœux du 28 avril 1970 et, selon la police, « les empreintes n’ont pas été laissées par une personne qui aurait tenu la carte après sa réception ».

En 1969, le FBI a classé les empreintes découvertes par la police de San Francisco : « 30 empreintes digitales latentes, trois empreintes de paume latentes ». Seules deux, appartenant à Paul Stines et à un officier de police, furent identifiées. Le nombre d’empreintes envoyées au laboratoire du FBI par les polices de San Francisco et Vallejo augmenta ensuite à 38, n’incluant pas les relevés opérés par le département du Shérif du comté de Napa. Bien que la majorité de ses empreintes fût sûrement celles de simples passants, il existe un degré de probabilité élevé que certaines d’entre elles appartiennent au tueur.
La police elle-même a indiqué qu’elle considérait certaines empreintes comme celles du Zodiac. Des centaines de suspects furent innocentés après que l’on ait vérifié leurs empreintes, et notamment Arthur Leigh Allen, le plus connu d’entre eux (voir plus bas). Pour ce qui est des empreintes d’Allen, la police de Vallejo demanda au FBI « de les comparer » aux deux empreintes latentes relevées sur la lettre du mois d’août 1969 envoyée à l’Examiner, et a « en outre demandé au FBI de comparer les empreintes digitales d’Allen avec toutes les empreintes prélevées dans l’enquête sur le Zodiac. » Il n’y eut aucune correspondance et Allen fut « rejeté comme un suspect ».

L’identité du Zodiac :

D’après les descriptions offertes par les témoins et les victimes survivantes, le Zodiac était un homme jeune, entre 25 et 35 ans. Dans ses lettres, Zodiac parle de ses victimes en les désignant comme plus jeunes que lui.
Il était brun, avec des cheveux courts, de corpulence robuste, voir massif et un peu bedonnant. En dehors de cela, il n’avait aucune caractéristique physique particulière, mais plusieurs personnes ont affirmé qu’il portait des lunettes à montures épaisses.

Ses lettres laissent penser qu’il était peut-être dyslexique.
Les témoins n’ont remarqué aucun accent (différent du leur, en tout cas), ce qui signifie que le « Zodiac » devait être originaire de la côte ouest, et plus spécifiquement de la Californie. Les témoins ont seulement expliqué que le tueur parlait de manière lente et mesurée.
Le tueur a également démontré une grande familiarité avec la région.
On peut donc conclure qu’il avait vécu en Californie au moins plusieurs années avant de commettre ses crimes, probablement depuis son enfance.

Beaucoup de spéculations sont apparues concernant une possible connexion du « Zodiac » avec le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud ou l’Australie, à cause de certains mots ou certaines phrases utilisées dans ses lettres. Cela ne signifie pas obligatoirement que le tueur était lui-même d’origine britannique ou australienne, mais il est possible que l’un des membres de sa famille l’ait été. Cette personne a pu lui faire partager plusieurs traditions culturelles britanniques, telles que les célèbres opérettes de Gilbert et Sullivan (librettiste et compositeur Victoriens), qu’il a citées dans plusieurs de ses lettres.

Les suspects :

Depuis des années, les meurtres commis par le Zodiac ont intrigué des dizaines d’enquêteurs amateurs, qui remplissent les sites et les forums internet de théories sur son identité. Certaines sont plutôt étayées, d’autre nettement plus étranges et fantaisistes.

Arthur_Allen

– Arthur Leigh Allen
Après que Robert Graysmith ait publié son livre “Zodiac” en 1986 désignant « Robert Hall Starr » comme le suspect des meurtres de la Bay Area, nombre de résidents de la région ont considéré Arthur Leigh Allen comme le tueur. Allen, un habitant de Vallejo reconnu coupable d’agression sur des enfants et que Graysmith décrivait sous le pseudonyme de « Starr », est mort en 1992. Il ne fut jamais inculpé des meurtres du Zodiac, et malgré tous les efforts de certains enquêteurs, pas un seul des indices découverts durant l’affaire ne peut totalement et sans le moindre doute relier Arthur Leigh Allen aux crimes du Zodiac.
En fait, il a été démontré que les liens allégués entre Allen et les meurtres étaient soit des mensonges ou des arrangements avec la vérité (parfois proférés par Robert Graysmith lui-même), soit de simples coïncidences, ou qu’ils étaient attribuables à la personnalité déviante d’Allen, qui était fasciné par le Zodiac.
En savoir plus sur Arthur Leigh Allen.

Rick_Marshall

– Richard Marshall
Rick Marshall est considéré comme un suspect de choix par plusieurs d’enquêteurs. Son apparence physique et son histoire personnelle correspondent assez à ce que l’on sait du Zodiac.
Costaud, porteur de lunettes, ancien marin de la Navy, Marshall était un fou de cinéma. Il avait mauvais caractère et se montrait hostile envers les femmes. Il avait été initié à la cryptographie (les codes) dans la marine.
– Il vivait dans la région lors du meurtre de Cheri Jo Bates à Riverside.
– Il aurait vécu dans la région de Napa au moment du meurtre du lac Berryessa.
– En 1969, il vivait dans une cave sur Scott Street, à San Francisco, non loin de l’endroit où a été assassiné Paul Stine. Dans l’une de ses lettres, le Zodiac avait parlé de « sa cave ».
– Grand cinéphile, Marshall a travaillé comme projectionniste dans un cinéma projetant des films muets, dans la Bay Area, au moment où le Zodiac a envoyé sa lettre du « Fantôme rouge » en juillet 1974. Selon les enquêteurs, le Zodiac aurait signé « le Fantôme rouge » parce qu’il avait été influencé par la vision d’un film muet portant ce titre (El Spectre Rojo).
– Marshall possédait une machine à écrire portable « Royal » similaire à celle utilisée pour taper la lettre avouant le meurtre de Cheri Jo Bates.

Toutefois, Marshall avait déjà 41 ans en 1969.
Une comparaison de ses empreintes avec celles du Zodiac a été non concluante. Il serait mort en septembre 2008.
Dans son livre « Zodiac », Robert Graysmith parle d’un personnage nommé Donald Andrews, clairement inspiré de Marshall. Ce chapitre contient autant de faits que de fiction et présente Marshall comme un suspect intéressant. Dans le film « Zodiac » de David Fincher, le personnage du cinéphile malsain est appelé Rick Martin.

Lawrence_Kane

– Lawrence Kane :
Lawrence Kane a été nommé comme suspect potentiel en 1998, dans l’émission « America’s Most Wanted ».
– Pam Huckaby, la sœur de Darlene Ferrin, a affirmé que Kane a suivi Darlene durant les mois qui ont précédé son meurtre.
– Après un grave accident de la route en 1962, lors duquel Kane avait subi un traumatisme crânien, un psychologue avait diagnostiqué chez lui une « perte de la capacité à contrôler son autosatisfaction ».
– Il avait été arrêté plusieurs fois pour voyeurisme.
– En juin 1970, Kane a quitté San Francisco pour aller vivre à South Lake Tahoe, Nevada, tout comme Donna Lass, et a travaillé dans le même bâtiment qu’elle. Selon les collègues de Donna Lass, elle connaissait Lawrence Kane. Il lui aurait demandé de sortir avec lui et elle aurait refusé.

Toutefois :
– Kane mesurait 1m80 et mais ne pesait pas plus de 75 kilos.
– En 1969, il avait déjà 45 ans.
– Kane n’a pu être lié à aucune victime, ni à aucune des lettres envoyées par le Zodiac.
– Même si Kane est responsable de la disparition de Dona Lass (et rien n’est moins sûr), cela ne fait pas de lui le Zodiac. Le lien entre Dona Lass est le Zodiac est d’ailleurs plutôt mince.

brucedavis

– Bruce Davis et la « Famille Manson » :
Bill Nelson et Howard Davis ont écrit des ouvrages sur une éventuelle connexion entre les crimes du Zodiac et les meurtres brutaux attribués à la « Famille Manson ». Des documents officiels révèlent que l’idée a également traversé l’esprit de plusieurs enquêteurs travaillant sur l’affaire du Zodiac, après l’arrestation de Charles Manson et des membres de son groupe en 1969.
Les membres de la « Famille » avaient utilisé le sang de leurs victimes pour laisser des messages terrifiants sur les lieux des crimes, notamment le fameux « Helter Skelter ».
Le message que le Zodiac avait laissé sur la portière de la voiture au lac Berryessa et la nature inexplicable des crimes ont mené certains enquêteurs à se demander si Manson n’était pas aussi le « cerveau » des crimes du Zodiac.

Des membres de la « Famille » furent interrogés par l’agent spécial Mel Nicolai, du Département de la Justice de l’état de Californie, et par l’inspecteur des Homicides William Armstrong, de la police de San Francisco.
Ils ne trouvèrent aucun lien entre la « Famille » et les meurtres du Zodiac.

Des membres de la « Famille », Bruce Davis et Steve Grogan, ont participé en 1969 aux meurtres d’un professeur de musique, Gary Hinman, et d’un employé du ranch de la « Famille », Donald « Shorty » Shea.
La médiatisation, la « sensationnalisation » des crimes affreux commis par les suiveurs de Manson ont transformé la « Famille » en des vilains archétypaux, les grands méchants de la décennie, faisant naître des rumeurs insensées soutenant qu’ils étaient derrière chaque meurtre un peu étrange, et qu’ils étaient responsables de la dépravation et de la décadence du pays… On les liait avec des rituels sataniques, des « snuff movies » et même la « Process Church » (une secte millénariste) ou la Scientologie.
Howard Davis, auteur d’un ouvrage reprenant la théorie du complot occulte, publié en 1997, accuse Bruce Davis, membre de la « Famille » à la fin des années 1960, d’avoir été le Zodiac.

Davis peut être situé dans la Bay Area à la fin des années 1960. En dehors de cela, de nombreux faits l’innocentent des crimes du Zodiac.
– Il portait les cheveux longs au moment des meurtres
– La police ne le considère pas du tout comme un suspect « valable »
– Son écriture et ses empreintes ne correspondent pas à celles du Zodiac

kaczynski

– Theodore Kaczynski :
L’Unabomber a quelques points communs avec le Zodiac :
– Il vivait dans la Bay Area à la fin des années 1960.
– Il ressemblait au portrait robot
– Kaczynski était (évidement) capable de créer une bombe
– Kaczynski communiquait avec les médias après avoir commis ses crimes
Ses similarités pourraient sembler incriminantes, mais le fait est que Kaczynski a simplement été influencé par le Zodiac.
En dehors du fait que Ted Kaczynski ne ressemblait pas du tout à la description physique du Zodiac (il a toujours été mince et ne portait pas de lunettes), il a été totalement innocenté des crimes du Zodiac, tant par le FBI que par la police de San Francisco, grâce à ses empreintes, son écriture et le fait qu’il n’était même pas en Californie lors de la plupart des meurtres.

L’identité du Zodiac n’est toujours pas connue et, de temps à autre, des fils ou des filles viennent accuser leur père d’avoir été le tueur. À tort, pour le moment.

– Charles Clifton Collins :
William Collins, étudiant en journalisme à New York, pensait que son père, Charles, pouvait être le tueur du Zodiac. Selon lui, son père aurait eut exactement la même écriture que celle du tueur. En lisant un ouvrage sur l’affaire, il avait découvert d’autres coïncidences :
– Son père, décédé en 1993, ressemblait beaucoup au portrait robot
– Il portait souvent des chaussures de style militaire, taille 10 ½ (44)
– Il vivait à San Francisco au moment de crimes
– Ses initiales, CCC, apparaissent sur une carte envoyée par le Zodiac à la police
William Collins a confié à la police une enveloppe scellée et léchée par son père, ainsi que son propre ADN, afin que des analyses comparatives soient effectuées.
L’ADN de Charles Collins ne correspond pas à celui du Zodiac.

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– Jack Tarrance :
En août 2008, Dennis Kaufman, un habitant de Pollock Pines, confia à la police fédérale des objets ayant appartenu à son beau-père, Jack Tarrance. Il était persuadé que ce dernier était le Zodiac.
Durant 8 ans, Dennis Kaufman avait tenté de prouver que le seul père qu’il a connu depuis ses 5 ans était le tueur de la Bay Area.
Il avait comparé des écrits de son père avec les lettres du Zodiac et affirmait que l’écriture était la même (elles se ressemblent, mais sans plus). Selon lui, le portrait-robot du Zodiac ressemblait beaucoup à son beau-père, qui aurait admis “indirectement” être le Zodiac.
Jack Tarrance est mort en 2006, à 78 ans. En rangeant ses affaires, Kaufman avait découvert un couteau qui semblait couvert de sang séché ainsi qu’une cagoule de forme carrée. Jack Tarrance a également laissé plusieurs rouleaux de pellicules photos non développées, qui ont également été confiés au FBI. Sur l’une de ces pellicules ont été découvertes des images qui semblaient présenter des meurtres…
Le FBI effectua des analyses dans son laboratoire, dans le but de dresser le profil ADN de Jack Tarrance, pour le comparer à celui du Zodiac.
Dans le même temps, Kaufman assura que son beau-père avait assassiné sa mère, ce qui révéla être un mensonge. Elle était morte d’une maladie rare.
Il essaya par ailleurs de vendre à Tom Voigt (un enquêteur amateur auteur du site de référence zodiackiller.com), un morceau de t-shirt qu’il affirmait avoir appartenu à Paul Stine (le chauffeur de taxi assassiné). Il en voulait 50.000$…
En octobre 2008, les résultats des analyses du FBI furent rendues publiques : elles se révélèrent « non concluantes ». L’ADN de Jack Tarrance ne correspondait pas à celui du Zodiac.

Mode opératoire

La manière dont s’est conduit le tueur au lac Berryessa offre un exemple du comportement étrange que pouvait avoir le Zodiac. La cagoule carrée qu’il a enfilée, par exemple, était d’une forme plutôt spéciale et le tueur n’a pas expliqué pourquoi il la portait, ni à ses victimes, ni à la presse. Il voulait sûrement cacher son visage, mais il aurait pu le faire avec une cagoule plus « classique ».

Il a raconté une histoire d’évasion au jeune couple, alors qu’il a abattu les autres par surprise, sans leur parler. Il a attaché et poignardé Shepard et Hartnell alors qu’il possédait un pistolet et aurait pu les abattre.

Les meurtres de Vallejo montre au contraire un Mode Opératoire « d’attaque éclair » avec une arme à feu, suivie d’un départ rapide et contrôlé. Le MO du lac Berryessa est plus proche du meurtre de Riverside, exécutées avec un couteau et précédées par quelques échanges verbaux entre le tueur et ses victimes, mais des différences apparaissent néanmoins : l’assassin de Cheri Joe Bates était mal préparé, il n’a utilisé qu’un petit couteau de poche sur une jeune femme qui s’est défendu vigoureusement, l’a frappé et griffé, après qu’ils ont conversé plus d’une heure.

Le Zodiac a « amélioré » son mode opératoire et est devenu plus audacieux. Au Lac, il a attaqué le jour et non la nuit, dans un endroit ouvert aux yeux de tous, bien qu’il ait choisi un endroit assez isolé.

Toute action menée par le tueur est qui n’est pas nécessaire à l’accomplissement du crime, ou qui est effectuée uniquement pour satisfaire ses propres besoins psychologiques, est appelé « personation ». La cagoule carrée, le mensonge («je suis un évadé de prison»), la demande d’argent et des clés de la voiture sont des exemples de « personation ». Des exemples répétés de la même « personation » par un même agresseur sont considérés comme une « signature ». Le fait que le tueur ait écrit sur la porte de la voiture peut être considéré comme une signature : le symbole de la cible est apparu sur toutes les lettres du Zodiac, entre 1969 et 1971.
L’appel téléphonique est un autre aspect de sa signature, tout comme les appels passés à la police de Riverside et de Vallejo, qui, eux aussi, étaient totalement « inutiles » à l’accomplissement de ses crimes.

Le fait que le tueur ait choisi d’utiliser un couteau plutôt que son pistolet, en plus de la cagoule, est généralement cité comme la preuve que l’attaque du lac Berryessa avait une importance rituelle pour le tueur.
C’est peut-être vrai : la cagoule reste inexpliquée, le Zodiac n’en a pas parlé dans ses lettres, mais peut-être voulait-il simplement instiller la terreur à ses victimes. Et selon le témoignage d’Hartnell, le Zodiac tremblait et semblait ne plus se contrôler. Toutefois, le fait qu’il ait cette fois choisi un endroit ouvert, sur les bords d’un lac, peut mener à penser qu’il a décidé d’utiliser un couteau, une arme silencieuse, principalement dans le but de ne pas trop attirer l’attention.
Certaines personnes sont convaincues que l’attaque du lac Berryessa n’a pas été commise par le Zodiac, arguant des nombreuses différences existant avec les autres agressions de la Bay Area : l’heure de la journée, le couteau, la discussion avec les victimes et le fait de les avoir attachées, et l’absence de lettre se vantant de ce crime.
Pourtant, d’autres preuves démontrent que cette agression a plus que sûrement été commise par le Zodiac : l’écriture sur la porte de la voiture d’Hartnell est similaire à celle des lettres ; le poids, la taille de l’homme et sa description physique correspondent à celles données précédemment ; l’appel qu’il a passé après son crime est une « habitude » du tueur.

La variation dans le mode opératoire peut être attribuée à l’audace, au calcul et à l’autosatisfaction grandissante d’un tueur en série en développement. En outre, si le Zodiac n’avait pas été responsable de l’attaque du lac Berryessa, il aurait presque certainement envoyé une lettre aux journaux, soit pour nier les accusations, soit pour offrir une fausse confirmation, comme il l’a fait pour le meurtre de Cheri Jo Bates à Riverside.
Un « copycat » du Zodiac aurait dû avoir le bon poids, la bonne taille et la même apparence. Il aurait dû imiter parfaitement l’écriture du tueur. Et il aurait dû montrer une compréhension du besoin de contrôle exprimé par le Zodiac, en veillant dans le même temps à ne pas laisser sa propre « personation » sur la scène du crime.

Motivations

On sait que Zodiac savait utiliser une arme à feu et qu’il était même plutôt bon tireur. Il est possible qu’il ait été familier des armes dès son jeune âge et qu’en grandissant, il ait développé cette habilité. C’était peut-être l’un des rares « talents » pour lesquels on l’ait reconnu et félicité dans sa jeunesse. Cette maîtrise des armes a pu devenir pour lui, une fois adulte, une source de fierté d’une grande importance. Il se vantait d’ailleurs, dans ses lettres, de sa facilité à utiliser son arme.

En observant les crimes du Zodiac et le contenu de ses lettres, il apparaît qu’il portait sans doute une haine profonde envers les femmes. Son enfance a peut-être été marquée par la violence, des parents séparés, peut-être même des années de maltraitance physique et/ou sexuelle.
Adolescent, il devait être solitaire et agressif, incapable d’avoir une relation suivie avec une fille de son âge. Ce comportement, ajouté à un physique quelconque, voir ingrat, a sans doute renforcé son isolation et sa colère.

Ses lettres démontrent une certaine connaissance de l’électronique ainsi qu’une compréhension des concepts mécaniques. Il devait avoir un emploi ou des passe-temps à travers lesquels il ressentait un certain degré de satisfaction et d’accomplissement : utilisation des armes et travail manuel. Il n’a pas dû faire d’études et a sans doute préféré travailler, mettant en valeur ses talents mécaniques et voyageant à travers la Californie du Sud, qu’il semblait très bien connaître.

En décembre 1968, le Zodiac devait vivre dans la partie est de la Bay Area, et travailler à plein temps. Il n’a tué que durant les week-ends.
Tout comme Ed Kemper, il a dû conduire le long des routes de la région proches de Vallejo, durant des heures, fantasmant sur ses futures victimes, imaginant ses meurtres à venir… avant de finalement passer à l’acte.
Il a passé beaucoup de temps à préparer ses meurtres, à concevoir son équipement et son arme, puis à s’entraîner (la lampe torche fixée sur le canon de son arme), à répéter dans sa tête la manière dont il allait agir.

Il semble que le Zodiac se soit attaqué à des couples parce qu’ils représentaient ce qu’il désirait désespérément et ne pouvait pas obtenir (comme David Berkowitz, qui a, lui aussi, envoyé des lettres aux médias).

Lorsque le Zodiac a attaqué Betty Lou Jensen et David Faraday, tout s’est passé en moins de 3 minutes. Sans émotion apparente, il a abattu ses victimes rapidement, puis est remonté dans sa voiture sans revenir vers elles, sans les toucher ou s’assurer qu’elles étaient mortes. Les deux adolescents n’étaient pas pour lui des personnes, mais des cibles, les cibles de sa rage et de sa frustration.
Il a dû ressentir un immense sentiment de domination sur les deux jeunes gens, qu’il a pris complètement par surprise et qui ont été incapables de se défendre.
Après ce crime, le Zodiac a dû lire tous les articles qu’il a trouvés dans les journaux sur ses meurtres, écouter la radio et regarder la télévision pour être sûr de ne rien rater, afin de prolonger la satisfaction ressentie lors de la nuit des meurtres. Durant des semaines, il a dû revivre cet instant en pensées.

Cependant, au bout de quelques jours ou quelques semaines, les sensations se sont émoussées, jusqu’à disparaître.
Entre sa première et sa seconde attaque, son envie de tuer a du devenir irrésistible. Il a dû recommencer à errer le long de routes, fantasmant sur son prochain meurtre, créant différents scenarii, encore et encore. L’excitation de sa première attaque à présent disparue, il a sûrement développé des fantasmes plus complexes et plus violents afin de surpasser son premier crime. C’est à ce moment que l’idée de provoquer les autorités et de contacter les médias a dû germer dans son esprit.
Après l’attaque de Darlene Ferrin et Michael Mageau, le 4 juillet 1969, le tueur a appelé la police de Vallejo pour se vanter de son crime. Cet acte était, lui aussi, planifié. Il n’était pas nécessaire à son crime, mais il était fondamental pour que le Zodiac ressente l’excitation, la satisfaction complète que lui apportait son fantasme réalisé. Lorsqu’il a eu le policier au bout du fil, il a lu un texte qu’il avait écrit, il n’a pas improvisé. Il l’a lu calmement, sans se laisser interrompre, puis a raccroché sans laisser au policier le temps de répondre.
Cet appel téléphonique était pour lui le point culminant de cette nuit de violence. Il ajoutait ainsi une troisième victime à ses crimes : la police, et à travers elle, la société.

Après cette agression du 4 juillet, le Zodiac transféra une partie de sa rage et de son désir de dominer dans ses lettres aux médias. Quelques semaines après l’agression de Darlene Ferrin et Michael Mageau, et alors que l’excitation de son second crime s’émoussait tout comme pour le premier, le Zodiac écrivit non pas à un, ni deux, mais à trois journaux en même temps ! Par cet acte, il projetait ses sentiments de solitude, de rejet et de haine directement dans les gros titres, en menaçant la population toute entière de la Bay Area.
La publication de ses lettres a dû nourrir son besoin de dominer et de violenter les autres, particulièrement les femmes. La colère et la haine qu’il avait dû réprimer durant tant d’années pouvaient à présent s’exprimer librement à travers des menaces envers une population dans sa totalité.

Toutefois, comme pour nombre de tueurs en série, ces crimes, bien qu’excitants sur le moment, ne lui apportaient pas une satisfaction durable.
Le suivant devait être – lui aussi – plus brutal et plus affreux que le précédent.
Moins de 3 mois après l’attaque de Darlene Ferrin et Michael Mageau, le Zodiac frappa encore. Comme pour ces deux précédents crimes, il frappa un jeune couple au hasard. À nouveau, il tua la femme, mais pas l’homme. Et l’agression de Cecelia Shepherd et de Bryan Hartnell fut encore plus étrange que les crimes de Vallejo.
Lorsque le Zodiac apparu sur les rives du lac Berryessa le 27 septembre 1969, il était déguisé et portait ce que l’on pourrait appeler un masque de bourreau.
Durant les semaines qui ont précédé cette agression, le tueur avait sûrement erré dans la région de Napa et autour du lac Berryessa à la recherche de l’endroit adéquat pour son prochain crime, mené par ses fantasmes.
Cette fois, le Zodiac prit soin de revêtir une apparence qui provoquerait à coup sûr la terreur chez ses victimes. Lorsqu’il agressa le couple, il ne le fit pas avec sa rapidité habituelle. Il discuta avec eux un moment, prit son temps, savourant sans doute le fait que les deux jeunes gens se détendaient et pensaient qu’il allait partir. L’excitation de ce qui allait venir devait être immense. C’est probablement la raison pour laquelle il tremblait.
À la fin, lorsqu’il a poignardé ses victimes, il a dû ressentir une grande satisfaction, qui a pu être sexuelle.

Après cette terrible agression, il a sans doute lu les journaux, écouté la radio et regardé la télévision, pour savoir ce que l’on disait de lui.
Malheureusement pour son égo boursouflé, il avait à nouveau laissé en vie le jeune homme et tué la jeune femme. Les journaux ne manquèrent pas de pointer du doigt ce fait et publièrent même quelques articles spéculant sur l’apparente impossibilité pour le Zodiac de tuer des hommes…
Cela dut plonger le Zodiac dans une terrible colère, car cette révélation mettait à jour une « vérité qui fâche ». Mis à nu par la presse, le Zodiac a dû décider de prouver qu’il était capable de tuer un homme. Il allait tuer un « mâle », afin que plus personne ne puisse douter de sa « virilité », que plus personne ne puisse spéculer sur ses « dysfonctionnements sexuels ».

À peine deux semaines après le meurtre du lac Berryessa, le Zodiac exécuta un jeune chauffeur de taxi, en lui tirant dans la tête, par derrière. C’était un acte d’une totale lâcheté, mais le tueur l’a sûrement vu comme une preuve de sa force et de sa détermination.
Quelques minutes après ce meurtre, le tueur s’est retrouvé nez à nez avec des policiers appelés sur les lieux. Il était soudainement confronté à l’autorité de deux « mâles », qu’il redoutait sans vouloir l’avouer. Cela dut être un moment clé dans la « carrière criminelle » du Zodiac. Grâce à son intelligence et à une description erronée des témoins, il put « embobiner » les policiers alors même qu’il tenait un morceau de la chemise ensanglantée de Paul Stine dans sa poche ! Face à une situation extrêmement dangereuse, il ne fut pas arrêté. Il se vanta par la suite de sa supériorité alors qu’il avait simplement profité d’une chance inouïe.
Toutefois, le Zodiac connu la terreur cette nuit-là. Une peur profonde qu’il n’avait jamais ressentie auparavant.

Après le meurtre de Paul Stine, le Zodiac – semble-t-il – ne tua plus. Par le biais des journaux, sans prendre de risque, il allait diriger sa violence et sa colère vers une population plus large.
Deux jours après le meurtre de Paul Stine, en octobre 1969, le Zodiac commença une nouvelle phase. Durant plus de 8 ans, il allait écrire (principalement) au San Francisco Chronicle, d’abord de manière régulière, puis moins fréquemment.
Jusqu’en mars 1971, la majorité des lettres du Zodiac était saturée de colère, de menaces, de railleries et de vantardise. Au départ, il voulut prouver ses activités criminelles avec des éléments que seul l’assassin pouvait connaître. Mais à mesure que le temps passait, les revendications du Zodiac se firent moins factuelles, devinrent douteuses, vagues, peu fiables, jusqu’à devenir complètement ridicules. À chaque nouveau courrier, le Zodiac semblait perdre sa crédibilité. Il paraissait clair qu’il n’avait qu’un but : maintenir sa présence dans les esprits, rester un assassin terrifiant et énigmatique pour les habitants de la Bay Area.
Il n’y parvint pas réellement, comme il semble qu’il ne parvint pas non plus à garder le contrôle de sa vie et de son cerveau.
Au début de sa période épistolaire « faste », le Zodiac tenta d’enlever Kathleen Johnes mais elle parvint à lui échapper. Durant des heures, il la conduisit sur des routes isolées de la campagne californienne. Jouissait-il du contrôle qu’il avait sur elle ? Ou éprouvait-il des difficultés à décider ce qu’il allait faire d’elle ? La jeune femme réussit à sortir de la voiture avec sa fille. Fou de rage, le tueur exprima sa frustration en carbonisant la voiture de Kathy, ignorant les risques qu’il prenait d’être repéré.
Il semble toutefois qu’il ne tua plus après cet événement.
Durant l’été 1970, il n’avait plus, pour terroriser la population, que des revendications imprécises concernant des victimes anonymes de plus en plus nombreuses.

Dans ces courriers, le tueur n’exprima qu’une seule et unique fois des remords : en décembre 1969, lorsqu’il écrivit au célèbre juriste Melvin Belli. Ce courrier mène à penser qu’il était très déprimé. Peut-être la demande d’aide qu’il formula était-elle même sincère.
Toutefois, ce bref moment de vulnérabilité passa et le Zodiac retourna à ses vieilles habitudes d’intimidation et de manipulation.
Après avoir envoyé une carte postale au Chronicle en mars 1971, le Zodiac ne fit plus parler de lui durant 3 ans. Peut-être déménagea-t-il pour un nouvel emploi ? Par contre, il est peu probable qu’il ait été incarcéré, dans la région en tout cas.
Lorsqu’il recommença à écrire, en 1974, il envoya ses courriers depuis tous les coins de la Bay Area, et non plus seulement de San Francisco et sa banlieue. Il est donc difficile de savoir où il vivait exactement.
Peut-être son nouvel emploi l’amenait-il à parcourir la région ?

Ce qui arriva au tueur du Zodiac après qu’il a envoyé son -supposé- dernier courrier de 1978 ? Nul ne le sait.
Peut-être s’est-il suicidé.
Peut-être a-t-il simplement décidé d’arrêter de communiquer avec la presse, comme il avait cessé de tuer des années auparavant.
Peut-être fait-il partie des rares tueurs en série qui sont parvenus à contrôler leur violence et à ne plus tuer (ou seulement en de très rares occasions), en trouvant son plaisir « ailleurs » (comme Dennis Rader, le BTK).

Évidemment, il est également possible que le Zodiac soit tout simplement décédé, de mort naturelle.

PROFIL DE GREG MCCRARY (ancien profiler au FBI) :
Le tueur a constamment changé de méthode (de MO) et a admis ouvertement que le meurtre était pour lui un « sport ». Les attaques ont eu lieu le soir ou la nuit, durant les week-ends, souvent près de vacances, avec des armes différentes, sans autre mobile que la violence en elle-même.
Clairement, le tueur voulait que l’on sache qu’il avait commis ses crimes et orientait sa rage contre les femmes.
Pourquoi ? Il souhaitait peut-être prouver sa supériorité, attirer l’attention, contrôler l’enquête, créer un climat de terreur et revivre ses crimes à travers les articles des journaux.

S’attaquant à des couples par 3 fois, il était sans doute envieux ou jaloux parce qu’il n’avait pas (ou ne pouvait pas avoir) ce genre de relation. Peut-être était-ce également un moyen de prouver qu’il n’avait pas peur de s’en prendre à un homme, mais le fait qu’il ait agressé des couples plutôt que des femmes seules ou des hommes seuls indique un certain ressentiment face à ces relations de couple.

Il aimait tendre une embuscade à ses victimes, les prenant par surprise, mais lors d’aucun de ses crimes il n’a pris de grands risques. Et même lorsqu’il se plaçait délibérément dans une situation plus dangereuse, en passant un appel téléphonique par exemple, il s’enfuyait rapidement, sans demander son reste.
Et pourtant, il est possible que le Zodiac ait cru qu’il prenait un risque. Il pouvait donc se croire courageux et se féliciter lorsqu’il n’était pas arrêté. Peut-être voyait-il ses crimes comme la preuve de ses talents d’infiltration. Il a pu se croire plus audacieux qu’il ne l’était réellement.
Le tueur était sans doute un jeune homme immature qui s’imaginait tel un chasseur habile.

L’un des aspects de ses crimes qui devaient lui plaire le plus était d’être capable de railler la police depuis une perspective supérieure et de regarder les enquêteurs tourner en rond. Cela indique souvent une personne qui n’est pas sûre de sa propre intelligence et qui, pour se rassurer, joue avec les autres. Le Zodiac avait besoin de penser qu’il était plus intelligent que les meilleurs enquêteurs et il exagérait sans doute les risques qu’il avait pris afin d’affirmer sa supériorité. Les gens qui le connaissaient devaient être familiers de son arrogance, mais aussi de ses lacunes et de son sentiment d’insécurité.

Il utilisait beaucoup de tactiques de diversion, proférant des menaces qui se révélèrent fausses ou envoyant des messages cryptés. C’est une forme de « plaisir de la tromperie ». Il était excité par le fait de tromper les autres. Les messages codés qu’il envoyait ne signifiaient peut-être rien, mais il aimait savoir qu’une ville entière, plusieurs forces de polices et des enquêteurs amateurs, tentaient de résoudre le moindre code ou la plus petite indication qu’il envoyait. Cela lui a sans doute procuré un grand plaisir de savoir que personnes ne parviendrait à les résoudre, puisqu’il n’y avait rien à résoudre, et que les gens continueraient toutefois à chercher. Plus ils pensaient être prêts à l’identifier, plus il a dû s’amuser.

Il aimait le contrôle qu’il exerçait parce qu’il était alors le responsable, il menait l’enquête, plus ou moins, comme s’il était le superviseur. Il avait pu vouloir entrer dans la police (comme beaucoup de tueurs en série) mais n’avait pu y parvenir. À travers ses menaces et ses messages, il devenait le grand chef de la police et donnait ses ordres. Lorsqu’il a frappé à San Francisco même, son terrain de chasse et de terreur s’est agrandi : il a dû se sentir plus puissant encore.
C’était le plus important pour lui. Il exerçait un contrôle sur ses victimes et il faisait de même avec qui que ce soit pouvant éventuellement devenir une victime, au hasard.

Et pourtant, avec le temps, il a pu se lasser de tout cela. Comme le BTK (Dennis Rader), il a glissé dans une période “dormante”, s’est “réveillé”, puis est retombé en sommeil.
Le problème est que certaines lettres sont sujettes à caution et qu’il est difficile de savoir si elles ont ou non été envoyées par des imitateurs, et si le Zodiac a effectivement tué le nombre de personnes dont il se vantait.

Si l’on essaye d’imaginer son passé, s’il avait par exemple reçu un entrainement militaire, nous nous heurtons à ses tactiques de diversions. Les messages codés pouvaient n’être qu’un appât, un jeu découlant d’un simple passe-temps, ou ils pouvaient provenir d’une véritable qualification acquise à l’armée. Ses courriers présentent de nombreuses pistes dans de nombreuses directions, peut-être sans but et sans signification, mais il nous est impossible de savoir lesquels de ces indices offraient de réels moyens de l’identifier.

Il a pu obtenir un minimum de succès dans d’autres occupations, un peu d’éducation, mais un emploi peu valorisant. Dans son esprit, il était supérieur à tout cela, et comme il ne pouvait pas obtenir un sentiment de « grandiosité » à partir de ces éléments, il a décidé de tuer et de se vanter de ses actes. Il s’est probablement senti immortalisé par toute la publicité qui a été faite sur cette affaire et les livres qui ont été écrits sur ses crimes. S’il est toujours en vie, il peut toujours ressentir la satisfaction que, après tout ce temps, ses crimes attirent encore l’intérêt d’une très large population. Il est vraiment devenu célèbre, comme Jack l’Eventreur.

Le but ultime de ses crimes était d’obtenir la notoriété. Le fait d’appeler la police, d’écrire les lettres, de se vanter, de lire des articles sur lui dans la presse… lui apportait autant de satisfaction que les meurtres eux-mêmes. Lorsqu’il a cessé de tuer, il a envoyé des lettres qui lui permettaient de maintenir son emprise, de répandre la peur dans la région, et donc de provoquer son excitation et son plaisir : il obtenait le même effet qu’en tuant, mais sans avoir besoin de prendre de risque. La célébrité et un sentiment de supériorité sont devenus plus excitant pour lui que la violence elle-même.
Il voulait être connu en tant que tueur en série. C’est probablement la seule chose qu’il ait jamais accomplie dans son existence.

L’HYPOTHÈSE DES PERSONNALITÉS MULTIPLES :

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Selon le Dr. David Van Nuys, directeur du département de psychologie à l’université d’État de Sonoma et co-auteur avec Michael Kelleher de « This is the Zodiac speaking », le tueur du Zodiac était un psychopathe souffrant du syndrome de personnalités multiples.
À partir des lettres du tueur, il a établi un profil certes intéressant, mais qu’il avoue lui-même être le résultat de suppositions et de théories.
Zodiac aurait été un enfant maltraité, abandonné, puis un adolescent solitaire et rejeté. « Le rejet a sûrement été une question significative pour le Zodiac et a dû être le cœur de son envie de tuer. »
Le Zodiac vivait sûrement dans la Bay Area, peut-être à San Francisco même. Il vivait certainement seul, isolé, à l’écart. D’après ces lettres, le Zodiac se rendait souvent au cinéma et regardait beaucoup la télévision.

Sur quoi se base l’hypothèse du Docteur Van Nuys ? Principalement sur l’étude des crimes et –surtout – des lettres du Zodiac.
Lorsque le Zodiac refit surface en janvier 1974, en envoyant une nouvelle lettre au SF Chronicle, il sembla d’abord être le même. Son courrier était empli de moqueries et de menaces, et il affirmait avoir fait de nouvelles victimes. Il paraissait vouloir reprendre exactement à l’endroit où il s’était arrêté 3 ans auparavant.
Toutefois, les 3 lettres suivantes, écrites en février, mai et juillet 1974, se révélèrent totalement différentes de tout ce qu’il avait pu envoyer précédemment. Plus de fautes de grammaire, plus de menaces ni d’intimidation. Soudainement, le Zodiac abandonnait son surnom et modifiait son style de communication. Seule son écriture restait identifiable.
Le tueur avait sans doute vécu un événement qui l’avait transformé.
Les 3 dernières lettres de 1974 montraient un homme qui oscillait entre deux états de conscience radicalement différents.
Selon le docteur Van Nuys, ces lettres confirmeraient son hypothèse : le tueur se battait contre un « désordre dissociatif sévère ».
Après sa dernière lettre de juillet 1974, le Zodiac disparu à nouveau, cette fois pour 4 années. En avril 1978, il écrivit à nouveau au SF Chronicle, sa toute dernière lettre. Elle était remplie de menaces et de fanfaronnades, mais suggérait également un état d’esprit très fragile, prêt à sombrer.

Le Docteur Van Nuys est persuadé que le Zodiac n’a pas assassiné Cheri Jo Bates. Le langage de l’assassin de Bates, lisible dans la lettre qu’il a envoyée, était très différent de celui utilisé par le Zodiac. De plus, le tueur du Zodiac a lui-même commencé à « compter » ses victimes à partir de David Faraday et Betty Lou Jensen, à Vallejo, pas avant.
Toutefois, le Zodiac était sans doute à Riverside ou dans les environs au moment où Cheri Jo Bates a été assassinée. Ce meurtre l’a « stimulé » et l’a inspiré, il a fusionné sa colère et sa frustration, les transformant en une détermination sans faille à obtenir l’attention et la notoriété, à travers des meurtres similaires.

Le Zodiac était un homme très narcissique, absorbé par sa petite existence, qui cherchait désespérément à ce que l’on s’intéresse à lui. Il n’était capable d’aucune empathie envers les autres. Il était sans doute un psychopathe, un asocial qui ne ressentait aucun remords, centré sur lui-même, traitant les autres comme des objets, manipulateur, menteur, impulsif…
Comme la majorité des psychopathes, le Zodiac a dû souffrir d’abus ou d’une perte durant son enfance.
La recherche d’attention exprimée par le Zodiac dans ses lettres a quelque chose de puérile, d’infantile. Il réclamait rageusement que l’on s’occupe de lui, que l’on réalise qu’il existait. Cette faim vorace d’attention est mise en évidence dans la répétition de sa détermination à « collecter des victimes qui serait (ses) esclaves durant (sa) vie après la mort ». D’où qu’il ait été chercher cette idée, elle souligne son besoin d’être servi, obéi, ce qui révélerait en retour une privation durant sa jeunesse. Le Zodiac avait un immense besoin de contrôle et de supériorité, et donc un grand manque.

Le Docteur Van Nuys souligne que le contrôle et la supériorité sont des thèmes que l’on associe non seulement avec le désordre de personnalité antisociale, mais aussi avec la paranoïa. Comme le paranoïaque craint d’être contrôlé par des forces extérieures, il tente de prendre lui-même le contrôle des autres et se montre très vigilant pour savoir qui est supérieur à qui. Les paranoïaques sont souvent très secrets et la préoccupation du Zodiac pour les codes et les messages secrets proviennent peut-être de là.
Le Zodiac n’était pas pour autant psychotique. Il avait des tendances paranoïaques, mais n’était pas paranoïaque. Il n’était pas non plus schizophrène. Il n’existe aucune preuve d’hallucinations visuelles ou auditives de la part du tueur, que ce soit dans ses lettres ou son comportement.
Cependant, le tueur était dans un état limite, sur le fil du rasoir, oscillant entre la santé mentale et la folie, particulièrement après le meurtre de Paul Stine. À la suite de ce meurtre, le tueur a semblé se désorganiser et s’est montré incapable d’accomplir ses menaces.
Il devait en tout cas souffrir d’un immense stress.
Le Zodiac ne pourrait toutefois pas être déclaré légalement « aliéné » : la planification de ses crimes et la manière dont il s’en est vanté indiquent une conscience complète de ce qu’il faisait.

Selon le docteur Van Nuys, toutes ces caractéristiques mèneraient à penser que le tueur du Zodiac souffrait d’un « Trouble dissociatif de l’identité » (également appelé « Trouble de la personnalité multiple »).
Dans ses lettres, le Zodiac exprime un manque, un besoin impérieux, lié à un traumatisme de son enfance. Les recherches menées sur le (rare) « Trouble dissociatif de l’identité » montrent clairement que ces traumatismes infantiles sont la cause principale de la scission qui créé les multiples personnalités. Les abus sexuels incestueux graves sont la source d’un traumatisme très souvent connecté aux personnalités multiples, ce qui permet d’expliquer que ce trouble soit bien plus fréquent chez les femmes que les hommes. Toutefois, d’autres formes de traumatisme peuvent pareillement provoquer ce trouble dissociatif : avoir subi la torture, physique ou mentale, ou avoir été témoin du meurtre d’un membre de sa famille.
Comment ce trouble se manifeste-t-il ? En des circonstances terribles, une réponse extrême est produite par l’enfant. Certains enfants créent des compagnons imaginaires pour échapper à une réalité horrible. Avec le temps, ce compagnon peut parfois être intégré à la personnalité de l’enfant et finit par acquérir une véritable existence. En réponse à un traumatisme sévère, la tactique de dissociation peut aboutir à un désordre psychologique significatif.

Avec cette hypothèse en tête, le Docteur Van Nuys revisite l’un des crimes du Zodiac. Lors de l’attaque du lac Berryessa, le Zodiac a dit : « Je vais devoir vous attacher » (au lieu de « Je vais vous attacher ») et, plus tard, « Je vais devoir vous poignarder » (au lieu de « Je vais vous attacher »), comme s’il était commandé par une force extérieure et n’était presque qu’un témoin des événements.
Lorsque Bryan Hartnell lui a demandé de le poignarder en premier, le tueur a juste répondu « Ok, je vais faire ça », alors que ses mains tremblaient et qu’il s’apprêtait à poignarder ses victimes à de nombreuses reprises. Le docteur Van Nuys voit cette répétition non pas comme une frénésie, mais comme un acte robotique répétitif, comme si une partie de l’esprit du tueur regardait cet acte affreux à distance.

La première « preuve » la plus évidente d’un désordre dissociatif serait le fait que la « personnalité tueur » s’est donnée un nom bien à elle, « le Zodiac », comme cela arrive souvent dans les cas de trouble dissociatif. Un homme « normal » avait peut-être un alter-ego violent qui se présentait sous le nom de « Zodiac ».

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La seconde « preuve » serait la lettre envoyée par le tueur à Melvin Belli, en 1969.
« Cher Melvin, c’est le Zodiac qui vous parle. Je vous souhaite un joyeux Noël. Ce que je vous demande c’est ceci, s’il vous plait aidez-moi. Je ne peux pas m’en sortir parce que cette chose en moi ne me laissera pas. Il est très difficile pour moi de me contrôler J’ai peur de perdre le contrôle à nouveau et de prendre ma neuvième + possible dixième victime. S’il vous plait aidez-moi Je me noie. (…) S’il vous plait aidez-moi Je ne peux pas me contrôler plus longtemps. »
D’abord, c’est la politesse de la salutation et le souhait pour Noël qui surprennent. Cela annonce un Zodiac inconnu jusque-là. Ensuite, il y a cet appel presque suppliant, cette demande d’aide désespérée dans laquelle l’auteur de la lettre décrit explicitement une personnalité divisée et qui s’affronte. Bien que l’auteur de la lettre se présente comme étant le Zodiac, c’est clairement une voix différente qu’il nous fait entendre, et qui décrit la difficulté de retenir les terribles pulsions violentes d’une autre personnalité.

Environ 3 mois après que Melvin Belli a reçu cette lettre, cette personnalité divisée aurait été mise en évidence dans l’agression avortée contre Kathy Johns et sa fille. Durant 2 ou 3 heures, le Zodiac a conduit la jeune femme dans sa voiture, parlant peu. Selon Kathy Johns, il regardait droit devant lui et lui annonça très calmement qu’il allait la tuer. Pour le Docteur Van Nuys, cela démontre à nouveau un comportement quasi robotique. La conduite sans but et les menaces prononcées calmement, platement, donnent le sentiment que le Zodiac était « hors de son corps », qu’il fonctionnait « sur pilotage automatique ».
Qu’a-t-il pu se passer dans l’esprit du Zodiac durant ces 2 ou 3 heures ? Auparavant, il avait toujours tué sans la moindre hésitation, presque toujours de manière rapide et brutale. Là, il semblait indécis, comme s’il livrait un combat intérieur entre le Zodiac qui voulait tuer cette jeune mère et son enfant, et une autre partie de lui-même qui refusait de commettre un tel acte.
Une autre personnalité, plus saine, non violente, était peut-être en train d’émerger, une personnalité qui luttait contre la personnalité psychopathe et impitoyable du Zodiac.
Il paraît en effet que le Zodiac n’ait plus tué après son agression « ratée » contre Kathy Johns. Le Docteur Van Nuys fait l’hypothèse que la personnalité « saine » du Zodiac commençait alors à prendre le contrôle et que l’aspect extrêmement violent du Zodiac perdait de sa force.

La preuve la plus impérieuse du « Trouble dissociatif de l’identité » serait enfin le changement de personnalité exprimé par le Zodiac lui-même dans ses dernières lettres. Le Zodiac n’envoya rien durant 3 ans, après sa lettre de mars 1971. Puis, en janvier 1974, il écrivit une lettre au SF Chronicle simplement pour annoncer que « L’Exorciste est la meilleure comédie satyrique que j’ai jamais vu ». Dans cette lettre, il se montre comme critique de cinéma et rien d’autre. L’auteur du courrier ne commence pas avec sa phrase habituelle « C’est le Zodiac qui vous parle ». La salutation polie qui clôt la lettre est un rappel de la politesse inhabituelle exprimée dans le courrier envoyé à Melvin Belli.
Il semble que le Zodiac a changé.
Si l’on accepte l’hypothèse selon laquelle une lutte a eu lieu entre deux personnalités antonymes, alors il est possible qu’en 3 ans, la personnalité la plus « saine » soit devenue plus ou moins dominante.

Quelques jours plus tard, le Zodiac envoya une autre lettre concernant l’enlèvement de Patty Hearst par la Symbionese Liberation Army. Bien que ce courrier ait été authentifié, nombreux sont ceux qui ne l’acceptent pas parce qu’il est trop différent, de ton et de style, des précédentes lettres du Zodiac. Si cette lettre est authentique, c’est une preuve supplémentaire d’un changement de personnalité. Cette lettre présentait un court message : « Cher monsieur le rédacteur en chef, saviez-vous que les initiales ‘SLA’ se prononcent ‘sla’, un ancien mot nordique signifiant ‘tuer’ ? ». Cette lettre était signée « Un ami ».
On peut remarquer à nouveau la politesse et l’absence de fautes de grammaire. Cela suggère une personnalité plus érudite que celle présentée par les lettres précédentes.

Le Zodiac attendit 3 mois avant d’envoyer un nouveau courrier, cette fois pour critiquer « le manque de goût et de sympathie pour le public » de la publicité pour le film « Badlands ». Cette lettre était signée « Un citoyen ». La salutation habituelle, les menaces, les moqueries, les fanfaronnades, la signature – cible sont manquantes, tout comme les fautes de grammaire. En fait, sans l’écriture identifiable et le double timbrage, il n’y aurait eu aucun moyen de reconnaître l’auteur de cette lettre comme étant le Zodiac.
L’attitude indignée du Zodiac concernant « Badlands » peut-être vue comme « réaction formation » – la personnalité « saine » du Zodiac poussant la conscience de sa violence dans l’inconscient en assumant sciemment une position diamétralement opposée.

Le 8 juillet 1974, le Zodiac envoya une nouvelle lettre qui semble encore avoir été écrite par son alter-ego. Il critiquait cette fois l’un des journalistes du SF Chronicle et signa « Le Fantôme Rouge (rouge de rage) ». Là non plus, pas d’erreur de grammaire et pas de signature – cible. Et, comme pour la lettre de l’Exorciste et celle de Badlands, l’auteur du courrier se présente comme un critique, un esthète. Nous voyons à nouveau le mécanisme de défense psychologique de « réaction formation » lorsque le Zodiac décrit le journaliste comme quelqu’un qui « a toujours besoin de se sentir supérieur ».

Selon le Docteur Van Nuys, lorsque l’on considère le contenu de ces lettres dans leur ensemble, il montre une certaine constance qui tendrait à valider l’hypothèse d’une personnalité émergente différente.

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Quatre années passèrent encore avant que la dernière lettre du Zodiac ne soit reçue. (Cette lettre est considérée par beaucoup comme un faux.)
Dans celle-ci, le tueur se présenta à nouveau comme il l’avait fait dans ses premiers courriers « C’est le Zodiac qui vous parle ». Et il ajouta « Je suis de retour parmi vous ».
De retour, mais d’où ? On peut interpréter cette affirmation de plusieurs manières différentes. Par exemple, on peut imaginer que le Zodiac est de retour dans la Bay Area alors qu’il était dans une autre région, voir un autre état. Il peut également avoir été libéré de prison ou d’un hôpital psychiatrique. La troisième explication est qu’il a simplement décidé de recommencer à écrire au SF Chronicle. Et enfin, il est possible que la personnalité meurtrière du Zodiac ait refait surface après une période de sommeil.
Lorsque le Zodiac écrit « Je suis là, j’ai toujours été là », peut-être est-ce une déclaration de cette personnalité brutale qui a continué à exister bien que la personnalité « saine » ait pris le contrôle.
La notion que cette lettre a été écrite par une personnalité psychopathe qui fait sa réapparition est renforcée par le retour de l’auteur aux fanfaronnades et aux menaces qui caractérisaient la personnalité « première » du Zodiac. C’est par ailleurs cette personnalité qui démontre un manque de contrôle sur les mécaniques de l’écriture, avec le retour des fautes de grammaire et de ponctuation.
Finalement, il y a cette conclusion sibylline : « Je suis maintenant en contrôle de toutes choses ». Selon le Docteur Van Nuys, c’est la personnalité meurtrière du Zodiac qui aurait écrit cette phrase, bandant temporairement ses muscles pour prouver qu’elle est toujours présente. Temporairement, car le Zodiac n’a plus jamais fait parler de lui par la suite. La personnalité « saine » et non violente a peut-être repris le contrôle, enfermant à nouveau la personnalité brutale dans sa boîte.

Cela est-il possible ? Peut-on voir une autre personnalité émerger, disparaître, revenir puis disparaître à nouveau, cette fois pour de bon ? Selon le DSM-IV, c’est possible : « Le trouble dissociatif de l’identité semble avoir un chemin clinique fluctuant qui tend à être chronique et récurrent… Ce désordre de personnalité peut devenir moins prégnant lorsque les individus atteignent la quarantaine, mais peut réapparaître lors d’épisodes de stress ou de trauma ou lors d’abus de substances ».
Le Zodiac n’a plus fait parler de lui depuis des dizaines d’années. Si l’on se réfère au DSM-IV, avec le passage du temps et l’approche de la quarantaine, une personnalité « saine » et non violente a pu émerger et prendre le dessus. La personnalité connue sous le nom de « Zodiac » a peut-être disparu une fois pour toute et n’a jamais refait surface.

Les victimes du Zodiac

Le Zodiac a affirmé dans ses lettres avoir assassiné 37 personnes, mais les enquêteurs n’admettent « que » 7 victimes dont 2 ont survécu.

David_Faraday

David Faraday (17 ans)
Betty Lou Jensen (16 ans)
Abattus le 20 décembre 1968, sur Lake Herman Road, près de Bernicia.

Mike_Mageau

Michael Mageau (19 ans)
Grièvement blessé le 4 juillet 1969, sur le parking du golf Blue Rock Springs, près de Vallejo.
Darlene Ferrin (22 ans)
Abattue le 4 juillet 1969, sur le parking du golf Blue Rock Springs, près de Vallejo.

Bryan_Hartnell

Bryan Hartnell (20 ans)
Poignardé le 27 septembre 1969 au lac Berryessa. Il a survécu.
Cecelia Shepard (22 ans)
Poignardée à mort le 27 septembre 1969 au lac Berryessa. Elle décède 2 jours plus tard.

Paul_Stine

Paul Stine (29 ans)
Abattu dans son taxi le 11 octobre 1969, dans le quartier de Presidio Heights, à San Francisco.

Kathleen Johns (22 ans)
Enlevée avec son bébé le 22 mars 1970 sur l’autoroute 132, près de Modesto. Elle a heureusement réussi à s’échapper.

Plusieurs autres personnes ont été identifiées comme des victimes potentielles du Zodiac, bien que les indices ne soient pas concluants. Parmi celles-ci :

Robert_Domingos

Robert Domingos (18 ans) et Linda Edwards (17 ans) :
Abattus le 4 juin 1963 sur une plage près de Lompoc.
Il existe des similarités entre leurs meurtres et l’attaque du Zodiac au lac Berryessa six ans plus tard.

Bates

Cheri Jo Bates (18 ans) :
Poignardée à mort le 30 octobre 1966 à Riverside.

Donna Lass

Donna Lass (25 ans) :
Aperçue pour la dernière fois le 26 septembre 1970, près de South Lake Tahoe.

Les victimes d’Heriberto Seda

Mario Orozco (49 ans)
Blessé par balle le 9 Mars 1990. A survécu.

German Montenesdro (34 ans)
Blessé par balle 29 Mars 1990. A survécu.

Joseph Proce (78 ans)
Abattu le 31 Mai 1990. Est décédé plusieurs semaines plus tard.

Larry Parham
Blessé par balle le 21 Juin 1990. A survécu.

Patricia Fonti (39 ans)
Blessée et poignardée plus de 100 fois le 10 août 1992.

Jim Weber (42 ans)
Blessé par balle le 4 Juin 1992. A survécu.

Joseph Diacone (40 ans)
Abattu le 20 Juillet 1992.

Diane Ballard (40 ans)
Blessée par balle le 2 octobre 1992.

Bibliographie

ZODIAC
Critique : Ce livre est absolument passionnant dans sa description des meurtres, des victimes et de l’enquête menée par la police.
Graysmith a mené sa propre enquête et rassemblé d’innombrables informations sur cette affaire, tentant de réunir des preuves contre son suspect favori, Arthur Allen.
Le souci principal est que Graysmith a décidé qui était le Zodiac et qu’il présente uniquement les faits qui soutiennent sa théorie. On sait à présent, car d’autres se sont intéressé à l’affaire, que Graysmith a « grossi » certains éléments sans importance, a transformé de simples coïncidences, des spéculations ou des rumeurs en preuves formelles, a oublié des éléments à décharge, voire a « enjolivé » les faits lorsqu’ils n’allaient pas dans le sens qui l’intéressait…
En gardant à l’esprit que ce livre présente l’opinion de son auteur, c’est un excellent « thriller ».

This is the Zodiac Speaking: Into the Mind of a Serial Killer
Critique : Ce très bon ouvrage présente quelques théories qui méritent qu’on s’interroge. Les deux auteurs, après avoir détaillé (longuement et factuellement) les crimes du Zodiac, tentent de dresser son profil psychologique. Ils mettent à mal certains clichés répétés à l’envie sur le tueur. (C’était un homme brutal et sans doute manipulateur, oui, mais pas particulièrement intelligent. Il n’a pas tenté d’écrire un « Z » géant en commettant ses crimes dans la région. Il a évidemment tué « près de l’eau » puisque San Francisco se situe sur la côte Pacifique, etc.). Ils rejettent Allen comme coupable, en citent d’autres, mais – fautes de preuves irréfutables – préfèrent ne désigner personne. Aucune spéculation, donc ? Si, car le Docteur Van Nuys élabore des théories sur la psychologie profonde du tueur et un éventuel trouble de personnalité dissociée… Ce livre ne résout pas l’affaire, mais propose des hypothèses originales.

Zodiac Unmasked
Critique : J’ai nettement moins apprécié ce livre, par rapport à « Zodiac ». Il présente plusieurs défauts très irritants.
D’abord, Graysmith donne beaucoup de détails et de noms, dans le plus grand désordre, en se référant à des événements sans les replacer dans leur contexte, et se répète plusieurs fois, par passages entiers. Si vous n’avez pas lu son 1er livre et/ou si vous ne connaissez pas bien l’affaire, vous finissez par vous y perdre.
C’est peut-être la raison pour laquelle, à partir de la moitié du livre, Graysmith reparle constamment de son 1er livre, « Zodiac ». Il se vante du fait que la police l’utilisait comme une « bible », que les policiers en auraient acheté des centaines d’exemplaires pour y apprendre des faits qu’ils ne connaissaient pas, et à quel point son livre a été extraordinairement utile à bien des personnes… (Hum… Ça va, les chevilles ?)
Cerise sur le gâteau, Graysmith – qui persiste et signe avec Arthur Allen tout au long du livre – invente une nouvelle théorie selon laquelle Allen aurait eu un complice qui aurait léché les enveloppes à sa place, ce qui expliquerait que l’ADN du Zodiac prélevé sur les lettres ne correspondrait pas à celui d’Allen…

Sur Heriberto Seda :

Sleep My Little Dead
Critique : Peut-être le seul ouvrage consacré au cas – pourtant intéressant – d’Heriberto Seda, le « Zodiac de New York ». Dommage que le style de l’auteur laisse à désirer, car il porte une grande attention aux détails pour nous narrer l’enquête menée par la police new-yorkaise et les souffrances endurées par les victimes et leur famille. Il expose également l’esprit torturé de Seda, notamment par le biais d’entrevues avec le jeune tueur. Un livre intéressant.

Filmographie

Documentaires :

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“Case Reopened : The Zodiac with Lawrence Block”, 1999, est un documentaire vidéo qui présente l’affaire et propose des interviews de Robert Graysmith et du webmaster de zodiackiller.com, Tom Voigt.

“Ultimate 10”, une série de documentaires présentant en 1999 les affaires suivantes : Le Dahlia noir, le tueur de la Green River, Jack l’Eventreur et le Zodiac.

La même année, History Channel a également diffusé “Perfect Crimes ?”, qui présentait quatre des affaires les plus célèbres du 20ème siècle, dont celle du Zodiac.

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Toujours en 1999, la série documentaire “Cold Case Files” a examiné les crimes du Zodiac dans son épisode n°51 (Cold Case Files – The Most Infamous Cases).

America’s Most Wanted a diffusé un épisode complet sur les crimes du Zodiac en février 2007.

Un épisode de “Unsolved Mysteries” a explore les possibles liens entre le Zodiac et l’Unabomber, Ted Kaczynski.

Films :

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Le premier film basé sur les crimes du Zodiac, “The Zodiac Killer”, réalisé par Tom Hanson, est sorti en avril 1971.

“The Limbic Region”, produit par HBO et inspiré du livre de Graysmith, est diffusé en 1996.

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En 2005 sortent 3 films plutôt « moyens » :
– ‘The Zodiac Killer’ réalisé par Charles Adelman.
– ‘The Zodiac’ réalisé par Alexander Bulkley, l’histoire d’un enquêteur de Vallejo obsédé par l’affaire du Zodiac.
– ‘Zodiac Killer’ réalisé par Ulli Lommel (qui s’est spécialisé dans les films, style « série B », de tueurs en série…), dont le scénario, situé en 2002 à Los Angeles, fait s’affronter le véritable tueur du Zodiac et un tueur copycat.

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Inspiré par les ouvrages de Robert Graysmith, ce film montre sa version des faits, qui perpétue certains mythes et contre-vérités. En gardant à l’idée que ce film est inspiré de faits réels, mais qu’il présente beaucoup de fiction… c’est tout simplement un excellent thriller. On ne peut nier le talent de David Fincher qui expose admirablement bien l’horrible brutalité des meurtres, la surprise terrifiée ressentie par les victimes. Ici, rien de glamour ou de grand guignol, le réalisateur mise sur la sobriété. Les meurtres sont d’une violence « sainement » choquante. L’ambiance de l’époque (les pattes d’eph’ comme la peur rampante) est brillamment rendue et le film est servi par une excellente équipe d’acteurs. Un film angoissant et captivant.

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Films inspirés du tueur :
– “L’Inspecteur Harry”, en 1971, où le “Scorpio” tue à San Francisco. Avec Clint Eastwood. Le tueur envoie des lettres menaçantes avec une écriture ressemblant à celle du tueur du Zodiac, et prend en otage un bus scolaire.
– “L’Exorciste 3”, en août 1990, où Brad Dourif joue le “Tueur du Gémeau”.

Séries :
– La série Millenium a proposé un épisode (The Mikado) dans lequel le tueur surnommé l’Avatar est directement inspiré du tueur du Zodiac : il porte un « déguisement » de bourreau et envoie des lettres cryptées à la police.
– La série Criminal Minds présente plusieurs fois les particularités des crimes du Zodiac.

Liens

Google map : Carte présentant les lieux des meurtres avérés et soupçonnés du Zodiac.

Les lettres du Zodiac : sur le site consacré aux meurtres du Zodiac (Tom Voigt)

D’autres théories : un autre site consacré au Zodiac (Mike Butterfield)

SF Gate : quelques articles publiés par le San Francisco Gate à l’époque

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