Article mis à jour le 20 décembre 2023
Nom : Gary Leon Ridgway
Surnom : « The Green River Killer » (« le tueur de la Green River »).
Né le : 18 février 1949, à Salt Lake City (Utah) – Etats-Unis.
Mort le : Toujours en vie. Incarcéré au pénitencier de Florence High (Colorado).
Entre 1982 et 1985, des dizaines de jeunes femmes, pour la plupart des prostituées, disparurent dans le sud du Comté de King, dans l’état du Washington. Les premières victimes furent découvertes près de la rivière qui allait donner son surnom à leur meurtrier. Malgré des années d’enquête et des millions de dollars de dépenses, le tueur de la Green River ne fut pas appréhendé… jusqu’en 2001.
Grâce à l’ADN, la police identifia l’assassin comme étant Gary Ridgway, un homme qui figurait depuis 1983 sur la liste des suspects, mais que sa bonhomie avait permis de passer entre les mailles du filet. Sous une apparence banale et aimable, il s’avéra être une machine à tuer aussi glaciale qu’un iceberg.
Informations personnelles
Ridgway est né à Salt Lake City en 1949, de Thomas et Mary Ridgway. Il eut deux frères, dont il ne fut jamais très proche.
Ses parents déménagèrent souvent et la famille vécut également dans l’Idaho. En 1960, ils déménagèrent dans l’état de Washington, dans le comté de King. Ridgway grandit au sud de Seattle, dans un quartier de classe moyenne, non loin de l’aéroport international « Sea-Tac » (Seattle-Tacoma).
Le père de Ridgway était chauffeur de bus et conduisait souvent sur l’autoroute 99 (également appelée « Pacific Highway »). Il pestait fréquemment contre la présence de prostituées sur une partie de cette autoroute surnommée le « Strip ».
La mère de Ridgway travaillait comme vendeuse. C’était une femme populaire et respectée. C’est elle qui dirigeait la maison, car Thomas Ridgway était un homme passif alors que Mary était dominatrice et autoritaire. Elle avait beaucoup d’influence sur son fils.
Gary Ridgway était un fils gentil et aimant qui adorait sa mère. Malheureusement pour lui, elle lui en demandait beaucoup alors que le jeune garçon était assez « lent » d’esprit. Sa mère n’était jamais satisfaite de lui.
C’était un enfant timide qui avait des problèmes de mémoire, de nombreuses allergies et était dyslexique. Il eut beaucoup de mal à apprendre à lire. Il éprouvait de grandes difficultés en classe et dut redoubler plusieurs fois. Il avait l’impression d’être un imbécile et un incapable qui n’arriverait jamais à rien.
Il était toutefois plutôt doué de ses mains et son père lui apprit à bricoler les voitures familiales avec ses deux frères. Il lui enseigna également comment se battre après qu’un garçon plus fort que lui l’ait violemment frappé. Le jeune Gary Ridgway retint la leçon et réalisa qu’il prenait plaisir à frapper les garçons qui le provoquaient…
Gary Ridgway souffrit d’énurésie (il urinait au lit) et cela dura jusqu’à l’adolescence. Lorsque cela lui arrivait, sa mère continuait de le laver elle-même, ce qui provoquait en lui un mélange pervers d’excitation sexuelle et de colère due à l’humiliation.
« Classiquement », Ridgway commit des actes communs à de nombreux tueurs en série. Au début de l’adolescence, il devint pyromane et mit le feu à des garages.
Il ressentait beaucoup de colère et de frustration, et des pensées violentes commencèrent à le submerger peu à peu. Il aimait tuer les oiseaux dans les arbres et faire du mal aux animaux du voisinage. Il tua l’un des chats de ses parents en l’enfermant dans une glacière jusqu’à ce qu’il suffoque. Il s’en débarrassa rapidement, apeuré à l’idée que l’on découvre son acte.
Il éprouva une grande satisfaction lorsqu’il comprit que personne ne le soupçonnait d’avoir tué le chat ni d’avoir mis le feu aux garages du voisinage. D’ailleurs, personne ne faisait jamais attention à lui.
Ridgway se mit à voler à l’étalage et devint un voyeur qui espionnait ses voisines un peu plus âgées. Il appréciait particulièrement une adolescente de 17 ans et il lui arriva de se masturber devant sa fenêtre. Le sexe devint pour lui une obsession.
Il découvrit que tuer un être vivant lui procurait un incroyable sentiment de force, de pouvoir et d’importance. Il ne quittait jamais un petit couteau noir qu’il cachait dans sa poche.
À 15 ans, alors qu’il marchait vers son collège, un soir, il se retrouva dans une rue bordée d’arbres et de buissons. Il croisa un petit garçon de 6 ans déguisé en cow-boy et lui proposa de « construire un château fort » dans un bois. Le garçon le suivit innocemment et Ridgway le saisit par le bras puis se jeta brusquement sur lui avec son couteau, le poussant dans les buissons. Il poignarda le garçon à plusieurs reprises, perforant l’un de ses reins, puis le laissa là où il était, en sang, et s’en alla sans se retourner.
Sans le moindre remord.
Il courut jusqu’à chez lui et se cacha à la cave. Il craignait que le garçon survive et soit capable de l’identifier. Il finit par éprouver de la fierté de ne pas avoir été arrêté : un enseignant avait découvert le garçon et l’avait conduit à l’hôpital, mais le petit avait été incapable de décrire son agresseur. Il l’avait seulement dépeint comme un adolescent qui avait ri à gorge déployée en le poignardant…
Ridgway allait plus tard admettre qu’à l’époque, il rêvait de poignarder sa mère et de la mutiler.
Le jeune Gary Ridgway était de plus en plus excité par la violence. Un garçon se noya dans le lac Angle alors que Ridgway y nageait aussi et il fantasma beaucoup sur sa mort. Il fut fasciné par le meurtre d’une femme étranglée dans son quartier alors qu’elle se promenait, et passa des heures à imaginer ce qui avait pu lui arriver, retournant dans son esprit toutes les hypothèses, tous les suspects, tous les scénarios.
Il avait peu d’amis et sortait rarement avec des filles, même s’il fantasmait très souvent, rêvassant d’innombrables « conquêtes ».
Il se prit également de passion pour la pêche et les randonnées dans la forêt. Il apprit à se cacher dans les bois pour observer les gens sans qu’ils ne s’en aperçoivent.
Ridgway étudia au lycée de Tyee, à Sea-Tac, où il obtint son bac en 1969, à l’âge de 20 ans. Selon un camarade de l’époque, Ridgway ne se faisait pas remarquer, excepté par le fait qu’il s’attirait facilement des problèmes pour des broutilles. Il sortit avec une fille, Claudia Kraig, qui travaillait dans un fastfood, sa première relation « stable ».
Après avoir obtenu son diplôme, il travailla pour la Kenworth Motor Truck Company mais décida brusquement de s’engager dans la Navy au mois d’août 1969.
Son bâtiment navigua jusqu’aux Philippines où Ridgway se mit à fréquenter les prostituées avec assiduité, au point qu’il contracta une gonorrhée (infection sexuelle appelée familièrement « chaude pisse »).
Il revint ensuite à Seattle et épousa Claudia, sa petite amie du lycée, le 15 août 1970. Il l’emmena souvent dans des endroits boisés du comté de King, qu’il connaissait comme sa poche, pour y faire l’amour.
Ils déménagèrent à San Diego quelque temps plus tard et Ridgway repartit en mission pour une durée de 6 mois. Il recommença à fréquenter les prostituées.
Seule, perdue dans une ville qu’elle ne connaissait pas, Claudia s’installa avec l’épouse d’un autre marin parti en mer, et sortit avec d’autres hommes.
Gary Ridgway revint le 23 juillet 1971 et décida de quitter la Navy. Son mariage battait déjà de l’aile. Son épouse et lui déménagèrent pour s’installer chez la mère de Ridgway, mais Claudia ne supportait plus son caractère despotique. En août, elle quitta définitivement Ridgway pour retourner à San Diego. Ridgway demanda le divorce en septembre, qui devint effectif en janvier 1972. Se sentant trahi, il la traita de « pute » à plusieurs reprises, mais ne se montra pas violent envers elle.
Il rencontra plusieurs femmes, avec qui il eut des relations éphémères, et commença à fréquenter assidument les prostituées du « Strip ».
Il tenta d’entrer dans la police de Seattle, mais échoua aux tests de recrutement. Il retourna donc travailler dans la société Kenworth, où il peignait des carrosseries de camions. Il allait y rester durant 30 ans. L’énorme usine Kenworth était située à quelques kilomètres de la Pacific Highway, et Ridgway, qui travaillait de 6h à 15h, passait par le « Strip » tous les jours.
Ridgway était considéré comme un employé consciencieux en qui on pouvait avoir confiance, un homme gentil et amical. Mais certaines de ses collègues féminines n’appréciaient toutefois pas les bizarreries de son comportement : il lui arrivait de masser leurs épaules sans qu’elles ne lui aient rien demandé, de les toucher dans le cou ou le dos.
En juillet 1972, Ridgway rencontra Marcia Winslow, une jeune femme douce et très ronde. La plupart des hommes ne la regardaient même pas. Elle fut touchée par l’attention que lui témoigna Gary Ridgway. En retour, il apprécia qu’elle le considère comme un homme différent, meilleur que les autres. Son ego avait besoin de cette admiration.
Ils sortirent ensemble durant un moment et s’installèrent dans sa petite maison de la Maple Valley, avant de se marier en décembre 1973. Les voisins considéraient Ridgway comme un homme sympathique et souriant, même s’il ne leur parlait pas souvent.
Marcia allait par la suite décrire son comportement étrange et ses pratiques sexuelles inhabituelles, notamment le « bondage » (il aimait l’attacher). Il l’emmenait tirer au fusil dans la neige, camper ou ramasser des mûres près de Star Lake, il voulait qu’ils fassent l’amour dans des endroits publics ou dans la nature, aux bords de la Green River, dans des endroits où, plus tard, les corps des victimes du tueur de la Green River allaient être découverts. Il connaissait parfaitement le sud du comté de King, ses moindres chemins et sous-bois.
En septembre 1975, ils eurent un fils, Matthew. Ridgway se montra un père aimant et attentif, qui était toujours calme, malgré ses problèmes d’élocution et de mémoire. Il emmenait son fils dans les brocantes, l’une de ses passions, pour acheter des tas d’objets qu’il bricolait avant de les revendre.
Après la naissance de leur fils, le couple Ridgway fréquenta une église baptiste particulièrement extrémiste et Ridgway devint peu à peu un fanatique. Le Pasteur de cette église proclamait que les femmes étaient inférieures aux hommes, qu’elles devaient obéir à leur époux, ne jamais couper leurs cheveux, ne pas porter de rouge, ne pas s’occuper du catéchisme…
Marcia, qui n’y voyait pas d’objection, ne s’inquiéta pas que Ridgway boive littéralement les paroles du pasteur… Ils passèrent de nombreuses journées à faire du porte-à-porte pour porter la « bonne parole » et Ridgway entrait dans des colères noires lorsqu’on lui fermait la porte au nez.
Mais Marcia commença malgré tout à s’inquiéter de son comportement. Il pouvait rester des heures à lire la Bible mais, un soir qu’ils rentraient d’une soirée un peu arrosée, elle manqua de tomber et Ridgway passa son bras autour de son cou. Il tenta de l’étrangler et Marcia ne le comprit pas immédiatement. Elle se débattit et il finit par la lâcher. Elle se retourna vers lui, mais il fit comme si de rien n’était.
Lorsqu’ils se promenaient dans la forêt, il lui arrivait également de ramper derrière elle puis de bondir pour lui faire peur. Et il « faisait semblant » de l’étrangler durant leurs rapports sexuels.
Ils déménagèrent en 1978 dans une maison entourée par la forêt, à Burien. Marcia remarqua qu’il fréquentait de moins en moins son église et qu’il lui arrivait souvent de rentrer tard, le soir, les vêtements sales et trempés.
La relation de Marcia avec son envahissante belle-mère commença à s’envenimer et la jeune femme prit encore du poids. Elle décida alors de se faire poser un anneau gastrique. Cela fonctionna au-delà de tous ses espoirs. Elle perdit beaucoup de poids en quelques mois, devint une jeune femme attirante et Ridgway se montra jaloux lorsque d’autres hommes la regardaient.
Ils déménagèrent à nouveau, cette fois près de Star Lake Road, au fond d’un cul-de-sac, toujours au sud du comté de King. Marcia commença à sortir avec ses amies, à fréquenter des bars et à profiter de son nouveau physique.
Ridgway finit par apprendre qu’elle ne passait pas ses soirées chez ses amies, mais à danser dans des bars. Il voulait une « bobonne » qui s’occupe de la maison, de lui et de son fils, et sûrement pas une femme libérée qui allait s’amuser sans lui. Il se sentit de nouveau trahi.
En juillet 1980, Marcia porta plainte auprès de la police : son époux la harcelait au téléphone pour obtenir le divorce.
À la même époque, Ridgway fut arrêté pour avoir agressé une prostituée, mais, faute de preuve, la police le laissa partir et il ne fut pas inculpé.
Marcia le quitta pour s’installer à Kent, et le divorce fut prononcé en mai 1981. Ridgway obtint la garde de Matthew les week-ends et dut verser une pension alimentaire à son ex-épouse, ce qui le rendit fou de rage.
Il quitta son église peu après et s’inscrivit dans une association de rencontres pour parents célibataires. Il sortit avec plus d’une dizaine de femmes, parfois en même temps.
Il était obnubilé par les femmes et le sexe.