Article mis à jour le 1 novembre 2015

Près de 30 femmes ont été tuées à Baton Rouge depuis 10 ans, sans que leur(s) assassin(s) ne soi(en)t jamais arrêté(s).
La plupart des victimes ont été abandonnées dans des endroits isolés, mais peu de ces meurtres ont été liés entre eux.

Connie Warner
Connie Warner

En août 1992, Connie Warner a disparu, enlevée alors qu’elle était chez elle. Son corps a été retrouvé près de Capitol Lake deux semaines plus tard, après que l’ouragan Andrew ait dévasté Baton Rouge. Son meurtre n’a jamais été résolu.
A Baton Rouge, les hommes sont tués bien plus souvent que les femmes (règlements de compte, gang, drogue…) et les femmes qui sont assassinées le sont souvent par leur partenaire (époux, petit-ami, ex-mari).

Mais la mort de Connie Warner et celles d’au moins 28 autres femmes qui vivaient dans la ville ou aux alentours, sont tout à fait inhabituelles.
Elles peuvent être séparé en à peu près deux groupes : les femmes « normales » qui avaient une vie stable, et les femmes qui vivaient en dehors de la société (prostituées, sans domicile fixe…).
Connie Warner et, plus récemment, Pam Kinamore, faisaient parties du premier groupe. Elles étaient toutes les deux des femmes travailleuses, qui avaient une famille et un style de vie classique.
Eugenie Boisfontaine était le même genre de femme. Elle a été assassinée en 1997 après avoir été enlevée alors qu’elle faisait son jogging. Hardee Schmidt est morte dans des circonstances similaires.
Kassie Federer était une étudiante de 20 ans. Quelqu’un s’est introduit dans son appartement en 1999 et lui a tiré dessus, la tuant sur le coup.
Les meurtres récent de Christine Moore et Charlotte Pace, étudiantes à l’Université de Louisiane, tombent également dans ce même groupe. Le corps de Christine Moore a été découvert dans un terrain broussailleux, près d’un étang bordant une église, en juin 2002. Il semble qu’elle ait disparu alors qu’elle faisait son jogging non loin de là, près du campus. Charlotte Pace, elle, a été poignardée dans sa maison le 31 mai 2002. Sa mort a été liée, grâce à des analyses d’ADN, aux meurtres de Gina Wilson Green et Pam Kinamore.
Au moment de sa mort, Eugenie Boifontaine vivait à quelques rues de la maison de Gina Green, tout comme Charlotte Pace, qui vivait dans un appartement tout proche, lorsque Green a été tuée.
Eugenie Boifontaine a été enlevée sur le campus de l’Université de Louisiane, où plusieurs victimes étaient étudiantes.
Ces liens entre les meurtres -et la nature des crimes- ont provoqués une psychose à Baton Rouge.La police ne sait toujours pas comment classer la disparition de Randi Mebruer, une jeune femme de 28 ans qui a été enlevée en 1998 alors qu’elle était chez elle, dans le même quartier que Connie Warner. Son corps n’a pas encore été retrouvé.

Les familles des victimes espèrent que les enquêteurs vont rapidement appréhender le ou les tueurs.

mapBatonRouge
Les victimes découvertes

Mais ces femmes assassinées n’ont pas toutes des familles solides qui peuvent faire pression sur les politiques et encourager les policiers, proposer des récompenses, faire publier des avis de recherche…
Le chef de la police, Mike Morris, reconnaît lui-même qu’il existe des inégalités dans l’intérêt du publique et le traitement par les médias. Les enquêteurs tentent de fournir le même travail pour chaque affaire.
Renee Newman, 46 ans, par exemple, était la soeur d’un officier de police. Son corps a été retrouvé en avril 2002 dans le centre de Baton Rouge. Elle avait reçu un appel téléphonique, était sorti et n’était jamais revenu.
Angela Arnold était une prostituée de 20 ans, droguée au crack, qui a été trouvée morte derrière le Cortana Mall en 1995.
Christina Daigle était une fugueuse de 15 ans lorsque quelqu’un l’a étranglée, a mutilé son corps et l’a abandonné à l’ouest de la ville en 1994. Les policiers ne sont pas parvenu à trouver son meurtrier.
Fin 1999 et au début de l’an 2000, au moins six femmes noires entre 30 et 40 ans ont été assassinée dans la même zone, à North Street Park. Certaines d’entre elles étaient des prostituées. Les policiers ont expliqués qu’ils pensent que certains de ces meurtres sont liés entre eux mais n’ont pas donné de détails.
La police de la ville a créé une Force Spéciale pour enquêter sur ces meurtres-là, qui semblent s’être arrêtés en juin 2000, après le meurtre de Veronica Courtney, 44 ans, qui a été découverte assassinée derrière un immeuble.

Le chef de la police de la ville, Mike Englade, a expliqué que toutes ces affaires sont très difficiles à résoudre, vu le manque d’indice matériel et de témoignage. Citant le cas de Christine Moore, dont le corps est resté dehors durant plusieurs semaines avant que son squelette ne soit retrouvé, Englade explique que les conditions climatiques et le passage du temps ont certainement détruit toutes les données matérielles (sperme, fibres, cheveux…) qui pouvaient exister.

Le chef Englade a soumit les rapports de ses enquêteurs au programme du VICAP (Violent Criminal Apprehension Program), une base de données qui permet d’établir des liens entre des crimes commis dans des juridictions différentes, grâce à des points communs (types de victimes, mode opératoire, etc). Malheureusement, le VICAP n’a pas pu leur fournir une piste. Englade a malgré tout demandé l’unité du FBI qui dresse des profils psychologiques de les aider.

« Notre but est de mettre le ou les tueurs en prison. Et nous avons besoin de tout le monde pour ça ».