Article mis à jour le 11 octobre 2015

Un grand merci à Valentine Veron, des éditions Balland, pour m’avoir mise en contact avec Peter Vronsky.

Le second livre (1) du journaliste Peter Vronsky, Femmes serial killers : Pourquoi les femmes tuent ?, est sorti il y a peu en version française, aux éditions Balland. Peter Vronsky est un auteur Canadien qui vit à Toronto.

[amazonjs asin= »2353150535″ locale= »FR » title= »Femmes serial killers : Pourquoi les femmes tuent ? »]

L’auteur tente de comprendre pourquoi certaines femmes deviennent des tueuses en série. Il décrit leur fonctionnement, leur mode opératoire, bien différents de celui de leurs homologues masculins.

S’appuyant sur des documents de police, des archives judiciaires, des témoignages, des interviews des coupables, de leurs proches et des victimes ainsi que sur des études sociologiques, ce récit dresse un portrait type des tueuses en série les plus redoutables de l’histoire, des premiers cas décrits dans l’Antiquité aux empoisonneuses anglaises du XIXe siècle, de Martha Beck aux veuves noires.
Peter Vronsky nous présente des dizaines de portraits de tueuses en série, plus ou moins connues, par époque et par genre, parmi lesquelles Agrippine et Messaline, les empoisonneuse du 19ème et du 20ème siècle, les Veuves Noires, les Infirmières de la Mort, Aileen Wuornos, les femmes complices de tueurs masculins et les « garces nazis ».
Il termine en citant les noms (et le nombre de victimes) de 140 tueuses en séries (du monde occidental).

Vronsky met à mal plusieurs idées reçues sur les femmes tueuses et présente nombres de criminelles peu connues du grand public.
Il a choisi d’écrire son ouvrage sur un ton « non politiquement correct », parfois même satyrique.

Il critique – avec raison – le féminisme extrémiste de certaines qui trouvent n’importe quelle excuse, stupide ou révoltante, aux actes de ces tueuses. Son animosité envers ce genre de féminisme se ressent à travers tout le premier tiers du livre (à force, elle devient même excessive et un peu lassante).

Heureusement, Peter Vronsky finit par la laisser de côté.
En effet, nul besoin d’en rajouter pour comprendre que les féministes radicales qui défendent par tous les moyens les tueuses en série sont complètement indifférentes aux souffrances des victimes et totalement ignorantes de la véritable nature de ces criminelles.
Il suffit de lire les description que Vronsky fait des actes des pires tueuses en série que le monde ait connus (ne serait-ce que Karla Homolka) pour réaliser que ces tueuses ne sont pas de « pauvres victimes » du système ou des mâles dominants ou de la société phallocrate…
Elles sont tout simplement monstrueuses.

Un très bon livre sur un sujet malheureusement peu traité.

 

Peter Vronsky a accepté de répondre à quelques questions concernant son parcours et ses livres. Je l’en remercie.

Vous avez réalisé et filmé des documentaires et des films indépendants depuis 1976. De quoi parlent-ils ?

Beaucoup de sujets différents : la contrebande de matériel pour fabriquer une bombe atomique (The Hunt for Red Mercury 1992) ; la sous-culture Staliniste à Moscou (Mondo Moscow: The Art of Not Being There 1991); la musique rock underground durant les années Gorbachev (Russian Rock Underground, 1988) ; le désordre de stress post-traumatique chez les vétérans du VietNam (War Can Be Like This, 1984) ; la montée du nouveau Ku Klux Klan au Canada (Reichland, 1982) ; l’émergence du Punk Rock (Crash’n’Burn, 1977); le recrutement de mercenaires aux Etats-Unis pour combattre en Afrique (The War Lovers, 1977) …
J’ai également travaillé comme producteur pour les journaux télévisés, pour les actualités et des documentaires dans le monde entier entre 1985 et 2000. Après ça, j’ai travaillé dans la vidéo en streaming jusqu’à l’éclatement de la « bulle internet » en 2001. Et depuis 7 ans je me suis réfugié dans les études à l’Université de Toronto où je complète un doctorat sur l’espionnage dans les relations internationales et l’histoire de la justice criminelle. Je défends ma thèse dans quelques mois. Après ça… je ne sais pas… Une nouvelle vie… à nouveau.

Qu’est-ce que vous a mené à vous intéresser aux tueurs en série ? Le hasard ? Un événement personnel ? Une rencontre ?

Des rencontres totalement au hasard avec deux tueurs en série, à deux époques et deux endroits complètement différents. J’ai rencontré un tueur en série dans un ascenseur, dans un hôtel de New York, alors qu’il fuyait avec, dans un sac, les têtes de deux prostituées qu’il avait assassinées dans sa chambre d’hôtel et dont il avait brûlé les torses : Le « Times Square Ripper », Richard Cottingham (2). Je venais de prendre une chambre dans le même hôtel et je l’ai bousculé alors qu’il sortait de l’ascenseur, mais je n’ai su qu’il était un tueur en série que des mois plus tard lorsqu’il a été arrêté. C’était en décembre 1979.

Puis, en septembre 1991, alors que je réalisais un documentaire à Moscou, j’ai été approché par Andrei Chikatilo, le « Red Ripper » qui a tué 54 personnes. Il voulait que je l’interview pour la télévision, pas au sujet de ces meurtres mais au sujet d’une plainte qu’il avait déposée parce que des toilettes publiques avaient été construites sous les fenêtres de son appartement. Je n’étais pas intéressé, j’ai refusé. Deux semaines plus tard, il a tué ses 52ème, 53ème et 54ème victimes et il a été arrêté peu après à Rostov. Cette fois-là non plus je ne savais qui était réellement cette personne que j’avais juste croisée jusqu’à ce que je lise une anecdote selon laquelle le Tueur de Rostov était venu à Moscou, un jour, pour se plaindre de toilettes publiques à Gorbachev… et j’ai réalisé que c’était lui.

Cela m’a fait réfléchir et méditer. N’importe quoi peut arriver une fois. Mais faire deux rencontres avec des tueurs en série ? Les probabilités étaient juste… improbables. Complètement au hasard, sans avoir un style de vie particulièrement à risque – j’étais un hétérosexuel de classe moyenne tout à fait normal, pas une victime typique d’un tueur en série – comment se pouvait-il que deux tueurs aient croisé ma route ? Et peut-être y‘en avait-il même eu trois ou plus ?? Je ne les aurais pas plus remarqués. Combien d’entre nous ont croisé un tueur en série dans la rue ou se sont assis à côté de lui dans un bus ou ont attendu le métro derrière lui… et ne l’ont jamais su ?
Cela m’a conduit à enquêter sur l’histoire de ces monstres : d’où viennent-ils, pourquoi deviennent-ils ce qu’ils sont, comment avais-je pu en rencontrer deux complètement au hasard et combien d’autres y a-t-il en liberté ?

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un livre sur les femmes tueuses en série cette fois-ci ?

Alors que je faisais des recherches sur les hommes tueurs en série j’ai découvert que, statistiquement, entre 1800 et 1995, presqu’un tueurs en série sur six aux Etats-Unis était en fait une femme, et que 75% d’entre elles avaient fait leur apparition à partir des années 1950. Cela m’a conduit à écrire un second ouvrage, consacré uniquement aux tueuses en série.

Avez-vous interviewé personnellement une ou plusieurs de ces tueuses pour votre livre ?
Si oui : avez-vous cru tout ce qu’elles vous ont dit ?
Si non : laquelle pensez-vous qu’il serait intéressant d’interviewer ?

Non, je n’en ai interviewé aucune. Je ne veux pas, jamais, rencontrer un tueur en série à nouveau, et précisément pour cette raison : on ne peut pas croire ce qu’ils ou elles disent. Il ne serait pas intéressant d’en rencontrer un/une. Cela ne m’intéresse pas de voir la performance d’acteur d’un tueur en série en cage, cela n’ajouterai rien à ma connaissance.
Par contre, j’ai visionné des interviews filmées de plusieurs d’entre elles, particulièrement Aileen Wuornos.
Mais je suppose que si je devais vraiment en interviewer une, ce serait Karla Homolka.

Pensez-vous qu’il existe une différence entre les tueurs en série Européens et les Nord-Américains ? Ou une différence entre Ouest et Est ?

Je pense que la différence réside dans les attitudes culturelles envers les femmes, de société en société, et dans la richesse économique des sociétés également, où la « valeur d’une vie » peut être appréciée de manière très différente. De cette manière, je pense que comment et qui les tueurs en série sélectionnent comme victimes, est différent selon les pays et les cultures.
Ce qui fait un tueur en série, par contre, est la même chose à travers le monde : la solitude, la cruauté et les abus durant l’enfance, plus un facteur inconnu que nous ne parvenons pas encore à expliquer.

Je ne suis sûrement pas la première à vous poser la question mais… Vous avez une dent contre les “féministes orthodoxes” ? 😉

Je suis un “féministe orthodoxe” ! Quelqu’un qui croit que les femmes et les hommes devraient être traité de la même manière devant la Loi et avoir les mêmes opportunités partout et dans tous les domaines. Ce sont les « féministes radicales » qui pensent que la nature de la masculinité est intrinsèquement anti-femme que je méprise, comme je déteste les Nazis et les autres idéologies fanatiques. Ce sont les « féministes radicales » qui proclament que les tueuses en série sont des « martyres » de la « phallocratie hétéro patriarcale », qui tentent d’imprégner de dignité politique les meurtres tristes et sordides de ces tueuses. Je les déteste comme je déteste toute défense du mal.

Savez-vous quel sera le sujet de votre prochain ouvrage ?

Oui, c’est l’histoire de l’invasion du Canada par les Irlandais en 1866, mon premier livre sur l’histoire de mon propre pays : « RIDGEWAY 1866: THE FENIAN THREAT AND THE BATTLE THAT MADE CANADA ».

Notes de bas de page :
1 : Le premier livre de Peter Vrosnky sur les tueurs en série était Serial Killers: The Method and Madness of Monsters
2 : Richard Cottingham est un tueur en série qui a brutalement assassiné 5 femmes à New York entre 1977 et 1980. Il avait pour habitude de démembrer ses victimes et était également surnommé le « Torso Killer », car il coupait leur tête et ne laissait que leur torse.