Article mis à jour le 13 octobre 2017

En Afrique du Sud, un jeune homme à peine sorti de l’adolescence a applaudi et rit après avoir été condamné à quatre peines de réclusion à perpétuité plus 71 ans, après avoir été reconnu coupable de cinq meurtres, de viols, de possession d’une arme à feu et de munitions, d’agression, de conspiration et de trois tentatives de meurtre.
Imperturbable, Cameron Wilson, bâillait, s’étirait et roulait des yeux alors que la juge Chantel Fortuin lisait sa décision dans le tribunal bondé de Western Cape, où les familles et les proches des victimes étaient présents.
Lorsque les familles des victimes ont exprimé leur satisfaction après sa condamnation, il leur a crié : «Au moins, moi, je suis toujours en vie».

La juge Fortuin a déclaré que décider de la peine de Wilson avait été une tâche difficile, compte tenu de son jeune âge.
Selon la juge, bien que Wilson a grandi à Heinz Park, une communauté en proie à des graves problèmes tels que la toxicomanie et la consommation d’alcool chez les adolescents, il a été élevé dans un foyer «stable et aimant».
« Vous n’avez jamais essayé de gagner un revenu ou de terminer votre scolarité », a dit la juge Fortin à Cameron Wilson. « Au lieu de cela, vous avez erré dans les rues ».
La juge a poursuivi en expliquant que de nombreux enfants ont grandi dans ces circonstances, mais n’ont  assassiné et violé personne.
Elle a également considéré l’influence du père de Wilson, un présumé membre du gang « 28s »,  soupçonné de trois meurtres.

Wilson a été reconnu coupable des meurtres de :

  • Alfonzo van Rooyen
  • Toyher Stobber
  • Ernest Erasmus
  • Stacey-Lee Mohale
  • Lekita Moore

En octobre 2014, Wilson a poignardé Alfonzo van Rooyen dans le torse, dans le quartier de Heinz Park.

Toyher Stober a accusé Wilson d’avoir assassiné Alfonzo van Rooyen, devant les parents de ce dernier. Il a été abattu dans sa voiture trois jours après la mort d’Alfonzo, toujours à Heinz Park.

Lekita Moore, Toyher Stobber et Stacey-Lee Mohale
Lekita Moore, Toyher Stobber et Stacey-Lee Mohale

Le jour de Noël 2014, Christoline van Roodt s’est rendue dans une taverne à Heinz Park avec Ernest Erasmus. Sur le chemin, ils ont croisé Cameron Wilson, qui a demandé de l’argent à Ernest Erasmus et, lorsque celui-ci a refusé de le lui donner, Wilson l’a poignardé au cou avec un tournevis. Christoline van Roodt s’est enfuie en courant et, le lendemain matin, le corps d’Ernest Erasmus a été retrouvé sur un terrain de football.

En avril 2015, Wilson a violement giflé Cody Philander, lui faisant perdre ses lunettes, et il l’a poignardé pendant qu’il se penchait pour les ramasser, « sans un mot ». Cody a survécu et a témoigné lors du procès : « J’étais au magasin quand il [Wilson] est venu du côté du terrain de football. Il était sur un petit vélo BMX bleu. Il m’a vu et a sauté du vélo. Puis il m’a frappé avec sa main droite sur le côté gauche de mon visage. Mes lunettes de soleil sont tombées et je l’ai ramassé. Quand j’ai levé les yeux, j’ai vu qu’il avait un couteau à la main et il m’a poignardé. J’ai eu mal sur le côté gauche de mon épaule où il m’a poignardé. Après qu’il m’a poignardé, il est retourné sur son vélo BMX bleu et il est simplement parti. »

A la même époque, Wilson a forcé son cousin à frapper sa petite amie, Dawney Davids, puis Wilson l’a violée et l’a poignardée dans le cou. Elle a survécu et a témoigné lors du procès.

Toujours en avril 2015, Cameron Wilson et son complice (un mineur dont on ne peut révéler l’identité) ont agressé Stacey-Lee Mohale, 16 ans, et une amie, Abigail Plaatjies, dans le quartier de Heinz Park. Ils les ont frappées, poignardées et leur ont jetés des pierres. Wilson a déposé un pneu et des branchages sur elles alors qu’elles gisaient inanimées à terre et y a mis le feu. Un passant s’est arrêté et a jeté du sable pour éteindre l’incendie puis a appelé la police. Stacey-Lee est morte sur place, Abigail a survécu et a été emmenée à l’hôpital pour y recevoir des soins. Wilson a été accusé du viol de Stacey-Lee Mohale, mais a été reconnu non coupable.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2016, Lekita Moore, 19 ans, a été vu quittant un club de karaoké dans le quartier de Valhalla Park avec un homme qui correspondait à la description de Wilson.

Vers 1h du matin, une jeune femme aurait été agressée par Wilson et un autre homme et poignardée pour ne pas avoir eu un briquet ou des allumettes. Roslyn Lackay, également de Valhalla Park, était debout devant sa maison vers 5 h, lorsqu’elle a vu cette femme agressée par les deux hommes. Elle s’est approchés pour lui venir en aide, mais a été poignardée à son tour et a reçu une brique à la tête. Un ami est venue à son secours et les deux hommes se sont enfuis.

Le matin du 11 septembre, le corps de Lekita Moore a été retrouvé dans un champ proche de Tuna Street. Elle avait été poignardée 98 fois, ses seins et son vagin avaient été tailladés.

Moins d’un jour plus tard, le corps de Xavier Bester, 20 ans, que certains considèrent comme le petit-ami de Lekita Moore, a été retrouvé mort entre deux cabanes dans la 8ème Avenue, abattu de deux balles dans la tête.

Plus de 40 personnes ont témoigné pour l’accusation contre Wilson. La juge Fortuin a loué la bravoure des témoins car ils étaient visiblement effrayés de prendre la parole.

Selon le porte-parole de l’accusation, Eric Ntabazalila, les psychologues qui ont examiné Wilson ont déclaré qu’il est « un psychopathe avec des chances très limitées de réhabilitation ».

Le père de Lekita Moore, Charles, s’est dit satisfait qu’une condamnation à perpétuité ait été prononcée pour le meurtre de sa fille.

“Nous avons prié pour la corde mais cela ne pouvait pas arriver (l’Afrique du Sud a abolit la peine capitale en 1995). Il ne doit pas voir sa famille. Il doit ressentir la douleur que nous ressentons. Le fait qu’il ait applaudi montre qu’il est un assassin violent.”

Le Procureur général Carine Teunissen, a déclaré : «Il était cruel et les crimes qu’il a commis étaient horribles. Il n’avait pas de respect pour les femmes et appréciait de les manipuler, et quand elles  résistaient, il s’en prenait à elles »