Article mis à jour le 7 mars 2016

« Avec « Tous les vivants », roman inspiré et lumineux, la talentueuse Jayne Anne Phillips se penche sur les crimes d’un des premiers tueurs en série américains.

Lorsqu’elle était petite, la romancière américaine Jayne Anne Phillips habitait près d’un lieu de sinistre mémoire, Quiet Dell, en Virginie-Occidentale. Dans une ferme de ce hameau, une femme et ses trois enfants avaient été séquestrés, puis assassinés, en 1931. L’auteur des crimes, Harry Powers, est considéré comme le premier tueur en série américain. Il recrutait des veuves par petites annonces matrimoniales, afin de les voler et de les tuer.

Saura-t-on jamais combien de victimes sont tombées dans les rets d’Harry Powers ? Les meurtres d’une quadragénaire, Dorothy Lemke, ainsi que ceux d’Asta Eicher et de ses trois enfants, Annabel, 9 ans, Hart, 12 ans, et Grethe, 14 ans, suffisaient à la justice de l’époque pour le pendre…

L’affaire a déjà librement inspiré Charles Laughton en 1955 pour son beau film « La nuit du chasseur ». »

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Au début du 20ème siècle, être célibataire n’étais pas une bonne chose pour une femme. Les veuves en particulier avaient une vie difficile, et beaucoup d’entre elles cherchaient à se remarier par le biais des annonces matrimoniales dans les journaux. Ce dont beaucoup de femmes ne se rendaient pas compte, malheureusement, était que leur recherche d’amour et de sécurité pouvait les conduire dans les bras d’un monstre. Et c’est exactement ce qu’était Harry Powers.

Harry Powers était né « Herman Drenth » aux Pays-Bas, et il était venu aux États-Unis à la recherche d’une meilleure vie. En 1927, il avait épousé Luella Strother, une femme fortunée qui possédait une ferme et une épicerie en Virginie-Occidentale. Mais cela ne lui suffisait pas.

Powers réalisa après son mariage qu’il avait trouvé des « proies faciles ». Les veuves à l’époque étaient souvent rejetées par la société. Lorsque le mari d’une femme mourrait, même si elle avait de l’argent, elle se retrouvait très solitaire et extrêmement vulnérable à bien des égards.

Asta Eicher et ses enfants
Asta Eicher et ses enfants

Harry Powers décida donc de publier des annonces de rencontre aussi attrayantes que possibles dans les journaux à travers tous les États-Unis. Sa première annonce attira l’attention d’Asta Eicher, une veuve avec trois jeunes enfants qui vivaient dans l’Illinois. Asta Eicher laissa ses enfants avec un ami de la famille dans l’Illinois pour rendre visite à Harry Powers, qui se faisait appeler « Cornelius Pierson ». Powers l’assassinat peu de temps après son arrivé.
Il se rendit ensuite en Illinois pour récupérer les trois enfants. Il tenta d’encaisser un faux chèque au nom d’Eicher avec l’aide d’un des enfants, mais lorsque la supercherie fut mise à jour, il quitta précipitamment l’Illinois avec les enfants.

Powers s’en prit ensuite à Dorothy Lemke, une femme plus âgée vivant dans le Massachusetts. Powers la convainquit de lui donner 4000 $, une fortune à l’époque, et lui demanda de venir vivre avec lui dans l’Iowa. On ne la revit plus jamais.

La police commença toutefois une enquête lorsque les amis d’Asta Eicher déclarèrent sa disparition, ainsi que celle de ses enfants. Les enquêteurs constatèrent qu’il n’existait aucun Cornelius Pierson en Virginie-Occidentale, mais qu’il y avait un Harry Powers vivant dans la région, qui correspondait à sa description. La police se rendit chez lui et Harry Powers admit rapidement ses crimes.

Sous le garage de la maison où il vivait avec Luella Strother, il avait aménagé deux pièces aux murs de béton. Le sol des deux pièces était couvert de taches de sang. Interrogé par la police, il déclarera plusieurs fois qu’il avait ressenti un plaisir sexuel en provoquant la mort de ses victimes, et qu’il s’était sentit tout puissant lorsqu’il avait entendu leurs supplications.

La police remarqua un fossé fraîchement creusé à côté de la maison d’Harry Powers. Les enquêteurs y exhumèrent cinq corps, ceux d’Asta Eicher, ses trois enfants, et de Dorothy Lemke.
Asta Eicher et ses deux filles avaient été étranglées, son jeune fils avait été tué à coups de marteau. Dorothy Lemke avait été étranglé avec une ceinture, qui serrait encore son cou.

Lors de son procès, Harry Powers refusé d’avouer s’il avait fait plus de victimes que les cinq exhumées sur sa propriété. Il murmura : « Quelle est la différence si j’en ai tué 5 ou 50 ? ». Étant donné les nombreuses lettres envoyées par des veuves qui ont été découverts en sa possession, il est possible qu’il ait assassinés d’autres femmes.

Harry Powers a été condamné à mort et a été exécuté le 19 mars 1932.