Article mis à jour le 18 octobre 2015

C’était un assassin sadique : il a poignardé, pendu, étranglé et noyé des femmes. Elles ne se connaissaient pas entre elles et ne l’avaient jamais vu auparavant. Une survivante a expliqué par la suite que le tueur aimait tant tuer qu’il « applaudissait et dansait » en le faisant.
La police eut bien du mal à trouver le responsable et à appréhender un grand homme noir du nom de Coral Eugen Watts. Elle ne pu malheureusement pas le lier à la plupart des crimes, au Texas et au Michigan.
Le procureur voulait désespérément clore cette affaire et accepta un « plea bargain » (un marchandage). En 1982, Coral Eugene Watts plaida coupable des meurtres de 13 femmes qui, selon lui, « avaient le mal dans leurs yeux », mais il ne fut condamné que pour « cambriolage avec l’intention de commettre un meurtre »… Il fut condamné à 60 ans de prison. Le procureur, la police et le juge pensaient que c’était assez pour le maintenir derrière les barreaux jusqu’à sa mort.

Mais à présent, une bizarrerie du système judiciaire Texan pourrait court-circuiter leur « plan ». La loi de « libération obligatoire » visant à vider les prisons surpeuplées exige que Watts soit libéré le 8 mai 2006, sauf s’il perd les « crédits » qu’il a accumulé pour « bonne conduite ». Il n’aura que 52 ans.

On pense que Coral Eugene Watts a tué bien plus de femmes que les 13 dont il a avoué les meurtres. Des enquêteurs au Texas et au Michigan racle leur fond de tiroir, vérifie leur dossiers et leurs archives, afin de trouver le moindre indice qui pourrait lier Watts à une affaire pour laquelle il n’a pas passé ce « marché » en 1982.
« Tout le monde pense qu’il va tuer à nouveau », dit le Sergent de la police de Houston Tom Ladd, qui a interrogé Watts après son arrestation. « La dernière chose qu’il m’a dite, c’est : ‘ Vous savez, Tom, si je sors, je vais recommencer ‘. C’est une bombe à retardement« .
Selon Tom Ladd, il va être très difficile de trouver de nouvelles preuves. « Dans les années 80, on ne faisait pas de tests d’ADN et la collecte de preuve se faisait différemment » (moins bien…). « En plus, il était rapide. Il se jetait sur ces femmes, comme l’éclair, ça ne durait qu’un instant. Alors il ne laissait pas grand chose derrière lui ».
« C’était un prédateur. Il traquait ces femmes. Il montait dans sa voiture, la nuit, et il conduisait dans le coin. Lorsqu’il voyait une femme, il la suivait et il la tuait. Puis, il remontait tranquillement dans sa voiture. Et il pouvait chercher une autre femme ou simplement rentrer chez lui« .

les victimes de Coral Eugene Watts
Emily LaQua, Margaret Everson Fossi, Michele Maday, Elena Semander, Gloria Steele, Jeanne Clyne. Helen Dutcher, Shirley Small, Linda Tilley, Suzie Wolf, Anna Ledet, Elizabeth Montgomery.

Watts a attiré l’attention des autorités pour la première fois dans le Michigan, en 1974, lorsqu’il a été accusé d’avoir assommé et battue une femme à Kalamazoo. Il a été condamné en 1975 et a passé un an en prison.

Puis, il a déménagé à Ann Arbor, dans le Michigan, où la police a gardé un oeil sur lui mais ne l’a jamais arrêté en flagrant délit. « Il n’y avait pas de tests d’ADN et souvent pas de témoin. Pas de pistolet encore chaud… C’était difficile de prouver que c’était lui« .
Les autorités du Michigan suspectent pourtant Watts d’avoir agressé au moins 14 femmes et d’en avoir tué 8 à Ann Arbor, à Detroit et dans la ville Canadienne voisine de Windsor, entre octobre 1979 et novembre 1980.

Coral WattsMais ils n’ont rien pu prouver et n’ont pu que transmettre leurs soupçons aux autorités de Houston, lorsque Watts a à nouveau déménagé en 1981. « D’un point de vue logistique, il est impossible de garder un oeil sur un homme 24 heure sur 24, explique Ladd. On avait pas assez d’effectif. Et aucune preuve matérielle pour le suspecter de quoi que ce soit« .
Douze femmes moururent au Texas avant que le chemin de Watts ne croie à nouveau celui de la police.
Le 23 mai 1982, Watts étouffa Michelle Maday, 20 ans. Deux heures plus tard, il étrangla et battu Lori Lister dans un parking, puis traîna son corps jusqu’à chez elle.
La co-locataire de Lori Lister, Melinda Aguilar, se réveilla et trouva Watts debout au pied de son lit, qui la dévisageait. Il se jeta sur elle, tira ses cheveux en arrière et commença à l’étrangler. Elle eut la présence d’esprit de faire semblant de s’évanouir. Watts attacha les deux jeunes femmes avec des cintres en fil de fer. « Je savais qu’il était là pour tuer à cause de l’excitation que ça provoquait chez lui, expliqua Melinda Aguilar. Il aimait ce qu’il était en train de faire. Je me souviens qu’il sautait et qu’il tapait des mains et qu’il était très excité« .
Watts alla dans la salle de bain pour remplir la baignoire. Melinda Aguilar en profita pour se faufiler en dehors de l’appartement et appela la police, qui arriva juste à temps pour arrêter Watts qui s’enfuyait par la porte de devant.
A la surprise de tout le monde, Lori Lister était encore en vie. « C’est un miracle que je sois vivante, dit-elle. On m’a dit qu’il allait passer 60 ans en prison, et donc qu’il mourrait avant d’être autorisé à sortir. Ça m’a pris des années pour surmonter ma peur, j’ai été traumatisée. Ca serait une menace constante pour moi s’il était libéré ».

Brayn Colier, directeur de la division des libérations sur parole du Ministère de la Justice du Texas, a assuré que si Coral Eugene Watts sort effectivement en 2006, il sera surveillé étroitement jusqu’à sa 60ème année de condamnation, en 2042.
Harriett Semander, dont la fille de 20 ans, Elena Semander, a été étranglée par Watts, n’est pas convaincu que cela sera suffisant. « Il n’y a aucun doute pour moi : durant les 20 ans qu’il a passé en prison, il a du planifier son prochain meurtre. Il n’a du penser qu’à ça. Il était intelligent, rusé même. Il adorait tuer. Evidemment qu’il va recommencer, et lorsqu’une autre jeune femme sera tuée, ce sera tous de notre faute« .