Article mis à jour le 22 août 2022

Nom : Robert Lee Yates Jr.
Surnom : « The Spokane Killer » (« le Tueur de Spokane »)
Né le : 27 mai 1952, à Anacortes (état du Washington), près de Seattle, États-Unis
Mort le : Encore vivant (emprisonné au pénitencier de Walla Walla, état du Washington).

Cet ex – gardien de prison au Pénitencier de l’État du Washington, ancien pilote d’hélicoptère de l’Armée hautement décoré, père de cinq enfants, bon ouvrier d’une usine d’aluminium… a assassiné au moins 15 femmes, toutes prostituées et droguées, ainsi qu’un jeune couple et une jeune femme.
Il est soupçonné de 11 autres meurtres, commis dans l’État de Washington, au nord-ouest des USA. Robert Yates a violé puis exécuté ses victimes d’une ou plusieurs balles dans la tête.
Il a peut-être également tué en Allemagne, où il fut posté en tant que soldat, de 1980 à 1984 et de 1988 à 1991, mais aussi en Alabama.

Informations personnelles

Robert Yates a grandi à Oak Harbor, (tout au nord de l’État du Washington, sur la grande île de Whidbey), une communauté où le calme ambiant est souvent ponctué par le rugissement des avions à réaction et des patrouilleurs de la Base Aérienne Militaire de l’île, toute proche.

Ses parents étaient des gens affectueux qui ne se sont jamais montrés violents envers lui. Le couple était solide et avait des valeurs morales. Robert Yates a reçu une éducation fortement influencée par le Christianisme. C’était un enfant calme et obéissant, un écolier sérieux. Au lycée de Oak Harbor, il a fait partie de l’équipe de football, où il était apprécié par ses coéquipiers.

Robert et Linda Yates

En 1970, Yates a obtenu son bac. Deux ans plus tard, il s’est inscrit à l’Université de Walla-Walla (un établissement dirigé par les « Adventistes du 7ème jour » : une communauté protestante issue du baptisme), pour y étudier la médecine.
En août 1972, il a épousé Shirley Nylander, mais a divorcé en 1974. Il a abandonné ses études la même année.
Il s’est re-marié quelques mois plus tard avec Linda Brewer (ils ont eu quatre filles et un garçon).
En 1975, il a travaillé durant 6 mois comme gardien à la prison d’État de Walla-Walla (au sud-est de l’état).
En octobre 1976, la mère de Yates est morte d’un cancer.
Il s’est enrôlé dans l’Armée le 4 octobre 1977. Après à peine 3 ans de service, Yates s’est retrouvé adjudant à l’école de pilotage de Fort Rucker, en Alabama, la centre d’entraînement de l’Armée de l’Air. Il a rapidement obtenu son diplôme de pilote d’hélicoptère.

Yates a été stationné en Allemagne durant les pics de tension de la « Guerre Froide » des années 80. Durant sa carrière militaire, il a reçu trois ‘Meritorious Service Medals’ (médailles de services méritant), trois ‘Army Commendation Medals’ (médailles d’éloge de l’Armée), trois ‘Army Achievement Medals’ (médailles pour exploits réalisés dans l’Armée) et une ‘Médaille du Service Humanitaire’ pour avoir participé à une mission de secours dans le sud de la Floride, durant laquelle il a aidé à nettoyer les dégâts provoqués par l’ouragan Andrew en 1992.
Il a également reçu deux ‘Médailles des Forces Expéditionnaires Armées’ – une pour chaque période passée à voler dans des missions de « maintien de la paix », avec les ‘Unified Task Force’ en Somalie en 1993 et à Haïti -durant l’opération « Soutenir la Démocratie »- en 1994.
« C’était vraiment courageux de sa part d’aller là-bas et de chercher l’ennemi sans être lui-même armé », a dit l’adjudant-chef Jay Enders, qui vola avec Yates dans la Garde Nationale de l’état du Washington. « [Yates] était un vrai professionnel lorsqu’il était là-haut, très compétent ».

Yates a terminé sa carrière avec le grade de chief warrant officer-4 (adjudant chef de niveau 4), le grade le plus élevé qu’il pouvait atteindre dans l’Armée de l’Air en tant que pilote. Il avait cumulé plus de 5000 heures de vol en hélicoptère sans un seul incident et avait été décoré du titre de ‘Master Army Aviator’ (Aviateur spécialiste de l’Armée).

Après 18 années de carrière comme pilote, Yates était très proche des « 20 ans de service » après lesquelles les soldats obtiennent une belle pension de retraite. Pourtant, à la surprise générale, il a voulu quitter l’Armée dès mars 1996.

Redevenu un « civil », il s’est installé avec sa famille dans une sorte de ranch à deux étages, sur les collines au sud de Spokane. Toutefois, après quelques mois de retraite, Yates a cherché à piloter de nouveau.
En avril 1997, la Garde Nationale de l’état du Washington a accédé à sa requête.
Mais Yates n’était plus capable de voler. Un « rapport d’évaluation des performances » reçu par son officier supérieur en mai 1998 notait que « son moral et son dévouement restent intacts » malgré son incapacité à voler « car il n’a pas encore procédé à son examen médical ».
Il n’avait tout simplement plus la fraicheur et les réflexes de sa jeunesse…

L’adjudant-chef Yates a donc dû rester au sol, et on lui a proposé de mener des entraînements dans son Comté. Il a accepté et a également trouvé un emploi dans une usine d’aluminium.

Crimes et châtiment

Le 22 février 1990, à environ 8h30 du matin, la police de Spokane fut appelée parce que le corps nu d’une jeune femme noire avait été découvert près du block 4100, sur l’East Upriver Drive. Le cadavre était étendu près de la Spokane River. Les policiers découvrirent que la jeune femme avait été tuée de plusieurs coups de feu, et vu la taille des blessures, l’arme utilisée devait avoir été un petit calibre.
Ils fouillèrent les environs, mais ne trouvèrent aucun vêtements de la victime, ni aucun objet lui ayant appartenu. Ils ne trouvèrent pas non plus de balles ni de cartouches. Cela indiquait soit que le tueur avait pris soin de tout nettoyer, soit qu’il utilisait une arme qui n’éjectait pas les cartouches, soit encore, que la victime avait été tuée dans un autre lieu et transporté à cet endroit après sa mort. Les enquêteurs découvrirent la perruque de la victime, une couverture verte (comme celles utilisées par les militaires), une autre couverture, bariolée celle-ci, et une serviette blanche.

YolandaSapp

La victime fut identifiée comme étant Yolanda Sapp, 26 ans. Les enquêteurs apprirent que Yolanda avait déjà été arrêtée pour prostitution et usage de drogue. Elle avait été vue vivante pour la dernière fois deux jours avant que son corps ne soit découvert. Elle portait à ce moment-là un jeans noir, un t-shirt noir, des sous-vêtements noirs et un manteau en poil de lapin. Mais on ne trouva aucun de ses vêtements. Les amies de la victime affirmèrent aussi qu’il manquait des bracelets à ses poignets, un collier en argent, deux bagues et son porte-monnaie.
Comme on allait le faire pour toutes les autres victimes, on préleva des échantillons de poils et de fibres durant l’autopsie, ainsi que des prélèvements oraux, anaux et vaginaux.

NickkiLowe

Un peu plus d’un mois plus tard, un autre corps fut découvert. Le 25 mars 1990, la police se rendit au block 3200 le long de la East South Riverton, parce qu’un corps y avait été trouvé vers 18h. La victime était une femme blanche, et elle avait été tuée par balles. Elle fut identifiée comme étant Nickie Lowe, 34 ans, qui, comme Yolanda Sapp, avait déjà été arrêtée pour prostitution et usage de drogue. Nickie avait été aperçue vivante pour la dernière fois la veille, sur l’East Sprague Avenue, à Spokane.
Durant l’autopsie, on retira une balle de calibre 22 du crâne de Nickie. Le médecin légiste nota qu’une forte odeur d’huile de moteur émanait du corps. Les résultats des tests toxicologiques confirmèrent la présence de cocaïne dans le corps de la jeune femme.

Bien que les policiers qui enquêtaient sur les meurtres de Yolanda Sapp et Nickie Lowe furent raisonnablement certains que les deux femmes aient été tuées par le même homme, il y eu peu de progrès dans l’enquête durant les 7 semaines suivantes, et aucun autre corps ne fut découvert. Les policiers pensèrent que leur tueur avait déménagé dans une autre localité ou qu’il se faisait discret pendant un moment.

Kathy_Brisbois

Mais le 15 mai 1990, vers 19h45, le shérif du Comté de Spokane répondit à un appel : on avait trouvé un corps aux environs de Trent et Pines Road, le long de la Spokane River. La victime était une femme blanche, entièrement nue, qui ne portait que des bagues à ses doigts. Elle avait des contusions et des lacérations sur la tête et les policiers pensèrent qu’elle avait été frappée avec un objet. Ils observèrent également des blessures par balles.
Les enquêteurs découvrirent des vêtements féminins, une paire de chaussures, un sac en plastique taché de sang, un mégot de cigarette et des végétaux. Cette fois, ils trouvèrent aussi des traces de pneus, qui furent photographiées.
La victime fut identifiée comme étant Kathleen Brisbois, 38 ans. Des balles extraites de son corps ainsi que des poils et des fibres furent envoyés au laboratoire criminel de l’état. Les tests toxicologiques révélèrent la présence de morphine et de cocaïne dans le corps de Kathleen. Les enquêteurs apprirent également qu’elle se prostituait au moment de sa mort.

Les similarités entre les morts des victimes, le fait qu’un petit calibre avait été utilisé à chaque fois, et que toutes trois étaient prostituées : il n’y avait plus de doute dans l’esprit des policiers. Ils étaient bien en présence d’un tueur en série.
Malheureusement, ils ne savaient pas quand et où il allait frapper à nouveau. Ils n’avaient aucun moyen de l’identifier et réalisèrent que ce tueur allait pouvoir assassiner bien d’autres femmes avant qu’ils ne parviennent à l’appréhender.

Un autre tueur ?
Il semble qu’un autre tueur en série soit responsable des meurtres de Yolanda Sapp, Nickie Lowe et Kathleen Brisbois. En 2012, des preuves ADN ont relié Douglas Perry, 62 ans, à leurs meurtres. En 1998, emprisonné pour possession illégale d’armes à feu, il s’est vanté à un co-détenu d’avoir assassiné 9 prostituées. Il n’a, pour le moment, pas encore été condamné.

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la Bill Gulch Road

Deux années passèrent sans que d’autres victimes puissent être attribuées au serial killer de Spokane. Les enquêteurs ne savaient pas s’il avait déménagé ou s’il était devenu plus prudent et cachait les corps de ses victimes. Lorsqu’ils découvrirent la quatrième victime, en 1992, ils optèrent pour la théorie selon laquelle leur tueur avait assassiné des femmes durant deux ans dans une autre localité.
Le 13 mai 1992, la police découvrit que le tueur avait à nouveau frappé. Le corps d’une femme blanche, nu, fut découvert sur la Bill Gulch Road, à environ 400m du parking du Mont Spokane, dans le comté de Kitsap (tout à fait à l’ouest de l’état du Washington). Des vêtements étaient disséminés autour de la victime et un sac en plastique couvrait sa tête. Les chaussures furent trouvées à côté du corps. Les policiers découvrirent une balle, mais pas de cartouche. Il n’y avait aucun signe de lutte et peu de sang autour du corps, ce qui indiquait que la jeune femme avait été tuée dans un endroit différent et transportée jusqu’ici pour y être abandonnée.
Comme pour les autres victimes, on détermina que la jeune femme avait été tuée de plusieurs balles dans la tête. On préleva les balles, des poils, des fibres et du sperme.

SherryPalmer

La victime fut identifiée comme étant Sherry Anne Palmer, 19 ans, la plus jeune victime en date. Sherry avait été vue vivante pour la dernière fois alors qu’elle quittait le « Motel de Al », connu pour son utilisation par les prostituées et leurs clients. Ce motel se situait au 1421 North Divison, à Spokane, et Sherry l’avait quitté vers 23h pour aller voir son « petit ami ». Mais il ne la vit jamais arriver. Sherry se prostituait, mais ne consommait pas de drogue.

Trois nouvelles années passèrent sans que l’on trouve de nouvelles victimes du tueur. Les enquêteurs, pendant ce temps, envoyèrent des rapports à leurs collègues d’autres localités pour essayer de lier l’une des victimes à un suspect éventuel. Sans résultat. Les enquêteurs savaient que leur tueur opérait dans tout l’état du Washington et l’on eu peur que le Green River Killer puisse à nouveau être à l’œuvre.

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Peacock Hill Road

Le 25 août 1995, le corps nu de Patricia Barnes, 60 ans, une femme blanche, fut découvert à proximité du block 15900 de Peacock Hill Road dans le Comté de Kitsap. Le shérif du comté, Ron Trogdon, observa que le corps était partiellement couvert par des feuillages, apportés là, mais provenant d’un autre endroit. Ron Trogdon ne trouva que des bigoudis sur la scène du crime. Par contre, il découvrit par la suite une seconde pile de feuillages similaires à ceux qui couvraient le corps de Patricia Barnes, à environ 1,5km du cadavre. Lorsque les enquêteurs fouillèrent ces feuillages, ils découvrirent deux sacs plastiques qui contenaient des bigoudis semblables à ceux de Patricia. Ils trouvèrent également du sang, qui se révéla être celui de la victime.
Les investigations montrèrent que Barnes, la victime la plus âgée du tueur, avait été vue vivante pour la dernière fois le 22 août 1995 et qu’elle portait des bigoudis.
Patricia Barnes était une sorte de clocharde, mais n’avait aucun lien avec la prostitution ou l’usage de drogue. Elle était par contre alcoolique. L’autopsie permit de récupérer deux balles de calibre 22.

Le shérif Trogdon contacta le détective Marvin Hill, du Département de Police de Spokane, qui s’occupait de l’enquête sur le tueur en série. Il lui expliqua ce qu’il avait trouvé et ils en conclurent qu’ils cherchaient tous deux le même tueur.

En mars 1996, alors qu’il ne lui restait plus que quelques années à faire pour obtenir sa retraite et une belle pension, Yates demanda à quitter l’Armée. En avril, il déménagea à Spokane et loua une maison avec sa femme et ses cinq enfants. Durant plusieurs mois, il resta sans emploi.

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L’inquiétude commença à monter parmi les policiers de Spokane lorsque, le 14 juin 1996, le corps décomposé de Shannon Zielinski, 39 ans, fut découvert à l’intersection du parking du Mont Spokane et de Holcomb Road, à Spokane.
Contrairement aux autres victimes, qui avaient toutes été trouvées nues, Shannon était vêtue d’une courte robe grise moulante. Une serviette avait été posée sur sa poitrine et on découvrit une paire de collants, une paire de chaussettes et une botte noire non loin du corps. Il n’y avait aucun bijoux, ni de porte-monnaie et les policiers apprirent l’identité de Shannon Zielinski grâce à ses empreintes : elle avait déjà été arrêtée pour prostitution et usage de drogue. On trouva une cartouche près du cadavre. Il y avait peu de sang, pas de signe de lutte, elle avait été tuée dans un autre endroit. Comme toutes les autres, elle avait été assassinée de plusieurs balles dans la tête.
Shannon avait été vue vivante pour la dernière fois le 27 mai 1996, à environ 1h du matin, près de la Sprague Avenue et de Helena Street. Elle buvait de l’alcool avec un groupe d’hommes et avait été « accostée » par un policier, mais pas arrêtée. Elle portait sa robe grise moulante et ses grandes bottes noires.

En septembre 1996, Yates fut embauché pour assembler des circuits électroniques à Pantrol, une société de Spokane.
Mais le pilotage lui manquait. En avril 1997, Yates rejoignit la Garde Nationale de l’état du Washington comme ‘Chief Warrant Officer 4’, et on l’assigna à une unité du quartier Général de la 66ème Brigade d’Aviation à Fort Lewis, près de Tacoma (dans le Comté de Pierce).

Le 26 août 1997, plus d’un an après la découverte du corps de Shannon Zielinski, les policiers trouvèrent deux corps, l’un à la suite de l’autre.

Le premier était celui d’Heather Hernandez, 20 ans, une prostituée connue des services de police. Le cadavre fut trouvé dans un champ, derrière le 1817 East Springfield Avenue à Spokane, vêtu uniquement d’une chemise et d’un soutien-gorge. Il n’y avait aucun autre vêtement près du corps, pas de chaussures ni de porte-monnaie. Le détective Hill remarqua des traces de sang qui partaient du nord-est d’un parking et continuaient jusqu’au champ où le corps avait été découvert, montrant que le corps avait été traîné jusque-là. Heather avait été tuée de plusieurs balles dans la tête.

Dans un autre endroit, le détective Rick Grabenstein enquêtait sur la découverte du corps d’une jeune femme dans la Peone Prairie (un champ), près de la Forker Road, à Spokane. Le corps fut identifié comme étant celui de Jennifer Joseph, 16 ans, prostituée (originaire de Spanaway, près de Tacoma). Les policiers trouvèrent une couverture bleue, un chemisier auquel il manquait un bouton en nacre, un pantalon noir, deux chaussures, des sous-vêtements, un morceau d’antenne de voiture et un préservatif usagé. Comme les autres victimes, Jennifer avait été tuée dans un autre endroit et transportée à cet endroit. Elle avait été tuée d’un coup de feu à bout portant, en pleine poitrine.
Une autre prostituée qui avait travaillé avec Jennifer Joseph sur la Sprague Avenue l’avait vue vivante pour la dernière fois à 23h30, dix jours plus tôt, le 16 août. Elle était montée dans une Corvette blanche conduite par un homme.

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En septembre 1997, alors que Yates était au volant de sa Corvette blanche, un policier lui demanda de s’arrêter, car il avait roulé trop vite, près de la Sprague Avenue, le quartier de Spokane où travaillent les prostituées. Il était près d’une heure du matin. Yates s’en sortit avec une amende. (Le policier nota que Yates conduisait une Chevrolet Camaro et non pas une Corvette… Il fallut plusieurs mois avant que la Police ne vérifie le payement de ses amendes et, grâce à la plaque minéralogique, réalise que Yates conduisait en fait une Corvette 1977).

Le corps décomposé de Darla Sue Scott, prostituée de 29 ans, fut découvert le 5 novembre 1997 par un homme qui promenait son chien sur la Hangman Valley Road. Sa tête était couverte par deux sacs plastiques. Elle avait été tuée de deux balles dans la tête, puis transportée jusqu’à cet endroit isolé et enterrée dans un trou peu profond, près d’une rivière. On ne retrouva aucun vêtement, excepté son chemisier.

En novembre 1997, Yates fut de nouveau assigné pour avoir roulé trop vite dans sa Corvette, à environ six kilomètres de l’endroit où le corps de Darla Sue Scott avait été retrouvé, 3 semaines auparavant.

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50th South Street

Le 7 décembre 1997, de l’autre côté de l’état, la police répondit à un appel qui lui indiquait qu’un corps nu était allongé le long d’une route, dans le block 500 sur la 50th South Street, à Tacoma. Le corps était partiellement couvert par des branches et sa tête était recouverte de quatre sachets en plastique. Les enquêteurs purent déterminer que le meurtre avait été commis ailleurs. L’autopsie montra que la jeune femme -identifiée par la suite comme étant Melinda Mercer, 34 ans- avait été tuée de 3 balles dans la tête. Les vêtements de Melinda étaient dispersés autour et sur son corps. On ne trouva pas son porte-monnaie vert (alors que ses amis affirmaient qu’elle ne s’en séparait jamais), ni ses bagues.
Le fait que les bijoux et certains vêtements de Mercer aient disparus, comme pour les autres victimes, poussèrent les enquêteurs à penser que le tueur gardait certains effets de ses victimes comme des trophées ou des souvenirs de ses meurtres.
Les policiers de Tacoma apprirent que Melinda avait été vue vivante pour la dernière fois le soir du 6 décembre, sur le parking d’une épicerie dans le block 1800 de la 45ème Rue Nord-Est, à Seattle, en compagnie d’un homme conduisant un monospace bordeaux tout neuf. Melinda Mercer avait déjà été arrêtée pour prostitution et usage de drogue. Les tests toxicologiques révélèrent qu’elle avait consommé de la cocaïne et des opiacés avant sa mort.

Le 18 décembre 1997, le corps décomposé, mais habillé de Shawn L. Johnson, 36 ans, fut découvert près de la Hangman Valley Road, non loin de l’endroit où avait été trouvée Darla Sue Scott. Sa tête était recouverte par deux sacs plastiques. L’autopsie détermina que, tout comme Joseph, Scott et Mercer, elle avait été tuée de plusieurs coups de feu dans la tête. Le corps avait été jeté de l’autre côté d’un talus escarpé et avait roulé jusqu’en bas, à une dizaine de mètres de la route.

Shawn avait été aperçue vivante pour la dernière fois au nord-est de Spokane, deux mois plut tôt, le soir du 17 octobre, alors qu’elle partait se prostituer sur la Sprague Avenue. Bien que son véhicule ait été trouvé sur le parking d’un K-Mart sur la Sprague Avenue le 19 octobre, (car signalé comme abandonné par les employés du magasin), les autorités ne posèrent les scellés que le 23 décembre, après que son corps ait été découvert et qu’il ait été déterminé qu’elle était l’une des victimes du tueur en série… La voiture fut fouillée et on y préleva des poils et des fibres.

Le 26 décembre 1997, deux corps habillés furent découverts, partiellement dissimulés sous des feuillages, le long de la 14ème Avenue Est, au sud de Spokane, près de la Hangman Valley Road. Laurel Wason, 31 ans et Shawn McClenahan, 39 ans, avaient toutes deux été tuées ailleurs et abandonnées là. Toutes deux avaient des antécédents de drogues et de prostitution. Aucune des deux ne portait de chaussures.
La tête de Lauren était recouverte par trois sacs plastiques et elle avait été tuée de deux balles dans la tête. Des branchages de plantes qui ne poussaient pas à cet endroit (érable, bouleau, rose, hortensia, vigne d’Oregon, caroubier, forsythia, buisson japonais, chrysanthème… ), du terreau, des coquilles de cacahuètes, de l’emballage en polystyrène, des bouts de bois blancs et des éclats de béton s’amoncelaient son corps.
Trois sacs plastiques recouvraient la tête de Shawn McClenahan. Elle avait été tuée de deux balles dans la tête. Les mêmes débris couvraient son corps.
Les policiers purent déterminer que Laurel Wason portait un trench coat noir lorsqu’elle avait été vue vivante pour la dernière fois, et que Shawn McClenahan portait un manteau de nylon bleu. Mais aucun des deux manteaux ne fut retrouvés.
Il apparut que le tueur avait tenté de dissimuler les corps, et avait utilisé à cet effet une grande variété de débris et de plantes. Les enquêteurs pensèrent que le tueur avait apporté ceux-ci de sa maison ou d’un endroit auquel il avait facilement accès. Si un suspect était arrêté, il faudrait comparer la végétation et les débris qui pourraient être trouvés chez lui avec ceux qui couvraient les corps des deux victimes.

Le 31 janvier 1988, les journaux de Spokane publièrent des articles sur les meurtres de sept femmes, survenus depuis l’été 1997 (en commençant donc par le meurtre de Jennifer Joseph, et en « oubliant » les précédentes). Ils pensaient que le coupable pouvait être le Green River Killer de Seattle.

La Force spéciale de la Police (crée peu après la découverte des corps de Wason et McClenahan) enquêtait aussi sur les liens possibles avec onze autres meurtres non-résolus dans la région, depuis 1984 (l’année durant laquelle le « Green River Killer » arrêta de tuer, alors qu’il avait enlevé la vie de 49 femmes durant 3 ans). En se fondant sur les analyses du FBI, les autorités annoncèrent : « Nous sommes quasiment certains que cet individu, ou ces individus, ne sont en rien connectés avec le Green River Killer ».

« Green River Killer » ou pas, dans les 10 mois qui allaient suivre, 10 autres victimes allaient être retrouvées.

Sunny G. Oster, 41 ans, fut découverte le 8 février 1998, dans un fossé, dans une région boisée de l’ouest du Comté de Spokane. Elle avait toutes les « marques de fabriques » du tueur. Sa tête était couverte de trois sacs plastiques, elle avait été tuée de deux balles dans la tête. Elle était habillée et on trouva une paire de chaussures à côté du corps.
La dernière fois qu’elle avait été aperçue vivante, le 1er novembre 1997, Sunny se prostituait sur la Sprague Avenue. Elle portait un porte-monnaie que l’on ne retrouva pas, et que le tueur avait sûrement emporté.

En mars 1998, la famille Yates déménagea. Robert Yates avait acheté une maison à 1,5 km de celle qu’ils louaient.

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Vue de Spokane

Le corps de Linda Maybin, 34 ans, fut découvert le 1er avril 1998, à peine à 50m de l’endroit où avaient été trouvées Wason et McClenahan, sur la 14ème Avenue Est. Deux sacs plastiques couvraient sa tête. Elle avait été tuée d’une balle dans le crâne. Des branchages de plantes qui ne poussaient pas à cet endroit couvraient son corps, les mêmes que ceux que l’on avait trouvés sur les autres corps. On ne trouva qu’une serviette en papier près d’elle, et pas de sac ni de porte-monnaie. Elle était habillée, mais son cadavre était décomposé et avait été grignoté par des animaux. Elle était là depuis un bon moment.
Elle avait été aperçue vivante pour la dernière fois le 21 novembre 1997 par un policier, sur la Sprague Avenue. Sa disparition avait été signalée le 29 novembre par une employée du District de Santé du comté de Spokane qui travaillait avec des prostituées.
Le fait que le corps de Linda Maybin ait été découvert si près de l’endroit où les corps de Wason et McClenahan avaient été trouvés poussa les policiers à penser que le tueur utilisait cet emplacement comme « décharge ». Mais on ne trouva aucun autre corps dans les environs.

En mai 1998, Yates vendit sa Corvette blanche à Mme Rita Jones, à Spokane.

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218, North Crestline

La victime suivante fut découverte le 7 juillet 1998. Michelyn Derning, prostituée de 47 ans, fut trouvée par un clochard au 218, North Crestline, dans un endroit fréquenté par les prostituées, dans le centre-est de Spokane. Son frère était policier. Elle était venue à Spokane pour tenter de « changer de vie »… Elle avait été tuée d’une balle dans la tête quelques jours auparavant. Michelyn Derning n’avait pas été violée et avait été tuée à l’endroit où elle a été trouvée. Son corps nu était couvert par de l’herbe, un morceau de polystyrène et deux couvercles de cuves. Les policiers déterminèrent que les deux couvercles provenaient d’un tas de débris, juste à côté.

Sa mâchoire inférieure, sur laquelle Michelyn avait fait graver son nom, avait été arrachée. Les tests toxicologiques révélèrent la présence de méthamphétamines dans son corps.

En septembre 1998, Yates fut licencié de l’entreprise Pantrol à cause d’une réduction de personnel.

Le corps décomposé de Connie LaFontaine Ellis, 35 ans, fut découvert le 13 octobre 1998, dans un fossé, près du block 1700 de la 108ème Rue Sud, à Tacoma. Trois sacs plastiques couvraient sa tête et elle avait été tuée d’une balle dans le crâne. Les policiers trouvèrent une balle de 9mm sur place, mais l’enquête montra que Connie portait elle-même un petit pistolet capable de tirer des balles de calibre 9mm. Les enquêteurs pensèrent alors que la balle appartenait à Ellis et non pas au tueur (qui avait utilisé du calibre 22 ou 25 auparavant). On ne trouva pas l’arme de Connie Ellis. Comme les autres victimes, elle était fichée pour prostitution et usage de drogue.
Des enquêtes sur les meurtres de prostituées (liées au tueur en série de Spokane) se poursuivaient dans plusieurs comtés, et il était clair que le tueur voyageait à travers l’état du Washington. Aussi, les policiers du comté de Pierce (dont dépend Tacoma) informèrent les policiers de Spokane de la découverte du corps de Connie Ellis.
Cela portait le nombre de meurtres attribués au tueur en série à 17. D’autres n’avaient peut-être pas été liés au tueur, ou n’avaient pas encore été découverts.

Des échantillons prélevés durant les autopsies de Scott, Johnson, Wason, McClenahan, Mercer, Derning, et Oster révélèrent la présence de sperme, ainsi que sur le préservatif trouvé à côté de Maybin. Les tests ADN démontrèrent que le sperme était celui d’une seule et unique personne : le tueur.

Une prostituée se fait normalement rétribuer à l’avance pour ses services. Chacune des victimes aurait donc dû avoir de l’argent sur elle au moment de leur mort. Mais aucune n’en avait. Leur porte-monnaie, sac et pièces d’identité manquaient également. Toutes ces femmes avaient été volées avant ou après avoir été assassinées.

Le 10 novembre 1998, à 1h25 du matin, Yates fut de nouveau assigné pour excès de vitesse, cette fois au coin de la 1ère et de Crestline, dans une voiture d’un modèle ancien, une Honda Civic de 1985. Les policiers reprochèrent à Yates d’avoir « ramassé » une prostituée connue de leurs services, Jennifer Robinson, mais Yates soutint avec force qu’il ramenait la jeune femme chez elle à la demande de son père. Comme Robinson acquiesçait, les policiers laissèrent Yates repartir, mais ils notèrent cette rencontre dans leur rapport.

Deux jours plus tard, l’une des filles de Yates porta plainte à la police en affirmant : « Mon père me bat tout le temps ». Yates fut accusé de « coups et blessures ». Mais, en janvier 1999, on lui expliqua que l’accusation de « coups et blessures » sur sa fille serait abandonnée s’il ne faisait rien de similaire durant 2 ans !

Alors que l’on entrait dans l’année 1999, les enquêteurs apprirent qu’il existait une plainte intéressante, déposée le 1er août 1998, dans laquelle Christine L. Smith, 30 ans, affirmait avoir été victime d’une agression et d’un vol alors qu’elle se prostituait sur la Sprague Avenue.
Smith avait expliqué qu’un client l’avait fait monter dans une camionnette noire des années 70 avec des bandes oranges du côté passager. Il y avait un lit en bois et un matelas à l’arrière. L’homme était blanc, environ 50 ans, 80kg, de carrure normale. Il avait de courts cheveux blonds grisonnants et un visage un peu grêlé. Il n’avait pas l’air nerveux, il ne sentait pas l’alcool.

Pilote d’hélicoptère
Robert Yates était tellement fier d’être pilote d’hélicoptère (et d’un grade élevé) qu’il s’en vantait souvent. L’une de ses voisines a dit qu’elle le trouvait sympathique, mais qu’il parlait tout le temps du fait qu’il était pilote. Yates en était si fier qu’il en a même parlé à sa future victime, Christine Smith ! Il ne lui a même pas menti. Il lui a dit qu’il était marié, père de cinq enfants et… pilote d’hélicoptère.

Après avoir négocié le prix, elle lui avait demandé de la conduire derrière une clinique, sur la 5ème Rue. Tout en conduisant, son client lui avait affirmé être un pilote d’hélicoptère de la Garde Nationale. Elle lui avait alors demandé s’il était le « tueur psychopathe » qui tuait des prostituées. Il avait répondu par la négative, ajoutant qu’il avait cinq enfants et qu’il n’était pas « ce genre de type ».
Arrivé derrière la clinique, il l’avait payé 40 dollars pour « une relation sexuelle orale ». Elle avait accepté, mais après plus de 5 minutes, il ne parvenait toujours pas à obtenir une érection. Et soudain, l’homme l’avait frappé avec quelque chose à la tête. Elle avait failli perdre conscience et était tombé à la renverse. L’homme lui avait alors ordonné de lui rendre ses 40 dollars. Lorsque Christine Smith avait vu qu’elle saignait, elle avait tenté de trouver la poignée de la porte arrière de la camionnette. Mais il n’y en avait pas !

Elle avait alors dit à l’homme qu’elle allait chercher son argent dans son sac, à l’avant de la camionnette. Elle avait ouvert la portière du côté passager, avait bondi hors de la camionnette et avait couru jusqu’à un centre de rééducation où un gardien lui était venu en aide. Il l’avait conduite à l’hôpital, où les médecins avaient refermé sa blessure avec trois agrafes, devant et derrière son oreille gauche.
Peu après, elle était allée porter plainte à la police.

Durant l’enquête, les policiers découvrirent une piste prometteuse : des témoins avaient affirmé que la première victime « officielle », Jennifer Joseph, avait été vu vivante pour la dernière fois en train de monter dans une Corvette blanche. Les enquêteurs commencèrent à compiler une liste des propriétaires de Corvette blanche dans tous l’est de l’état du Washington. Puis, ils croisèrent cette liste avec les noms des personnes qui avaient été arrêtées ou assignées par la police dans les endroits fréquentés par les prostituées et formellement identifié dans les rapports.

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Le nom de Robert Yates apparut plusieurs fois. En plus de « l’incident » du 10 novembre 1998, il y en avait eu un autre plus tôt, en septembre 1997, au coin de Sprague Avenue et de Ralph.
Les enquêteurs progressaient jour après jour et la Force Spécial commençait à s’intéresser sérieusement à Robert Lee Yates. Il ressemblait à l’homme qui avait agressé Christine Smith, il avait conduit une Corvette blanche et une Honda Civic, il était membre de la Washington National Guard… et il était pilote d’hélicoptère !

Le 15 septembre 1999, Yates fut donc invité à rencontrer les enquêteurs dans le ‘Public Safety Building’ pour une entrevue. Il n’était alors que l’une des nombreuses personnes qui, à la fois, possédaient une Corvette blanche et avaient été identifié dans les environs de la Sprague Avenue.
Au commencement de l’entrevue, les policiers expliquèrent à Yates que son nom avait surgi lors de l’enquête, mais qu’il n’était pas considéré comme un suspect, qu’il était libre de partir quand il le voudrait et pouvait refuser de répondre aux questions.
Les policiers et lui discutèrent de ses dernières rencontres avec la police, et notamment lorsqu’il avait été arrêté après avoir « ramassé » Jennifer Robinson le 10 novembre 1998. Yates expliqua qu’il ramenait simplement la jeune femme chez elle à la demande du père de celle-ci, avec qui il travaillait. C’était tout à fait le genre d’histoire que les clients racontent à la police lorsqu’on les prend la main dans le sac et les enquêteurs le dirent à Yates. Mais ce dernier ne démordit pas. Quand les policiers lui demandèrent de se souvenir du nom de la fille, il ne put que leur dire son prénom, Jennifer. Les policiers lui demandèrent alors le nom de son père… et Yates ne pu répondre. Il tenta d’expliquer qu’ils avaient travaillés ensemble, certes, mais seulement quelques jours…
Les enquêteurs avertirent Yates qu’ils pensaient qu’il mentait, mais il persista. Ils lui demandèrent s’il possédait une Corvette blanche, il répondit qu’il l’avait vendu, et qu’il avait à présent une Honda Civic argentée et une Honda Accord bleue. Il expliqua qu’il avait accès à d’autres véhicules dans la société où il travaillait, mais qu’il ne les utilisait jamais pour son usage personnel.
Les policiers lui demandèrent alors s’il avait jamais eu des « contacts » avec des prostituées. Yates répondit qu’il n’avait jamais été voir de prostituées à Spokane, mais admit qu’il l’avait fait en Allemagne quelques années auparavant, alors qu’il était encore dans l’Armée.
Lorsque les enquêteurs lui demandèrent de faire une prise de sang, pour leur en fournir un échantillon (afin de procéder à une analyse d’ADN), Yates leur répondit qu’il devait d’abord y réfléchir et en parler avec sa femme…

Le lendemain, les policiers parlèrent avec Jennifer Robinson de « l’incident » du 10 novembre. Elle affirma que Yates avait accepté de la payer 20 dollars « en échange de rapports sexuels oraux », mais que lorsqu’ils avaient été arrêtés par la police, Yates avait inventé cette histoire au sujet de son père. Elle expliqua que son père ne travaillait pas du tout avec Yates, et que Yates avait donné à la police une fausse adresse de la maison de son soi-disant père.

Trois jours plus tard, Yates appela les enquêteurs pour leur dire… qu’il refusait de leur donner un échantillon de sang.
Il devint alors le principal suspect de la série de meurtres et les policiers décidèrent de retrouver la Corvette blanche qu’il avait vendue.

Mais un autre problème apparut soudain. L’unité spéciale avait passé 3 longues années à tenter d’appréhender le tueur. La police avait relevé un total de 18 meurtres de prostituées à Spokane, Tacoma et dans le Comté de Kinsap. Cela avait coûté plus de 2 millions de dollars. Le passage du temps et le manque d’argent menaçait l’enquête.
Début janvier 2000, alors qu’ils étaient si près du but, de sérieuses coupes dans le budget forcèrent le département de police de Spokane à « sacrifier » ses 5 enquêteurs de l’unité spéciale. Il ne restait plus que les hommes du shérif… et le FBI. Les policiers possédaient des échantillons de l’ADN du tueur, provenant de plusieurs scènes de crime (du sperme, notamment), mais pas de preuves flagrantes qui auraient pu lier Yates aux meurtres (et l’obliger par là-même à fournir un échantillon de son sang).

Le Shérif du Comté de Spokane, Mark Sterk, décida alors de tenir une réunion publique pour demander aux citoyens de la ville de l’aider, mais sans grands résultats. Il présenta les photos des victimes supposées du « Tueur de Spokane », par ordre chronologique, devant plus de 200 personnes. Il en profita pour dire que la police possédait l’ADN du tueur, et que d’autres affaires similaires avaient été découvertes dans d’autres états et même en Allemagne (où Yates avait séjourné), afin de pousser leur suspect dans ses derniers retranchements.
Mais, en parfait militaire, Yates resta calme et ne se trahit pas.

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Les autorités créèrent également des panneaux d’affichages et des enseignes sur les bus qui montraient les photos des victimes et proposait 10 000 dollars de récompense pour des informations utiles.
C’était – en fait – surtout pour assurer aux familles des victimes que la police continuait son enquête et n’avait pas abandonné.

Alors qu’ils menaient leur enquête sur Yates, les policiers découvrirent que durant une période d’un an, de l’été 1997 à l’été 1998, Yates était « resté au sol » et n’avait pas été autorisé à piloter d’hélicoptère, car il devait attendre de procéder à des examens médicaux. La plupart des prostituées avaient été tuées durant cette période, justement et les policiers pensèrent que le fait de ne pas pouvoir voler avait enflammé les élans meurtriers de Robert Yates.

Les policiers décidèrent donc d’interroger Linda Yates, l’épouse de Robert Yates.
Et que fit-elle ? Elle « chargea » son mari.
Elle leur expliqua qu’il était arrivé à son époux de passer la nuit entière dehors, ne rentrant qu’au petit matin. Une fois, elle avait vu du sang à l’arrière de la camionnette et un lit pliant. Selon ce qu’elle dit aux policiers, cette fois-là, Robert Yates avait conduit sa fille à son travail vers 23h, mais n’était pas revenu chez lui avant 6h30 du matin. Lorsqu’elle lui avait ouvert les portes du garage, il était entré et était allé chercher du produit et des chiffons pour nettoyer l’arrière du véhicule.
Robert Yates lui avait dit qu’il avait percuté un chien et qu’il l’avait mis à l’arrière de sa camionnette pour le conduire chez un vétérinaire. En route, le chien avait saigné sur le matelas. Yates avait enlevé ce matelas, l’avait brûlé et l’avait remplacé par un autre.

Le 14 janvier 2000, les enquêteurs interrogèrent l’ancien patron de Yates, à la société ‘Pantrol’. Celui-ci leur indiqua que Yates avait possédé plusieurs véhicules, dont un pickup Ford de 1985 et une camionnette. Il avait eu sa camionnette peu avant d’être licencié de ‘Pantrol’ en juin 1998. Deux à trois mois avant qu’il ne rencontre Christine Smith, celle qui lui avait échappé, en août 1988.
Les policiers se demandèrent pourquoi Yates n’avait pas mentionné ces autres véhicules durant son entrevue avec les policiers…

Fin janvier 2000, la police retrouva le nouveau propriétaire de la Corvette de Yates dans le garage de la sœur de Mme Rita Jones (qui travaillait pour la police de Spokane). Les officiers obtinrent la permission de fouiller le véhicule et y trouvèrent un bouton en nacre -celui qui manquait à la chemise de Jennifer Joseph- ainsi que des fibres de moquette qui correspondaient à celles trouvées sur les chaussures de Jennifer Joseph. Ils découvrirent également des traces de sang sur la boucle de la ceinture de sécurité et les sièges, qui concordaient avec l’ADN des parents de la jeune femme.
(Le corps de Jennifer Joseph était tellement décomposé lorsqu’il a été retrouvé qu’il n’a pas été possible d’en recueillir un échantillon d’ADN. On a donc comparé l’ADN du sang retrouvé dans la voiture de Yates à celui des parents de Jennifer, et l’on a pu prouver que cet ADN était « celui d’un enfant des deux parents Joseph »).

Le 18 avril 2000, à 6 heure 30 du matin, les policiers stoppèrent un véhicule au nord de Market Street, à Spokane. Yates, qui se rendait à son travail à ‘Kaiser Aluminum’, fut arrêté pour le meurtre de Jennifer Joseph.

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Sa maison, au 2220 E. 49ème rue, au sud de Spokane, fut rapidement bouclée et entourée par des bâches bleues. L’épouse et les enfants de Yates furent priés de déménager.
Des enquêteurs commencèrent à fouiller patiemment l’intérieur et l’extérieur de l’habitation à la recherche de preuves. Ils découvrirent des espèces de plantes et d’arbres identiques à celles qui avaient été trouvées sur les corps de Wason, McClenahan et Maybin.
Ils trouvèrent également des morceaux de béton, des bouts de bois, des coquilles de cacahuète et des cailloux. Tout cela avaient été trouvés sur les corps des victimes pour tenter de les dissimuler.

Yates fut emprisonné dans la prison du Comté de Spokane.

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Le lendemain soir, Yates fut inculpé du meurtre de Jennifer Joseph. Il dut donner un échantillon de son sang. Quelques jours plus tard, le Shériff Mark Sterk annonca que Yates était suspecté de huit autres meurtres : ceux de Darla Scott, Shawn Johnson, Laurel Wason, Shawn McClenahan, Melinda Mercer, Sunny Oster, Linda Maybin et Michelyn Derning. L’ADN de Yates correspondait à celui du sperme que les enquêteurs avaient prélevé sur le corps des victimes.
Le shérif du comté de Spokane ajouta que Yates était suspecté du meurtre de 12 à 18 femmes dans plusieurs comtés différents.
Le 25 avril, une empreinte digitale trouvée sur le sac plastique qui recouvrait la tête de Shawn McClenahan pu être développée. C’était l’empreinte d’un des doigts de Robert Lee Yates.

La caution de Yates fut fixée à 1,5 million de dollars, payables comptant.

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Les enquêteurs parvinrent à localiser et à saisir plusieurs des véhicules qui avaient appartenu à Yates, dont une camionnette Ford de 1979. Celle-ci était noire et avait des bandes oranges sur la portière passager… qui avaient été repeintes avec de la peinture noire : la camionnette dont leur avait parlé Christine Smith.
À l’arrière se trouvait une plateforme surélevée comme un lit, couverte par de la moquette. Les policiers trouvèrent de nombreuses taches dans la camionnette, qui se révélèrent être du sang. Ils trouvèrent également une cartouche de calibre 25 de marque « Magtech », les mêmes munitions que celles utilisées dans les meurtres de Johnson, Wason, McClenahan, Oster, Maybin, Ellis et Mercer.

Le 18 mai, Christine Smith contacta à nouveau la police, car elle avait reconnu Yates comme étant son agresseur, sur une photo publiée par le journal « Spokesman Review ». Smith avait eu un accident de voiture quelques semaines auparavant et des radios avaient révélé la présence de fragments d’une balle dans son crâne. Elle avait cru que son agresseur l’avait frappé à la tête, alors que Yates lui avait en fait tiré dessus !

Elle accepta de faire enlever les fragments de balle de sa tête, pour voir s’ils correspondaient à d’autres balles extraites de la tête des victimes de Yates. C’était le cas.

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Robert Lee Yates Jr. parut prêt à avouer une série de 13 meurtres. Les charges étaient lourdes et les preuves s’accumulaient. Aussi, les avocats de Yates promirent une confession très détaillée en échange de la clémence du jury : comment il avait trouvé ses victimes, les avait conduites jusqu’à un endroit reculé pour les tuer avec son pistolet. Il allait même avouer qu’il avait eu des rapports sexuels avec les cadavres.
Yates offrit de se soumettre à un examen en profondeur du FBI, en partie parce qu’il voulait savoir si ses actes étaient liés à la génétique, sa grand-mère ayant tué son mari avec une hache…

Pour échapper à la peine capitale, Yates a même avoué des meurtres dont il n’était pas formellement accusé :

Susan Savage, 22 ans, et Patrick Oliver, 21 ans, deux amis d’enfance, avaient été les premiers à croiser la route de Robert Yates.
En 1975, le jeune couple pique-niquait sur les berges de la Mill Creek, près de Walla Walla. Oliver venait de terminer des études en France et Susan avait obtenu son diplôme à l’Université de l’état du Washington. Mais Yates était tombé sur eux alors qu’il s’entraînait au tir dans le même coin. Il avait alors 23 ans.
Patrick Oliver avait été tué de trois balles dans la tête, puis Susan Savage, de deux balles dans la tête. Yates avait caché les corps des jeunes gens sous des branchages, mais ils avaient été trouvés quelques jours plus tard. Il avait fallu encore 25 années avant que les familles du couple apprennent qu’ils avaient été les premières victimes d’un tueur en série, quand Yates a avoué qu’il était responsable de leurs morts.
Le Shérif Humphreys, lorsqu’il a entendu que Yates avait été arrêté, a demandé à ses enquêteurs de fouiller dans les dossiers pour voir s’il y avait des indices qui auraient pu le lier au double meurtre. Et, justement, il y avait des liens entre Yates et la mort du couple.
« Nous avons procédé à des recherches dans nos dossiers et nous avons découvert que le nom de Yates était apparu durant l’enquête, en 1975, parce qu’il avait acheté des munitions semblables à celles utilisées pour le double homicide. Et il les a achetés tout juste 10 jours avant les meurtres ».
Yates possédait un calibre 357 et a travaillé dans le pénitencier de Walla Walla. Selon le Shérif Humphreys, Yates allait souvent « se promener » le long de la ‘Mill Creek area’ pour s’entraîner au tir. Les enquêteurs pensent que Yates est tombé par hasard sur Oliver et Susan, et qu’il les a tués « pour le sport », avant de les cacher sous des branches.

Stacy Elizabeth Hawn, 23 ans, originaire de Seattle, a été la première prostituée (connue) à être tuée par Yates aux alentours du 7 juillet 1988. Son squelette avait été trouvé cinq mois plus tard dans le Comté de Skagit, près du Mont Vernon. Stacy avait été tuée d’une balle dans la tête.
Au départ, Stacy Hawn avait été incluse dans la liste des victimes possibles du Green River Killer. Mais Yates a finalement avoué son meurtre, a indiqué précisément l’endroit où elle avait été trouvée, et a décrit ses blessures.
La nouvelle a surpris même les plus expérimentés des policiers du Comté de Skagit. « J’ai été ébahi, tout comme mon shérif local », a admis le Procureur du comté, Tom Verge. « Penser qu’une connexion a été établie entre M. Yates et notre petit Comté, ça a probablement été le coup de fil de ma vie ».
Yates connaissait des choses que seul le tueur pouvait savoir : que la victime avait été tuée d’une seule balle dans la tête et que Stacy Hawn avait disparu du nord de Seattle en juin 1988. Yates savait même exactement quand et où le corps de la jeune femme avait été abandonné.
Hawn était sur la liste des victimes possibles du Green River Killer. « Nous avions très peu d’indices physiques », a dit Tom Verge. « Nous n’aurions rien eu du tout sans la confession de M. Yates ».

Melody Ann Murfin, 43 ans, qui avait disparu en 1998 et avait toujours été inscrite dans la liste des victimes du tueur en série de Spokane. Son corps fut trouvé le 18 octobre 2000, enterrée dans le jardin de Yates, sous la fenêtre de sa chambre ! Bien que les autorités aient fouillé le jardin de Yates après son arrestation, elles n’ont trouvé le corps qu’après que Yates a indiqué l’endroit précis.

Mais le prix de Yates, en échange de toute cette bonne volonté, de tous ces aveux, de tous ces détails, était élevé. Il voulait vivre. Il voulait la prison à vie plutôt que la peine capitale.
Le 26 octobre 2000, après de nombreux et effroyables « plea bargains » (accord entre le juge et l’accusé qui permet à l’accusé de voir ses charges réduites en échange de sa coopération), Yates fut finalement condamné à 408 années de prison pour 13 meurtres.

Yates fut ensuite transféré dans le Comté de Pierce, où il fut accusé des meurtres avec préméditation de Melinda Mercer et Connie LaFontaine Ellis.
Melinda Mercer avait été vue pour la dernière fois vivante le 6 décembre 1997. Son corps avait été retrouvé le lendemain près de Fort Lewis, où Yates était pilote pour la Washington Army National Guard. Elle avait été tuée d’une balle de calibre 25 et quatre sacs plastiques couvraient sa tête.
Connie Ellis avait été vue vivante pour la dernière fois le 11 septembre 1998. Son corps avait été retrouvé un mois plus tard. Comme Mercer, Ellis avait été par balles, avec du calibre 25. Sa tête était couverte par trois sacs plastiques. L’ADN de Yates concordait avec les échantillons de sperme prélevé sur le corps de Mercer, et du sang d’Ellis fut trouvé dans la camionnette de Yates.
Dans les deux cas, les enquêteurs avaient pu récupérer des fragments des balles du crâne des victimes. Ils avaient pu démontrer que les balles avaient été tirées par un pistolet semi-automatique « Raven », calibre 25. Et Yates possédait deux pistolets de ce modèle…

Yates n’a jamais fourni la vaste coopération qu’il avait promise lors de son premier procès. Pourquoi ? Parce que le procureur du comté de Pierce n’a pas voulu accepter le « deal ». Le procureur Gerry Horne a demandé à ce que Yates puisse être condamné à mort dans son comté, pour les meurtres de Melinda Mercer et Connie LaFontaine Ellis.  » Yates « , a-t-il dit,  » mérite de mourir « . Yates a donc plaidé non-coupable pour ces deux meurtres…
Mal lui en a pris, car les jurés ont déclaré qu’il était bien coupables des meurtres de ces deux femmes et il a été condamné à mort le 4 octobre 2002.

Les autres victimes :
– Yates n’a jamais été accusé d’avoir tué Kathleen Brisbois (découverte le 15 mai 1990), ni Yolanda Sapp (découverte le 2 février 1990), ni Nickie Lowe (découverte le 25 mars 1990), ni Sherry Palmer (découverte le 13 mai 1992).
Comme la plupart des victimes de Yates, pourtant, les corps de ces quatre femmes ont tous été retrouvés dans des endroits reculés, et avait des problèmes de drogues et/ou de prostitution.
« Il y a des différences, il y a des similarités, assez pour que nous n’ayons pas éliminé Yates comme un suspect dans ces affaires », a dit le shérif Mark Sterk.
Yates a admis avoir tué douze femmes et un homme en échange de sa vie durant le « plea agreament« , et il n’a jamais été accusé des meurtres de Brisbois, Palmer, Sapp et Lowe.
Le shérif Sterk dit que la « Force Spéciale » va concentrer les moyens qui lui restent pour résoudre ces meurtres, bien que 10 années se soient écoulées, et il admet que la tâche sera difficile. « Il se peut que nous n’y parvenions jamais, simplement parce que nous n’allons pas trouver les preuves qui nous le permettraient », dit-il.
Le shérif Sterk affirme que Yates pourrait aussi être lié à la mort de sept autres femmes de la région de Spokane, depuis 1990, ainsi qu’au meurtre de Patricia Barnes (dont le corps a été découvert le 25 août 1995 dans le Comté de Kitsap, à l’ouest de Seattle).
« Mais il n’existe pas assez de preuves pour lier de manière convaincante M. Yates aux meurtres de ces huit autres femmes », a dit Sterk.

Entre 1992 et 1995, il y avait eu un intervalle de 3 ans durant lequel aucune prostituées n’avait été assassinée par le tueur en série. « Cet intervalle nous explique qu’il est peut-être parti ou qu’il était en prison. Et quand il revient ou qu’il sort, ça recommence », avait alors dit la police.

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Yates, à cette époque, était dans l’état de New York, il enseignait le pilotage à Fort Drum. Il ne prit que de courtes vacances dans l’état du Washington en septembre 1994, pour acheter sa fameuse Corvette blanche, à Walla Walla.

Le 13 mai 2000, le FBI a envoyé des informations concernant Yates en Allemagne, où les autorités locales enquêtent sur les meurtres de 24 prostituées. Des photographies, les empreintes et le profil génétique de Robert Yates ont été envoyés au BKA, l’unité d’investigation fédérale de l’Allemagne. Yates a passé plusieurs années en Allemagne, toujours en tant que pilote. Il fut stationné à la base d’Hanau d’août 1980 à février 1984, puis à Goeppingen de 1988 à 1991.

Yates est également le suspect principal dans le meurtre de Tarayon Corbitt, un travesti prostitué (connu des services de police) du Comté de Dale, dans l’Alabama. Corbitt a été assassiné le 9 août 1995, et les enquêteurs en Alabama pensent que Yates, qui était stationné à Fort Tucker, dans le Comté de Dale, à l’époque des faits, a sûrement tué Corbitt.
Corbitt a été tué de deux balles dans la tête et une dans la poitrine avec un calibre 45. (L’arme standard fournit aux Forces Armées des Etats Unis a été le Colt M1911 calibre 45 jusqu’au début des années 1990, après quoi il a été remplacé par le pistolet Beretta M9 9mm).
Le corps de Tarayon Corbitt a été abandonné sous un pont, le long d’une route allant de Ozark (le chef-lieu du Comté) et Midland City, qui est tout proche de Fort Tucker, à l’est.
Les enquêteurs qui vérifiaient les informations concernant le meurtre de Corbitt ont commencé à penser que le Fort Tucker pourrait être le « foyer » du tueur. Yates était très familier du coin, puisqu’il a souvent travaillé à Fort Tucker en tant qu’instructeur de vol, adjudant-chef pilote ou pour suivre des formations. Et selon une copie du dossier personnel de Yates, obtenue auprès du Département de la Défense grâce au « Freedom of Information Act« , Yates suivait un entraînement à Fort Tucker en 1995.
En fait, Yates est devenu ‘instructeur pilote’ le 18 août 1995, juste 9 jours après que Taryon Corbitt soit assassiné. Et il a été décoré du ‘Master Army Aviator Badge’, un symbole des 15 années de services de Yates comme pilote. Mais, alors qu’il lui restait moins de 18 mois à faire pour atteindre ses 20 ans de carrière dans l’Armée, Yates a soudainement demandé à se retirer volontairement, précipitamment, de l’Armée, en décembre. Il a reçu un « bonus incitateur » pour ce départ prématuré et a déménagé de Fort Tucker à Spokane.
Les enquêteurs du Comté de Dale pensent que, puisque leur recherche du tueur de Tarayon Corbitt les rapprochaient de Fort Tucker, Yates peut très bien avoir paniqué, avoir démissionné et avoir quitté fort Tucker – laissant sa carrière dans l’Armée derrière lui – pour éviter d’être arrêté.
Ce qui lie Yates au meurtre de Tarayon Corbitt est une camionnette noire dans laquelle on a vu Corbitt monter, la nuit de sa mort. Selon les policiers en Alabama, la camionnette est semblable à celle que Yates possédait et dans laquelle plusieurs de ses victimes ont été tuées.
Après que la camionnette a été saisie, les enquêteurs de Spokane ont trouvé des planches en dessous de la plateforme arrière de la camionnette, qui étaient imbibées de sang. Alors que les analyses d’ADN ont montré que du sang correspondait à certaines des victimes connues du tueur en série, d’autres échantillons de sang n’ont pu être attribués à aucune. Certains de ces échantillons ont alors été envoyés aux policiers d’Alabama. On attend toujours les résultats.

« D’autres investigations sont en cours »…
Le 26 novembre 2000, la Force Spéciale de Spokane a demandé à utiliser les hélicoptères de la National Army Guard pour vérifier 70 sites enregistrés dans un dispositif GPS qui a appartenu à Robert L. Yates Jr.
Les localisations des sites ont été enregistrées sur un « Magellan 2000 GPS » qui a été trouvé par les enquêteurs durant la fouille de la maison de Yates, après son arrestation.
Le sergent Cal Walker, qui commande la Force Spéciale, espérait que ses enquêteurs pourraient visiter personnellement tous les sites « pour voir ce que Monsieur Yates a vu lorsqu’il a enregistré ces emplacements sur son GPS ». Les policiers voulaient contrôler que les coordonnées géographiques que Yates avait enregistré étaient toutes celles de pistes d’atterrissage ou des aéroports, et non pas des cachettes pour des cadavres ou des armes.
Lorsque Walker a demandé à la National Guard s’ils pouvaient utiliser leurs hélicoptères, on lui a répondu qu’il devait y avoir une « connexion avec la drogue » pour que les militaires puissent s’impliquer dans une affaire.
Toutefois, un an avant l’arrestation de Yates, la National Army Guard avait autorisé l’utilisation de ses hélicoptères, équipés de détecteurs de chaleur, pour chercher les corps des femmes disparues dans la région de Spokane.
Curieusement, à présent qu’ils enquêtaient sur l’un des leurs, la National Guard ne voulait plus coopérer…

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Lors de son premier procès, Robert Yates s’est tourné vers les familles des 13 victimes.
En larmes, il a exprimé de profonds regrets pour ses « pêchers ».
S’il avait vraiment été désolé, je pense qu’il aurait été heureux de confesser le moindre des meurtres qu’il a pu commettre, au lieu de s’accrocher à tout ce qu’il pouvait pour sauver sa vie et éviter la peine de mort.
S’il était capable de ressentir des remords, il n’aurait jamais tué, il ne se serait jamais autorisé à devenir une machine à tuer si « prolifique » que les enquêteurs pensent qu’il a commis bien d’autres meurtres et qu’il continue de s’en cacher.

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Mais le moment déterminant est arrivé lorsque Yates a terminé de lire sa liste de victimes et s’est excusé auprès des familles. Son visage était filmé en gros-plan. Il ne pleurait plus. Il n’avait plus l’air désolé du tout.
C’était comme s’il avait fini de lire une liste de commissions au lieu d’une liste de vies volées et de familles détruites.

Il a confessé des meurtres (pas tous). Il a dit qu’il était désolé. Mais il n’a pas expliqué pourquoi il les a tuées.
Et il ne le dira sans doute jamais, car cela lui enlèverait le seul petit pouvoir qui lui reste.

Les victimes de Robert Yates

(celles pour lesquelles Yates a été condamné…)

Les Meurtres du Comté de Walla Walla :

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Patrick Oliver (21 ans)
Assassiné de 3 balles dans la tête, le 13 juillet 1975, lors d’un pic-nique.
Retrouvé quelques jours plus tard, caché sous des branchages.
Yates a avoué son meurtre pour échapper à la peine de mort.

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Susan Savage (22 ans)
Assassinée de 2 balles dans la tête, le 13 juillet 1975, lors d’un pic-nique.
Retrouvé quelques jours plus tard, caché sous des branchages.
Yates a avoué son meurtre pour échapper à la peine de mort.

Le Meurtre du Comté de Skagit :

StacyHawn

Stacy Elizabeth Hawn (23 ans)
Assassinée le 7 juillet 1988 d’une balle dans la tête.
Son squelette fut retrouvé cinq mois plus tard.
Yates a avoué son meurtre pour échapper à la peine de mort.

Les Meurtres de Spokane :

ShannonZielinski

Shannon Zielinski (39 ans)
Découverte le 14 juin 1996, à l’intersection de Mont Spokane Park Drive et de la Holcomb Road, à Spokane.

JenniferJoseph

Jennifer Joseph (16 ans)
Assassinée en juillet 1997 de plusieurs balles dans la tête. Son corps fut retrouvé le 26 août 1997, dans un champ, près de la Forker Road, Comté de Spokane.

HeatherHernandez

Heather Hermandez (20 ans)
Découverte le 26 août 1997, dans un champ, derrière le 1817 East Springfield à Spokane.

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Darla Sue Scott (29 ans)
Assassinée de deux balles dans la tête. Découverte le 5 novembre 1997, près de la Hangman Valley Road, Comté de Spokane.

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Shawn Johnson (36 ans)
Assassinée de deux balles dans la tête. Découverte le 18 décembre 1997.

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Laurie Wasson (31 ans)
Assassinée de deux balles dans la tête. Découverte le 26 décembre 1997, près de la 14ème rue Est, Comté de Spokane, couverte par des branches.

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Shawn McClenahan (39 ans)
Assassinée de deux balles dans la tête. Découverte le 26 décembre 1997, près de la 14ème rue Est, Comté de Spokane, couverte par des branches.

SunnyOster

Sunny Gail Oster (41 ans)
Assassinée de deux balles dans la tête. Retrouvée le 8 février 1998, le long de la Graham Road, dans l’ouest du Comté de Spokane.

LindaMaybin

Linda Maybin (34 ans)
Assassinée d’une balle dans la tête. Découverte le 1er avril 1998, près de la 14ème rue Est, Comté de Spokane, couverte par des branches.

MelodyMurfin

Melody Ann Murfin (43 ans)
Disparue le 4 juin 1998. Son squelette fut retrouvé le 18 octobre 2000, dans le jardin de Robert Yates, sur les indications de celui-ci (pour échapper à la peine de mort).

MichelynDerning

Michelyn Derning (47 ans)
Assassinée le 3 juillet 1998, d’une balle dans la tête. Son corps fut retrouvé le 7 juillet, près de la North 218 Creatline, Comté de Spokane.

Les Meurtres de Tacoma :

Melinda-Mercer

Melinda L. Merce (24 ans)
Assassinée de trois balles dans la tête. Découverte le 7 décembre 1997, près de la 50ème rue Sud, à Tacoma, Comté de Pierce.

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Connie Lafontaine Ellis (35 ans)
Assassinée d’une balle dans la tête. Découverte le 13 octobre 1998, près du « block » 1700 de la 108ème rue Sud, à Tacoma, Comté de Pierce.

Mode opératoire

Yates conduisait le long d’une avenue de la prostitution fort connue, Sprague Avenue, non loin de la maison qu’il avait loué d’août 1997 à juillet 1998. Son objectif principal était… de trouver des prostituées à assassiner.
La plupart des victimes étaient blanches (sauf Yolanda Sapp, noire, et Jennifer Joseph, asiatique). Excepté le jeune couple de 1975, les femmes étaient toutes des prostituées et/ou des droguées. Des proies faciles, en quelque sorte, puisqu’elles le suivaient volontairement.

Yates tirait dans la tête de ses victimes (le plus souvent avec un calibre 25). Les tueurs en série utilisent rarement une arme à feu et Yates est une exception. Ils tuent généralement avec leurs propres mains ou une arme blanche, et lorsqu’ils emploient une arme à feu, c’est pour intimider ou contrôler leur victime.
Peut-être l’entrainement militaire de Yates, et donc son habitude des armes, y est elle pour quelque chose.

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Yates couvrait ensuite leur tête avec des sacs plastiques. Ces sacs étaient sa « signature » (ce que fait le tueur en série à sa victime qui n’est pas nécessaire pour la tuer, mais participe de son fantasme).
Certains pensent que c’était pour empêcher le sang de couler dans son véhicule. D’autres avancent plutôt que Yates dépersonnalisait ses victimes en leur dissimulant le visage : il pouvait ainsi fantasmer plus facilement et imaginer qu’il était avec… « une autre femme ».

Il jetait les corps dans des endroits isolés (pour qu’on ne le voit pas, lui) mais près de rues ou routes fréquentées (pour que ses victimes soient découvertes assez facilement), et proches les uns des autres.
Presque toutes les victimes ont été tuées dans un autre lieu (sans doute le véhicule de Yates) avant d’être transportées dans les endroits où elles étaient abandonnées.

Les victimes étaient toutes plus ou moins déshabillées. La plupart n’avaient plus leurs chaussures ni leurs chaussettes. Yates les gardait peut-être comme « trophée ».
Yates volait également les bijoux, les sacs et les portemonnaies de ses victimes.

Du sperme a été trouvé sur huit des corps. Plusieurs fois, Yates a eu un rapport sexuel nécrophile avec les cadavres.
Trois des corps étaient à moins de 50m les uns des autres, et deux étaient côte à côte. Trois des victimes ont été découvertes avec de la végétation (branchages, feuilles), provenant de la propre maison de Yates, sur le haut de leur corps. Il voulait les dissimuler pour qu’on les trouve moins facilement, mais il les a cachées avec des branchages qui venaient directement de chez lui…

Yates semble être devenu de plus en plus audacieux (ou de moins en moins prudent) dans ses meurtres. D’abord, il a compté sur le temps et la distance pour l’éloigner de ses crimes. Puis, il est devenu plus confiant en ses capacités, et a jeté les corps de ses victimes dans des endroits où elles pouvaient facilement être trouvées.

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Au début, les victimes de Yates étaient découvertes à plusieurs kilomètres de l’endroit où elles travaillaient (et avaient été enlevées), sur Sprague Avenue. En août 1997, un fermier a trouvé le corps de Jennifer Joseph sous un pin, dans un champ. C’était à environ 20 km de la Sprague Avenue.
Darla Scott fut découverte dans un champ, sur la Hangman Valley Road. Mais là, Yates ne l’avait déposée qu’à 10 km de la Sprague Avenue. La « zone de confort » du tueur allait encore être divisée par 2 avec la découverte de Shawn McClenahan et Laurie Wason, à 5km de la Sprague Avenue, au croisement de la 14ème et de Carnahan.
Plus de six mois plus tard, dans le meurtre le plus audacieux de Yates, Michelyn Derning mourru à seulement quelques blocks de l’endroit où elle était monté dans le véhicule du tueur. Il semble que Yates se soit senti de plus en plus à l’aise et qu’il ait été de plus en plus facile pour lui d’attaquer et de déposer les cadavres de ses victimes, même dans des endroits urbanisés.
Les « officiels » de la Force Spéciale ne veulent pas commenter la possibilité que les meurtres suivaient un « dessin » concentrique. Toutefois, ils croient que Robert Yates a arrêté de tuer quand leur enquête a commencé à se rapprocher de lui.
Ou il a tué ailleurs…

Motivations

Robert Yates n’a jamais donné de mobile à ses meurtres, mais le sexe semble en être la raison principale.
La seule victime qui ait survécu, Christine Smith, a expliqué aux policiers que Yates lui avait tiré dessus après qu’elle ait « échoué à lui provoquer une érection alors qu’elle accomplissait sur lui un acte sexuel oral ».

Des rapports montrent que Yates a était abusé sexuellement par un voisin plus âgé, à plusieurs reprises, quand il avait environ 6 ans. Mais l’on ne sait pas s’il a reçu une aide psychologique par la suite, et si cela a eu des répercussions sur son comportement, une fois adulte.

Le propre père de Yates admet : « Je n’arrive pas à dire ce qui a pu le pousser à faire ça. Je ne peux pas imaginer une seule chose qui aurait pu contribuer à ça ».

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Robert Yates Jr. était marié, il est père de 5 enfants, il a passé presque 20 ans dans l’Armée, il a reçu de nombreuses décorations et était un pilote d’hélicoptère accompli. Personne n’aurait jamais pensé qu’il puisse être un tueur en série.
Le parfait Docteur Jekyll / Mister Hyde, Yates a vécu une double vie extrêmement élaborée durant des années.

« Nous avons des preuves qui nous montrent qu’il a fait des choses horribles, et qu’en même temps, il avait une vie tout à fait normale », a dit un officier de police. « Comment diable a-t-il pu réussir à faire ça ? ».

Si Yates a dit la vérité concernant ses deux premières victimes, en 1975, il a pu tuer pendant 25 ans. « Durant toutes ces années, jusqu’à son arrestation, il a mené une double vie, peut-être même une triple vie. Et il l’a fait de manière très convaincante. Comment a-t-il pu ? » s’étonnent les enquêteurs. « Peut-être que c’est tout simplement parce qu’il était très fort à ce jeu-là. Il avait l’habitude et il savait comment faire ».

Il y a un vide dans la « l’emploi du temps » de Yates, ce que la police trouve préoccupant : Yates n’a avoué aucun meurtre entre 1975 et 1988.
En 1977, Yates s’est engagé dans l’Armée, et il a été stationné en Allemagne de 1981 à 1984. Puis, il est revenu à Fort Tucker, en Alabama, jusqu’en mai 1988. C’est à peu près à cette époque que Stacy Hawn, prostituée originaire de Seattle, a été tuée et son corps a été retrouvé dans le Comté de Skagit.
Yates a avoué ce meurtre pour échapper à la peine de mort.

Puis, il y a encore un vide de huit ans, entre 1988 et 1996. De 1988 à 1991, Yates a encore été stationné en Allemagne. Les autorités allemandes enquêtes d’ailleurs sur les meurtres de plus de 20 prostituées, dans les régions où Yates a vécu.
Yates a sûrement tué durant ces années. Rares sont les tueurs en série qui s’arrêtent de tuer durant une longue période de temps, avant de recommencer. Yates n’avait, de plus, aucune raison de s’arrêter, puisqu’il arrivait à tuer sans être appréhendé.

Le fait que Yates ne corresponde pas au profil habituel du « solitaire coléreux incapable de remplir un rôle dans la société » rend son histoire encore plus terrifiante.
« Je pense qu’on s’attendait à voir un monstre écumant de bave, traînant un pied bot derrière lui », dit un officier de police. « Et quand vous voyez quelqu’un qui a une apparence banale, plutôt intelligent, qui mène une vie normale, vous pensez : ‘Mais comment ce type peut-il être un monstre ?' ».

Mais Yates n’est pas un Monstre. Les monstres n’existent pas. C’est ce qui rend ce genre de tueur encore plus dangereux.

Les policiers espèrent que Yates expliquera finalement comment, et surtout, pourquoi il a tué ses victimes. Malheureusement, les tueurs en série sont, en général, extrêmement manipulateurs.
Ted Bundy, par exemple, a tenté de repousser son exécution sur la chaise électrique, en promettant qu’il allait révéler où étaient certains corps non retrouvés et s’il avait tué d’autres femmes. Quand les autorités ont refusé de traiter avec lui, il a arrêté de parler.

Citations

« C’est un père dévoué qui est le genre de personne que vous voudriez avoir pour meilleur ami. Bobby est un fils aimant, sensible et compatissant ; c’est un frère généreux et qui aime s’amuser ; c’est un père compréhensif, libéral et dévoué qui aime jouer au foot, pêcher et faire du camping avec ses enfants… Nous sommes profondément désolés pour les familles qui ont perdu l’une des leurs. Nous demandons à ce que tout jugement soit mis en réserve jusqu’à ce que le processus légal soit terminé » : extrait d’un texte remis au public par les membres de la famille de Robert L. Yates.

« Lorsqu’il a demandé à rentrer chez nous, nous avons appris que c’était quelqu’un d’extrêmement qualifié dans son domaine. Durant les 3 années qu’il a passé parmi nous, il s’est très bien comporté. Il a fait un travail formidable » : Lieutenant Colonel Rick Patterson, des Washington National Guard.

« Il lavait ses voitures tout le temps. Il était toujours dehors, dans l’allée de devant, à changer l’huile de sa Corvette. », « Monsieur Yates était quelqu’un de cordial, mais… les autres membres de la famille Yates étaient bien plus réservés. C’est un voisinage où, si vous tendez la main, les gens vous accueillent chaleureusement. Et les Yates… ne tendaient pas vraiment la main » : l’ancienne voisine des Yates, Judy Kauffman.

« Je lui ai dit, ‘Est-ce que tu sais au moins pourquoi tu as tué ces femmes ?’ Et comment tu as pu faire ça et rester marié avec moi ?… Mais il ne m’a pas répondu. » : Linda Yates, épouse de Robert Yates, lors d’une interview à la chaîne NBC.
Durant cette interview, Linda Yates a également parlé de ce qu’elle voit à présent comme des signes évidents des activités « hors programmes » de son époux. « Spécialement lorsqu’il me disait qu’il allait chasser, et qu’il était bien habillé, et qu’il avait mis de l’Eau de Cologne. Vous n’allez pas chasser en portant de l’Eau de Cologne ». Elle a ajouté qu’elle avait accusé son mari d’avoir des relations extra-conjugales. « Il avait toujours réponses à tout. Des réponses préparées à l’avance dans sa tête, je crois ».

« J’y pense tous les jours. Je l’aime encore. C’est mon père. Je n’arrive pas encore à y croire, je nie l’évidence » : Sonja, 22 ans, l’une des filles de Robert Lee Yates.

« Il me parlait souvent et il m’a même aidé à nettoyer mon jardin… Il était amical, mais souvent réservé. Il aimait passer du temps avec son fils, ils jouaient au catch, il lui a appris à monter à vélo… Ce qui me gênait, c’était qu’il se vantait beaucoup du fait qu’il était pilote d’hélicoptère ».
« Les enfants de M. Yates, qui aimait jouer avec mon chien, étaient calmes et silencieux ».
« Mme Yates, elle, était extrêmement silencieuse, bizarre, presque comme une prisonnière dans sa propre maison » : une ancienne voisine des Yates, Mme Fleisch.

« Bob Yates, c’était un chouette type. Vraiment » : Gary Berner, un dentiste de Oak Harbor qui était l’ami de Yates depuis le lycée.

Bibliographie

Livres en anglais :

Murder In Spokane: Catching a Serial Killer
Résumé : Fuhrman est devenu célèbre aux USA durant le procès d’ O.J. Simpson, parce qu’il avait trouvé le fameux gant ensanglanté, mais également parce qu’il avait fait des remarques racistes et qu’il s’était parjuré… Il a depuis quitté la police, mais a commencé à écrire des livres sur certains crimes célèbres. Il vit à plus de 140km de Spokane, mais il a été invité par un journaliste dans un talk show local, durant lequel il analysait l’enquête de la police, les preuves et le tueur. Il a travaillé sur l’affaire comme s’il était encore policier. Il s’est convaincu que la police avait bâclé l’enquête. Il a utilisé les médias pour alerter l’opinion publique.
Critique : Fuhrman entraîne le lecteur dans l’esprit du tueur, mais il le fait, malheureusement, en présentant pas mal de lieux communs sur les SK, déjà lus maintes fois. Fuhrman est toutefois un bon enquêteur et un bon écrivain. Ses critiques se portent surtout sur le fait que, si la police avait suivi quelques pistes essentielles, et avait utilisé les « bonnes vieilles techniques d’enquête » plutôt que l’ADN et les ordinateurs, neuf femmes n’auraient pas été tuées. Il présente sa théorie clairement, et tente de persuader le lecteur que la police de Spokane a commis des erreurs flagrantes. Et il a raison sur plusieurs points. Mais on pourrait lui répondre, (et la police de Spokane ne s’en est pas privé) que, d’une, il est bien facile de critiquer lorsqu’on ne travaille pas réellement sur l’affaire ; de deux, vu ses états de services (parjures, fabrication de fausses preuves et j’en passe) il n’est pas le mieux placé pour critiquer ; et, de trois, l’ADN que les policiers ont patiemment récolté a presque été l’unique preuve à charge contre Yates. S’il n’avait pas avoué, l’accusation n’aurait eu que cette preuve contre lui. Il est vrai, par contre, que peu de gens se préoccupait du fait qu’un tueur assassinait des prostituées…

Body Count
Résumé : « Mon but était de créer un sentiment de compassion envers les victimes et leurs familles, et de renverser l’indifférence totale qui accompagne généralement les meurtres de prostituées. Je voulais également montrer la frustration des investigateurs et la difficulté d’enquêter sur un tueur en série sexuel ».
Critique : Ce livre présente l’enquête, mais aussi les vies des victimes et celle du tueur. Barer montre effectivement beaucoup de respect pour les enquêteurs, et énormément de compassion pour les victimes. Il prend le temps de raconter leurs vies, ce qui ajoute encore à l’horreur des meurtres de Yates. Il est rare qu’un auteur se préoccupe autant des victimes, et l’on sent bien que Barer a été révolté par le fait qu’une certaine partie de la population de Spokane ne se soit pas inquiétée du sort des « femmes de mauvaise vie » qui disparaissait dans ses rues.

Over Tumbled Graves
Résumé : Carolyne Mabry, policier de la ville de Spokane, doit enquêter sur une série de meurtres de prostituées. Elle demande de l’aide à son mentor, Alan Dupree. Ils découvrent que les investigations ont commencé sur de mauvaises bases et décident d’enquêter sur un homme déjà soupçonné du meurtre d’un dealer. Le FBI envoie deux profilers pour aider la police locale, mais ils passent plus de temps à se critiquer l’un l’autre qu’à travailler.
Critique : Ce roman s’inspire du cas de Robert Lee Yates, mais met en scène des personnages qui n’ont rien eu à voir avec cette affaire. Contrairement à de nombreux « romans de serial killer », le livre s’intéresse plus au développement des personnages qu’aux retournements de situations incroyables et aux courses-poursuites. Il se concentre sur le côté humain du travail de police, plutôt que sur le tueur et son comportement macabre. Un roman intelligent et passionnant.

Liens

– Le site officiel de la ville de Spokane (anglais)
– Le site officiel de l’état du Washington (anglais)
– La National Guard (anglais)

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