Article mis à jour le 9 octobre 2015

Durant les 18 années qui se sont déroulées avant que Larry Murphy ne soit emprisonné, 9 femmes ont disparu dans la région de Leinster (sud-est de l’Irlande). Depuis que Murphy est détenu, plus aucune femme n’a disparu. Est-il le tueur en série que la police Irlandaise recherche ?

le parc national des Wicklow moutains
La région des meurtres

Il y a 10 ans, une nuit de février à Carlow (90km de Dublin), la jeune propriétaire d’un magasin avait été brutalement agressée par Larry Murphy. Il avait attendu qu’elle se penche pour ouvrir sa voiture et s’était jeté sur elle, la frappant violemment au visage, lui cassant le nez.
Il l’avait ensuite attachée, obligée à enlever ses chaussures, puis poussée sur le sol de la voiture, qu’il avait conduite jusqu’à une ruelle isolée, où il avait laissé son propre véhicule. Il l’avait transférée dans sa voiture et l’avait conduite plus d’une dizaine de kilomètres plus loin. Il l’avait déshabillée et violée. Puis, il s’était calmement rhabillé et lui avait ordonné de faire de même. Il l’avait à nouveau attachée et avait tenté de la calmer en lui expliquant qu’il était marié et avait des enfants. Il lui avait promis qu’il l’a ramenait à Carlow et qu’il allait la libérer.
Mais il n’avait aucunement l’intention de la laisser vivre. Il voulait simplement la rassurer pour qu’elle reste calme. Il l’avait enfermée dans son coffre puis avait conduit, cette fois-ci durant 25km, plus au nord, jusqu’au village de Kilranelagh. Il s’était arrêté dans une forêt reculée, à moins de 2km de l’endroit où il vivait avec sa famille. Il l’avait fait sortir du coffre et l’avait traînée dans la forêt, au cœur des Wicklow mountains, pour la violer à nouveau.
Enfin satisfait, il avait placé un sac plastique sur la tête de la jeune femme et avait commencé à l’étrangler. Les mains toujours attachées dans le dos, elle ne pouvait se défendre.
Par bonheur, deux chasseurs de cerfs étaient passé au même moment dans leur 4×4, et la lumière de leurs phares avaient éclairés l’horrible scène. Les 2 amis, Ken Jones et Trevor Moody, avaient immédiatement reconnu Larry Murphy, un chasseur lui-aussi.
Murphy avait fuit, laissant là sa victime, s’était rué vers sa voiture et avait conduit jusque chez lui.
Les deux chasseurs avaient couvert la jeune victime d’un manteau, puis l’avaient conduite au poste de police le plus proche, celui de Baltinglass, la ville où habitait Larry Murphy. Les policiers l’avaient menée à l’hôpital.
Murphy était simplement rentré chez lui et s’était couché auprès de sa femme, enceinte de leur 3ème enfant.
Informés par les chasseurs que le violeur de la jeune femme était Larry Murphy, la police s’était rendue chez lui et l’avait arrêté au petit matin.

En garde à vue, Murphy avait gardé tout son calme. Il n’avait rien avoué et n’avait pas semblé le moins du monde troublé par les accusations des policiers. Mais les preuves contre lui étaient irréfutables et il avait été envoyé en prison.
Son épouse, Margaret, lui avait rendu visite. Il lui avait juré qu’il était innocent et qu’il le prouverait. Mais il avait compris que les preuves s’accumulaient contre lui et avait finalement plaidé coupable, sachant que sa condamnation en serrait minorée. Imperturbable, il n’avait pas réagit lorsque le juge l’avait condamné à 14 années de prison pour l’enlèvement et le viol.
Sa victime était présente dans le tribunal. Il ne l’avait pas regardée, ni elle ni qui que ce soit d’autre. Selon un enquêteur présent lors du procès, « Son attitude au tribunal définie absolument tout ce que nous savons de Larry Murphy : un animal à sang froid incapable d’émotion ».

La méthode utilisée par Murphy pour enlever et violer sa victime suggère que cet homme n’en était pas à son premier crime. C’était un prédateur qui avait déjà violée, et sans doute tué.
Durant les 10 années qu’il a passé en prison, il n’a jamais montré le moindre remord pour son crime. Cet homme a refusé de ses soumettre aux divers programmes de réhabilitation pour délinquants sexuels qui lui ont été proposés. Il n’a jamais expliqué ses actions. Personne ne sait, même parmi sa famille, ce qui se passe réellement dans son esprit.
Son épouse ne lui a plus jamais rendu visite depuis qu’il a admit son crime. Il n’a jamais vu son fils, qui est né 2 mois après son arrestation.

Et pourtant, il va être libéré le 13 août prochain.
Comme tous les prisonniers, il a eu le droit à une réduction de peine pour bonne conduite.

Les 9 femmes qui ont disparu dans la région de Leinster sont considérées comme « assassinées » par la police Irlandaise. Depuis l’arrestation et l’incarcération de Murphy, plus aucune femme n’a disparu.
L’opération « Trace » a été lancée en 1998 pour enquêter sur les disparitions de six jeunes femmes, disparues dans le Leinster entre 1993 et 1998. Son objectif était de tenter d’établir si un tueur en série était responsable de certains ou de tous les meurtres. Il a été établit qu’il existe des points communs entre les disparitions d’Annie McCarrick, Jo Jo Dullard et Deirdre Jacob.
– Annie McCarrick était une jeune américaine de 26 ans qui voulait devenir enseignante et étudiait à Dublin. Elle a disparu en 1993 au sortir d’un bar, dans la région de Wicklow.
– Jo Jo Dullard, 21 ans, a disparu en 1995 alors qu’elle revenait à Dublin en voiture.
– Deirdre Jacob, 19 ans, étudiait pour devenir enseignante à Londres. Elle a disparu en 1998 alors qu’elle allait rendre visite à sa grand-mère.

Les trois victimes
Les trois victimes

Les enquêteurs de l’opération « Trace » ont interrogé Larry Murphy au moins 3 fois mais il a toujours nié la moindre implication dans la disparition des jeunes femmes.
Il existe cependant des preuves indirectes le reliant aux trois victimes « en série » : Deirdre Jacob, Jo Jo Dullard et Annie McCarrick. Il reste le suspect principal de ces 3 meurtres.
Il n’est par contre plus soupçonné des meurtres de Ciara Breen, Fiona Pender et Fiona Sinnott.

La police Irlandaise est convaincue que Murphy est un tueur en série.
Il y a 3 ans, les enquêteurs Irlandais avaient invité deux agents du FBI à Dublin pour examiner leurs dossiers. Les agents du FBI avaient conclu que le mode opératoire et le profil psychologique du tueur correspondait à ceux de Larry Murphy dans les 3 meurtres dont il est soupçonné.
Une enquête approfondie de l’histoire personnelle de Larry Murphy a révélé un agresseur calculateur et sûr de lui.
La manière dont il a attaché sa victime puis lui a ôté ses chaussures, et la décision d’utiliser sa propre voiture suggèrent qu’il avait déjà commis ce type de crime, qu’il en avait l’habitude. Qu’il ait utilisé un sac plastique pour l’étrangler, et non pas une arme plus « basique », indique qu’il se sentait en confiance.

Un policier de la région a exprimé sa frustration aux journalistes, sous couvert d’anonymat : « Est-ce que nous pensons qu’il est responsable d’autres meurtres de femmes qui ont disparu dans les Wicklow mountains ? Oui, nous le pensons, absolument. Mais sans leurs corps, ou des aveux, ou des témoins, nous ne pouvons pas faire grand chose. C’est vraiment problématique lorsqu’il n’existe pas de scène du crime ».

Des voix, notamment politiques, se sont élevées pour demander que Larry Murphy reste en prison. Sans effet. Le porte parole du parti « centre droit » (le Fine Gael) a demandé que la population soit « protégée de prédateurs tels que Murphy ». Selon lui, les psychopathes comme Murphy devraient figurer sur une liste d’agresseurs sexuels rendue publique, comme aux Etats-Unis, devraient porter un bracelet électronique durant 1 an après leur libération, et ne devraient pas être libérés sans avoir reçu de « traitement spécialisé ».

Le personnel de la prison où est détenu Larry Murphy a expliqué qu’il s’est conduit en prisonnier modèle. Ancien menuisier, il a passé son temps à créer des meubles pour des œuvres de charité, le personnel et d’autres détenus. Il n’a, par contre, jamais suivi de traitement psychologique et n’a passé aucune évaluation.
Durant son incarcération, s’il est resté seul et ne s’est pas fait d’ami, il a en revanche prit soin de « se faire bien voir » du personnel…

Il n’a reçu que quelques visites durant son emprisonnement. La dernière personne à l’avoir rencontré est son frère Tom, en février dernier.
Ce dernier a affirmé aux journalistes qu’il est persuadé que son frère va recommencer à violer et à tuer. « Je ne vois pas de raison pour laquelle il ne le fera pas à nouveau. Pour moi, c’est un animal. Cette femme n’allait pas survivre. Oui, il allait la tuer.”
Tom Murphy a tenu à rassurer les habitants de Baltinglass, où il vit encore : “Larry ne va pas venir ici. Je n’ai jamais dit que j’allais l’accueillir chez moi. Ca n’arrivera jamais. Je veux rassurer les gens, Larry ne viendra pas ici. (…) Si Larry était un buisson en feu, je ne cracherai même pas dessus pour l’éteindre ».

MISE A JOUR : Larry Murphy a bien été libéré le 12 août 2010. Il a passé du temps en Espagne et à Amsterdam, où il a résidé avec son meilleur ami, un violeur plusieurs fois condamné. Il vivrait à présent à Londres.