Article mis à jour le 9 octobre 2023

Nom : Sipho Mandla Agmatir Thwala.
Surnom : « L’Etrangleur de Phoenix ».
Né en : 1968, près de Durban – Afrique du Sud.
Mort le : Toujours vivant. Condamné à 506 années de prison.

Ce jeune homme détestait les femmes. Intelligent et cultivé, bien que vivant dans une cabane au fond d’un « township », ce Sud-Africain a pourtant violé et assassiné 19 jeunes femmes en deux ans. Il s’attaquait aux femmes du coin et les attirait dans les champs de cannes à sucre pour les tuer. Il les attachait en suivant un rituel zulu, et les bâillonnait. Grâce à l’aide de Micki Pistorious, profileuse, la police a pu découvrir d’autres corps cachés dans les champs et, finalement, arrêter Thwala.

Informations personnelles

Sipho Thwala provient d’un milieu rural. Il ne connut pas son père, et son beau-père, violent, l’abandonna alors qu’il était encore enfant. La mère était la figure dominante de la famille, mais il n’y avait pas beaucoup d’affection entre elle et son fils. Il était turbulent et elle dut le discipliner.
Il commença à travailler dès l’adolescence et fit de nombreux petits boulots. Il ne garda jamais un emploi bien longtemps.

Sipho Thwala vécu avec une jeune femme qui tomba enceinte, mais avorta sans le prévenir. Thwala en garda beaucoup de rancœur, de colère et de tristesse.

Selon ses proches, c’était un homme calme, solitaire et introverti. Mais après l’avortement de son amie, son caractère changea. Sous une apparence calme, il pouvait entrer dans des colères noires.
C’est pour cette raison que sa mère et sa sœur ne lui posèrent pas de question sur les vêtements féminins qu’il se mit à collectionner, de peur de l’irriter.

Crimes et châtiment

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En 1997, les policiers de Phoenix, une petite ville à 20km au nord de Durban, en Afrique du Sud, réalisèrent qu’une seule et même personne était responsable de plusieurs meurtres de femmes dans la région des champs de cannes à sucre.
Ils contactèrent le superintendant de Durban, Philip Veldhuizen, en raison de la formation spéciale qu’il avait reçue sur les serial killers. Veldhuizen se rendit à Phoenix et étudia les dossiers. Il constata que le mode opératoire du tueur était toujours le même et qu’ils étaient bien en présence d’un tueur en série : Le 1er juillet 1997, on avait découvert trois corps de femmes attachées, brûlées et en état de décomposition avancée dans les champs de cannes (ceux-ci sont incendiés chaque année pour en faciliter la récolte). Un quatrième corps fut découvert le lendemain, décomposé, mais non brûlé.

Veldhuizen appela alors la personne qui lui avait fourni cette formation spéciale sur les serial killers : la « profileuse » Micki Pistorius. Elle proposa aux policiers de fouiller dans leurs archives, à la recherche de cas semblables. Le 14 juillet, ils avaient répertorié 10 cas présentant les mêmes similitudes.
Toutes les victimes, des femmes noires entre 20 et 30 ans, avaient été découvertes dans la région des plantations de cannes à sucre entre les villes de Phoenix et Mont Edgecombe, près du « township » de KwaMashu.
Elles avaient toutes étaient trouvées dans un périmètre de 3 km dans les plantations, certaines à peine à quelques mètres les unes des autres.
Elles avaient toutes été attachées, étranglées et bâillonnées avec leurs sous-vêtements.
Micki Pistorious quitta Johannesburg pour rejoindre le superintendant Veldhuizen à Durban afin de dresser le profil du tueur. En étudiant les meurtres, elle remarqua que l’assassin avait un rituel très particulier et très précis, dans sa façon de tuer et d’attacher ses victimes.
« Normalement, il n’aurait pas eu besoin d’attacher ses victimes, parce qu’elles n’offraient aucune résistance, vu qu’elles étaient inconscientes ou déjà mortes. Mais il les attachait quand même. Il leur liait les pieds et les mains dans le dos, leur entourait la tête avec un morceau de leur vêtement et, finalement, enfonçait un bout de tissu dans leur bouche. Tout cela était inutile ».

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Micki Pistorious conseilla aux policiers de patrouiller dans les champs de cannes à sucre. Comme les cannes mesurent plus de deux mètres de haut, on utilisa des chiens. Ceux-ci permirent de découvrir sept nouveaux corps ! Tous étaient décomposés, mais à des stades différents. Sur le plus récent d’entre eux, les policiers effectuèrent un prélèvement d’ADN grâce à un mégot de cigarette fumé à la fois par la victime et par le tueur.

À l’étude des rapports d’autopsie, Micki Pistorious compris que le tueur était Zoulou : toutes ses victimes avaient été ligaturées selon un rituel sexuel zoulou, « l’ukuzoma« , un mode contraceptif. Elle assura que le tueur était un homme « de la région », voire un voisin, car toutes les femmes l’avaient suivi dans les champs de cannes sans offrir de résistance, comme si elles le connaissaient. De plus, il semblait connaître les champs comme sa poche.
Les champs de cannes à sucre sont denses et hauts (environ 2,50 m). Les serpents, les rats et les scorpions y prolifèrent. Lorsqu’une femme était entraînée à l’intérieur d’un de ces champs, il était vraiment difficile de retrouver son corps. Et si elle avait crié, personne ne l’aurait entendu, car il n’y a personne aux alentours.

Le 1er août, un huitième corps fut découvert, ce qui permit à nouveau d’identifier l’ADN du tueur : il avait laissé du sperme sur sa victime.

Dans son profil, Micki Pistorious indiqua que le tueur avait plus que sûrement commis des agressions et/ou des viols sur des femmes auparavant, avant de se mettre à tuer.
Philip Veldhuizen demanda à ses hommes d’examiner tous les anciens dossiers de ce type dans la région. En quelques jours, les enquêteurs firent le lien avec une tentative de viol datant de 1996. Sipho Agmatir Thwala avait été accusé de viol en mars 1996, mais acquitté. On avait cependant prélevé son ADN. On le compara à celui du tueur en série et on découvrit qu’il correspondait.
Thwala fut arrêté le 14 août 1997. Les policiers pénétrèrent chez lui, très tôt le matin, dans sa petite maison du « township » de KwaMashu. Il n’offrit aucune résistance.
Dans sa hutte, les policiers découvrirent des montres de femmes, des bouts de tissus aux nœuds caractéristiques et de très nombreux vêtements de femmes, attachés à une poutre. Depuis son habitation, Thwala avait une vue imprenable sur les champs de canne.

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Le township de Kwamashu

Lors de son interrogatoire, Thwala expliqua qu’il était parvenu à convaincre les jeunes femmes de le suivre dans les champs parce qu’il était « du coin » et qu’il leur proposait un emploi.
Il correspondait au profil établi par Micki Pistorious : « intelligent et charmant envers les femmes, mais extrêmement dangereux ». Thwala parle anglais, afrikaans et zulu. Il avait grandi dans les champs de cannes et il était lui-même ouvrier dans les champs. Sa mère le décrivit comme un jeune homme intelligent et gentil, qui savait lire et écrire bien qu’il n’ait pas dépassé le stade de l’école primaire.
Le lendemain, Sipho Thwala mena les policiers dans les champs de canne à sucre et indiqua tous les endroits où il avait tué, sans se tromper une seule fois.

Le 31 mars 1999, la Haute Cour de Durban le déclara coupable de 16 meurtres et de 10 viols. À 31 ans, Thwala fut condamné à 506 années de prison.

L’accusation avait demandé à ce que Thwala ne reçoive pas une peine globale à perpétuité pour tous ses crimes : il aurait pu demander une libération sur parole après 24 ans. Thwala a donc reçu une peine pour chaque crime : 30 ans pour chaque meurtre, 12 ans pour trois viols et 2 ans pour sept autres viols, plus 12 ans pour une tentative de meurtre.

Les victimes de Sipho Thwala

Sipho Thwala a assassiné et violé 19 jeunes femmes en tout. On ne connait que les noms de certaines d’entre elles, les autres n’ont pu être identifiées.

Gabisile Buthelezi (12 ans)
Assassinée le 23 juin 1994. son corps fut découvert le même jour.

Hlengwe Theressa Mfeka (24 ans)
Son corps fut découvert le le 20 juin 1997.

Banothile Nompumelelo Dube (30 ans)
Son corps fut découvert le 26 juillet 1997.

Nokuthula Zothile Cele (29 ans)
Son corps fut découvert le 24 juillet 1997.

Staff Pumzille Gumede (21 ans)
Son corps fut découvert le 23 juillet 1997.

Mtombemi Nyangithini Ngcobo
Son corps fut découvert le 24 juillet 1997.

Mode opératoire

Thwala amenait ses victimes à le suivre dans les champs de cannes à sucre en leur proposant un emploi. Il leur expliquait qu’il allait les mener dans un endroit, pour le montrer en quoi consistait le travail.
En fait, il les assommait. Puis, il les attachait en utilisant leurs sous-vêtements, et en suivant un rituel complexe. Et il les violait en les étranglant.

Une seule femme parvint à lui échapper. Lors du procès, elle expliqua que Sipho Thwala lui avait parlé d’un emploi et lui avait demandé de l’accompagner. Il lui avait dit de traverser les champs de cannes, car c’était un raccourci.
Puis, il l’avait attrapée par derrière et avait exigé un rapport sexuel. Elle avait accepté, tout en le suppliant de ne pas la tuer. Après l’avoir violé, il lui demanda… d’être sa petite amie !
Elle ne répondit pas, alors il commença à la frapper. Elle le supplia à nouveau et dit qu’elle acceptait. Il lui laissa la vie sauve.

Motivations

La plupart des victimes avaient été trouvées couchées sur le ventre. Micki Pistorious déclara aux enquêteurs : « Je pense qu’il ne voulait pas voir leurs yeux. Le message est : ‘Ne me regarde pas’. Il y avait aussi le bâillon dans la bouche : il voulait les empêcher de parler. Or, la victime était déjà morte ou inconsciente, elle ne pouvait donc pas crier. Il voulait empêcher les femmes de lui parler. Il leur attachait les mains pour qu’elles ne puissent pas le toucher. Il était très effrayé par le contact et la conversation avec les femmes ».
De plus, le fantasme de Sipho Thwala était fortement orienté par ces ligatures, ces liens et ces noeuds, qui lui permettaient d’être en position dominante, de maîtriser ses victimes.

Selon Micki Pistorious, les champs de cannes à sucre étaient « un endroit dangereux pour les victimes, mais sécurisant pour le tueur ». Lorsque l’on marche dans ces champs, les feuilles de cannes font beaucoup de bruit. « Le son obsédant des feuilles devait lui bloquer toute pensée rationnelle et déclenchait son fantasme de meurtre. Le son particulier, la hauteur des feuilles, devait le faire se sentir en sécurité et activait son fantasme ».

Lors de son interrogatoire, Sipho Thwala a expliqué qu’il avait assassiné les femmes qui lui rappelaient son ex-compagne qui avait avorté et lui avait « brisé le coeur ». Il les bâillonnait, car les mots qu’avait prononcés cette femme lui avaient fait très mal, et il voulait donc empêcher les autres femmes de parler.

Citations

« Il n’a jamais changé de comportement. Lorsqu’il entendait parler des meurtres, il les condamnait et disait qu’il espérait que le tueur serait arrêté rapidement » : la mère de Sipho Thwala.

« C’était un enfant normal, un gentleman. Il aidait les gens du coin. Il nous achetait de la nourriture quand il avait de l’argent… Mais nous sommes heureux qu’il soit en prison. Qui sait ? Il aurait pu se retourner contre nous un jour » : la grande sœur de Sipho Thwala.

Bibliographie

Livres en anglais :

Catch Me a Killer: Serial Murders: A Profiler’s True Story
Résumé : Micki Pistorius décrit son parcours, ses expériences, son travail, ses doutes et ses peurs, sa courte mais foisonnante carrière… Elle aborde notamment le déroulement des enquêtes auxquelles elle a participé, dont celle de Thwala.

Filmographie

Documentaires :
Dans « Micki Pistorius, une femme sur la trace des tueurs en série« , un documentaire français de 1999 réalisé par Frédéric Tonolli, on suit la profileuse Sud-Africaine durant son travail. Le cas de Sipho Thwala est exposé. On peut également voir des photos de ses victimes, particulièrement révoltantes (diffusé sur France 2).

Liens

– Durban : le site officiel de la ville (en anglais)
– Le Kwazulu-Natal : la région des meurtres (wikipedia)
– Micki Pistorius : son portrait sur le site (rubrique « Études > Profiling »)