Article mis à jour le 29 juin 2017

« Comment poser un diagnostic sur une femme qui donnait la mort en disant vouloir «faire du bien» à ses victimes ? A quelle(s) logique(s) répondait-elle en passant à l’acte ? La cour d’assises de Savoie s’est longuement penchée ce mercredi sur le cas Ludivine Chambet, cette aide soignante accusée d’avoir empoisonné à coups de psychotropes treize pensionnaires d’une maison de retraite – mortellement pour dix d’entre elles. Deux collèges d’experts psychiatres parmi les plus aguerris de l’Hexagone avaient été mandatés durant l’instruction pour examiner cette femme, aujourd’hui âgée de 34 ans. Appelés à la barre pour restituer leurs conclusions, les Drs Patrick Blachère et Daniel Zagury ont tous deux mis en exergue l’immense complexité psychique de l’accusée qui, elle-même, ne s’explique pas ses gestes.

Sans conteste, l’ancienne prématurée, née avec une maladie génétique rare et grandie dans l’omniprésence d’une mère à la fois bienfaitrice et étouffante, a vécu la mort de celle-ci comme un traumatisme. «C’est une relation pathologique, décrypte le Dr Blachère, mais sans cette béquille, tout s’effondre pour elle». En juin 2013, Solange Chambet s’éteint dans les bras de sa fille, emportée par une leucémie foudroyante. Les empoisonnements, qui ont démarré depuis six mois, s’accélèrent. «Je voulais apaiser leurs souffrances» avait expliqué l’aide-soignante qui aujourd’hui, parle encore d’un «agissement de bien être» sur des personnes qui, pourtant, n’étaient pas en fin de vie. A la barre, elle évoque «l’apaisement» et pas la «mort», ne parle pas de ses victimes, mais «des personnes avec qui ça s’est passé». Des mécanismes de déni et de clivage qui structurent sa personnalité, ont expliqué les experts, qui ont retenu l’altération du discernement mais écarté toute maladie mentale. »

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« Personnalité « fragile », « dépressive », « démunie » face aux difficultés de la vie : Ludivine Chambet, aide-soignante jugée pour des empoisonnements en série dans une maison de retraite, a été dépeinte mercredi comme un être « complexe » qui a passé à l’acte lors de la maladie d’une mère omniprésente.

Devant la cour d’assises de Savoie les experts-psychiatres sont tombés d’accord : la jeune femme, 34 ans au deuxième jour de son procès, n’est pas atteinte d’une maladie mentale, elle n’est ni psychotique ni psychopathe.

Auteur d’un « multicide » de 10 des 13 personnes âgées auxquelles elle a administré des cocktails de psychotropes en 2012 et 2013, quand elle travaillait dans l’établissement spécialisé Le Césalet, Ludivine Chambet est-elle un tueur en série ?

La question a plané un temps dans les débats, tant ce type de crimes est « rare », souligne le Dr Patrick Blachère, lui qui n’a vu qu’une « dizaine de cas de plus de trois meurtres en plus de mille expertises » réalisées au cours de sa carrière.

« Je n’ai pas fait de votre cliente Francis Heaulme! « , lâche le praticien à un avocat de la défense, la rapprochant plutôt « du pyromane ou de l’incendiaire… sauf que c’était des êtres humains ».

Daniel Zagury, qui a expertisé Guy Georges, Michel Fourniret ou Patrice Alègre, l’affirme : elle n’était « pas un tueur en série même si ses actes sont une série de crimes ». « On a tendance à vouloir que les crimes ressemblent au criminel : que des actes épouvantables ne puissent être que l’œuvre d’un monstre pervers. »

Or, l’accusée était « une femme sans histoires », née dans une famille modeste au sein d’un couple uni près de Chambéry. Atteinte cependant d’une maladie génétique rare, qui engendre une forme de gigantisme et des malformations dont elle sera opérée. Dépressive aussi, depuis l’âge de 18 ans. Objet de moqueries, elle sera surprotégée par sa mère toute sa vie, restant dans une relation « immature et dépendante », sans jamais se rebeller. »

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