Article mis à jour le 26 janvier 2024

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Professionnellement, leurs affaires commencèrent à souffrir. À la fin de l’année 1994, les deux magasins avaient plongé vers la faillite. Il y avait moins de clients, les factures s’accumulaient. Julie, fatiguée des disputes, des problèmes financiers et de sa vie (qui n’était pas le rêve qu’elle avait espéré), menaça son époux de divorcer. En janvier 1995, elle était toujours là. Au lieu de divorcer, justement, elle resta assise à regarder son entreprise décliner, son mariage s’aigrir et son mari devenir de plus en plus étrange.
Sur son lieu de travail, Herb Baumeister se défoulait sur ses employés. Il leur demandait d’exécuter un travail épuisant et était injuste avec eux, agissant comme s’il était une sorte de roi que l’on devait louer et adorer. Il licencia celles et ceux qui ne voulurent pas se plier à ce traitement. Pourtant, son propre comportement au travail était scandaleux : selon ses employés, il disparaissait parfois durant des heures et lorsqu’il revenait, il empestait l’alcool et aboyait des ordres avec une haleine puant le whisky.
Les magasins, qui avaient été si propres et bien tenus, devinrent dégoûtants. Les employés se souviennent que tout était devenu très sale. Ils avaient l’impression de travailler dans une décharge : où que vous regardiez, il y avait des montagnes de sacs-poubelles.

Les mois passèrent. Virgil Vandagriff et Mary Wilson cherchaient toujours le soi-disant « Brian Smart ». Sa véritable identité et l’emplacement de sa maison étaient toujours un mystère.
Les pistes qu’ils avaient suivies ne les avaient menés nulle part. Vandagriff se plaignit à Mary Wilson du manque de coopération entre la police d’Indianapolis et celle du Comté d’Hamilton. Il lui semblait que l’attitude des « officiels » de ce Comté signifiait : «Les gens ici sont riches et donc au-dessus de tout soupçon».
Malheureusement, ni Vandagriff, ni Wilson n’avait de piste très sérieuse. Ils ne pouvaient, de ce fait, pas trop « pousser » les policiers du Comté d’Hamilton.
Hamilton était le comté le plus riche de l’Indiana, et aussi celui qui se peuplait le plus rapidement. Les revenus moyens annuels des familles qui y habitaient étaient de 93 000 euros, plus que le double des revenus des autres familles habitants de cet état. Situé à 25 minutes d’Indianapolis grâce à l’autoroute, le Comté d’Hamilton était une véritable carte postale de l’Amérique.

La piste solide que Vandagriff et Wilson attendaient apparut soudainement. Pensant que la situation s’était assez calmée pour qu’il puisse revenir sur la « scène » gay, Herb Baumeister décida de descendre au « Varsity Lounge » le soir du 29 août 1995. Justement, Mark Goodyear était là, lui aussi. Il avait gardé espoir de revoir « Brian Smart » un jour et, lorsqu’il l’aperçut, il dut se retenir de ne pas lui sauter dessus. Il discuta avec lui amicalement et, lorsque Baumeister repartit chez lui, seul, Mark put relever le numéro de sa plaque d’immatriculation.
Le lendemain matin, en apprenant ce que Mark Goodyear avait fait, Mary Wilson bondit de joie. Le véhicule n’appartenait pas à un « Brian Smart », mais à un dénommé Herbert Richard Baumeister, habitant Westfield, Comté d’Hamilton, dans l’Indiana. Il vivait dans une propriété appelée « Fox Hollow Farms », avec son épouse et ses trois enfants. La maison, un véritable manoir, possédait une piscine intérieure à la cave.

À présent, la police avait une piste. Elle commença à enquêter sur Herb Baumeister, qui, lui, commença… à s’affoler.
Le 1er novembre, après avoir surveillé ses faits et gestes durant un moment, Mary Wilson et son supérieur, le Lieutenant Thomas Green, allèrent à la rencontre d’Herb Baumeister dans l’un de ses magasins. Mary Wilson lui expliqua directement, sans ambages, pourquoi ils étaient là : ils enquêtaient sur les disparitions de plusieurs jeunes homosexuels d’Indianapolis, ils le suspectaient, ils voulaient perquisitionner sa maison. Baumeister, prenant un air de « saint martyr innocent », refusa. Il ajouta qu’à présent, les policiers devraient contacter son avocat s’ils désiraient lui parler.
Une fois revenus dans leur voiture, Green dit à Mary Wilson qu’il pensait non seulement que Baumeister était «extrêmement nerveux», mais aussi qu’il était «le type le plus bizarre qu’il ait jamais rencontré».

Mary Wilson n’allait pas se laisser damer le pion par Baumeister. Elle tenta une autre approche. Elle rencontra Julie Baumeister qui, en tant que copropriétaire de leur maison, pouvait légalement autoriser la police à fouiller leur domicile. Mais Julie Baumeister fut aussi obstinée que son mari. Herb Baumeister avait prévenu son épouse qu’il était accusé, à tort… de vol. Si la police la contactait, elle ne devait pas, «en aucune circonstance, les autoriser à fouiller».
Mary Wilson lui expliqua alors la véritable raison de sa requête : des meurtres, et non pas un simple vol.
Julie Baumeister dévisagea Mary Wilson comme si celle-ci venait de lui assener une terrible gifle. Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle informa Mary Wilson qu’elle ne voulait toujours pas que l’on perquisitionne. Poliment, mais toujours sous le choc. L’enquêtrice donna sa carte de visite à Julie Baumeister et la pressa de l’appeler si elle changeait d’avis. Le refus de Julie n’indiquait pas qu’elle était complice de quoi que ce soit. C’était seulement la réaction typique d’une femme qui nie qu’elle puisse être mariée à un homme possédant un tel « côté sombre ».

Toutefois, les choses s’envenimèrent dans le couple, les tensions qu’Herb Baumeister ressentait à cause de l’enquête policière ne devaient rien arranger. Julie téléphona même à Mary Wilson pour lui reprocher d’aggraver ses problèmes conjugaux. « La police ne viendra pas chez moi pour tout démolir et effrayer mes enfants, tout ça à cause d’un cinglé appelé Mark Goodyear que mon mari n’a jamais rencontré !« 

Vandagriff se plaignit du jeu de patience auquel jouait la police du comté. Mary Wilson, qui voulait un mandat de perquisition, ne pouvait en obtenir un parce que le Comté d’Hamilton n’était pas dans sa juridiction. Et le Comté d’Hamilton, de son côté, ne voulait pas coopérer.

Pourquoi ? Peut-être les autorités du comté avaient-elles peur de se confronter à un citoyen « au-dessus de tout soupçon » tant qu’elles ne possédaient pas de preuves décisives. Ou peut-être pensaient-elles vraiment que Baumeister n’était pas coupable.

En tout cas, Vandagriff et Mary Wilson perdirent six mois et rencontrèrent de nombreux problèmes… jusqu’à ce que Julie Baumeister décide enfin de les autoriser à fouiller sa propriété.

En juin 1996, Baumeister était devenu totalement paranoïaque. En mai, le « Bureau des Enfants » avait décidé d’annuler leurs contrats avec les deux magasins des Baumeister. La vie de couple était à présent intolérable pour Julie Baumeister. Son époux et elle avaient commencé des procédures de divorce séparées.
Julie Baumeister avait continué à penser à ce que lui avait dit Mary Wilson, aux doutes qu’elle avait déjà ressentis concernant son époux.
Le 23 juin, elle appela donc son avocat, Bill Wendling, et lui demanda de contacter Mary Wilson. Herb Baumeister était absent, il rendait visite à sa mère avec leur fils Erich, au lac Wawasee. Julie Baumeister voulut profiter de l’opportunité pour parler à Mary Wilson des os qu’elle avait découvert dans leur jardin.
Le lendemain, Mary Wilson se rendit à « Fox Hollow Farms » avec deux policiers – extrêmement sceptiques – du Comté d’Hamilton, le Capitaine Tom Anderson (du Bureau du Shérif) et l’inspecteur Jeff Marcum. Anderson était persuadé que les os étaient ceux d’un animal. En face de Mary Wilson, il expliqua qu’il serait heureux d’apprendre à Julie Baumeister que ses soupçons étaient « de la connerie ».

Julie Baumeister, accompagnée de son avocat, attendait les policiers sur le pas de sa porte cet après-midi-là. Elle les guida jusqu’à la partie boisée de leur vaste « jardin ». Puis, elle désigna du doigt l’endroit où, deux ans auparavant, son fils Erich avait trouvé un squelette. La raison pour laquelle elle n’en avait parlé à personne était qu’elle avait cru l’histoire que lui avait raconté son mari selon laquelle c’était juste un «squelette de dissection». Mais à présent, les actes étranges de son époux lui faisaient craindre le pire.

fox hollow farm jardins
La grande propriété de Fox Hollow Farm

Le jardin, à première vue, semblait tout à fait normal.
Mais, lorsque les policiers commencèrent à fouiller dans l’herbe haute et les tas de saleté derrière le patio, ils découvrirent un grand os brûlé. Aucun des trois n’était sûr que c’était un os humain. Puis, alors que leurs yeux scrutaient le sol autour d’eux, il devint évident que les nombreux cailloux et pierres éparpillés sur l’herbe… n’étaient pas des cailloux ni des pierres, mais des fragments d’os !
Bill Wendling, l’avocat de Julie Baumeister, qui observait les policiers saisir des morceaux d’os les uns après les autres, regarda ses propres pieds. Il réalisa en tremblant que lui aussi marchait sur ce qui paraissait bien être des bouts d’os, là, à l’endroit où les trois enfants des Baumeister avaient l’habitude de jouer. Il se pencha pour ramasser ce qui était manifestement une dent humaine.
Il y avait des fragments d’os partout. Vraiment partout.
Et pourtant, les deux policiers du comté n’étaient toujours pas convaincus que ce qu’ils recueillaient et photographiaient était des os humains. Mary Wilson, elle, en était persuadée. Elle avait ressenti la peur dans la voix de Mark Goodyear. Elle avait vu à quel point Herb Baumeister était nerveux et tout ce qu’il avait fait pour qu’elle ne perquisitionne pas chez lui, y compris mentir à sa femme. Elle savait à présent pourquoi.
Mary Wilson confia les échantillons à « l’anthropologue légal » Stephen Nawrocki, à l’Université de l’Indiana, pour qu’il les examine. Sa réponse lui parvint rapidement : les os étaient bien humains. Ils étaient récents. Et ils avaient été brûlés.

Le lendemain, la police retourna à la propriété, qui semblait bien avoir été le lieu des pires crimes que l’Indiana ait jamais connus. Le jardin-cimetière d’Herb Baumeister contenait sans doute les restes des nombreux jeunes homosexuels qui, durant plusieurs années, avaient disparu d’Indianapolis.

le Dr Nawrocki
Le Dr Nawrocki, au centre

Cette fois, d’autres officiers et « officiels » se joignirent aux trois policiers pour diriger des fouilles minutieuses. Parmi eux, un procureur, Sonia Leerkamp, et plusieurs enquêteurs. Le Docteur Nawrocki vint également, avec deux assistants, pour procéder à l’exhumation de ce qui était, de toute évidence, un « cimetière secret ». Les trois anthropologues commencèrent à chercher des fragments d’os, en plantant de petits drapeaux oranges à chaque fois qu’ils en découvraient un. En une demi-heure, ils plantèrent près de 100 drapeaux.
Les fouilles continuèrent toute la journée et même la nuit. D’autres policiers perquisitionnèrent la maison des Baumeister. Ils découvrirent la piscine, le bar, les mannequins, tout ce que Mark Goodyear avait décrit. Mais ils trouvèrent aussi quelque chose que Mark n’avait pas vu : un caméscope à moitié caché dans un coin. Les policiers pensèrent immédiatement que Baumeister avait filmé ses meurtres.
L’affaire devenait de plus en plus étrange.

Julie Baumeister s’inquiéta de la sécurité de son fils Erich, qui était toujours avec son époux au Lac Wawasee. Elle craignit soudain que son mari ne s’en prenne à lui s’il apprenait ce qui se passait ici. Le procureur Sonia Leerkamp et le juge du comté signèrent immédiatement des documents qui retiraient le garçon à son père.
Baumeister tenta de garder son fils, sans résultat. Il ne soupçonna pas toutefois que son secret avait été découvert à « Fox Hollow Farms ». Il pensa simplement que c’était une manœuvre de son épouse pour neutraliser ses éventuels mouvements juridiques concernant le divorce. Lorsque des policiers apparurent avec les documents officiels pour raccompagner le garçon à Westfield, Herb Baumeister le leur confia calmement et sans menace.

Chez les Baumeisters, rien n’était calme. Les enquêteurs du comté, dirigé par le Sheriff Kenneth Whisman, recollaient les pièces du puzzle. Des monceaux de terreau laissèrent apparaître de très nombreux fragments d’os. Baumeister avait brûlé les corps sous des amas de feuilles et de détritus.
Les enquêteurs se demandèrent comment Baumeister avait pu étrangler, brûler et enterrer ces hommes sans que sa famille le sache. Julie Baumeister leur expliqua que de temps en temps, et parfois durant plusieurs mois en été, elle emmenait les enfants chez « mamie », la mère d’Herb Baumeister, laissant son époux seul à la maison. «Il avait beaucoup de travail», dit-elle.

Les policiers comparèrent les dates des disparitions des victimes et les périodes durant lesquelles Herb Baumeister avait été seul : elles concordaient.
Les fouilles dans le jardin continuèrent sans s’arrêter. Le nombre de « fossoyeurs » était à présent de 60, des volontaires, pour la plupart des policiers à la retraite et des pompiers. Les deux premiers jours permirent de mettre à jour le nombre ahurissant de 5 500 fragments d’os et de dents, ce qui, selon Nawrocki, représentait quatre corps.

Lorsque l’on eut retourné les 7 hectares de la propriété, les membres de l’équipe apprirent que les fouilles n’étaient pas encore terminées. Des voisins d’une maison adjacente avaient informé les policiers qu’ils avaient découverts d’autres os chez eux. Ils guidèrent les enquêteurs jusqu’à un endroit, au bord de leur jardin, séparé de la propriété des Baumeister par un fossé d’écoulement des eaux. Dans ce fossé, il y avait des côtes, des vertèbres et des colonnes vertébrales ! Les os étaient si nombreux, et en bien meilleur état que ceux de la propriété des Baumeister, qu’ils avaient littéralement jailli de la boue. Les pelles remontèrent non seulement des os, mais aussi des cannettes de bière « Miller Genuine Draft » (la bière favorite de Baumeister) et des menottes qui avaient certainement servi à attacher les victimes.
Lorsque les exhumations à cet endroit furent terminées et que 140 os furent découverts, Nawrocki conclut que cela représentait trois hommes de plus, pour un total estimé à sept victimes.

La grande maison de Baumeister dans la prorpiété

Il fallut attendre septembre pour que les anthropologues puissent identifier certains des corps (seulement quatre malheureusement) grâce à leur dentition. Roger Allen Goodlet, 34 ans, Steven Hale, 26 ans, Richard Hamilton, 20 ans, et Manuel Resendez, 31 ans. Il allait falloir attendre 2023 pour qu’une sixième victime, Allen Livingston, 27 ans, soit identifiée.
À ce jour, les deux autres hommes découverts à Fox Hollow Farms n’ont toujours pas été identifiés.

Mais, pendant ce temps-là, personne ne surveillait Herb Baumeister !
Il s’enfuit du lac Wawasee et, tout comme ses victimes, il disparut dans la nature. Le seul indice que possédait la police provenait de Brad Baumeister, le petit frère de Herb, qui avait appelé le detective Whisman le 29 juin, cinq jours après que la police a trouvé le « cimetière » dans le jardin. Brad avait dit au policier que son frère lui avait téléphoné de la petite ville de Fennville, dans le Michigan, en lui expliquant qu’il faisait un voyage d’affaire et… qu’il avait besoin d’argent, rapidement.
Après que Brad Baumeister a envoyé l’argent, il avait appris ce qui se passait chez son frère et, soupçonneux, il avait contacté les autorités.

voyage vers ontario
Le voyage de Baumeister

La police détermina qu’Herb Baumeister avait quitté Wawasee dans sa Buick grise et avait roulé vers le nord. Il était arrivé à Fennville le 28 juin.
Le lendemain, il parvint à Port Huron, où il contacta à nouveau son frère pour lui demander encore de l’argent. Mais Brad Baumeister, sur les conseils du detective Whisman, lui expliqua que la police voulait lui parler.
Herb Baumeister refusa.
Il passa la frontière et entra au Canada. La police Provincial de l’Ontario pense qu’il arriva à Sarnia le 30 juin, qu’il y passa quelques jours avant de partir vers l’est, le long du Lac Huron, vers Grand Bend.
Et là, dans le « Ontario’s Pinery Provincial Park », le soir du 3 juillet, il se suicida. Il prit son 357 Magnum et se tira une balle dans la tempe. La note qu’il laissa derrière lui attribuait cet acte à «un commerce moribond et un mariage irréparable». Mais Baumeister ne fit pas mention des squelettes qu’il avait laissés à Westfield. Ces derniers mots, sur les trois pages de ce document, expliquaient qu’il allait manger un sandwich au beurre de cacahuètes (son mets favori), puis qu’il allait «dormir».

Ce même soir, un trooper Canadien l’avait réveillé pour lui demander pourquoi il dormait dans sa voiture, sous un pont. Baumeister avait répondu qu’il était un touriste et qu’il se reposait juste un peu. Le trooper avait remarqué des bagages à l’arrière et ce qui semblait bien être une pile de cassettes vidéos.
Peut-être étaient-ce les cassettes vidéo des meurtres qu’il avait commis dans la piscine de Fox Hollow Farms. Mais, lorsque son corps fut découvert près de sa voiture, les cassettes avaient disparu. Sans doute les avait-il jeté dans un des nombreux lacs de la région avant de se suicider.

Mais, malgré la mort de Baumeister, tout n’était pas encore terminé.

meurtres de la I-70
Les meurtres de la I-70

Dès le début de son enquête, Virgil Vandagriff avait fait la connexion entre les disparitions d’homosexuels d’Indianapolis et les meurtres par strangulation d’autres jeunes gays, découverts sur l’autoroute inter-état 70, dans l’Ohio. Il avait présenté le témoignage de Mark Goodyear à David Lindloff, le procureur du Comté de Preble, dans l’Ohio (à la frontière avec l’Indiana), qui dirigeait l’enquête sur ce que l’on appelait les « meurtres de la I-70 ». Lindloff et Vandagriff étaient tombés d’accord : il y avait de grandes similitudes. Le dernier des « meurtres de la I-70 » avait été commis en 1990, peu avant que les disparitions à Indianapolis ne débutent.
Lorsque les médias commencèrent à parler des corps découverts à « Fox Hollow Farms », Lindloff se souvint de la conversation qu’il avait eu avec Vandagriff. Il étudia les « cas » Baumeister et découvrit qu’il avait effectué de très nombreux « voyages d’affaires » dans l’Ohio dans la fin des années 80.
Lindloff suggéra donc qu’Herb Baumeister pouvait bien être le « tueur de la I-70 ». Cela ne surprit pas Julie Baumeister, qui avait déjà dû admettre que son défunt époux était un sadique qui étranglait des hommes lorsqu’elle était absente avec les enfants. Elle coopéra avec Lindloff, et lui fournit toutes les informations qu’il désirait : reçus de carte de crédit, factures détaillées d’appels téléphoniques, utilisation de la voiture…
La photographie de Baumeister correspondait au portrait-robot que la police avait établi grâce à des témoins qui pensaient avoir vu « l’étrangleur de la I-70 ». L’un des témoins identifia même directement Baumeister comme l’homme qu’il avait vu reconduire son ami chez lui, après une soirée dans un bar, en 1988. Cet ami, Michael Riley, avait été découvert mort le lendemain matin.
Peu après, des représentants des différents comtés de l’Indiana et de l’Ohio tinrent une conférence de presse durant laquelle ils lièrent définitivement Baumeister avec les meurtres de la I-70.
« Il y a eu des sceptiques« , a admit Vandagriff. « Nous ne serons jamais sûrs à 100%. Mais tout le désigne, même le fait que les meurtres de la I-70 aient cessé au moment où il a acheté sa maison à Westfield… qui lui prodiguait un endroit où il pouvait faire disparaître les corps sans difficulté, sans craindre de problème« .

L’étrangleur de l’I-70 est le surnom d’un tueur en série qui a assassiné au moins onze adolescents et adultes dans l’Indiana et l’Ohio entre juin 1980 et octobre 1991, jetant leurs corps près de l’autoroute inter-états I-70. Le tueur rencontrait ses victimes dans des bars gay populaires et d’autres établissements similaires dans un rayon de quatre pâtés de maisons à Indianapolis.
Toutes les victimes ont ensuite été retrouvées nues ou partiellement vêtues près de l’Interstate 70, souvent jetées dans des rivières, des ruisseaux et des fossés de la campagne. Ils avaient tous été étranglés. Baumeister a été désigné comme le principal suspect dans cette affaire. Selon les enquêteurs, les corps liés à l’affaire de l’Étrangleur de l’I-70 ont cessé d’être retrouvés en 1991, après que Baumeister eut acheté la propriété Fox Hollow Farm, qu’il allait utiliser comme lieu d’enterrement pour ses victimes suivantes.

Vandagriff pense que l’enquête sur Herb Baumeister n’a pas été poussée assez loin par la police. Lui, malheureusement, n’avait pas la liberté ni les capacités financières pour le faire. Il affirme que certaines pistes n’ont pas été suivies jusqu’au bout.
Ainsi, Herb Baumeister avait un frère qui vivait au Texas, Richard. Vandagriff ne sait pas si Herb Baumeister était dans les parages ou non, mais Richard avait été découvert mort dans un bain à remous. Cette affaire n’a jamais été élucidée, mais elle s’est déroulée à l’époque où Herb Baumeister étranglait des gens dans sa piscine. Étrange.

En juin 1996, les enquêteurs ont retrouvé des fragments d’ossements humains d’au moins onze personnes enterrées dans les bois de Fox Hollow Farm.
Le 28 avril 1998, les enquêteurs ont conclu que Herb Baumeister avait probablement tué au moins neuf hommes à Westfield, plus neuf dont les corps avaient été retrouvés le long de la I-70, entre 1985 et 1990.
En octobre 2013, l’un des os retrouvé en 1996 dans la propriété de Herbert Baumeister a enfin été identifié par des tests génétiques médico-légaux comme étant celui d’Allen Livingston, disparu en août 1993.
Une nouvelle recherche effectuée le 4 décembre 2022 a permis de retrouver un nouvel os et d’identifier vingt autres endroits susceptibles de contenir d’autres restes enfouis sous terre. Les autorités locales ont décidé d’utiliser de nouvelles technologies ADN afin d’identifier les victimes qui sont encore anonymes.