Article mis à jour le 15 octobre 2015

Sue Young espère que quelque chose de bon pourra advenir de l’expérience terrifiante qu’elle a subie.

Sa fille, Martha Sue, 19 ans, a été la première victime du tueur Donald Miller, en 1977, dans la région de Lansing. Miller a tué quatre jeunes femmes et tenté d’assassiner deux adolescentes entre 1977 et 1978.

Elle n’a pas parlé aux journalistes des détails du crime ni des émotions qui la tourmentent depuis le jour où le corps de sa fille a été découvert, 2 ans et demi après sa disparition. Sue Young assure que son ouvrage « Lethal Friendship » (Amitié mortelle) le fera pour elle.

Elle préfère parler des leçons qu’elle a tirées de cette expérience. « Il y a eu tant de souffrance. Ce serait une erreur de gâcher toute cette souffrance… et de ne pas essayer d’en faire quelque chose. Je veux qu’aucune mère, qu’aucune fille n’ait jamais à vivre ce que j’ai subi ».

Sue Young participe à des séminaires et des rencontres, en Arizona et en Californie et parlera de ce qu’elle a vécu à un « meeting », fin septembre, à la East Lansing Historical Society.

Quatre thèmes lui tiennent particulièrement à cœur :
– comment les gens peuvent s’unir pour faire la différence,
– comment une communauté peut servir de « radeau de sauvetage » durant une tragédie,
– les signes qui peuvent faire craindre une relation malsaine,
– le pardon

« J’ai pardonné Donald Miller. Je ne passe pas ma vie à le haïr. Mais je déteste ce qu’il a fait ».

Le pardon ne signifie pas que Sue Young accepte que Miller soit libéré sur parole, dans 13 ans. « Les psychologues affirment qu’il recommencera s’il sort. Je croirais qu’il a été réhabilité s’il sent tellement de remord pour ce qu’il a fait, qu’il accepte d’accomplir la totalité de sa peine, sans libération sur parole ». Miller, qui a 50 ans, aurait alors dans les 80 ans lorsqu’il serait libéré.

Richard Westgate, ancien enquêteur de la police d’East Lansing, qui a récemment pris sa retraite de chef de la police de Jupiter, en Floride, a apprit à bien connaître Sue Young lorsqu’il a travaillé sur les meurtres en série. « J’admire Madame Young et cela depuis le premier jour ». Westgate a arrêté Miller après qu’il ait violé et tenté de tuer deux adolescentes et le frère de l’une d’elle, dans la banlieue de Delta, en août 1978.

Martha Sue Young
Martha Sue Young

Il a également accompagné Miller lorsque, après qu’il ait été condamné pour ces deux tentatives de meurtre, il ait accepté de conduire la police jusqu’aux cadavres de Martha Sue, Kristine Stuart, 30 ans, et Wendy Bush, 21 ans , lors d’un « plea bargain » qui lui a permis d’éviter la perpétuité.
« Condamner Miller pour meurtre avec préméditation n’aurait rien ajouté à sa sentence puisqu’il avait été condamné à plus de 30 ans d’emprisonnement. Et retrouver les corps des victimes a soulagé les familles et leur a permis de les enterrer décemment ».

L’officier Ken Ouellette, d’East Lansing, lui aussi retraité, a reçu le premier appel de Sue Young au sujet de la disparition de sa fille, le 1 er janvier 1977.

Il a interrogé Miller, l’ex-fiancé de Martha Sue, après que celle-ci ait disparu alors qu’elle faisait du baby-sitting à East Lansing. Miller avait admis avoir rencontré la jeune femme durant la matinée. Ouelette avait senti qu’il cachait quelque chose. « A midi, il était déjà devenu notre suspect numéro un ». Malheureusement, Miller a tué encore trois fois avant d’être arrêté.

Miller a été condamné en juillet 1979 pour le meurtre de Martha Sue. Il aurait pu être libéré après avoir passé 18 des 30 années (au minimum) auxquelles il avait été condamné. Mais les procureurs d’Eaton, Ingham et Chippewa ont unis leurs efforts en 1998 pour empêcher sa libération sur parole. Ils ont réussi à ajouter « 20 à 40 ans » d’emprisonnement à la peine de Miller, pour possession d’une arme dans sa cellule : un lacet de botte avec des boutons attachés à chaque extrémité, qui aurait pu servir de garrot.

L’un des but de Sue Young est de pousser les législateurs à modifier les lois afin d’empêcher un personnage tel que Miller d’être libéré… et de recommencer à tuer.
« Les victimes doivent avoir plus de droits que le tueur. Je suis offusquée par la phrase ‘Il a payé sa dette à la société’. On dirait en entendant cela qu’une vie peut être vendue, qu’elle a un prix. Je ne pense pas que ce genre de dette soit ‘payable’ ».