Article mis à jour le 5 mars 2023
Nom : Dennis Lynn Rader
Né le : 9 mars 1945 à Pittsburg, Kansas.
Surnom : BTK – Bind, Torture, Kill (Attacher, Torturer, Tuer).
Mort le : Toujours vivant, emprisonné à vie au El Dorado Correctional Facility, Kansas.
Dennis Rader s’était lui-même choisi son surnom : « BTK, Bind, Torture, Kill ». Il adorait préparer ses crimes, suivre et harceler ses futures victimes avant de les torturer longuement. Durant près de trente ans, il envoya de terribles courriers aux médias et à la police de Wichita pour se vanter de ses 10 meurtres. Il se croyait supérieurement intelligent et intouchable. Mais sa trop grande confiance en lui l’amena à commettre une erreur stupide qui conduisit la police directement chez lui.
Informations personnelles
Né le 9 mars 1945, Dennis Rader est l’aîné des quatre fils de Dorothea et William Rader. Bien que né à Pittsburgh, Kansas, il grandit à Wichita avec ses trois frères, qui fréquentèrent tous le même lycée.
Son père combattit dans le corps des Marines, puis travailla pour la société d’électricité KG & E à partir de 1948. La famille déménagea dans la plus grande ville du Kansas, Wichita, alors que Dennis était encore un jeune garçon. Les Rader s’installèrent dans une maison modeste, mais agréable.
Le père était strict, mais ne fut jamais cruel. La famille Rader, même la famille étendue du Missouri, ne fit jamais fait quoi que ce soit qui aurait pu attirer l’attention. Aucun d’eux n’a jamais transgressé la loi.
La vie du jeune Dennis Rader semblait simple et joyeusement ordinaire. Ses anciens amis expliquèrent qu’il adorait lire des romans d’aventures et des bandes dessinées. Ils jouaient aux flics et aux voleurs jusqu’à la nuit tombée. Ils faisaient des batailles de boules de neige dans la cour de l’école. Ils achetaient des bonbons et faisaient des tours de manège. Et la première question que Dennis Rader posa à son enseignant lors de son premier jour d’école fut : « À quelle heure on mange ? »
Dennis Rader eut une enfance normale. Il joignit les scouts et participa à des activités de groupes dans son église. Il fréquenta l’école élémentaire Riverview, où il fut un élève moyen et plutôt timide.
Toutefois, de son propre aveu, il développa des fantasmes sur l’esclavage, le contrôle et la torture dès son plus jeune âge, alors qu’il était encore à l’école primaire. Alors qu’il approchait de l’adolescence, il rêva d’attacher des jeunes filles et de les violer. L’actrice Annette Funicello (star du Mickey Mouse Club) était l’une des cibles préférées de ses fantasmes de bondage. Il admit avoir tué des chats en les suspendant par le cou.
Il était fasciné par la double vie de H.H. Holmes, un tueur en série et hôtelier réputé du XIXe siècle à Chicago, qui avait piégé et torturé de nombreuses femmes. Vers 9 ou 10 ans, alors que les autres enfants étaient à la récréation, Rader dessinait le « château mortel » de Holmes à la craie sur le tableau. Il lisait les magazines de son père consacrés aux crimes et faits-divers, qui présentaient des photos de femmes attachées en couverture.
Dennis Rader affirma que, si son père travaillait de longues heures, sa mère consacrait son temps à la lecture et à la télévision, ne prêtant guère d’attention à ses enfants.
« Je m’entendais très bien avec mon père. Mais maman n’était pas toujours très heureuse. Je l’ai toujours aimée. Je l’aime toujours beaucoup. Mais j’ai eu un peu… un peu de rancune contre maman. »
Rader expliqua qu’un jour, quand il était jeune, l’alliance de sa mère s’était retrouvée coincée dans le ressort d’un sommier. Elle avait rapidement réalisé qu’elle ne pouvait pas libérer sa main. Affolée, elle avait alors demandé à son fils d’aller chercher de l’aide. Mais Rader s’est senti excité à l’idée de regarder une femme piégée et impuissante « qui le regardait terrorisée ».
Cette image ne l’avait jamais quittée.
« Je dirais probablement que même lorsque j’étais à l’école primaire, j’avais en quelque sorte des problèmes… Des fantasmes sexuels. Probablement plus que la normale. Tous les hommes ont probablement certains fantasmes sexuels. Le mien était probablement plus étrange que les autres. »
Dès le début de l’adolescence, il eut des fantasmes sadiques tournant autour de la torture de femmes «piégées et sans défense». Il développa ensuite plusieurs fétiches sexuels : voyeurisme, asphyxie auto-érotique et travestissement.
Rader s’attachait lui-même, ce qui l’excitait.
« Mon thème principal était de pendre quelqu’un. L’acte de pendre était sexuellement excitant pour moi : les éléments consistant à être lié ou à faire un effort avec la corde ou le nœud coulant autour du cou, les jambes attachées et l’impossibilité de s’échapper. Pour ma propre satisfaction, je me suis pendu au point de m’évanouir. »
Il espionna les femmes qui vivaient dans son quartier, tout en portant lui-même des vêtements de femmes, y compris des sous-vêtements qu’il avait volés, et se masturbait avec des cordes enroulées autour de ses bras et de son cou.
Plus il faisait ce genre de choses, plus il voulait continuer. C’était excitant. Il avait l’impression d’être réellement vivant lorsqu’il agissait ainsi.
Il apprit toutefois qu’il devait garder son monde intérieur pervers, sans fantasmes tordus d’esclavage, de torture et de mort, caché de tout le monde, et il y parvint avec habileté.
Ceux qui le connaissaient décrivirent un jeune homme calme et poli qui n’avait pas beaucoup d’amis. Il ne montrait aucun intérêt pour la musique et manquait totalement d’humour, il était plutôt studieux même si ses résultats scolaires étaient modestes. Il était le genre de personne qui semblait anodine, à qui on ne faisait pas attention.
Dennis Rader termina le lycée en 1963, son bac en poche, mais n’entra à l’université qu’en 1965. Le Kansas Wesleyan College de Salina était loin de Wichita et il dut dormir dans une chambre d’étudiant. Il n’obtint que des mauvaises notes. Obligé de travailler pour subvenir à ses besoins, il était constamment occupé et retournait même à Wichita le week-end pour s’employer dans un supermarché. Il rejoignit une fraternité étudiante et tenta de se faire des amis, de se montrer plus extraverti. Toutefois, selon le journal intime qu’il commença à tenir à cette période, il commença également à suivre des femmes. Il réussit à s’introduire par effraction dans des maisons et des bâtiments, subtilisant de petits objets. Il trouva ce genre d’activité « exaltante ».
Durant l’été 1966, à 21 ans, Dennis Rader rejoignit l’US Air Force, par tradition familiale, mais aussi, apparemment, pour éviter d’être enrôlé dans la guerre du Vietnam.
Il fut d’abord envoyé dans des bases aériennes du Texas, pour y suivre un entraînement de base puis une formation technique. Début 1967, il fut stationné dans l’Alabama, et y resta jusqu’en janvier 1968, date à laquelle il fut envoyé à Okinawa, au Japon, où il resta durant 6 mois. En juillet 1968, il fut transféré dans la grande base aérienne de Tachikawa située près de Tokyo. Il y fut basé jusqu’à la fin de son service en 1970.
Les quatre années de service actif de Rader dans l’armée de l’air semblèrent avoir été remarquables. Il atteignit le grade de sergent et participa à l’installation d’antenne radar. C’est au cours de cette période qu’il eut ses premières relations sexuelles, avec des prostituées locales. Elles refusèrent toutefois d’être attachées. Rader continua à observer et à suivre des jeunes femmes de temps en temps, mais ses journaux intimes ne mentionnèrent aucune agression. Il réussit à pénétrer dans la bibliothèque de la base et à voler un livre sans être appréhendé.
Rader reçut la médaille de bonne conduite des Forces aériennes, le ruban d’expertise au tir aux armes légères et la Médaille du service de la défense nationale. Il quitta l’Armée au cours de l’été 1970 et rentra tout naturellement dans sa ville natale de Wichita, au Kansas. Il servit encore deux ans comme réserviste.
Moins d’un an après son retour à Wichita, le 22 mai 1971, Dennis Rader et Paula Dietz se marièrent. Paula était de la même région et avait obtenu son bac dans le même lycée que lui. Ils fréquentaient la même église luthérienne. Dennis avait 26 ans, Paula avait 23 ans.
Ils s’installèrent à Park City, non loin de la maison des parents Rader, au nord de Wichita. Dennis Rader travailla dans la boucherie d’un supermarché IGA, où Paula était comptable, et, désireux de trouver un meilleur emploi, fréquenta le Butler County Community College à Eldorado, où il étudia l’électronique.
Paula et lui allaient avoir deux enfants : un garçon, Brian, et une fille, Kerri. Il se comporta toujours en bon mari et en bon père de famille.
Mais Rader ne pouvait ignorer ses envies. Il devint fasciné par les tueurs en série et les meurtres commis par la famille Manson.
En 1972, Rader quitta le supermarché IGA pour travailler chez Coleman, un fabricant de fournitures de camping et le plus grand employeur de Wichita à l’époque. Il allait y croiser deux de ses futures victimes.
En 1973, Dennis Rader obtient un diplôme en électronique. Peu de temps après, il quitta Coleman pour travailler pour chez Cessna, le constructeur de petits avions, et décida de continuer ses études, mais dans un tout autre domaine. Il s’inscrivit à l’Université d’État de Wichita. Il lui faudrait encore six ans de cours du soir pour obtenir son diplôme. Il était un piètre étudiant, d’après ses propres mots, qui avait des difficultés d’apprentissage flagrantes.
À la fin de l’année 1973, pendant la crise de l’embargo sur le pétrole, les ventes d’aéronefs chutèrent et Cessna le licencia. Rader se retrouva déprimé, sans emploi, malheureux.
Et avec du temps libre.
Il plongea plus profondément dans le monde fantasmatique qu’il connaissait depuis l’enfance et voulut passer à l’acte. Il voulait étrangler quelqu’un.
En janvier 1974, Dennis Rader était agité. Sa femme travaillait à l’hôpital de Wichita, mais n’aimait pas conduire dans la neige et la glace, alors il lui proposait souvent de jouer les chauffeurs. Sur le chemin du retour, il rôdait, à pied ou en voiture, dans certains quartiers ou sur le campus universitaire, où il y avait des femmes à observer. Il entrait dans son royaume imaginaire d’esclavage, de torture et de mort, imaginant ce qu’il leur ferait.
Crimes et châtiments
Wichita est la plus grande ville du Kansas et, même si elle n’est pas très grande et plutôt terne, c’est une ville importante des États-Unis. Les habitants de Wichita sont attachés aux valeurs américaines et à la famille, et très fiers de leur communauté.
Le 15 janvier 1974, un jour d’hiver glacial, Charlie Otero, 15 ans, rentra chez lui après l’école. Charlie, ses parents et ses quatre frères et sœurs s’étaient récemment installés dans un quartier paisible de la banlieue de Wichita, dans une petite maison située au 803, rue North Edgemoor.
En entrant chez lui, Charlie lança « Bonjour, il y a quelqu’un à la maison? » en posant son sac sur le plancher. La maison était silencieuse. Personne ne lui répondit. Pas même un aboiement de son chien. Avec une certaine appréhension, Charlie se dirigea vers la chambre de ses parents.
Le père de Charlie, Joseph, 38 ans était allongé face contre terre, au pied de son lit. Il avait les poignets et les chevilles liés, un sac plastique et un t-shirt sur la tête. Sa mère, Julie, âgée de 34 ans, était allongée sur le lit, attachée de la même manière, et était bâillonnée. Tous deux avaient été étranglés. Pendant quelques secondes, Charlie resta immobile, incapable de bouger, ne sachant quoi faire. Reprenant ses esprits, il courut hors de la maison pour chercher de l’aide. Sans savoir qu’il n’avait vu qu’une partie de l’horreur que la famille avait subie.
Charlie demanda l’aide d’un voisin qui accourut chez les Otero. Lorsqu’il tenta d’appeler la police, il réalisa que la ligne téléphonique avait été coupée et dut retourner chez lui pour passer l’appel.
Les policiers voulurent savoir si d’autres membres de la famille avaient été assassinés. Daniel, 14 ans et Carmen, 13 ans, allaient bientôt revenir du collège, sains et saufs, mais les policiers découvrirent le petit Joseph junior, neuf ans, dans sa chambre, face contre terre, au pied de son lit. Ses poignets et ses chevilles étaient également liés, et son assassin lui avait glissé un sac plastique sur la tête. Le petit garçon avait suffoqué.
Et comme si cela n’était pas assez horrible, au sous-sol, les policiers trouvèrent la sœur de Charlie, Joséphine, âgée de onze ans, pendue à un tuyau par le cou. Elle n’était vêtue que d’un t-shirt et de chaussettes. Elle avait été attachée, ligotée et bâillonnée.
Les enquêteurs furent abasourdis. Comment ces meurtres avaient-ils pu être commis en même temps, en plein jour, dans un quartier si calme ?
Ils révélèrent peu de détails aux médias locaux. Les quatre victimes avaient été étranglées avec des cordelettes coupées d’un store vénitien (même si Joseph senior et junior avaient finalement été suffoqué avec un sac plastique). Puisque les Otero ne possédaient pas ce type de cordelette, le tueur les avait donc emportées avec lui, ainsi que les sacs, le ruban adhésif, de quoi couper le fil du téléphone et, sans doute, une arme à feu.
Aucune des victimes n’avait été agressée sexuellement, mais on retrouva du sperme sur les jambes de Josephine Otero et sur le tuyau auquel son corps était suspendu.
La montre de Joseph Otero avait disparu. En dehors de cela, il n’y avait aucune preuve d’effraction, de cambriolage ou de lutte.
Le coroner détermina que les quatre meurtres avaient eu lieu bien avant midi et très probablement vers 8 ou 9 heures du matin. La police émit alors l’hypothèse que, pendant que Joseph Otero conduisait les trois enfants plus âgés à l’école, le meurtrier avait pénétré dans la maison où Julie et ses deux plus jeunes enfants étaient seuls. Une fois que le meurtrier avait maîtrisé et attaché les trois occupants, il avait attendu que Joseph rentre à la maison et l’avait surpris. Sans doute menacé avec une arme. Quelqu’un avait sorti le grand chien des Oteros à l’arrière de la maison.
Le tueur était resté environ une heure et demie dans la maison, puis avait pris la voiture de la famille et l’avait garée près d’un supermarché, non loin de là. Les voisins des Otero avaient remarqué un homme, peut-être au teint foncé, quittant la maison des Otero dans leur voiture. Rien d’autre.
La police se demanda si la famille n’avait pas fait ou vu quelque chose qui aurait pu provoquer ce massacre. Peut-être la mafia ? Mais il semblait que le tueur était seul. Et pourquoi, si cela était une exécution, s’était-il masturbé sur la dépouille de la petite Josephine ? Pourquoi ses jambes étaient-elles complètement ligotées ?
Joseph Otero était né à Porto Rico et, après avoir déménagé aux États-Unis, il avait fait carrière dans l’US Air Force. Juste avant sa mort, il avait quitté l’armée de l’air où il était instructeur de vol et mécanicien. Il était physiquement très en forme et était un excellent boxeur. Ses collègues l’aimaient bien et personne ne trouvait de mobile pour son assassinat. Julie Otero avait été remerciée de la société Coleman, mais on lui avait promis qu’elle serait réembauchée lorsque les affaires reprendraient. Elle aussi était une personne amicale et une très bonne mère. Comme son mari, elle savait se défendre et maîtrisait le judo.
Les enfants d’Otero étaient de très bons élèves et étaient appréciés des personnes qui les connaissaient. Les Otero n’avaient pas d’ennemis connus. Ils ne trempaient dans aucune « affaire louche ».
Ils auraient dû repousser leur assaillant. Le tueur avait planifié et orchestré leurs meurtres. Cela signifiait qu’il les avait observés, sans doute longuement, car le massacre nécessitait un timing parfait (aller/retour du père) pour pouvoir maîtriser un groupe de personnes qui étaient normalement capables de se défendre.
Les policiers apprirent toutefois que Joseph Otero n’avait peut-être pas pu se défendre autant qu’il l’aurait voulu, car il s’était fêlé une côte dans un accident deux semaines auparavant.
Cela ressemblait à une opération militaire, mais pourquoi le sac plastique sur la tête de Joseph senior et junior, pourquoi la pauvre Josephine pendue au sous-sol ? Le chef de la police, Floyd Hannon, déclara au Wichita Eagle en janvier 1974 que « la manière dont les membres de la famille ont été tués indique un fantasme de la part de l’assaillant ».
Comme Dennis Rader allait l’expliquer bien des années plus tard aux policiers, Joséphine était sa « cible principale ». Julie, l’adulte, était « une cible secondaire ». Il avait suivi la petite fille et sa mère durant presque un mois après les avoir vues, un jour, alors qu’il conduisait dans la rue où ils habitaient. Rader avait été « excité » par la vue de Julie Otero et de la petite Josephine, parce qu’il était « attiré par les femmes d’apparence hispanique ». Il avait « toujours eu un désir sexuel pour les femmes plus jeunes. » Il avait observé le père qui sortait de la maison pour conduire les plus grands au collège, les horaires de travail des parents, les itinéraires suivis par les plus enfants pour se rendre à l’école…
Il avait tout noté dans un petit carnet et avait même choisi un nom de code pour son projet : « Little Mex », comme « petite mexicaine » (alors que les Otero étaient Portoricains d’origine).
Le jour fatal, Rader s’était attendu à ne trouver que la mère et la fille à la maison, il avait été surpris que Joseph senior et junior soient présents. Il avait affirmé aux Otero qu’il ne leur ferait pas de mal, qu’il cherchait simplement à échapper à la police et ne voulait que de la nourriture et de l’argent pour le mener à sa prochaine destination. Selon Rader, la famille Otero, abasourdie, effrayée, n’avait pas su comment réagir. Il avait donc attaché Joseph Otero, le plus fort et le plus dangereux. Une fois tout le monde ligoté, il les avait conduits dans les chambres. Ce n’est, sans doute, que lorsqu’il avait passé un sac plastique sur la tête de Joseph Otero que les enfants et Madame Otero avaient compris, saisis de terreur, qu’ils allaient probablement mourir.
Rader avait étranglé les parents, mais s’était assis sur une chaise à côté du petit Joey et l’avait regardé mourir alors qu’il suffoquait, le sac sur la tête. Il allait calment expliquer qu’il « est extrêmement difficile de tuer quelqu’un par strangulation ».
L’affaire Otero serait la première et la dernière fois que Rader tuerait un homme ou un enfant : toutes les autres victimes allaient être des femmes, apparemment choisies au hasard, âgées de 21 à 62 ans.
Dès le mois de février, Rader, très heureux et très fier de son massacre, commença la rédaction d’une sorte de mémoire intitulé « La mort, un matin glacial de janvier » (Death on a Cold January Morning). Il le garda évidemment secret et le dissimula précautionneusement, car il y racontait en détail les meurtres de chacun des membres de la famille Otero. Il avait même ajouté des dessins.
La police interrogea et soupçonna de nombreux habitants de Wichita et ses alentours, sans jamais flairer quoi que ce soit contre Rader. En octobre 1974, les enquêteurs finirent par trouver des coupables potentiels : Gary Sebring, un déséquilibré qui avait agressé une petite fille dans un parc, avoua avoir massacré la famille Otero et donna les noms de ses deux complices présumés, ayant eux-aussi des problèmes mentaux.
Quatre jours après que la police eut annoncé des aveux possibles dans l’affaire, le journaliste Don Granger, du Wichita Eagle, reçut un appel anonyme. L’appelant lui indiqua qu’il devait chercher un manuel de génie mécanique à la bibliothèque de Wichita. Dans le livre, Granger trouva une lettre dont l’auteur non seulement se vantait des meurtres de la famille Otero, mais promettait de faire d’autres victimes. L’authenticité de la lettre ne faisait aucun doute, car elle contenait des détails que seuls la police et l’assassin pouvaient connaître.
Les enquêteurs demandèrent immédiatement que la lettre ne soit pas divulguée au public afin d’empêcher de faux aveux. Si le Wichita Eagle se conforma à la demande de la police, une journaliste qui travaillait pour un tout nouveau journal en mal de lecteurs, le Wichita Sun, reçut une copie de la lettre. Elle en a reproduisit une partie dans un article qu’elle écrivit le 11 décembre 1974.
Les extraits comportaient des fautes d’orthographe et des erreurs grammaticales (difficilement reproductibles en français) :
« Je vous écris cette lettre pour le bien du contribuable et de votre temps. Ces trois mecs que vous avez arrêtés ne font que parler pour se faire de la publicité pour les meurtres des Otero. Ils ne savent rien du tout. Je l’ai fait seul et sans aide. Je n’en ai pas parlé non plus. Soyons clairs. »
Le tueur fournissait alors des détails sur les crimes (position des corps, manière dont chacune des victimes avait été attachée et assassinée, les vêtements qu’elles portaient…) qui ne furent pas publiés dans le Wichita Sun.
« Je suis désolé que cela soit arrivé à la société. C’est elle qui souffre le plus. C’est difficile de me contrôler. Vous m’appelez probablement “psychotique avec une perversion sexuelle”. À quel moment ce monstre entre dans mon cerveau, je ne le saurais jamais. Mais il va y rester. Comment se guérit-on ? Si vous demandez de l’aide, que vous avez tué quatre personnes, ils riront ou appuieront sur le bouton panique et appelleront les flics.
Je ne peux pas l’arrêter alors le monstre continue, et il me blesse, ainsi que la société. La société peut être reconnaissante de savoir qu’il existe des moyens pour des gens comme moi de me soulager jour après jour par des rêves éveillés de certaines victimes étant torturées et m’appartenant. C’est un grand jeu compliqué que joue mon ami monstre dénombrer les victimes, les suivre, les surveiller, attendre dans le noir, attendre, attendre… la pression est grande et parfois il lance le jeu à sa guise. Peut-être que vous pouvez l’arrêter. Je ne peux pas. Il a déjà choisi sa ou ses prochaines victimes. Je ne sais pas encore qui elles sont. Le lendemain de ma lecture du journal, je le saurai, mais trop tard. Bonne chance dans votre chasse. »
La lettre n’était pas signée, mais contenait un post-scriptum :
« Puisque les criminels sexuels ne changent pas leur MO ou, par nature, ne le peuvent pas, je ne changerai pas le mien. Le code secret pour moi sera… Bind them, torture them, kill them (Liez-les, tuez-les, tuez-les), BTK, vous le verrez à nouveau. Ils seront sur la prochaine victime ».
« BTK », le surnom était trop tentant pour que les journaux l’ignorent et le tueur fut immédiatement surnommé de ces trois lettres.
BTK, en dépit de sa mauvaise maîtrise de la langue anglaise, était éduqué et avait une assez bonne orthographe.
Il n’avait pas eu de problèmes avec des mots comme « psychotique », « compliqué » et « perversion ». Il semblait également avoir lu des ouvrages sur la psychologie criminelle publiés à l’époque.
Les policiers décidèrent de lancer un appel à BTK, par le biais d’une petite annonce dans le Wichita Eagle. Don Granger offrit même son aide personnelle au tueur en lui proposant de l’appeler chez lui, sur son numéro privé. Mais ni Granger ni la police ne reçurent la moindre réponse.
À ce moment-là, le tueur avait déjà fait une nouvelle victime.
Le 4 avril 1974, trois mois seulement après les meurtres de la famille Otero, Kathryn Bright, 21 ans, et son frère Kevin, 19 ans, étaient rentrés chez elle pour tomber nez-à-nez avec un intrus qui se cachait dans la maison, attendant leur retour.
L’homme, armé d’un pistolet, leur avait affirmé qu’il avait besoin d’argent et d’une voiture pour échapper à la police. Il avait obligé Kevin à attacher sa sœur à une chaise, puis l’avait emmené dans une autre pièce où il l’avait ligoté et bâillonné. Toutefois, comme il ne s’attendait pas à sa présence, il ne l’avait pas attaché avec ses cordelettes habituelles, mais avec un lien trouvé sur place. Kevin, en tirant de toutes ses forces sur l’entrave, était parvenu à se libérer. Une lutte acharnée s’était alors engagée, Kevin réussissant presque à saisir le pistolet de l’intrus. Mais l’homme avait repris l’avantage et avait tiré dans le visage de Kevin, qui avait continué de se débattre avant d’être touché une seconde fois à la tête. Pensant qu’il était mort, le tueur s’était éloigné. Le jeune homme avait pourtant survécu à ses blessures, il avait entendu les gémissements de détresse de sa sœur dans la pièce voisine. Titubant, il avait réussi à sortir de la maison pour appeler la police, mais lorsque les secours étaient arrivés, Kathryn était mourante, ayant reçu onze coups de couteau à l’abdomen et dans le dos.
Kathryn Bright n’avait pas été choisie au hasard par Dennis Rader. Il l’avait elle-aussi repérée dans la rue, puis épiée et suivie. Elle était devenue le « Projet lumières éteintes » (Project light out). Il avait forcé la porte arrière de la maison et s’était caché dans la penderie de sa chambre pour attendre son retour. Mais il ne s’était pas attendu à ce que le frère de Kathryn l’accompagne et avait été surpris de le voir.
Kathryn s’était battue « comme un chat de l’enfer », l’empêchant presque de faire « ce qu’il voulait faire d’elle ». Énervé, épuisé, Rader avait décidé « d’en finir » en la poignardant à onze reprises. Il avait été « surpris par la quantité de sang qui avait coulé ».
Il avait rapidement quitté les lieux lorsqu’il avait compris que Kevin avait réussi à s’échapper malgré ses blessures.
La police avait noté que Kathryn était partiellement déshabillée et que son assassin avait tenté de l’étrangler : il y avait des traces de ligature autour de son cou. Mais, à cause du pistolet utilisé, des coups de couteau, du fait que la jeune femme n’était pas attachée avec des cordes, les enquêteurs n’avaient pas fait le lien avec BTK.
Kevin Bright avait aidé les policiers à dresser un portrait robot du tueur. Craignant qu’il ne l’identifie, Dennis Rader avait caché ses armes dans la cave de ses parents, mais il ne fut jamais suspecté ou interrogé par les policiers, qui menèrent pourtant une longue enquête.
Dennis Rader retourna à sa vie de père de famille et, en novembre, trouva un nouvel emploi chez « ADT Security Services », une société pour laquelle il installa des alarmes jusqu’en 1988. Dans son uniforme gris, son nom punaisé au-dessus de la poche, Rader travailla pendant 14 ans dans ce que d’autres appelaient « le cachot », un bureau sans fenêtre, avec des murs gris et une porte en acier. Mais son travail l’envoyait régulièrement à l’extérieur du bureau, pour procéder aux installations d’alarme, souvent posées pour des jeunes femmes terrifiées par les meurtres commis à Wichita, sans avoir la moindre idée que le tueur était en face d’elles.
Rader grimpa les échelons jusqu’à devenir superviseur et fut détesté par beaucoup de ceux qui travaillèrent sous ses ordres, car, même s’il était compétent et organisé, il fut sévère, très exigeant et hautain. Toutefois, lors des fêtes entre collègues organisées chez le directeur de l’entreprise, Dennis Rader arrivait toujours de bonne humeur, accompagné de son épouse, et se montrait charmant. Paula Rader, quant à elle, était une excellente cuisinière, une femme douce qui semblait heureuse en mariage, car son époux était affectueux. Elle était simple et gentille.
En 1975, Paul et Dennis Rader eurent leur premier enfant, Brian. Rader avait des journées bien chargées entre son emploi chez ADT, les cours du soir à l’université et les week-ends avec son fils.
Durant des mois, il ne tua aucune jeune femme, mais ne cessa jamais de chercher de nouvelles proies.
Le tueur ne fit plus parler de lui durant trois ans, puis, le 17 mars 1977, Rader décida qu’il était temps de commettre un nouveau meurtre. Il arpentait un quartier en particulier et fantasmait sur certaines femmes. Il avait rencontré une jeune femme nommée Cheryl dans un bar et l’avait trouvée « très intéressante ». Cheryl louait une maison avec une autre femme et y organisait souvent des fêtes. Rader avait découvert où elle habitait et avait décidé que Cheryl serait sa prochaine victime. Heureusement pour elle, personne n’était présent lorsque Rader rôda autour de la maison ce jour-là. Rader s’approcha alors d’une autre maison du quartier qu’il avait repéré, mais elle-aussi était vide. Il était trop tôt. Les jeunes femmes étaient encore au travail.
Frustré, Dennis Rader commença à descendre Hydraulic Street.
Quelques heures plus tard, la police de Wichita fut envoyée au 1311 South Hydraulic Street. En entrant dans la maison, les officiers découvrirent le corps de Shirley Vian Relford, 26 ans. Elle était allongée sur son lit, partiellement déshabillée, les mains et les pieds attachés, un sac en plastique sur la tête. Après avoir retiré le sac, les enquêteurs constatèrent qu’une fine cordelette était nouée autour de son cou. Une cordelette d’un store vénitien. Ils trouvèrent également sa culotte, tâchée de sperme. L’intrus avait enfermé les trois jeunes enfants de Shirley dans la salle de bains, mais ils étaient parvenus à se libérer et à appeler la police.
Les enquêteurs pensèrent à nouveau que le crime était prémédité et, cette fois-ci, suspectèrent BTK. Le meurtre avait eu lieu durant la journée et il n’y avait aucun signe d’entrée par effraction.
Dans la rue, Rader s’était approché au hasard de Steve, 5 ans, le fils de Shirley Vian Relford pour lui demander s’il savait qui étaient les personnes sur une photo qu’il lui tendait (en réalité sa propre femme et son propre fils). Le jeune garçon, ne sachant répondre, était reparti sans remarquer que Rader le suivait jusqu’à chez lui. Quelques minutes plus tard, Dennis Rader avait frappé à la porte et Steve avait répondu. Sa mère était malade. Rader s’était fait passer pour un policier et avait pénétré dans la maison. Le grand frère de Steve, 8 ans, et sa sœur de 4 ans regardaient la télévision. Rader l’avait éteinte et avait baissé les stores. Shirley était alors arrivée, en robe de chambre. Il avait sorti un pistolet, mais lui avait promis qu’il ne lui ferait pas de mal et voulait simplement l’attacher et prendre quelques photos d’elle.
Rader avait enfermé les trois enfants de Shirley dans la salle de bain avec des jouets et une couverture. Puis, il avait attaché Shirley, lui avait mis un sac en plastique sur la tête et l’avait étranglée. Des années plus tard, Dennis Rader expliquerait à une enquêtrice que si les enfants n’avaient pas fui la maison par la fenêtre de la salle de bain, il les aurait également tués.
« J’aurais probablement pendu la petite fille. Comme je l’ai dit, je suis plutôt vicieux ou je pourrais l’être. Mais d’un autre côté, je suis très… Vous savez, je suis un gars sympa. »
La ville de Wichita était submergée par la peur. La panique. De nombreux habitants prenaient l’habitude, en rentrant chez eux le soir, de vérifier si leurs lignes téléphoniques avaient été coupées. Les femmes se pressaient de rentrer chez elles et fermaient leurs portes à triples tours.
Comme ADT Security Services vendait des alarmes, les collègues de Rader conversaient souvent des crimes de BTK. Le personnel féminin en discutait aussi, certaines vérifiaient que leur téléphone fonctionnait chaque fois qu’elles rentraient chez elle. Dennis Rader ne se mêlait pas de ces conversations angoissées. Les discussions avec lui ne tournaient qu’autour de sa vie de famille : son épouse et ses enfants, les tomates dans son jardin, ses sorties avec les scouts.
Le 8 décembre 1977, BTK appela le 911 (la ligne d’urgence) et affirma : « Oui, vous trouverez un homicide au 843 South Pershing. Nancy Fox… »
Les enquêteurs furent en mesure de remonter rapidement l’appel jusqu’à une cabine téléphonique du centre-ville, où des témoins se souvinrent d’un homme blond, d’environ 1m80, qui avait utilisé le téléphone quelques instants plus tôt. Malheureusement, la qualité de l’enregistrement n’était pas assez bonne pour que les enquêteurs puissent analyser la voix de l’homme qui les avait appelés.
Les policiers se précipitèrent à l’adresse indiquée. À leur arrivée, ils remarquèrent qu’une fenêtre avait été brisée, puis découvrirent Nancy Jo Fox, 25 ans, morte dans sa chambre, attachée, un bas nylon noué autour du cou. Contrairement aux victimes précédentes, elle était presque entièrement vêtue. La ligne téléphonique avait été coupée. Le permis de conduire de Nancy Jo avait disparu. Les enquêteurs émirent l’hypothèse que le tueur avait gardé le document comme souvenir du crime, comme la montre de Joseph Otero. Le meurtre avait eu lieu la nuit, le tueur avait laissé du sperme sur une chemise de nuit trouvée à côté du corps, mais l’autopsie révéla que Nancy Fox n’avait pas été violée.
En décembre 1977, Rader est devenue obsédé par Nancy, employée d’une bijouterie. Il l’avait suivie pendant des mois avant de l’assassiner. Il était entré par la cuisine et avait attendu son retour, avant de lui offrir son habituel mensonge, la menaçant de son pistolet. La jeune femme l’attirait sexuellement et il avait un « attachement avec elle », d’autant plus qu’elle « s’habillait bien » et était une « gentille fille ». Il expliquerait aux enquêteurs qu’elle était « l’un de ses meurtres les plus agréables ».
En réalité, l’assassinat de Nancy fut l’un des rares crimes commis par Rader qui ne subit aucune interruption et lui permit d’exercer un contrôle total sur sa victime. Rader l’appellerait un « coup parfait ». Comme ses autres victimes, Rader tortura Nancy Fox.
Aussi brutalement qu’ils avaient commencé, les meurtres cessèrent en 1977. BTK semblait avoir disparu. Pourtant, de nombreuses personnes refusèrent de sortir la nuit pendant des semaines ou achetèrent une arme à feu.
Le 31 janvier 1978, Rader envoya une lettre au Wichita Eagle. La lettre contenait un court poème consacré à Shirley Vian Relford, « Shirley Locks ». Mais, elle avait été accidentellement acheminée au service publicitaire qui la négligea durant plusieurs jours.
Déconcerté par le manque de réaction du journal, Rader écrivit une autre lettre le 10 février 1978, cette fois-ci à KAKE-TV, une chaîne de télévision locale.
« Combien dois-je en tuer avant que mon nom ne soit publié dans le journal ou que j’obtienne une attention nationale ? Les flics pensent-ils que toutes ces morts ne sont pas liées ? Oui, le M.O. est différent dans chacun, mais regardez le modèle qui se développe. Les victimes sont ligotées _ la plupart sont des femmes _ une coupure de téléphone _ apporte du matériel de bondage tendances sadiques _ pas de lutte, en dehors du lieu de la mort _ pas de témoin, sauf les enfants de Vian… Après quelque chose comme Fox, je rentre à la maison et à ma vie comme tout le monde. Et je serai comme ça jusqu’à ce que l’envie me frappe à nouveau… »
Dans cette lettre, le tueur affirma avoir assassiné sept victimes, nommant Nancy Fox comme la dernière en date et mettant le journal au défi d’identifier la septième victime. Le Wichita Eagle présuma que la septième victime, non identifiée par la police, était Kathryn Bright. En plus de ces affirmations, le tueur attribua ses crimes à « un démon » et à un « facteur X » mystérieux. Il compara ses crimes à ceux de Jack l’Éventreur, des Hillside Stranglers (Angelo Buono et Kenneth Bianchi) et du Fils de Sam (David Berkowitz). Un poème intitulé « Oh! Death to Nancy » était joint à la lettre, une parodie des paroles de la chanson folk américaine « O Death ».
Il affirma qu’il était désolé pour les meurtres et qu’un « monstre était entré dans (son) cerveau« .
Il avertit également le journal qu’il avait choisi sa prochaine victime.
Cette lettre força la police de Wichita à prendre une décision. Elle annonça officiellement que Wichita abritait un tueur en série inconnu en liberté, et les citoyens furent priés de redoubler de prudence, de verrouiller leurs portes… et de se surveiller mutuellement.
En juin 1978, Paula Rader donna naissance à son deuxième et dernier enfant, Kerri. En grandissant, Kerri allait être très proche de son père, qui la traita toujours comme sa petite fille chérie.
Le 28 avril 1979, BTK attendit dans une maison au 600 South Pinecrest que la propriétaire, Anna Williams, une veuve de 63 ans, rentre chez elle. Mais elle était sortie et il repartit chez lui bredouille.
En juin de la même année, quelques jours à peine avant la cérémonie de remise des diplômes de Rader à l’Université d’Etat de Wichita, Anna Williams reçut un colis contenant un poème intitulé « Oh Anna pourquoi n’es-tu pas venu ? », un dessin de ce que Rader avait voulu faire avec elle et l’un de ses foulards, qu’il avait emporté avec lui. À la fin du poème, il précisait : « Sois heureuse de ne pas avoir été là parce que moi, je l’étais. » Terrifiée, Anna Williams quitta Wichita.
Le poème rappelait celui de James Joyce, « Finnegan’s Wake », en utilisant des mots qui suggéraient des doubles sens. Rader désirait démontrer son intelligence. Il pensait être d’un niveau intellectuel supérieur, plus malin que tous, policiers, profilers du FBI, détectives amateurs ou médiums, qui n’étaient pas parvenus à l’arrêter.
Quelques jours plus tard, Dennis Rader obtint un diplôme en administration de la Justice. Ces diplômes couvrent généralement des sujets de criminologie, d’éthique, de contrôle de la criminalité et de droit. Ils mènent à des carrières dans la police, la criminalistique ou la justice, mais Rader ne devint ni enquêteur ni contrôleur judiciaire. Il préféra une carrière dédiée à « l’application du code et des procédures », un emploi qu’il exerça avec tant de zèle qu’un voisin le décrirait cyniquement comme « un exceptionnel attrapeur de chiens ».
BTK sembla avoir disparu, car plus aucun meurtre ne fut commis ni revendiqué durant plusieurs années, sans nouvelles pistes ni informations qui auraient pu aider les enquêteurs.
Dennis Rader avait apprécié que les médias parlent de BTK, mais il craignait d’être identifié et arrêté. Il continua à épier et suivre des jeunes femmes, tout en s’impliquant activement dans son église. Rader devint chef scout lorsque son fils eut 8 ans. Il imposait des règles strictes aux garçons, il voulait qu’ils travaillent dur pour perfectionner leurs compétences. Il était particulièrement doué pour les nœuds que les garçons devaient apprendre. Il les connaissait tous.
En 1983, deux équipes de detectives furent chargées de mener une nouvelle enquête sur les meurtres. Ils parcoururent tout le pays pour recueillir des échantillons de salive et de sang de plus de 200 personnes identifiées par ordinateur comme étant suspectes dans l’affaire. Seuls cinq des hommes refusèrent les prélèvements. Des analyses de sang permirent de garder douze suspects en tout.
En juillet 1984, les enquêteurs mirent en place un groupe de travail, surnommé « The Ghostbusters » (les chasseurs de fantômes), et engagèrent un consultant en informatique pour travailler avec eux. Sept ans après le dernier meurtre, les enquêteurs rassemblèrent leurs nombreuses données sur un ordinateur. Une liste de suspects commença à apparaître.
Le groupe de travail reprit les enquêtes à zéro et découvrit des preuves prometteuses ou des évidences qui avaient échappé aux autres policiers. Ils réalisèrent ainsi que tous les meurtres avaient été commis dans un rayon de 5 km les uns des autres, ce qui les amena à penser que BTK était un habitant de Wichita qui ne se sentait à l’aise, pour tuer, que dans un périmètre qui lui était familier.
Au cours de l’automne 1984, l’un des enquêteurs du groupe décida d’apporter la lettre de BTK du 10 février 1978 au siège de Xerox à Syracuse (dans l’état de New York). Là, un technicien de laboratoire conclut que la lettre était une copie d’une copie d’une copie… de cinquième génération, ce qui rendait une recherche pratiquement impossible. Le technicien ajouta toutefois que la machine utilisée pour générer les copies était située à la bibliothèque de l’Université d’État de Wichita.
En examinant les lettres, le contenu des poèmes fut également considéré comme un indice.
On s’aperçut bientôt que le poème consacré à Shirley Vian était inspiré d’une comptine, « Curly Locks », qui était parue dans Games, un magazine de casse-têtes. Après avoir fait cette découverte surprenante, les enquêteurs obtinrent une liste de tous les abonnés du magazine en question, allongeant encore leur liste de suspects à examiner. Quant au poème intitulé « Oh, death to Nancy », consacré à Nancy Fox, il avait été inspiré d’un poème intitulé « Oh, Death », qui avait été publié dans un manuel de l’Université d’État de Wichita. Comme le livre avait été utilisé dans un cours de folklore américain, les enquêteurs obtinrent la liste des étudiants inscrits à ce cours.
Les policiers commencèrent alors à dresser une liste d’hommes blancs qui vivaient à moins d’un kilomètre de la maison des Oteros aux alentours de janvier 1974. Ils dressèrent également des listes similaires pour les maisons de Shirley Vian, Nancy Fox et Kathryn Bright, puis rassemblèrent les noms d’étudiants blancs ayant fréquenté l’université d’État de Wichita entre 1974 et 1979, et notamment sa bibliothèque.
Les detectives décidèrent néanmoins que la liste la plus importante de toutes était la liste d’adresses. Ils se concentrèrent sur une recherche géographique, car les spécialistes du comportement leur avaient indiqué que le tueur vivait à proximité de l’endroit où il frappait.
Une fois les listes terminées, les enquêteurs utilisèrent leur ordinateur pour dresser une liste plus précise de suspects.
La base de données compila une liste de 225 suspects possibles, dont la plupart ne résidaient plus à Wichita. Les policiers entreprirent de les interroger, les uns après les autres.
L’enquête dura deux ans et ne permit pas d’aboutir à une arrestation, même si les connaissances acquises et les échantillons recueillis allaient constituer des preuves solides, bien des années plus tard.
Les policiers avaient suivi toutes les pistes, même les plus extravagantes : ils avaient vérifié les numéros des maisons, le nombre de mois ou d’années durant lesquelles les victimes avaient résidé à cette adresse, mais aussi les phases de la lune, ou d’éventuels liens avec la mythologie, la sorcellerie ou la démonologie. Malheureusement, sans résultat.
En 1985, Rader était un bon père de famille, un homme affairé et sans casier judiciaire, apparemment pieux et utile à son église. Il avait maintenant 40 ans et deux beaux enfants. Et malgré cette façade tranquille, il déployait beaucoup d’efforts pour réussir son prochain meurtre. Celui d’une voisine.
Le « Projet Cookie ».
Marine Hedge, 53 ans, était une veuve qui vivait dans la même rue que les Rader à Park City. C’était une petite femme sympathique, mère de quatre enfants adultes, qui avait perdu son mari Thomas l’année précédente. Pendant leurs promenades, Dennis et Paula Rader faisaient parfois signe à Marine, qui aimait faire du jardinage autour de sa maison.
Le week-end du 27 avril 1985, Rader participait à un camp de scouts près de Wichita. Il quitta le camp dans la soirée, prétextant une terrible migraine pour laquelle il allait chercher des médicaments en centre-ville. Il gara sa voiture près d’un bowling et acheta une bière. Il fit des gargarismes avec le liquide et le recracha, puis ajouta délibérément de la bière sur ses vêtements pour faire croire qu’il avait beaucoup bu. Hélant un taxi, il prétendit être en état d’ébriété et demanda au chauffeur de l’emmener dans un parc de Park City situé non loin de sa maison. Le parc jouxtait la cour arrière de la propriété de Marine Hedge. Rader fut décontenancé en voyant la voiture de Marine : elle était déjà revenue chez elle. Il coupa la ligne téléphonique et décida d’ouvrir discrètement une porte arrière à l’aide d’un tournevis. En réalité, Marine Hedge n’était pas chez elle et Rader put se cacher tranquillement. Lorsqu’une voiture s’arrêta devant la résidence, Rader se dissimula dans un placard de la chambre à coucher. Marine Hedge et un ami entrèrent dans la maison. L’homme repartit vers une heure du matin. Rader attendit, immobile, pendant que Marine se couchait.
Lorsqu’il fut sûr qu’elle dormait, Rader se glissa hors du placard. Il alluma la lumière de la salle de bain puis se pencha sur Marine dans le lit pour l’étrangler. Cette fois-ci, les choses seraient différentes. Il avait eu beaucoup de temps pour imaginer et raffiner son fantasme. Il traîna le corps de Marine Hedge, enveloppée dans son drap, jusqu’à sa voiture et la déposa dans le coffre. Rader se rendit directement à son église. On lui faisait tellement confiance qu’il avait les clés du bâtiment. Il traîna le corps de Marine sous des arbres pour l’y cacher, puis descendit sous-sol, où il colla du plastique noir sur les fenêtres afin que personne ne puisse voir quoi que ce soit depuis l’extérieur. Rader avait déjà caché des bâches en plastique dans l’église pour pouvoir réaliser son fantasme de bondage avec Marine Hedge cette nuit-là. Il traîna ensuite le corps de Marine Hedge au sous-sol, le positionna de manière sexuellement explicite sur les bâches puis prit des photos. Des années plus tard, les enquêteurs allaient trouver des photographies chez Rader, le représentant lui-même enveloppé dans du plastique, de la même façon que Marine Hedge l’avait été. Rader ne voyait ses victimes que comme des objets, qu’il utilisait uniquement dans le but de réaliser ses fantasmes pervers.
Il ramena ensuite le corps dans le coffre de la voiture. Il trouva un endroit où l’abandonner dans un fossé, le long d’un chemin de terre, à plusieurs kilomètres de Park City et dissimula le cadavre sous des branchages. Il laissa des collants noués près du cadavre.
Le jour commençait à se lever et Rader se pressa de retourner à l’endroit où il avait laissé sa voiture à Wichita. Il y gara la voiture de Marine Hedge, après avoir effacé ses empreintes digitales, et retourna au camp scout.
Rader allait estimer que le meurtre de Marine Hedge était « son coup le plus compliqué« , car il avait en fait déplacé son corps dans différents endroits, changeant consciemment son mode opératoire afin de berner la police. Des années plus tard, interrogé par les enquêteurs, Dennis Rader n’allait pouvoir cacher sa satisfaction d’y être parvenu, d’avoir réussi à bouger et abandonner le corps de Marine sans être surpris. Il allait cependant admettre que c’était “une mauvaise idée” d’avoir pris un tel risque de meurtre dans son « propre habitat » (près de chez lui).
Le corps de Marine Hedge fut retrouvé le 27 avril 1985. La police hésita : quelqu’un avait-il copié les crimes de BTK ou BTK était-il de retour ? Le corps avait été déplacé, alors que BTK avait toujours assassiné ses victimes chez elle. Les enquêteurs restèrent indécis.
Le 16 septembre 1986, Bill Wegerle rentra chez lui pour découvrir le corps sans vie de son épouse Vicki. Elle avait été étranglée et était étendue sur le sol de leur chambre. Leur fils de 2 ans, Brandon, était toujours dans le salon, sain et sauf. L’enquête révéla que rien n’avait été volé et qu’il ne manquait que le permis de conduire de Vicki. Bien que les preuves semblaient pointer vers un meurtre commis par BTK, la police hésita à nouveau, car il n’y avait eu aucune communication avec lui depuis plusieurs années.
Rader avait suivi Vicki Wegerle, une mère de deux enfants âgée de 28 ans. Il était souvent passé devant chez elle, l’écoutant jouer du piano. Elle était devenue l’un de ses “projets”. Vers 10 heures du matin, il s’était présenté à la porte de Vickie, vêtu en employé de la société téléphonique Southwestern Bell, avec un casque jaune, un manuel de l’entreprise et une fausse pièce d’identité. Il avait réussi à convaincre Vicki de le laisser entrer dans la maison pour vérifier la ligne téléphonique. Il avait simulé un test technique avec un gadget improvisé, puis s’était tourné vers elle en lui affirmant qu’il allait l’attacher.
La menaçant d’un pistolet, il l’avait forcée à entrer dans une chambre à coucher et avait tenté de l’attacher, mais elle s’était débattue et l’avait griffé. Comme Kathryn Bright, elle s’était “débattue de toutes ses forces” pendant qu’il essayait de « la descendre« . Rader était finalement parvenu à l’attacher avec des cordes, avant de l’étrangler avec un collant. Il avait photographié le corps dans des poses sexuelles avant de partir à la hâte dans la voiture, car elle l’avait prévenu que son mari arriverait bientôt à la maison.
En réalité, lorsque Bill Wegerle était rentré chez lui à pied, il avait vu sa propre voiture partir dans la direction opposée ! Il ne pouvait pas identifier le conducteur, il l’avait juste aperçu.
Dennis Rader avait sillonné la ville pendant un moment en se débarrassant des preuves, puis était revenu sur ses pas et avait garé la voiture des Wegerle à quelques rues de chez eux. Il avait quitté le quartier à pied et était retourné vers sa propre voiture, garée à proximité. Revenu chez lui, il avait immédiatement changé de vêtements.
La vie de Bill Wegerle prit bientôt un tournant dramatique. Non seulement il avait perdu son épouse et la mère de ses deux enfants, mais il fut également confronté à une police et un public hostiles et sceptiques qui le soupçonnèrent d’avoir assassiné Vicki. Les enquêteurs ne purent rien prouver et Bill ne fut jamais inculpé, mais ce sombre nuage de suspicion allait planer sur lui durant les 18 prochaines années.
Le 31 décembre 1987, Mary Fager, une jeune femme mère de deux filles, rentra chez elle à Wichita après avoir passé deux jours et demi dans un autre état. En entrant dans sa maison, elle découvrit le corps de son mari, Phillip. Il avait été tué de deux balles dans le dos. Elle trouva ses deux filles, Kelli, 16 ans, et Sherri, 10 ans, étranglées dans le jacuzzi situé dans le sous-sol de la maison. Les mains et les pieds de Sherri étaient liés avec du fil électrique noir. Kelli était nue.
Un entrepreneur qui travaillait pour les Fager, Bill Butterworth, fut arrêté en Floride après avoir quitté la scène des crimes dans la voiture de Philipp Fager et avoir utilisé sa carte de crédit. Il déclara à la police qu’il s’était rendu dans la maison des Fager, où il effectuait des travaux, et avait découvert le corps du père. Il avait entendu du bruit dans la maison et, pris de panique, s’était enfui dans la voiture de la famille. Bill Butterworth fut finalement acquitté par un jury faute de preuves matérielles, mais la police resta convaincue qu’il était bien le meurtrier.
Au début de l’année 1988, Mary Fager reçut une lettre de BTK, qui affirmait qu’il n’avait pas commis ce crime mais admirait le travail de l’homme qui l’avait fait. Le FBI hésita à confirmer que la lettre était une véritable communication de BTK jusqu’à ce que la police retrouve une copie de la lettre originale dans la tanière de Dennis Rader, 17 ans plus tard. Il avait également dessiné ce qu’il pensait être arrivé ce jour-là à l’une des filles, y accolant ses propres fantasmes de bondage.
En 1988, Rader fut licencié d’ADT Security. La raison officielle invoquée par l’entreprise était qu’il ne réalisait pas son quota de travail hebdomadaire. Il avait dit à certains collègues qu’il aurait voulu être policier mais était forcé de se contenter de ce qu’il considérait comme une “position inférieure”.
Rader trouva un nouvel emploi pour le bureau du recensement, devenant même superviseur des opérations sur le terrain. Puis, il fut promu à un poste de supervision de tout l’État pour le recensement de 1990. Cet emploi lui offrit de nombreuses occasions de voyager à travers le Kansas, ce qui lui permit de fantasmer de plus belle, et d’ajouter d’autres “projets” potentiels dans divers endroits.
En janvier 1991, il travaillait sur un nouveau “projet”. À 45 ans, il se méfiait à présent des femmes plus jeunes ou de la présence d’un homme. Il considérait les femmes plus âgées comme plus vulnérables. Les femmes plus jeunes s’étaient débattues et avaient manqué de le repousser, il avait souvent hésité à fuir.
Rader concentra ses attentions sur Dolores Davis, une dame de 62 ans qui vivait seule. Dolores avait déménagé à Park City après des années de travail comme secrétaire de direction à Wichita et louait une maison dans une rue sans voisins proches. Cela piqua l’intérêt de Rader. Il la remarqua un jour et commença à l’observer afin de confirmer son statut de femme célibataire vivant seule.
Dolores Davis devint un nouveau “projet” bien planifié. Un week-end, lors d’une sortie en camping scout dans le comté de Harvey, juste au nord du comté de Sedgwick où Rader résidait, il inventa encore un prétexte pour s’échapper du camp durant la nuit. Rader se rendit à l’église baptiste de Park City, gara sa voiture et se dirigea à pied vers la résidence de Dolores. Quand il arriva, elle était encore réveillée et lisait au lit. Il attendit dans le froid glacial qu’elle éteigne la lumière et s’endorme. À l’aide d’un bloc de ciment pris dans un hangar tout proche, il brisa la porte coulissante en verre à l’arrière de la maison. Effarée, Dolores sortit de la chambre pensant qu’un chauffard avait percuté sa maison et tomba sur Rader. Il se lança dans son histoire habituelle : un fuyard ayant besoin de nourriture, d’argent et d’une voiture. Sortant une arme, il ajouta qu’il devait l’attacher.
Lors de ses aveux, Rader allait se vanter devant la police : « C’est le facteur de contrôle… Vous commencez à les contrôler un peu, vous les calmez un peu. Tout comme vous venez ici et vous êtes amical, vous essayez de me faire sentir en confiance comme si tout allait bien se passer« .
Rader ligota Dolores dans la chambre à coucher. Alors qu’il la torturait, il plaça un masque en plastique peint sur son visage pour « la rendre plus jolie » et lui donner un côté « plus féminin« . Le masque avait été peint de couleur chair avec des lèvres rouges et des cils assombris pour lui donner un aspect plus réaliste. Rader finit par l’étrangler. Il fit un dessin de ses derniers instants, peu après ce meurtre.
Dennis Rader traîna le corps à l’extérieur et le plaça dans le coffre de la voiture. Il ne parcourut qu’une courte distance jusqu’à un lac près de l’I-135 près de Park City et dissimula le corps sous des arbres. Il ramena ensuite la voiture chez Dolores Davis et essuya ses empreintes digitales, laissant nonchalamment les clés sur le toit. Rader repartit à pied à l’église baptiste, puis, dans sa propre voiture, retourna à l’endroit où il avait laissé le corps et le transborda dans sa propre voiture. Il laissa le cadavre de Dolores dans un endroit reculé, sous un pont, dans le nord du comté de Sedgwick, avec l’intention de revenir le lendemain. Enfin, il se changea pour remettre son uniforme de scout et retourna au camp. La nuit suivante, il quitta de nouveau le camp pour revenir sous le pont, dans l’idée de photographier le corps. Mais, le lendemain, il fut « effrayé » parce que des animaux avaient déjà dévoré le cadavre et préféra repartir.
Dolores Davis fut retrouvée treize jours plus tard sous un pont de la 117th Street North, près de la ville de Meridian, au Kansas. Ses mains et ses pieds avaient été attachés avec les collants utilisés pour l’étrangler. Son meurtrier avait coupé la ligne téléphonique de son habitation et avait jeté une brique à travers une porte vitrée à l’arrière de sa maison pour entrer à l’intérieur. Les policiers hésitèrent toutefois à accuser BTK, à nouveau parce que la victime n’avait pas été découverte chez elle.
Peu de temps après le meurtre, Dennis Rader porta certains des vêtements de Dolores, qu’il avait volés, ainsi qu’un masque en plastique similaire et une perruque. Il se plaça dans diverses positions de bondage et prit des photos de lui-même dans une tombe creusée qui était initialement destinée à Dolores. Dans ces images, il apparaissait très apeuré, comme s’il était une victime réelle.
Il y eut des plaintes à son encontre et plusieurs personnes déménagèrent de Park City en raison de son harcèlement. Aucune plainte n’aboutit jamais à une action disciplinaire, car les responsables locaux soutenaient généralement Rader, s’imaginant que les plaignants étaient des délateurs et des fourbes qui refusaient de payer des contraventions justifiées.
On le voyait souvent dans sa camionnette blanche de « Compliance Officer », se traînant à 15km à l’heure, cherchant des yeux les pelouses envahies par les mauvaises herbes, les poubelles débordantes ou les chiens errants. Certains résidents parlèrent même d’un “règne de terreur”. Rader photographiait les maisons, à la recherche de la moindre infraction. Certains résidents l’accusèrent même d’avoir ouvert le portail de leur résidence volontairement puis de les avoir accusés de laisser vagabonder leur chien…
Barbara Walters contesta l’amende de 25 dollars que Rader lui avait infligé en 1998, soi disant parce que son chien courait dans la rue sans laisse. L’avocat de Mme Walters fut abasourdi en voyant Rader arriver au tribunal plus préparé que certains avocats d’un procès pour meurtre, portant un gros dossier sous le bras, mais aussi une vidéo du chien et un cahier organisé grâce à un système compliqué d’onglets reliant les accusations aux preuves. Rader et sa pile de papier gagnèrent le procès.
Rhonda Reno vit un jour Dennis Rader errer sur la pelouse d’un voisin malade et incapable de tondre son gazon. Marchant dans l’herbe avec une règle, il la mesura pour attester l’infraction et lui dressa une contravention.
Misty King, une résidente de Park City et mère de deux enfants, vivait dans la crainte du comportement étrange de Rader. Ce dernier commença à la harceler après qu’elle ait divorcé de son mari et qu’un nouveau compagnon se soit installé avec elle. Rader s’en montra très irrité. Il se présenta chez elle à de nombreuses reprises et la bombarda d’amendes pour ne pas avoir respecté les règlements triviaux du code de la ville de Park City, comme garder son gazon à une certaine hauteur, mettre une bâche sur sa voiture, empiler une pile de bois dans sa cour et avoir un véhicule inutilisable dans son allée (celui de son nouveau compagnon).
Lorsqu’elle demanda à Rader ce qu’elle avait fait de si mal, il répondit : « Débarrassez-vous de votre petit ami et tout redeviendra comme avant. » L’insinuation était à peine voilée. Les choses s’aggravèrent lorsqu’il commença à l’observer par la fenêtre et à frapper à sa porte parce qu’il voulait lui parler.
Un jour, il fut découvert en train d’“examiner” sa porte mystérieusement cassée. Misty King craignait que Rader ne tente de pénétrer dans sa maison, mais lorsqu’elle avertit la police, les officiers refusèrent de prendre sa plainte. « Si vous travaillez pour la ville, vous ne pouvez rien faire de mal. » Le jour où Rader confisqua le chien de la famille pour le faire euthanasier sans raison, elle quitta Park City avec sa famille.
Mary Capps, collaboratrice de Rader, qui travailla pour lui de 1998 jusqu’à son arrestation, allait expliquer qu’il était un supérieur hiérarchique « terrible, froid, exigeant et dégradant« . Elle lança devant un tribunal fédéral une action en justice pour discrimination et harcèlement sexuels. Elle décrivit un incident durant lequel elle avait été piégée dans son bureau et poursuivie dans la pièce, terrorisée. Mary Capps s’était plainte auprès du superviseur de Rader, mais il ne l’avait jamais écoutée ou lui avait simplement demandé d’en référer à son supérieur… Rader lui-même ! Trois plaintes officielles furent déposées auprès de la ville de Park City, mais conformément aux procédures, elles furent adressée à… son supérieur hiérarchique, Dennis Rader, qui les fit disparaître. Un juge fédéral rejeta la plainte de Mary Capps, affirmant que celle-ci n’avait pas été déposée dans les délais requis !
Après l’arrestation de Rader, son supérieur allait oser déclaré à la presse « Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais été informé de la situation… Je l’aurais prise très au sérieux. »
Pourtant, certains résidents appréciaient Rader et considéraient que son enthousiasme démesuré pour son travail d’inspection était simplement l’expression d’un grand professionnalisme. Lorsqu’il appréciait les gens, Rader pouvait se montrer charmant. Il aida par exemple un résident âgé à piéger des moufettes et, à plusieurs reprises, aida sa voisine, une femme célibataire, en tondant sa pelouse et en réparant les robinets qui fuyaient. Il pouvait même oublier ses propres règles car, un jour qu’une femme de 53 ans n’avait pu retenir son grand chien de courir dans la rue, Rader l’avait pourchassé le chien et était parvenu à le ramener à la maison. Sans contravention.
Dennis Rader s’épanouissant en harcelant et tourmentant les habitants de Park City. Vue son âge, sa libido était moins forte et, même si l’envie de tuer était toujours présente, il satisfaisait sa volonté de pouvoir sur son voisinage. Sans doute pensait-il qu’il allait continuer à vivre, et peut-être à tuer, indéfiniment.
Bien que la police de Wichita ait investi 100 000 heures dans une demi-douzaine d’enquêtes de 1974 à 1991, BTK était toujours en liberté. L’équipe de recherche fut réduite à un seul enquêteur, le lieutenant Kenneth Landwehr. Il déclara toutefois : “Le chef m’a dit que cette enquête resterait ouverte jusqu’à ce que nous n’ayons plus aucune piste raisonnable à suivre.”
L’enquête avait impliqué des milliers de suspects et avait coûté des centaines de milliers de dollars en heures de travail, en frais de déplacement et en factures de téléphone.
Beaucoup pensaient que le tueur ne serait jamais arrêté.
Au cours des années 1990, Rader siégea à deux conseils locaux de Park City. En 1996, son père William Rader décéda de causes naturelles. Sa mère Dorothea s’installa dans une maison de retraite. La fille de Rader, Kerri, fréquenta l’Université d’état du Kansas puis, en 2003, épousa un homme originaire du Michigan, où ils déménagèrent. Brian rejoignit la marine et quitta la région pour la côte Est.
Rader fut élu au conseil de l’Église Luthérienne qu’il fréquentait depuis toujours avec son épouse et assuma le poste de vice-président à compter du 1er janvier 2004. Selon la procédure de l’église, le vice-président devait devenir président du conseil au bout d’un an. Les Rader avaient toujours été très actifs au sein de leur église, Dennis Rader était considéré comme un dirigeant de confiance, un guide spirituel. Un homme au-dessus de tout soupçon.
Mais, ses enfants éloignés de lui, Rader s’ennuyait de plus en plus.
En 1997, Robert Ressler, ancien profiler du FBI, aida à dresser un profil psychologique de BTK. Ressler déclara que cet homme était probablement un étudiant ou un professeur en droit de l’Université d’Etat de Wichita, était probablement âgé de 25 à 30 ans au moment des meurtres et était un lecteur assidu de livres et d’articles de journaux concernant les meurtres en série. Il pensait qu’il avait « quitté la région, est décédé ou est dans un établissement psychiatrique ou une prison ».
Le profiler John Douglas, collègue de Ressler, consacra quant à lui un chapitre de son livre “Obsession”, aux crimes de BTK. Douglas y déclara qu’aucune des victimes ne présentait de blessures de défense, ce qui laisse supposer que le tueur a utilisé une arme à feu pour les contrôler. Il ajouta que les lettres envoyées à la police étaient si détaillées qu’il était convaincu que l’auteur avait pris des photos de ses crimes afin d’avoir un souvenir de chaque meurtre sur lequel fantasmer postérieurement.
Douglas affirma que le tueur avait utilisé le jargon de la police dans ses lettres : il pouvait être un policier ou se faisait passer pour un policier, il lisait probablement des magazines policiers et avait peut-être même acheté un badge de la police. Il tenterait de s’immiscer dans l’enquête. Il serait tenté de se vanter ou de faire des allusions sur ce qu’il avait fait.
Douglas affirma que le meurtrier était probablement un solitaire, plutôt associal, entre 25 et 35 ans au moment des meurtres, il avait peut-être eu des antécédents d’arrestation pour effraction ou de voyeurisme, mais probablement pas pour viol.
Douglas ajouta que BTK avait probablement arrêté de tuer parce qu’il était en prison pour un autre crime ou en hôpital psychiatrique, voire décédé. Ou peut-être s’est-il approché trop près de l’enquête au point d’avoir pris peur. Il était même possible que, tout simplement, les souvenirs et les photographies lui suffisaient pour contenir son obsession.
On pensait que BTK était mort, emprisonné ou en établissement psychiatrique. Le sujet ne faisait plus les gros titres, même à Wichita, et toute une génération d’habitants grandissait sans connaître l’affaire.
Mais tout à coup, BTK redevint un sujet d’intérêt.
Robert Beattie, un avocat de Wichita, craignant que l’affaire BTK ne soit oubliée, écrivit un livre sur l’enquête en 2003, ce qui relança les discussions et les théories sur les forums internet.
En janvier 2004, le Wichita Eagle publia un article sur BTK pour marquer le 30ème anniversaire du massacre de la famille Otero. Les meurtres avaient été oubliés par beaucoup des habitants de Wichita. L’article suggérait que BTK avait pu déménager ou était décédé.
Ce livre et cet article captèrent l’attention de Dennis Rader. Il refusait que quelqu’un d’autre que lui ne raconte sa propre histoire. Deux mois plus tard, BTK. écrivit une lettre, sa première en un quart de siècle. Puis se lança dans une frénésie de communication : 11 courriers envoyés aux médias ou laissés dans des endroits isolés.
Le 19 mars 2004, le Wichita Eagle reçu une lettre -dactylographiée- dont l’auteur revendiquait la responsabilité du meurtre de Vicki Wegerle, la jeune mère de famille qui avait été étranglée chez elle le 16 septembre 1986. Son mari était soupçonné du meurtre depuis lors. BTK fournissait des preuves très convaincantes de l’authenticité de cette lettre : des photocopies de trois photos qu’il avait pris du corps de Vicki ainsi qu’une photocopie du permis de conduire de la jeune femme. Et il signait avec le symbole qu’il avait utilisé dans ses lettres des années 1970.
Après près de 30 ans de silence, BTK terrorisait de nouveau la ville de Wichita. Avant ce courrier, il n’avait pas définitivement été établi que Vicki Wegerle avait été tué par BTK. La police détenait le profil ADN de BTK grâce aux échantillons de sperme qui avait été prélevé dans les années 1970. Le sang prélevé sous les ongles de la Vicki, préservé jusqu’à cette date, offrit une dernière confirmation : l’ADN était bien celui de BTK.
(Une douzaine de suspects avaient été surveillés par la police, parmi lesquels deux anciens policiers, un journaliste qui aurait pratiqué le bondage, un ancien combattant du VietNam présentant des troubles émotionnels et un ancien pompier qui aurait attaché et torturé une prostituée. Tous furent innocentés par l’ADN).
Les enquêteurs demandèrent au Wichita Eagle de ne pas publier le contenu de la lettre. Toutefois, plusieurs journaux indiquèrent que l’adresse de retour sur la lettre était celle de « Bill Thomas Killman (BTK) – 1684 South Oldmanor« . Les enquêteurs déterminèrent rapidement que le nom était fictif et que l’adresse était un terrain vague.
Le 24 mars 2004, le lieutenant Ken Landwehr confirma officiellement que la lettre émanait bien de BTK. L’empreinte digitale retrouvée sur la lettre, ajouta-t-il, appartenait probablement à un employé du journal, mais pas au meurtrier. La police reçu des centaines d’appels téléphoniques d’habitants affolés ou désireux d’offrir des informations, mais cela ne mena à rien.
BTK retrouva soudainement sa place sous les projecteurs comme jamais auparavant, cette fois avec la dimension supplémentaire d’Internet. Des forums de discussion, des chats et des sites web virent le jour, dédiés à l’affaire BTK. Le tueur semait de nouveau la panique dans la ville de Wichita. Les enquêteurs expliquèrent qu’ils pensaient toujours qu’il vivait dans la région. Personne ne se sentait en sécurité. Les ventes de systèmes de sécurité, serrures, armes à feu, alarmes personnelles et spray au poivre explosèrent. L’affaire attira l’attention des agences de presse de tout le pays. CNN, MSNBC et Good Morning America la couvrirent sous tous les angles. Dennis Rader devait être particulièrement satisfait.
Le 5 mai 2004, une autre lettre dactylographié fut envoyée à la chaîne de télévision KAKE-TV. Elle faisait trois pages. Sur la première page, titrée “L’histoire de BTK« , on pouvait lire une liste des chapitres extrait d’un portrait du tueur publié sur le site web CourtTV.com. La deuxième page de la lettre était intitulée « Chapitre 8 » et contenait des mots énigmes écrits à la verticale.
Sur la dernière page se trouvaient des photocopies de carte de travail appartenant à deux hommes, un ancien ouvrier d’une entreprise de téléphone et un ancien employé d’une école de Wichita. L’employé de la compagnie de téléphone fut contacté par la police, il était bien en vie et ne comprenait pas pourquoi une photocopie de sa carte se trouvait dans la lettre. Il s’avéra que l’employé d’école n’existait pas et que le logo de l’école figurant sur la carte n’était plus utilisé. La police pensa, avec raison, que BTK avait utilisé ces fausses cartes d’identité pour entrer chez ses victimes : celle de l’employé du téléphone avait permis à Rader d’entrer chez Vicki Wegerle.
Le FBI authentifia rapidement la lettre : l’auteur était bien BTK. Le meurtrier narguait à nouveau la police, mais il semblait qu’il lui fournissait aussi des indices sur son identité et des détails concernant ses meurtres passés.
Un autre courrier fut retrouvé le 9 juin 2004 dans un colis collé à un panneau stop de Wichita. Il contenait une collection de documents troublants, notamment une lettre détaillant les meurtres effroyables de la famille Otero ainsi qu’un croquis d’une femme nue et attachée suspendue à une corde, comme l’avait été la jeune Joséphine Otero en 1974. Le croquis portait l’inscription « Le frisson sexuel, c’est mon projet de loi » (The Sexual Thrill is My Bill).
L’équipe d’enquêteurs, dirigée par le lieutenant Ken Landwehr, redoubla d’efforts pour identifier le tueur. Landwehr fit des déclarations publiques qui portait délibérément atteinte à l’égo considérable de BTK. La police craignait qu’il ne tue à nouveau et le lieutenant espérait que jouer avec son ego l’encouragerait à envoyer plus de messages qui finiraient par révéler des indices sur son identité. Cette tactique fonctionna.
Le 17 juillet 2004, une nouvelle lettre de BTK fut trouvée dans un livre de génie mécanique dans la boîte de dépôt de la bibliothèque publique de Wichita. Elle contenait un message inquiétant :
« J’ai repéré une femme qui, à mon avis, vit seule et / ou est une enfant laissée seule. Je dois juste régler les détails. Je suis beaucoup plus âgée maintenant et je dois me préparer soigneusement De plus, ma façon de penser n’est pas aussi précise qu’elle le fut jadis… Je pense que l’automne ou l’hiver conviendraient parfaitement pour ce COUP, il faut le faire cette année ou l’année prochaine !… Le temps me manque. »
Ce même courrier contenait une affirmation intrigante selon laquelle BTK aurait provoqué la mort de Jake Allen, 19 ans, à Argonia, au Kansas, plus tôt dans le mois. Jake Allen s’était suicidé en s’étendant sur une voie ferrée, mais BTK prétendait avoir convaincu le jeune homme de se suicider par le biais d’une série de discussions sur internet. Cette affirmation fut réfutée, car rien ne prouvait qu’Allen ait jamais eu une telle discussion avec qui que ce soit et sa mort fut considérée comme un suicide. Aussi, la police pensa que le colis n’avait pas été laissé par BTK, mais pas un mauvais plaisantin.
Le 22 octobre 2004, un employé d’UPS découvrit une étrange enveloppe en papier kraft alors qu’il ramassait le contenu d’une boîte de dépôt à Wichita. Elle contenait de nombreuses cartes postales sur lesquelles étaient collées des images d’enfants attachés (les liens étaient dessinés à la main), ainsi qu’un poème menaçant la vie du lieutenant Ken Landwehr, qui dirigeait l’enquête.
Cette enveloppe contenait également ce que BTK prétendait être son autobiographie, énumérant un certain nombre de détails sur sa vie, tels que sa naissance en 1939, la mort de son père pendant la guerre, sa mère qui était sortie avec un inspecteur des chemins de fer, etc. BTK déclarait être fasciné par les chemins de fer et vivre près des voies ferrées. Presque toutes ces informations étaient fausses, une tentative évidente pour induire en erreur la police. Certaines informations, toutefois, étaient vraies, notamment le fait que, dès l’enfance, il avait secrètement regardé « des livres pour filles », ce qui (selon lui) l’avait exposé à ce qu’il appelait «S/M & B/D», des références au sado-masochisme, au bondage et à la domination. Il expliquait qu’il avait été voyeur à 18 ans et avait volé une culotte. Il mentionnait avoir pendu un chat, puis un chien. À la fin de son adolescence, écrivait-il, il avait commencé à fantasmer sur le fait d’attacher des femmes. Il avait voyagé dans l’armée, et avait appris les techniques de survie et d’autodéfense.
Une seule personne avait vu l’homme qui avait laissé l’enveloppe dans la boîte UPS. Elle expliqua qu’il était nerveux, regardait autour de lui pour vérifier qu’on ne le voyait pas. Il avait environ 50 à 60 ans, avec des cheveux gris et une taille moyenne.
Le 30 novembre 2004, après de longues hésitations, la police de Wichita publia un communiqué de presse contenant de nombreuses informations générales sur la vie de BTK glanée dans ses dernières lettres, une grande première dans l’histoire criminelle américaine. Les enquêteurs pensaient que la plupart des informations étaient fausses, mais espéraient qu’un détail particulier attirerait l’attention d’une personne qui connaissait BTK. D’innombrables détectives amateurs, le FBI et la police de Wichita consacrèrent à nouveau des journées entière à chercher BTK. Quoi de plus gratifiant pour un narcissique comme Dennis Rader ?
Tout au long de l’automne 2004, la police poursuivit ses recherches, soupçonnant même que le tueur vive dans ses propres rangs. Il semblait en effet avoir une certaine connaissance des activités de la police ou de la formation des forces de l’ordre. Il n’est pas rare que les tueurs en série s’intéressent aux investigations menées sur leurs propres crimes. Certains traînent dans les bars fréquentés par les policiers pour lancer des conversations sur l’enquête, non seulement pour savoir si les enquêteurs sont sur une piste, mais aussi parce qu’ils trouvent excitant de manipuler la police.
BTK semblait avoir arrêté de tuer, mais au lieu d’exercer un pouvoir sur ses victimes en les torturant, il exerçait à présent un pouvoir sur la police, qui subissait une énorme pression de la part des autorités et du grand public. Dennis Rader avait également trouvé un moyen d’exercer un pouvoir sur des milliers de détectives amateurs qui affluaient vers les forums en ligne pour théoriser et analyser chaque mot de ses lettres.
Il était devenu une célébrité nationale.
Rader dut penser qu’il devait maintenir l’intérêt de “son” public car, le 14 décembre 2004, un homme trouva un sac poubelle en plastique blanc dans le parc Murdock de Wichita. Ayant ramené le sac chez lui pour y jeter un coup d’œil, il découvrit avec effarement une poupée Barbie ligotée, une lettre et le permis de conduire de Nancy Fox. Les enquêteurs examinèrent le contenu du sac. La poupée Barbie portait un sac plastique sur la tête, avait les mains attachées dans le dos et le pieds liés par un collant. La manière dont la poupée était attachée était semblable à la façon dont BTK avait ligoté ses victimes avant de les assassiner. La lettre était semblable à celle trouvée plus tôt en mai 2004, qui affichait une liste de chapitres tirés du site CourtTV.com, mais certains titres de chapitre avaient été listés différemment.
Le 1er janvier 2005, Dennis Rader devint officiellement le nouveau président du conseil de l’église Luthérienne de Wichita.
Le 8 janvier 2005, il laissa une boîte de céréales Special K portant la mention « BTK » et « bombe » à l’arrière d’un pick-up sur le parking d’un magasin Home Depot, non loin de Wichita, mais le conducteur, en employé du magasin, la jeta à la poubelle sans regarder son contenu. Heureusement, il oublia de mettre cette poubelle dans le bac de collecte.
Le 25 janvier 2005, KAKE-TV reçut une carte postale demandant pourquoi les médias n’avaient pas parlé de “cette boîte à Home Depot”, ajoutant qu’une autre boîte serait découverte “sur North Seneca”. Lorsque la police se présenta au magasin, l’employé comprit l’importance de la boîte et indiqua aux enquêteurs où la récupérer. La vidéo surveillance du parking du 8 janvier révéla un homme, trop éloigné pour être identifié, conduisant une Jeep Cherokee noire. Bien qu’il ait installé des systèmes d’alarme durant des nombreuses années, Rader n’était apparemment pas au courant que les caméras de surveillance étaient devenues un objet du quotidien.
La boîte elle-même contenait des informations sur certains des “projets” de BTK, des victimes visées qu’il avait surveillées. Il contenait une lettre où il expliquait qu’il vivait dans une maison de trois étages à Wichita avec un ascenseur muni d’une bombe dans le sous-sol, aménagé pour exploser si la maison était envahie par la police… Surtout, il demandait si ses écrits, enregistrés sur une disquette, pourraient être retracés jusqu’à lui. Il ordonna à la police de placer une petite annonce dans le Wichita Eagle avec la réponse, dans la catégorie « Divers » sous le nom de code « Rex ».
L’autre boîte de céréales, cette fois des Post Toasties, fut découverte le même jour, appuyée contre un panneau de signalisation sur une partie désolée et non pavée de la route North Seneca, au nord de Wichita. Elle contenait une autre poupée, une corde nouée autour du cou à un raccordement de plomberie, simulant la pendaison de Josephine Otero.
La police répondit rapidement à sa question (« Rex, tout ira bien« ), indiquant qu’il pouvait utiliser une disquette sans risque que les enquêteurs remontent jusqu’à lui. Et Dennis Rader crut la police !
Il n’imaginait pas que sa recherche maladive d’attention (et sa naïveté) allait le mener à sa perte.
Le 16 février, Rader envoya une enveloppe à KSAS-TV. À l’intérieur se trouvaient un collier, une disquette d’ordinateur violette et une copie de la couverture du roman policier de John Sandford intitulée « Rules of Prey« , qui raconte l’histoire d’un tueur en série.
Beaucoup pensent que lorsqu’ils effacent un document de leur ordinateur ou d’un support numérique, ce fichier est perdu à jamais. Ça n’est pas le cas. Un enquêteur disposant des outils adéquats peut assez facilement reconstituer les informations que l’utilisateur pensait avoir supprimées. Rader pensait apparemment avoir effacé le contenu original de la disquette et qu’il pouvait à nouveau l’utiliser sans crainte. Les policiers qui analysèrent la disquette que KSAS-TV leur avait confié y découvrirent entre autres un document Word effacé dont les méta-données indiquait que le fichier avait été modifié par “Dennis”, sur l’ordinateur de « l’Église Luthérienne de Wichita« .
Une recherche sur Internet détermina qu’un « Dennis Rader » était président du conseil de cette église. La police savait que BTK possédait une Jeep Cherokee noire. Lorsque les enquêteurs passèrent discrètement devant la maison de Rader, ils remarquèrent une Jeep Cherokee noire garée dans l’allée.
La police disposait de preuves circonstancielles contre Rader, mais elle avait besoin de preuves plus directes pour pouvoir l’arrêter. Les enquêteurs tentèrent alors un coup de poker : ils obtinrent un mandat pour analyser l’ADN d’un frottis que la fille de Rader, Kerri, avait fait à la clinique médicale de l’Université du Kansas quand elle y était étudiante, cinq ans plus tôt.
Le profil ADN du frottis correspondait pour moitié aux preuves ADN retrouvées sur plusieurs scènes de crime de BTK : Kerri Rader était donc l’enfant du meurtrier. Cela permit à la police d’obtenir un mandat d’arrêt contre Dennis Rader.
Il fut arrêté alors qu’il conduisait près de son domicile, à Park City, peu après midi, le 25 février 2005.
Lorsqu’un enquêteur lui demanda : « Monsieur Rader, savez-vous pourquoi on vous emmène en ville ?« , Rader répondit : « Oh, je crois savoir pourquoi.«
La police de Wichita, le Bureau d’enquête du Kansas, le FBI et l’ATF fouillèrent la maison et le véhicule de Rader, où ils mirent la main sur du matériel informatique, un collant noir et un conteneur cylindrique. L’église luthérienne, son bureau situé à l’hôtel de ville et la section principale de la bibliothèque de Park City furent également fouillés.
Dans un classeur verrouillé dans son bureau, les enquêteurs retrouvèrent les communications originales de BTK, dont Rader avait envoyé des copies à la police et aux médias.
Peu de temps après son arrivée au bâtiment central de la police, Rader nia avoir quoi que ce soit à avoir avec les meurtres. Lorsque le lieutenant Landwehr lui parla de l’ADN et de la disquette, il lâcha finalement : « Je suis BTK« . Puis, comme allait l’expliquer le lieutenant, « les vannes se sont ouvertes« . Lors d’une effarante confession qui dura presque 30 heures, il décrivit longuement ses crimes, récitant fièrement la liste de ses “exploits”. Il avait choisi ses victimes en conduisant dans la rue. Il n’avait jamais arrêté de regarder les femmes, les considérant toutes comme des victimes potentielles.
Quand il eut terminé, il fut emmené en cellule et laissé seul. Et c’est seulement à ce moment qu’il commença à réaliser que les policiers n’étaient pas de son côté. Ceux qui l’avaient interrogé avaient nourri son ego, prétendant être impressionné pour qu’il continue à parler. Et il les avait cru. Rader avait été surpris, lors de l’entretien, en apprenant que les detectives lui avaient menti sur le fait qu’il était prudent d’envoyer une disquette ! Alors qu’il pensait qu’ils avaient de si bons rapports, qu’il était, lui, le manipulateur… Rader avait toujours ressenti le besoin de se sentir accepté par la police. Il aurait voulu être policier.
Les entretiens suivants eurent lieu en présence de ses avocats, qui l’empêchèrent de continuer à parler.
Après 31 ans d’enquête, l’identité du meurtrier en série le plus célèbre du Kansas fut rendue publique le 26 février. La police de Wichita tint une conférence de presse triomphante. BTK avait été identifié et arrêté. Il se nommait Dennis Rader. L’auto-congratulation des autorités semblait quelque peu déplacée après tant d’années d’enquête chaotique, d’autant que la vie de Dennis Rader correspondait réellement au profil élaboré pour BTK. Avec le recul, certaines personnes se demandèrent si la police de Wichita aurait pu procéder à une arrestation plus tôt. L’ancien chef de la police affirma à tous qu’une arrestation n’aurait pas été possible auparavant. Les derniers envois du BTK, dont beaucoup avaient un ton plus conciliant que ceux des années précédentes, avaient offert de nouvelles preuves aux enquêteurs.
Cependant, le nom de Dennis Rader figurait probablement au milieu des longues listes établies par la police de nombreuses années auparavant : celle des employés de Coleman (parce que Julie Otero et Kathryn Bright y avaient travaillé), celle des hommes blancs qui avaient fréquenté l’Université d’État de Wichita dans les années 1970, celles des hommes blancs vivants à moins de 3 kilomètres des victimes…
Charles Liles, un ancien officier de police de Wichita, déclara au Wichita Eagle que la police s’était concentrée sur les délinquants sexuels condamnés plutôt que sur une personne discrète, susceptible de vivre parmi eux.
Quoi qu’il en soit, Dennis Rader, 59 ans, était inculpé de huit meurtres imputés à BTK entre 1974 et 1986.
La procureure de district, Nola Foulston, ajouta que, s’il n’existait aucun délai de prescription en matière de meurtre, la peine de mort n’ayant été approuvée au Kansas qu’en 1994, les crimes de BTK n’étaient pas passibles de la peine capitale. Sauf si Raider avait commis des meurtres après 1994. Les enquêteurs se remirent alors au travail dans le but de découvrir des victimes qui n’auraient pas été attribuées à BTK. Ils en “découvrirent” deux, portant ainsi le nombre de victimes de Rader de huit à dix : Marine Hedge et Dolores Davis.
Mais Rader sembla n’avoir commis aucun autre meurtre après 1991.
Les journaux locaux et nationaux publièrent des dizaines, des centaines d’articles sur Dennis Rader et les découvertes des enquêteurs.
Les photographies que Rader avait prises de ses victimes avaient été utilisées pour alimenter ses fantasmes pervers et il les conservait dans une immense réserve qu’il qualifiait de « mine d’or« . Les cachettes de Rader étaient situées dans sa maison et son bureau, et comprenaient entre autres des classeurs contenant des images découpées de top model et d’actrices, telles que Meg Ryan, des fiches avec des fillettes en maillots de bain au dos desquelles étaient notés des fantasmes sexuels, des bijoux et des vêtements de ses victimes, des coupures de journaux relatives aux meurtres, une collection de poupées et son « hit kit » (son kit de meurtre).
Aucun de ses collègues ou son épouse n’avait jamais réalisé l’existence de ce repaire malsain.
Quelques jours après l’arrestation de Rader, on apprit que la lettre codée envoyée le 5 mai 2004, qui contenait une quarantaine de chiffres et mots énigmes écrits à la verticale, dévoilait l’identité de BTK. En réalité, on pouvait trouver les mots “rôder”, “fantasmes”, “trouver des victimes”, “foncez”, “Wichita” épelé à l’envers, “aide”, “homme à tout faire” et “animal perdu”. Mais, perdu parmi tous ces mots, le numéro de sa maison « 6220 » et son nom « D Rader » figuraient dans ce puzzle.
Une tempête médiatique s’abattait sur Wichita.
Personne ne s’était jamais douté que Rader était BTK. Personne ne l’avait dénoncé au cours de l’intense enquête qui avait suivi la réapparition de BTK en mars 2004. Certains, comme Mary Capps, pensaient qu’il était un fourbe et un imbécile, mais ne l’avait jamais soupçonné d’être un tueur en série vicieux. La femme et les enfants de Rader étaient en état de choc. Un cortège de voisins et d’amis vinrent tous témoigner devant les médias qu’ils n’auraient jamais imaginé que Rader puisse être capable des crimes dont il était accusé. La congrégation de l’Église Luthérienne était abasourdie et désemparée.
Le 1er mars 2005, la caution de Rader fut fixée à 10 millions de dollars et un avocat fut nommé pour le représenter lors de son futur procès. Le 3 mai, lors de sa mise en accusation, l’avocat déclara que son client plaidait non coupable.
La première comparution de Rader en justice eut lieu le 19 avril 2005. Il renonça à son droit à une audience préliminaire. Le juge Waller poursuivit l’audience jusqu’au 3 mai, date à laquelle Rader resta muet devant une salle d’audience bondée et tendue.
Le procès de Dennis Rader devait avoir lieu le 27 juin 2005. Peu de temps après, Rader renonça à son droit d’être représenté par un avocat et décida de se défendre lui-même.
Le lundi 27 juin, à la surprise générale, il avoua devant le tribunal les meurtres de ses dix victimes. Le témoignage glaçant de Rader fut motivé par des questions particulièrement pointues du juge Waller. Devant des millions de téléspectateurs qui visionnait en direct la rediffusion du procès sur des chaînes locales et nationales, Rader révéla froidement les détails macabres de ses meurtres, évoquant des strangulations, des “succès”, des ruses, des “projets”… comme s’ils faisaient tous partie de la vie quotidienne.
D’une voix monocorde, Dennis Rader fit plusieurs déclarations surprenantes… Lorsqu’il avait tué les Otero, il ne s’était pas attendu pas à ce que Joseph Otero revienne si tôt et cela l’avait fait paniquer et « perdre le contrôle« . Rader avait affirmé à la famille qu’il était recherché par la police et qu’il avait besoin de nourriture et d’une voiture.
À ce stade de sa confession, Dennis Rader fit une déclaration surprenante : « Je me suis alors rendu compte que, vous savez, je n’avais pas de masque ou quoi que ce soit, qu’ils pouvaient m’identifier, alors j’ai pris la décision de continuer, et de les abattre ou de les étrangler. »
Il suggérait donc que son intention première avait été de commettre une agression sexuelle, mais de repartir sans tuer les victimes. Il était impensable qu’un homme intelligent, qui avait prémédité, calculé et préparé son intrusion bien à l’avance, ait pu oublier que ses victimes pourraient l’identifier, ce qui le “forcerait” à “les abattre ».
Rader fit une autre déclaration révélatrice :
« Après cela, je me suis fait Mme Otero… Je n’avais jamais étranglé personne, alors je ne savais vraiment pas à quel point il fallait exercer de pression sur une personne ou combien de temps cela prendrait… » Rader se livrait dans son choix de mots « Je me suis fait Mme Otero« , comme si cela n’avait été qu’un exercice de routine.
Lorsque le juge Waller demanda des éclaircissements sur l’ordre chronologique des événements, Rader répondit : « Tout d’abord, Monsieur Otero a été étranglé … un sac lui a été mis sur la tête et je l’ai étranglé. Madame Otero a été étranglée et j’ai cru qu’elle était morte. Ensuite, j’ai étranglé Josephine et elle est morte, puis je suis allée chez Jr. et lui ai mis le sac sur la tête. Après cela, Madame Otero s’est réveillée et vous savez, elle était très contrariée (sic) par ce qui se passait et à ce moment-là, je l’ai étranglée… l’étranglement à mort à ce moment-là.«
Rader expliqua ce qu’il avait fait ensuite :
« J’ai traversé la maison, je l’ai un peu nettoyée : c’est ce qu’on appelle la règle de la main droite, vous allez d’une pièce à l’autre pour les nettoyer. Je pense que j’ai pris la montre d’Otero. Je suppose que j’ai pris une radio. J’avais oublié ça, mais apparemment, j’ai pris une radio.«
Après les Oteros, Kathryn Bright avait été assassinée le 4 avril 1974.
Quand le juge demanda à Rader comment il l’avait sélectionnée, il expliqua au tribunal qu’il avait plusieurs « projets, différentes personnes que je suivais, regardais. Kathryn Bright était l’une des cibles suivantes… Eh bien, je conduisais juste un jour et j’ai vu qu’elle rentrait dans sa maison avec quelqu’un d’autre et j’ai pensé que c’était une possibilité – il y avait de nombreux endroits dans la région, College Hill, il y en a partout à Wichita – mais de toute façon, il s’agissait simplement d’un processus de sélection, j’y travaillais, si ça ne marchait pas, je passais simplement à autre chose. Mais pour mon genre de personne – le harcèlement et la vadrouille – vous passez par la phase de promenade, puis par le stade de harcèlement. Elle était dans la phase harcèlement lorsque s’est arrivé”.
Rader était entré par effraction dans la maison de Kathryn Bright et avait attendu qu’elle rentre chez elle. Il avait été surpris de découvrir un homme avec elle, le frère de Kathryn, Kevin. Ensuite, Rader décrivit une suite d’erreurs qui auraient été comiques si le crime n’avait été aussi affreux. Il n’avait pas attaché Kevin assez solidement et ils s’étaient battus, il l’avait touché deux fois à la tête, mais le jeune homme était finalement parvenu à s’enfuir. Rader était retourné dans l’autre pièce pour étrangler Kathryn, mais elle non plus n’avait pas été ligotée assez solidement et avait férocement lutté contre Rader. Elle s’était débattue jusqu’à ce qu’il la poignarde.
Au même moment, il avait entendu Kevin s’échapper.
“Tout à coup, la porte de la maison était ouverte et il était parti. Oh, je vous dis ce que j’ai pensé : j’ai pensé que la police allait venir à ce moment-là, c’est sûr. Je suis sorti. Je pouvais le voir courir dans la rue, alors j’ai rapidement nettoyé tout ce que je pouvais et je suis parti.”
Les problèmes de Rader ne s’étaient pas arrêtés là.
“J’avais déjà les clés des voitures. Je pensais avoir les bonnes clés. Je me suis précipité vers leur voiture. Je pense que c’était une camionnette, j’ai essayé… ça n’a pas marché. À ce moment-là, il était parti, courant dans la rue et je me suis dit : « Eh bien, j’ai un problème », alors j’ai essayé, ça n’a pas marché, j’ai donc décollé, j’ai couru, je me suis dirigé vers l’est et j’ai rejoint le campus de l’Université d’état de Wichita, où ma voiture était garée.«
Dennis Rader affirma que la sélection de Shirley Vian Relford le 17 mars 1977 “était totalement aléatoire. En fait, il y avait quelqu’un en face du magasin Dillons qui était une cible potentielle. Il s’agissait du “projet Green”, je pense… Ce jour-là, je suis allé en voiture à Dillons et me suis garé sur le parking et j’ai regardé cette résidence particulière puis suis sorti de la voiture et me suis dirigé vers la maison. J’ai frappé et personne n’a répondu.”
Rader dit qu’il était « très en rogne » et avait donc marché dans le quartier jusqu’à ce qu’il rencontre un jeune garçon, le fils de Shirley, et lui avait demandé d’identifier des photos. Puis Rader s’était rendu à une autre adresse, avait frappé à la porte, mais personne n’avait répondu. Il était allé devant la maison où le garçon était entré.
Lorsque l’un des enfants avait ouvert la porte, Rader avait déclaré qu’il était un détective privé. Il avait montré la photo qu’il venait de montrer au garçon. Puis, il avait brusquement sorti son pistolet et était entré.
Rader déclara qu’après le meurtre de leur mère, les enfants faisaient beaucoup de bruit dans la salle de bains et que le téléphone sonnait. Les enfants avaient affirmé qu’un voisin allait venir les surveiller et Rader avait donc rangé son ruban adhésif, ses cordons et d’autres objets dans son porte-documents, qu’il appelait son « kit de frappe« , puis était calmement retourné à sa voiture.
Le juge Waller demanda si les soi-disant “projets” de Rader étaient aussi des fantasmes sexuels. Rader répondit : « Des coups potentiels. Dans mon monde, c’est comme ça que je les appelle. Projet, coups, succès… J’en avais beaucoup, donc si l’un d’eux ne fonctionnait pas, je passais à un autre.”
Lorsque Rader arriva au meurtre de Nancy Fox le 8 décembre 1977, il expliqua au juge que “les tueurs en série traversent des phases” : ils rôdent d’abord dans un quartier, où ils cherchent des victimes, avant de passer au harcèlement lorsqu’ils « verrouillent » une certaine personne« .
Rader décrivit sa méthodologie : « Tout d’abord, elle a été repérée. J’ai fait un peu de travail. Je suis allée une fois vérifier sa boîte aux lettres, pour voir comment elle s’appelait. Découvert où elle travaillait, me suis arrêté là une fois, Helzbergs. L’ai jaugée. Plus je connaissais une personne, plus je me sentais à l’aise. Alors c’est ce que j’ai fait plusieurs fois. Ensuite, j’ai juste choisi une nuit, cette nuit-là, pour essayer et ça a fonctionné. »
Rader savait à quelle heure Nancy Fox rentrait normalement du travail. Après s’être assuré que personne ne se trouvait dans son appartement, il avait coupé les lignes téléphoniques et était entré par effraction à l’arrière de la maison. Il l’avait attendue dans la cuisine.
Lorsque Nancy était rentré chez elle, « j’ai été direct, lui ai dit que j’avais un problème, un problème sexuel, qu’il faudrait que je l’attache et couche avec elle. (…) Je l’ai menottée, je l’ai allongée sur le lit et je lui ai attaché les pieds. Je me suis aussi déshabillé, puis je suis monté sur elle et j’ai tendu la main, je lui ai pris les pieds attachés ou non, mais je pense que j’avais une ceinture. En tout cas, j’ai pris la ceinture et je l’ai étranglée à ce moment-là. (…) Après l’avoir étranglée avec la ceinture, j’ai enlevé la ceinture et j’ai re-attachée ça (!!!) avec un collant, très serré, j’ai enlevé les menottes et les ai attachées avec des collants. Je ne me souviens plus des couleurs pour le moment (!!!). Je pense que je peux avoir re-attaché ses pieds. Ils étaient probablement déjà attachés, ses pieds l’étaient. Et puis à ce moment-là, je me suis masturbé.”
Marine Hedge vivait dans la même rue que Dennis Rader et une fois qu’il l’eut choisie comme victime potentielle, il lui avait été facile de la surveiller. Rader déclara : « Après (son meurtre), comme j’étais toujours dans le fantasme sexuel, j’ai continué et l’ai déshabillée. Je ne sais plus si je l’ai attachée à ce moment-là, mais elle était nue. (…) Finalement, je l’ai emmenée dans le coffre de sa voiture et l’ai emmenée à l’Église Luthérienne, c’était l’église la plus ancienne et ai pris quelques photos d’elle… sous différentes formes de bondage et c’est ce qui m’a probablement causé des ennuis, c’est le bondage (!!!). Mais de toute façon, je l’ai ramenée dans sa voiture.«
Vicki Wegerle était un autre « projet » de Dennis Rader. Il avait prévu de lui dire qu’il était réparateur téléphonique, une ruse pour entrer dans sa maison. Il s’était changé pour revêtir « essentiellement, des choses dont je devais me débarrasser plus tard. Ce n’était pas le même type de vêtements que ceux que je portais habituellement. Je ne sais pas quel meilleur mot utiliser, “vêtements du crime”, je les appelle juste des “vêtements pour les coups”.”
Lorsqu’il eut terminé ses aveux, le juge Waller lui demanda : “Ainsi, tous ces incidents, ces 10 chefs d’accusation ont eu lieu parce que vous vouliez satisfaire vos fantasmes sexuels. Est-ce exact ?”
Rader acquiesça.
Le mariage de Dennis Rader et Paula Dietz Rader prit fin le 26 juillet 2005. Lorsque Paula avait écouté les aveux de son mari et avait réalisé qu’il n’existait plus aucun doute sur sa culpabilité, elle avait demandé le divorce. Le juge du Sedgwick County avait décidé de ne pas appliquer le délai d’attente standard de 60 jours et lui avait accordé un “divorce urgent”.
Les procureurs n’avaient toujours pas eu l’occasion de présenter officiellement leurs arguments contre Dennis Rader. Les aveux de Rader au tribunal étaient terribles, mais dilués par des affirmations selon lesquelles il avait tenté de rassurer ou de réconforter les victimes avant leur mort, alors qu’en réalité, il les avait torturées.
Lors de l’audience de détermination de la peine des 17 et 18 août 2005, les procureurs eurent enfin la possibilité de présenter certaines des preuves accumulées à l’encontre de Rader lors d’une audience publique. La présentation visait à démontrer pourquoi Rader devait être condamné à la peine maximum prévue par la loi, c’est-à-dire un minimum de 175 ans de prison.
Le 17 août 2005, les familles des victimes assassinées par BTK écoutèrent avec un cœur lourd les témoignages de plusieurs policiers sur les aveux que leur avait fait Rader. Les procureurs et les policiers racontèrent la saga sanglante dans tous ses détails insoutenables à un public qui avait vivement critiqué leur incapacité à capturer le meurtrier. Pendant près de sept heures, quatre avocats conduisirent méthodiquement huit enquêteurs à travers des photographies de scènes de crime macabres, des PowerPoint soulignant les aveux de Rader, et des preuves datant de plusieurs décennies – un couteau ensanglanté et une chemise de nuit tachée de sperme.
Le directeur adjoint du bureau d’investigation du Kansas, Larry Thomas, déclara ainsi que Rader leur avait avoué que Josephine Otero, 11 ans, avait appelée sa mère à l’aide alors qu’elle s’étranglait du nœud coulant auquel elle était suspendue dans le sous-sol de sa maison. Rader avait ressenti un grand plaisir sexuel en la regardant se débattre pendant qu’il la torturait.
Le procureur présenta également à la Cour des photographies que Rader avait pris de lui-même alors qu’il portait des collants et un soutien-gorge, était attaché avec des cordes et un bâillon utilisés sur Madame Otero au moment des meurtres. D’autres preuves avaient été recueillis au domicile de Rader, notamment des poupées sur lesquelles il avait pratiqué le bondage, attachées avec une corde et menottées. Rader avait dessiné des poils pubiens et des cils sur une poupée Barbie, pour qu’elle ressemble à Joséphine. La poupée était attachée comme Joséphine l’avait été avant son meurtre.
Un autre detective raconta comment Rader avait utilisé une balle anti-stress pour renforcer ses mains afin d’étrangler plus facilement ses futures victimes.
Dans un tiroir du classeur de son bureau, les enquêteurs avaient découvert, entre autre, un Polaroid de lui-même, portant des collants et un soutien-gorge, suspendu dans le sous-sol de ses parents, ainsi que des dessins illustrant son fantasme de transformer une grange en une chambre de torture et de femmes nues en position de servitude, mais aussi des sous-vêtements pris à ses victimes, des coupures de presse sur les meurtres et des textes les décrivant dans les moindres détails.
Dans cette réserve se trouvaient également des notes classées sous l’acronyme “AFLV”, pour “afterlife concept for victims” (concept de vie après la mort pour les victimes). Dennis Rader fantasmait sur la possibilité qu’après sa mort, dans un affreux paradis pervers, ses victimes seraient toutes ses esclaves, dont il pourrait faire ce qu’il voudrait. Shirley Vian Relford serait ainsi sa « domestique » et Josephine Otero « ma jeune star à qui j’apprendrai le sexe« .
Le 18 août 2005, jour de la condamnation de Rader, les familles des victimes (souvent leurs enfants) se tinrent courageusement devant l’homme qui avait assassiné leurs proches et lui dirent pour la première fois ce qu’ils pensaient de lui et de ses actes horribles. Rader fut traité de monstre et de lâche, et les familles demandèrent au juge la peine la plus sévère possible. Certains membres des familles étaient tellement émus qu’ils furent incapables de prononcer un mot.
Après que le tribunal eut entendu les familles, Rader se leva et fit un monologue décousu de 20 minutes. Ce qu’il avait fait était égoïste et narcissique, admit-il. En larmes, il remercia la défense, les membres du personnel de la prison, son assistant social et son pasteur. Rader se compara sans vergogne à ses victimes, comme s’il s’agissait « des mêmes pois d’une seule gousse« . C’était sa dernière agression, son affront final sur les victimes et leurs familles. Pourtant, beaucoup d’entre eux n’étaient pas là pour entendre Rader, car ils s’étaient levés et avaient quitté la salle d’audience quelques secondes après le début de son discours.
Pendant les déclarations, Rader s’essuya les yeux comme s’il était submergé de chagrin et de remord pour ce qu’il avait fait. Lorsqu’il termina son discours, la procureur Foulston déclara qu’il avait pleuré « des larmes de crocodile ». Elle demanda pourquoi il n’avait jamais montré un tel « remord » lorsqu’il assassinait ses victimes… Elle réclama la peine la plus sévère possible mais aussi l’imposition de restrictions supplémentaires, notamment d’empêcher Rader d’accéder à des images ou des photographie d’humains ou même du matériel d’écriture, pour lui interdire de revivre ses fantasmes pervers.
Le juge Waller condamna Dennis Rader à une peine totale de 175 ans, à purger consécutivement. C’était la peine la plus sévère qu’il pouvait imposer en vertu de la loi du Kansas.
Le 19 août, Rader fut transféré dans le pénitencier El Dorado, au Kansas. Il est en isolement cellulaire, pour sa protection (une heure d’exercice par jour et des douches trois fois par semaine), mais, depuis 2006, il a accès à la télévision, à la radio et à la lecture de magazines pour le récompenser de sa bonne conduite.
En janvier 2007, la ville de Park City acheta la maison où Dennis et Paula Rader vivaient depuis les années 1970 et avaient élevé leurs deux enfants. Il était resté vide depuis l’arrestation de Rader. En mars, la ville démolit la maison pour améliorer l’accès à un petit parc voisin.
Le même mois, certaines des questions juridiques relatives aux poursuites dans l’affaire BTK furent réglées. Rader accepta de payer 10 millions de dollars aux familles des victimes et de renoncer à tout droit médiatique sur le récit de ses crimes. Les familles pourront également récupérer les objets saisis comme preuves au cours de l’enquête, tels que des vêtements ou des bijoux ayant appartenus aux victimes. Les familles ne recevront jamais d’argent, car Rader ne possède pas ces millions, mais cela l’empêchera définitivement de profiter de sa notoriété en tant que tueur en série.
Les victimes de Dennis Raider
Joseph Otero (38 ans)
Etranglé et suffoqué le 15 janvier 1974, dans sa maison de Wichita.
Julie Otero (33 ans)
Etranglée le 15 janvier 1974, dans sa maison de Wichita.
Joseph Junior Otero (9 ans)
Etranglé et suffoqué le 15 janvier 1974, dans sa maison de Wichita.
Josephine Otero (11 ans)
Etranglée le 15 janvier 1974, dans sa maison de Wichita.
Kathryn Bright (21 ans)
Poignardée à mort le 4 avril 1974, dans sa maison de Wichita.
Shirley Vian Relford (24 ans)
Etranglée le 17 mars 1977, dans sa maison de Wichita.
Nancy Fox (25 ans)
Etranglée le 8 décembre 1977, dans sa maison de Wichita.
Marine Hedge (53 ans)
Etranglée le 27 avril 1985, dans sa maison de Park City.
Vicki Wegerle (28 ans)
Etranglée le 16 septembre 1986, dans sa maison de Wichita.
Dolores Davis (62 ans)
Etranglée le 19 janvier 1991, dans sa maison de Wichita.
Mode Opératoire
Dennis Rader a commis tous ses crimes au Kansas, à Wichita et Park City, dans un rayon de quelques kilomètres.
Une fois qu’il avait choisi sa future victime, il la suivait, l’épiait, notait ses habitudes et ses horaires, avant de passer à l’acte.
Dans de nombreux meurtres, il apporta ce qu’il appelait son «kit de frappe» : des outils, de la corde et du ruban adhésif.
Il entrait chez ses victimes de manière plus ou moins silencieuse, après avoir coupé la ligne de téléphone. Il était capable de passer des heures à attendre au domicile de sa future victime.
Dennis Rader aimait faire longuement souffrir ses victimes. Il les étranglait, puis les laissait reprendre connaissance avant de les étrangler à nouveau.
Il ligotait ses victimes, ces liens étaient très important pour son fantasme de domination et d’esclavage, mais n’a jamais violé aucune de ses victimes.
A plusieurs reprises, il prit des photos de ses victimes pendant qu’il les torturait, puis après leur décès. Il vola des objets de chaque scène de meurtre.
À l’exception de Marine Hedge et de Dolores Davis, tous les corps des victimes ont été retrouvés sur le lieu de leur décès, le lendemain de leur assassinat.
Motivations
Lorsque Dennis Rader fit ses aveux devant le tribunal, il révéla involontairement sa véritable nature, celle d’un psychopathe. Rader ne ressentait aucune émotion, décrivant ses victimes comme des « projets » et expliquant avec désinvolture comment il sélectionnait une femme, attribuait un nom de code au « projet », puis faisait des recherches et suivait sa victime désignée jusqu’à ce qu’il trouve la bonne occasion de frapper. Tous ces facteurs, y compris le narcissisme, la violence, le désir sexuel et le manque d’émotion de Rader, sont les signes d’un psychopathe.
Rader est un psychopathe accompli : sa capacité à mener deux vies très différentes en témoigne. Il déclara à un journaliste de KAKE-TV : « J’étais très froid. Très compartimenté. Je peux présenter plusieurs visages. Je peux changer de vitesse très rapidement. Je peux devenir émotionnellement impliqué. Être complètement froid. »
Durant sa jeunesse, il avait appris à vivre dans deux mondes : le monde conventionnel et social dans lequel la majorité de la population vit et son petit monde privé de torture et de mort. Il était extrêmement habile à séparer ces deux mondes, ce qu’on appelle « compartimenter ». Il pouvait sortir et commettre le meurtre le plus atroce et rentrer chez lui comme si de rien n’était. C’était comme changer de vêtements ou appuyer sur la télécommande pour changer de chaîne.
Certains psychopathes, parce qu’ils sont narcissiques et centrés sur eux-mêmes, réussissent très bien dans les affaires, la bourse ou la politique. Une minorité de psychopathes devient des criminels. Et parmi ces psychopathes criminels, certains choisissent de devenir des tueurs en série.
La caractéristique la plus essentielle de ce type de criminel est un besoin excessif de pouvoir et de contrôle, et cela se constate chez la plupart des tueurs en série ayant une motivation sexuelle. Les crimes de Rader sont abominables, mais de son point de vue, ils sont ses plus grandes réalisations, ses chefs d’œuvre et il avait hâte de partager toutes les « merveilles » qu’il avait accomplies.
Le 2 juillet 2005, après ses aveux au tribunal, Dennis Rader fut interviewé par Larry Hatteberg, reporter sur KAKE-TV. Le documentaire révéla que Rader avait accordé cette interview parce que la chaîne était sa préférée et qu’il avait grandi en la regardant.
Lors de cette interview, il révéla l’un de ses traits de personnalité les plus frappants et les plus évidents : un énorme égo.
« Comment un gars comme moi, membre de l’église, a-t-il pu élever une famille, sortir et faire ce genre de choses ?… Je veux que les habitants du comté de Sedgwick, des États-Unis et du monde entier sachent que je suis un tueur en série… C’est mon côté sombre. »
Quand Larry Hatteberg demanda à Rader s’il avait eu des sentiments envers ses victimes, il répondit immédiatement : « Oui, j’en ai eu. (…) Je veux dire, j’ai beaucoup de sentiments pour elles. Je suppose que c’est plus comme une réussite pour cet objet dans la chasse (!!!). Ou plutôt quelque chose comme un sommet, je suppose. »
D’après ses propres mots, Rader désirait traumatiser émotionnellement ses victimes et leur causer de grandes souffrances physiques. Dans sa façon de communiquer avec les médias, il était clair qu’il avait l’intention de terroriser la communauté et qu’il était très satisfait d’y être parvenu.
Les enquêteurs avaient rapidement pensé qu’ils recherchaient un pervers sexuel, quelqu’un qui prenait plaisir à attacher les gens, à les regarder aspirer de l’air et mourir lentement. Les visages de certaines victimes étaient gonflés, suggérant que le tueur les étranglait, les laissait respirer, puis les étranglait davantage.
Les tueurs en série motivés par la perversité sexuelle commencent par s’abandonner à un monde fantasmatique. Outre l’excitation sexuelle, Rader voulait obtenir un sentiment de pouvoir sur ses victimes, mais il voulait aussi devenir célèbre.
Les avocats de Rader avaient demandé au Docteur Robert Mendoza, neuropsychologue à l’université d’Harvard, de procéder à une évaluation psychologique de Rader afin de déterminer si une défense basée sur la folie pourrait être viable. Mendoza diagnostiqua des troubles de la personnalité narcissiques, antisociaux et obsessionnels compulsifs. Mais aucune maladie mentale. Rader avait « un sens grandiose du soi », une conviction qu’il était « spécial » et qu’il avait donc droit à un traitement particulier, un besoin pathologique d’attention et d’admiration, le souci de maintenir un ordre et une structure rigides dans sa vie et celle des autres, et un manque complet d’empathie pour ses victimes.
Au sujet du « B » dans « Bind, Torture and Kill » (attacher, torturer, tuer), Rader déclara :
« Vous devez avoir le contrôle, qui passe par le fait d’attacher. Ça a été très important pour moi. Mon fantasme sexuel est… si je vais tuer une victime ou faire quelque chose à la victime, c’est de les avoir liées et attachées. Dans mes rêves, j’avais ce qu’on appelle des chambres de torture. Et pour soulager vos fantasmes sexuels, vous devez aller jusqu’au meurtre. »
Dennis Rader ne voyait passes victimes comme des êtres humains :
« Je ne pense pas que c’était réellement la personne que je recherchais, je pense que c’était le rêve. Je sais que ce n’est pas vraiment agréable à dire à propos d’une personne, mais elles étaient fondamentalement un objet. Elles n’étaient qu’un objet. C’est tout ce qu’elles étaient. J’avais plus de satisfaction à y penser, à m’y préparer et à ce qui se passait après qu’à tuer cette personne. »
Rader a avoué que les fantasmes qu’il avait décrits « ressemblaient presque à une série de photos », qu’il voulait « produire », « diriger » et commettre « quels que soient les coûts ou les conséquences ».
Rader considérait chaque victime potentielle comme un « projet », qui commençait par le suivi puis le harcèlement. Rader a déclaré lors de l’interview :
« L’étape du harcèlement est celle où vous commencez à en apprendre davantage sur vos victimes potentielles… Je suis allé à la bibliothèque et j’ai recherché leurs noms, leur adresse, des références croisées et les ai appelés plusieurs fois, je suis passé par chez elles chaque fois que je pouvais. » Lorsqu’il était prêt à agir, Rader est venu armé de ce qu’il appelait son « kit de frappe », qui comprenait « des sacs en plastique, une corde, du ruban adhésif, un couteau, un pistolet ».
Sur le soi-disant « facteur X » qui l’aurait « poussé à tuer » :
Rader : le facteur X est probablement quelque chose dont je ne saurai jamais ce que c’est. Je pense réellement qu’il est possible que je sois possédé par des démons. Euh, on m’a laissé tomber sur la tête quand j’étais enfant…
Mendoza : Vous ne pouvez pas l’arrêter.
Rader : Je ne peux pas l’arrêter… ça me contrôle, vous savez, c’est comme si c’était au volant. C’est probablement la raison pour laquelle nous sommes assis ici. Vous savez, si je pouvais juste dire, « Non, je ne veux pas faire ça, et aller ramper dans un trou. » Mais c’est ce qui me conduit.
Il ajouta devant le journaliste Larry Hatteberg :
« Personnellement, je pense, et je sais que ce n’est pas très chrétien, mais je pense en fait que c’est un démon qui est en moi. À un moment donné, cela est entré en moi quand j’étais jeune. Et cela me contrôlait fondamentalement. »
Le diable le lui a fait faire.
Dennis Rader affirmait donc, bien qu’on l’ait déclaré sain d’esprit, qu’il n’est pas réellement responsable de ses actes. Ce n’est pas de sa faute s’il est un tueur en série, c’est à cause des démons. Avec un peu de thérapie et un exorcisme, il pourrait peut-être s’en sortir… Rader, comme la plupart des tueurs en série, refusait d’assumer la responsabilité de ses crimes. Il trouvait plus facile et plus pratique d’expliquer sa soif de sang par ses « personnalités compartimentées », le côté sympathique qu’il montrait à sa famille et l’autre dominé par le « Facteur X » et les démons.
À demi-mots, il a également accusé sa mère, qui était « froide » et « distante ».
Certaines personnes ont souligné que Dennis Rader avait exprimé des remords lors de son audience de condamnation et avait même pleuré. Il faut être très prudent dans l’interprétation de ce qu’il a dit pendant et après ses aveux. Il est toujours utile de garder à l’esprit les mots du Dr Michael Welner, célèbre psychiatre médico-légal expert auprès des tribunaux américains, lorsqu’il décrit les psychopathes : « S’ils présentent une émotion, c’est un effort pour créer une impression. »
Avant l’audience de condamnation, Dennis Rader a confié à Larry Hatteberg son opinion sur les « remords » pour ses crimes :
« Eh bien, au moment de la condamnation, cela va susciter beaucoup de remords et des excuses envers [les familles des victimes]. Je vais y travailler. C’est l’une des choses sur laquelle je travaille : un discours préparé pour cela. Je pense que la condamnation sera une journée assez émouvante, je vais probablement avoir besoin d’une boîte de Kleenex ce jour-là. »
Rader se considérait comme un génie et pensait être sur un pied d’égalité avec les autorités. C’est la raison pour laquelle il crut les policiers lorsqu’ils lui affirmèrent, via une annonce dans le Wichita Eagle, qu’il pouvait envoyer son prochain message via une disquette. Une fois en détention, il s’offusqua de leur trahison.
« Comment se fait-il que vous m’ayez menti ? »
Le lieutenant de police Ken Lendwehr lui répondit : « Parce que j’essayais de vous attraper. »
Lorsque Larry Hatteberg lui demanda s’il avait voulu se faire prendre, Rader lui répondit : « Non, je n’essayais pas d’être arrêté. J’ai juste joué au chat et à la souris trop longtemps avec la police et ils ont finalement compris. »
Ce sentiment de supériorité avait quelque chose de totalement immature. Il étudia les crimes et les modes opératoires d’autres tueurs en série. Il s’imaginait en espion. Quand il suivait ses futures victimes, il portait sa veste en tweed « comme James Bond ». Il qualifiait ses meurtres de « coups » ou de « cibles » et surnommait les femmes qu’il suivait des « projets ». Il avait des dizaines de projets : Projet Crest, pour une femme qui vivait près du théâtre Crest, Projet Steaks and Ale pour une autre qui vivait près du restaurant d’East Kellogg, Projet Waco, Projet Delano, Projet West Lincoln…
Dennis Rader affichait souvent, dans son travail et ses activités quotidiennes, la suprématie qu’il croyait avoir sur les autres.
Il s’était même convaincu que, dans une vie après la mort, ses victimes deviendraient toutes ses esclaves. Rader espérait que Joseph Otero serait son garde du corps, Julie sa servante de salle de bain, leur fils Joey son « jouet sexuel et son serviteur » et Joséphine « pour qu’il lui enseigne le sexe et le bondage. »
Au moment de son arrestation, il était employé par la ville de Park City en tant que « superviseur de la conformité », ce qui impliquait le contrôle des animaux errants et des épaves de voitures, le respect général du code de la ville et les petites infractions.
Il fut fréquemment qualifié de « tyran bureaucratique » qui ferait « tout son possible pour trouver des raisons de dresser des contraventions aux gens ». À plusieurs reprises, il filma ses voisins dans l’espoir de les surprendre en train de commettre une transgression mineure.
Sarah Gordon et sa sœur Heather Herrera, deux résidentes de Park City, eurent une «dispute» avec Rader lors de la brocante qu’elles avaient organisée dans leur garage durant l’été 2004 parce qu’elles n’avaient pas demandé d’autorisation. Rader dit aux deux femmes : « Vous ne voulez pas vous frotter à moi. Je ne suis pas une personne à qui on cherche des noises. »
Plusieurs résidents de Park City et anciens collègues de travail décrivirent Rader comme un homme égoïste et arrogant, un « obsédé du règlement » qui prêtait beaucoup d’attention aux détails. Les descriptions correspondent à bien des égards à celles proposées par les profileurs ayant étudié les crimes de BTK.
La volonté de pouvoir de Dennis Rader l’amena à refuser que quiconque revendique les meurtres qu’il avait commis. En réalité, il était fier de ses meurtres. C’était évident dans les nombreuses communications envoyées aux médias de Wichita, qu’il signait des initiales qu’il s’était inventées.
Seuls quelques-uns des enquêteurs savaient que BTK signait de manière « sexuellement suggestive » : il « empilait » les 3 lettres de haut en bas avec le « B » qui ressemblait à une poitrine de femme. La signature fut délibérément cachée au public afin que les enquêteurs puissent éliminer les éventuels faux courriers des communications authentiques de BTK.
Pour le livre « Confession of a Serial Killer: The Untold Story of Dennis Rader, the BTK Killer », Rader a été interviewé par Katherine Ramsland, auteur de plusieurs livres sur les tueurs en série et la psychologie criminelle. La fille de Rader, Kerri, a déclaré que son père avait coopéré parce qu’il était fier de ses meurtres et qu’il était heureux de retourner sous les projecteurs. Certains considèrent ce livre comme une réouverture de plaies et une occasion pour Rader de se présenter à nouveau comme le dangereux mâle alpha qu’il prétend être.
Lorsqu’il a été emprisonné dans le pénitencier El Dorado en 2005, des femmes ont commencé à écrire Rader. Et il a répondu. Il a de nombreuses groupies. Les sales types créent un intérêt dans l’esprit de certaines femmes. Pour elles, un homme mauvais est un « mâle alpha ». Certaines deviennent obsessionnellement attachées à cet homme, à ce qu’il représente pour elles. Par ces courriers, elles ont l’impression de s’approcher d’un homme fort, et elles veulent que cette force irradie vers elles.
L’ironie de la situation est que Rader est tout sauf un homme fort. C’était un lâche qui voulait s’en prendre à des femmes seules et sans défense. Il voulait tuer des dizaines et des dizaines de victimes, mais l’une des raisons pour lesquelles il n’en a tué « que » dix était qu’il avait peur. Peur qu’une victime le repousse et finisse par l’assommer ou lui prenne son pistolet. À plusieurs reprises, il avait hésité à décamper. Il avait planifié ses meurtres, mais il n’était ni particulièrement intelligent, ni très prudent. Il fut souvent négligent, comme on a pu le voir avec Kathryn Bright : il n’avait pas vérifié la présence de son frère et l’avait mal attaché, Brian manqua de lui prendre son arme et parvint à s’échapper.
Les policiers ont l’habitude de résoudre des meurtres qui, à 85 %, sont commis par des familiers de la victime. Dennis Raider ne connaissait pas ses victimes personnellement ou il n’existait que des liens ténus entre elles et lui. Il était membre de l’église Luthérienne de Park City et avait été élu président du conseil de l’église. Durant son temps libre, il dirigeait un groupe de jeunes scouts. Personne ne l’imaginait capable de faire du mal à qui que ce soit. Beaucoup le décrivaient comme un homme ordinaire, qui ne se démarquait jamais vraiment des autres. En fait, c’est sa capacité à « se fondre dans la foule » qui lui permit de ne pas être détecté pendant tant d’années.
Il n’était pas uniquement considéré comme un type ordinaire, mais il respecta méticuleusement et constamment les règles les plus strictes, respectant les mœurs de la société, évitant la moindre incartade. Rader et son épouse allaient à l’église tous les dimanches. Souvent, quand il préférait rentrer chez lui après le travail plutôt que d’aller boire un verre, ses collègues étaient soulagés : sans ce rabat-joie, ils pourraient enfin s’enivrer et raconter des blagues.
La plupart des tueurs en série connaissent une escalade : ils tuent de plus en plus, mois après mois, année après année, mais ce ne fut pas le cas de Dennis Rader. La période d’inaction entre ses meurtres couvrait souvent des années, laissant les enquêteurs perplexes.
Alors que la plupart des tueurs en série ressentent l’envie de tuer de plus en plus fréquemment, les 10 victimes de Rader furent assassinées en l’espace de trois décennies.
Quelques mois après les meurtres des Otero, Rader assassina Kathryn Bright, puis attendit trois ans jusqu’en 1977 avant de recommencer. En 1977, il fit deux victimes, Shirley Vian et Nancy Fox. Presque huit ans s’écoulèrent avant qu’il ne frappe à nouveau, tuant Marine Hedge en 1985. Il assassina Vicki Wegerle l’année suivante, puis attendit de nouveau, cette fois durant près de cinq ans avant de tuer sa dernière victime, Dolores Davis, en 1991.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette chronologie inhabituelle.
D’abord, Rader ne tuait pas au hasard. Pour exercer totalement son pouvoir, pour ressentir une domination et un plaisir complet, il devait suivre sa victime, connaître son nom, ses habitudes, l’observer, la harceler. Son mode opératoire était chronophage. Vu les exigences de sa vie en tant qu’employé, mari et père, il lui était difficile de consacrer le temps nécessaire à la traque, à la recherche et à l’exécution de ses crimes.
Il devait agir avec précaution et ne pouvait commettre ses crimes que lorsqu’il avait des possibilités qui lui permettaient de prétendre faire autre chose, comme une recherche en bibliothèque pour ses études ou lors d’une nuit de camping avec les scouts. Il devait toujours avoir une histoire à raconter pour se couvrir.
Le travail de Rader en tant que « responsable de la conformité » de Park City lui donna aussi moins de flexibilité dans son emploi du temps.
Mais bien que des années se soient écoulées entre ses meurtres, il ne cessa jamais de chercher des victimes. Il était toujours à l’affût, gardant une liste de 55 « projets », des victimes potentielles qu’il avait suivies au fil des ans. Rader avait dressé des listes détaillées avec les noms des projets, les dates, les lieux, les circonstances et tout ce qui aurait pu arriver à ces femmes s’il avait tout le temps dont il avait besoin.
Rader tirait plus de plaisir à traquer une victime, la ligoter et la torturer que de l’assassiner. Il s’agissait d’un processus complet de mise à mort et il ressentait un plaisir énorme, un plaisir sexuel, à créer et suivre ce processus. Du sperme fut retrouvé sur les lieux du crime lors de chacun de ses meurtres, mais uniquement sur le corps de ses victimes ou sur leurs vêtements. Il n’y eut jamais de viol ni d’agression sexuelle. Rader se masturbait pendant ou après les meurtres. Il tirait un plaisir sexuel à ôter la vie de ses victimes, mais aussi à réaliser son fantasme de bondage et de torture, et à être parvenu à réaliser son « projet ».
Il obtint le même sentiment de pouvoir et de contrôle grâce à ses emplois, tout d’abord dans une entreprise de sécurité qui installait des systèmes d’alarme, puis en tant que responsable de la conformité à Park City. Il adorait porter un badge et un uniforme. La possibilité de dresser des contraventions comme il le désirait et de voir la crainte dans le regard de certains habitants fut suffisante pour nourrir son appétit de pouvoir. Cet exutoire était l’une des choses qui lui permirent d’avoir de longues périodes d’inaction entre ses meurtres.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce travail satisfit le désir de Rader de dominer les autres… jusqu’à ce que les médias de Wichita parlent à nouveau des crimes de BTK. Il voulut alors envoyer des messages pour narguer la police et les journaux, se permettant ainsi de revivre ses « jours de gloire » des années 1970, durant lesquels il avait terrorisé la ville.
Rader eut un plaisir intense à attacher, à torturer et à tuer, mais il ressentait également un énorme plaisir à dissimuler ses crimes. À passer inaperçu. À ne pas être arrêté. Les meurtres ont étendu son pouvoir et la couverture médiatique a servi de rappel et de trophée à sa « carrière meurtrière ».
Dans sa première lettre envoyée en octobre 1974, Rader assumait la responsabilité du massacre de la famille Otero. Dès le début, il éprouva le désir d’être célèbre et d’attirer l’attention sur ses meurtres. Début 1978, il envoya une autre lettre à une chaîne de télévision, dans laquelle il revendiquait la responsabilité des meurtres des Otero, mais aussi de Shirley Vian Relford, Nancy Fox et Kathryn Bright. Il alla même jusqu’à suggérer un certain nombre de surnoms possibles pour lui, y compris BTK. Dans cette lettre, BTK réclamait directement l’attention des médias.
Le désir de Rader de narguer la police et d’attirer l’attention était si extrême qu’il finit par le perdre.
Il avait également une vie fantasmatique autoérotique active qui lui permettait de revivre ses meurtres. Rader découpait des images de femmes nues dans les magazines et habillait des poupées avec les trophées qu’il avait pris à ses victimes pour revivre ses meurtres et satisfaire ses besoins sexuels. Il avait un fétiche sexuel pour les sous-vêtements féminins et volait des sous-vêtements à ses victimes pour les porter lui-même. Il se photographia vêtu des vêtements de ses victimes, attaché et pendu. Il prétendait être une victime pour satisfaire son fantasme sexuel.
>> Attention, les photos qui suivent peuvent choquer les personnes sensibles.
Rader a pris les deux premières photos dans la cave de ses parents. Les quatre dernière ont été prises dans une chambre d’hôtel qu’il avait louée pour l’occasion.
Le temps passant, il commença à vieillir et sa libido fut plus modérée, mais il ressentait encore l’envie de traquer et de tuer. Ayant terminé ses études et son fils ayant quitté les scouts, il lui était plus difficile de trouver des mensonges à raconter pour s’éclipser.
Rader avait toutefois identifié un nouveau « projet » en 2004 et tenta d’assassiner une 11ème victime, mais une équipe de construction travaillait devant le domicile de cette femme le jour où il avait planifié son attaque. Il avait l’intention de retenter sa chance lorsqu’il avait été arrêté.
Il rêvait également de convertir un silo en chambre de torture pendant sa retraite, s’il était capable de trouver l’argent ou l’emplacement idéal.
La torture ne quitta jamais son esprit.
Citations
« C’est un salopard égoïste et égocentrique. Si tout cela n’était pas si terrible, il serait ridiculement drôle, avec son ego et ses commentaires pseudo-intellectuels. »
Nola Foulston, ancien procureur du comté de Sedgwick.
« Ce n’est pas Hannibal Lecter. C’est un idiot, un pervers sexuel qui ne faisait que fantasmer quand il était libre, et certainement maintenant qu’il est en prison, fantasmer est tout ce qu’il fait.”
Kelly Otis, enquêteur du groupe de travail BTK qui a aidé à capturer Rader en 2005.
“J’aimerais que les gens arrêtent d’essayer de lui parler. Dans son esprit, ils lui font honneur.”
Kelly Otis, parlant des nombreuses lettres que Rader reçoit en prison.
« Je pense que le temps et la solitude lui ont permis de fantasmer et de s’imaginer être un beaucoup plus grand criminel que les faits ou l’histoire ne le montreraient.«
Tim Relph, detective des homicides de Wichita et ancien enquêteur du groupe de travail BTK.
“Il n’est pas humain et n’a pas d’âme ou de conscience… juste un trou noir dans une enveloppe humaine.”
Jeff Davis, le fils de Dolores Davis.
Bibliographie
Livres en anglais
« Inside the Mind of BTK«
John Douglas et et Johnny Dodd – 2007
“Confession of a Serial Killer: The Untold Story of Dennis Rader, the BTK Killer”
Katherine Ramsland – 2016
Ce livre s’appuie sur des lettres et des conversations téléphoniques entre l’auteur et Rader pour une grande partie du contenu.
« A Serial Killer’s Daughter : My Story of Faith, love and overcoming«
Kerri Rawson – 2019
La fille de Dennis Rader raconte son enfance et la découverte, terrible, de la véritable personnalité de son père.
Livre en français
« Mindhunter : Dans la tête d’un profiler«
John Douglas et Mark Olshaker – 2017
« Au fil de ses vingt-cinq ans au FBI, l’agent spécial John Douglas est devenu une légende vivante, considéré comme le premier profileur de serial killers. Il a suivi et résolu des dizaines de cas. »
Douglas a, entre autre, dressé le profil de BTK.
« BTK, l’étrangleur de Wichita«
Steven Goldstein – 2008
« Nuits noires, étoiles mortes«
Stephen King – 2014
La nouvelle « Bon ménage » est ouvertement inspirée des crimes de Dennis Rader.
« Mr Mercedes«
Stephen King – 2016
Ce livre est en parti inspiré de Dennis Rader, dont il est fait mention dans l’ouvrage.
Filmographie
« Dennis Rader : le serial killer qui défia l’Amérique« , mars 2007, Secrets d’actualité sur M6.
« BTK : sur la piste de l’étrangleur« , mai 2009, Enquêtes criminelles, W9.
« BTK, l’histoire d’un serial killer« , 2017, Ces crimes qui ont choqué le monde, Numéro 23 et RMC Découverte.
« BTK, sur la piste du tueur« , 2018, Portraits de criminels, RMC Story.
« Mindhunter« , 2017-2019, Netflix.
BTK apparaît dans la saison 1 et 2 de cette série.
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