Article mis à jour le 28 décembre 2015

Le gouvernement du premier ministre Canadien Justin Trudeau a lancé une enquête de grande envergure sur des centaines de femmes et de filles autochtones assassinées et disparues, soulignant la nécessité d’une relation plus forte avec les communautés « indigènes » du pays.

La décision de Justin Trudeau marque un revirement politique par rapport au gouvernement conservateur de Stephen Harper, son prédécesseur. Harper avait toujours refusé d’autoriser une enquête publique, même si un rapport de police l’année dernière a souligné qu’un nombre disproportionné de femmes victimes d’homicide au Canada sont autochtones.

Le rapport de la Gendarmerie royale du Canada explique que les femmes autochtones ne représentent que 4,3% de la population féminine totale du pays, mais que plus d’un quart (16%) de toutes les femmes victimes d’homicide sont autochtones. La police a analysé des affaires de 1980 à 2013 et a découvert que 1 181 femmes autochtones avaient disparu (164) ou avaient été assassinées (1 017), ce qui double presque les estimations précédentes.

Lors d’un discours, Trudeau a affirmé avoir fait une priorité de son mandat de « travailler avec la communauté autochtone afin de corriger les problèmes en cours ». Il a affirmé que les personnes touchées par la tragédie des femmes autochtones disparues et assassinées ont attendu assez longtemps. « Les victimes méritent justice, et leurs familles une opportunité de cicatriser leurs blessures et d’être entendues. Nous devons travailler ensemble pour mettre fin à cette tragédie ».

« Je me suis tellement submergé par les émotions en ce moment », a déclaré Lorelei Williams, dont la cousine Tanya Holyk a été victime de pire tueur en série du Canada, Robert Pickton. « Je suis tellement reconnaissante et heureuse que cela ait lieu réellement, mais triste en même temps. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Tanya. Elle aurait eu 40 ans. »

« Nous reconnaissons qu’un certain nombre de facteurs, comme le racisme, la marginalisation, le sexisme et la pauvreté ont contribué à la tragédie persistante des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées », a déclaré le ministre de la condition féminine, Patty Hajdu. « Cette enquête est nécessaire pour combattre et prévenir la violence future. »

Selon le journal “Globe and Mail”, qui suit les affaires des autochtones assassinées depuis des années :
Les femmes autochtones au Canada sont environ sept fois plus susceptibles que les femmes non autochtones de mourir entre les mains des tueurs en série : au moins 18 femmes autochtones ont été victimes de tueurs en série condamnés depuis 1980.

La majorité de ces femmes ont été tuées dans les villes ou à proximité, et la plupart ont été tués par des hommes non autochtones. Les affaires ont été jugées en Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan et dans le Manitoba. Huit tueurs en série, qui ont été condamnés pour un total de 25 homicides, ont été responsables de la mort de ces femmes.

Les femmes autochtones sont tués et disparaissant à travers le pays à un rythme alarmant. La Gendarmerie Royale du Canada a affirmé que 70% des femmes autochtones tuées au Canada le sont par une personne autochtone. Dans un rapport publié plus tôt cette année, la GRC a déclaré que les femmes autochtones connaissaient leur agresseur dans tous les homicides résolus au cours des deux années précédentes. Elle a également souligné le « lien étroit avec la violence familiale. »

Mais ils ne présentent pas toute l’histoire.

Environ un cinquième des victimes féminines connues de tueurs en série au Canada depuis 1980 étaient autochtones, mais seul 4% de la population féminine canadienne est indigène. En compilant notre propre base de données des homicides et des personnes disparues qui impliquent des femmes autochtones (se fondant sur les données recueillies par l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) et une chercheur basée à Ottawa, Maryanne Pearce), le Globe a déterminé qu’au moins 18 femmes autochtones ont été tuées par des tueurs en série condamné depuis 1980.

Si l’on élargit les recherches pour inclure les meurtres pour lesquels il existe un suspect probable mais non condamné (ceux qui sont liés à Robert Pickton grâce à de l’ADN trouvés dans sa ferme, par exemple), le nombre de victimes « aborigènes » monte à environ 35.
Et si le cadre est étendu pour couvrir les affaires sur lesquelles il existe des spéculations, pour lesquels une procédure judiciaire est en instance ou la police admet qu’un tueur en série peut être à l’oeuvre (le long de certaines routes de Colombie-Britannique et dans la région d’Edmonton, par exemple), le nombre augmente de façon spectaculaire, à environ 77.

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Certaines des victimes présumées de Robert Pickton, le tueur en série de la « ferme aux cochons »

Aube Lavell-Harvard, la présidente de l’AFAC, a déclaré que, bien que la violence familiale représente une partie du problème, les femmes autochtones vulnérables sont volontairement «ciblées» dans les villes par des tueurs, confiants qu’ils ne seront pas poursuivis pour leur meurtre. « Nous avons besoin d’exposer la vérité, afin que nous puissions être efficace dans le traitement de la réalité, » dit-elle. « Nous ne pouvons pas fonder nos réponses sur des mythes urbains ou des stéréotypes. »

Lien : http://www.theglobeandmail.com/news/national/the-taken-five-women-five-serial-killers-and-how-their-paths-came-to-meet/article27444970/?story=5