Article mis à jour le 12 octobre 2015
La police de Goa affirme avoir arrêté un tueur en série qui aurait assassiné ses victimes dans la région depuis 1994.
Arrêté en avril, Mahanand Naik a d’abord admis 2 meurtres, puis 5, puis 9… A présent, le nombre de meurtres dont il se serait rendu coupable s’élève à 16. Depuis 1994, le tueur aurait assassiné des jeunes femmes dans la région de Goa.
En janvier 2009, la police de Goa, enquêtant sur la disparition d’une jeune femme, a remonté la trace d’un téléphone portable jusqu’à une autre femme, qui leur a alors expliqué que, depuis près de 4 ans, l’époux d’une de ses amies la violait et lui envoyait des courriers menaçants.
Mahanand Naik a été arrêté le 21 avril pour ce viol. Lors de son interrogatoire, les enquêteurs lui ont présenté les plaintes des familles l’accusant d’avoir “dupé des jeunes femmes sous le prétexte de les épouser”.
Cet ancien chauffeur de rickshaw, marié et père d’une fillette de 18 mois, a alors avoué des crimes qui ont abasourdis et terrifiés la région de Goa.
Selon la police, il aurait commis son premier meurtre le 29 juillet 1994, celui de Gulabi Gaokar, 30 ans, dont il avait fracassé le crâne avec une pierre à Khandepar. En septembre, il avait laissé une autre victime pendue à un arbre à Bambolim, près de Panaji. La police avait déclaré cette mort « non naturelle » mais n’avait fait aucun progrès par la suite.
Mahanand Naik a avoué plus de meurtres chaque jour, conduisant même les enquêteurs aux endroits où il avait abandonné les corps de ses victimes.
Selon le Superintendant Serafin Dias, « Il se liait d’amitié avec des jeunes filles puis les demandait en mariage. Il leur demandait ensuite de mettre leurs plus beaux bijoux car il allait soi disant les présenter à sa famille. Mais lorsqu’elles sortaient de chez elles pour le suivre, il les emmenait en fait dans des endroits isolés où il les étranglait. La plupart ont été enterrées ou abandonnées près de rivières ».
Les victimes ont été choisies avec soin. Elles venaient toutes de la classe moyenne et cherchaient à se marier. Elles avaient entre 19 et 30 ans. Il a étranglé la plupart de ses victimes avec leur « dupattas » (grande écharpe traditionnelle), ce qui lui a valu le surnom de « Dupatta Killer ».
L’épouse du tueur est soupçonnée de l’avoir aidé à commettre ses crimes. Khushali Naik, père de Yogita Naik, l’une des victimes, a affirmé aux médias : « C’est Pooja (l’épouse de Mahanand Naik) qui est venue à la maison pour demander la main de Yogita pour Mahanand. Elle ne nous a jamais dit qu’elle était son épouse« . Selon Khushali Naik, le lendemain, Mahanand était venu chercher Yogita. Il ne l’avait plus revue depuis. Mahanand Naik a avoué avoir assassiné la jeune femme dans un endroit isolé à Bambolim, un village de pêcheurs près de Panaji, proche de Goa.
Le père de Darshana, une autre victime, a lui aussi affirmé que Pooja savait que son époux commettait des meurtres.
Pooja Naik, qui a épousé le tueur il y a 3 ans et a eu avec une lui une fillette de 18 mois, a affirmé que si son époux était bien le tueur, il devrait être executé. Elle a toutefois ajouté : “Il était si gentil lorsqu’il était à la maison. Il ne peut pas avoir fait ça. Il m’aidait beaucoup, il ne m’a jamais frappée, n’a jamais crié sur moi. Il ne peut pas tuer une fourmi… Comment pourrait-il être impliqué dans des crimes aussi atroces ?”
Une foule en colère a brûlé la maison de Naik, près de Ponda, lorsque la nouvelle de son arrestation a été diffusée. Son épouse a du fuir dans sa famille.
Les associations de protections des femmes se sont quant à elles interrogées sur la « non enquête » de la police concernant les disparitions des jeunes femmes. La majorité des victimes avaient été déclarées disparues et la police avait présumée qu’elles s’étaient suicidées après s’être enfuies avec leur amant…
Deux associations de défense des femmes ont demandé à la police de fournir des détails sur les disparitions et les enquêtes menées. L’une des associations veut même porter une requête au gouvernement indien. Selon Sabina Martins, de l’association « Bailancho Saad », il n’existe aucune statistique disponible sur les « décès non naturels » de femmes dans la région. « La plupart des décès sont classés automatiquement en “disparition” ou “mort non naturelle” et les dossiers sont clos sans enquête« .
La police de Goa a annoncé que les affaires de disparition allaient recevoir plus d’attention et être revues tous les deux mois. Le directeur général de la police de Goa a indiqué avoir ordonné à ses enquêteurs de vérifier tous les cas de disparitions des quatre dernières années, à la recherche d’une connexion avec Mahanand Naik.
La population de la région de Goa a exprimé sa colère et son mécontentement devant l’inaction de la police, qui n’a jamais vraiment enquêté sur les nombreux cas de disparition des femmes durant toutes ces années. Le public s’interroge sur la manière dont Naik a pu échapper à la police aussi longtemps. Il avait été arrêté en 1995, en relation avec la disparition de l’une de ses victimes, mais avait été relâché.
Le ministre de l’Intérieur a répondu qu’il était « prématuré de commencer une action administrative contre des officiers » pour les accuser de négligence…
Toutefois, certains journaux ne cachent pas leur ressentiment contre les forces de l’ordre.
Un article très dur a même été publié à l’encontre de la police de Goa:
« Durant les 15 dernières années, Mahanand a pu tuer librement dans la société et cela est un triste constat sur la qualité des capacités de détection, de prévention du crime et de toute la police de Goa. (…) Un criminel potentiel doit avoir une grande peur de la loi. (…) Et la réalité est qu’aucun criminel n’a la moindre crainte de la police de Goa. Il existe des milliers de citoyens prêts à aider la police, mais ils n’ont aucune garantie qu’on les protégera s’ils parlent. Au contraire, l’attitude irréfléchie, rude, hostile, arrogante, hypocrite, inamicale et léthargique de la police décourage les citoyens, qui ne lui font pas confiance. »