Article mis à jour le 13 octobre 2015
L’une des pires tueuses en série que l’Europe ait connu a fait une nouvelle victime, une infirmière de 45 ans.
Diana P. a été découverte morte dans un fossé par des promeneurs, près de son véhicule, en octobre. Les résultats des analyses ADN sont connus depuis cette semaine : son assassin est une tueuse en série surnommée « la femme sans visage », qui échappe à la police allemande depuis 15 ans.
Diana P. a été découverte à Weinsberg, une petite ville allemande située dans le nord du land Baden-Wuerttemberg.
Une équipe de policiers formée spécialement dans le but de trouver cette tueuse a été renforcée par 30 officiers supplémentaires.
La tueuse a frappé pour la première fois le 23 mai 1993 : elle s’était présentée des fleurs à la main, à la porte de Lieselotte Schlenger, gardienne de la « Felsenkirche » (l’église perchée) d’ Idar-Oberstein (en Rhénanie-Palatinat). Elle était parvenu à convaincre la dame de 62 ans de la laisser entrer chez elle et avait utilisé la cordelette qui liait les fleurs pour l’étrangler.
Huit ans plus tard, en 2001, un antiquaire de 61 ans avait été assassiné à Freiburg, étranglé lui-aussi, également dans le land de Baden-Wuerttemberg. L’ADN découvert sur la scène du crime était le même que celui prélevé après le meurtre de Lieselotte Schlenger.
Cinq mois plus tard, à quelques dizaines de kilomètres de Bad Kreuznach, une mère affolée avait apporté à la police une seringue usagée sur laquelle son fils avait marché dans un jardin public de Gerolstein, près de la frontière Belge. La seringue avait contenu de l’héroïne, et le sang encore présent sur l’aiguille était celui de la meurtrière.
Deux semaines plus tard, durant la nuit du 24 octobre 2001, une caravane avait été cambriolée près de Mainz, non loin de Bad Kreuznach. De l’ADN prélevé sur un biscuit découvert dehors correspondait à celui de la « Femme sans visage ».
Le 1er janvier 2003, un bureau a été cambriolé à Dietzenbach, à une quinzaine de kilomètres de Frankfurt. Son ADN était à nouveau présent.
En décembre 2003, une voiture a été volée à Heilbronn, puis retrouvée abandonnée. L’ADN de la meurtrière a été découvert sur le bouchon d’essence.
A Karlsruhe, en 2005, un bar a été cambriolé durant la nuit. Son ADN a été trouvé sur 3 bouteilles de bières et une bouteille de vin vide.
En 2006, à Besançon, en France, on a trouvé son ADN sur un pistolet en plastique utilisé lors d’un cambriolage.
Son ADN a également été découvert sur les scènes d’une dizaine de cambriolages dans des magasins et des bureaux, et lors de vols de voiture, en Autriche.
Sur certaines scènes de crimes, les enquêteurs ont également relevé l’ADN de complices présumés, bien que, selon la police « Ce n’était jamais les mêmes ».
Au moins 3 hommes ont été arrêtés, un Slovaque, un Serbe et un Moldave. Mais s’ils savent qui est la « Femme sans visage », ils n’en ont rien dit.
L’après-midi du 6 mai 2005, elle a réapparu – tout du moins, une trace d’elle – près de Bad Kreuznach, lors d’une tentative de meurtre dans la cathédrale de Worms. Un membre de la communauté gitane locale menaçait son frère avec son pistolet et a été arrêté. La police a découvert que l’ADN de la « Femme sans visage » se trouvait sur l’une des balles contenues par l’arme.
En avril 2007, Michèle Kiesewetter, une policière de 22 ans, membre d’un groupe de lutte contre les stupéfiants, prenait une pause déjeuner avec un collègue dans leur voiture de patrouille à Heilbronn, à environ 150km de Bad Kreuznach. Deux personnes sont montées à l’arrière du véhicule et ont tiré sur les deux policiers, par derrière, tuant Michèle Kiesewetter et blessant grièvement son collègue de 25 ans. Les assassins ont agis si rapidement que leurs victimes n’ont même pas eut le temps de saisir leur arme.
Le seul indice était une trace microscopique d’ADN, découverte sur le siège arrière. Lorsque le prélèvement a été analysé et comparé avec la base de données nationale allemande, 3 mois plus tard, on a découvert que l’ADN était celui de la « Femme sans visage ».
En 2008, son ADN a encore été découvert lorsque les corps de trois trafiquants de voitures Géorgiens ont été jetés dans une rivière près de Heppenheim, au sud de Frankfort. Deux hommes ont été emprisonnés pour ces meurtres, un Irakien et un Somalien. Dans la vieille voiture du suspect Irakien, les enquêteurs ont prélevé l’ADN de la tueuse en série.
Les policiers ont tenté d’interroger les deux suspects afin de savoir qui est cette femme dont l’empreinte génétique a été trouvée sur plus de 20 scènes de crimes à des centaines de kilomètres et une dizaine d’année d’écart. Ils n’ont pas parlé.
Malgré 12 000 heures de porte à porte, des milliers de témoignages, des centaines d’appels téléphoniques et près de 12 millions d’euros dépensés, les enquêteurs ne sont pas parvenus à identifier la meurtrière.
Une récompense de 100 000 € a été offerte. Des prélèvements salivaires ont été réalisés sur des milliers de femmes dans le sud de l’Allemagne, en France, en Belgique et même en Italie.
Les médias ont suggéré qu’elle pouvait être une droguée qui tue pour voler ses victimes. La seringue suggère l’usage de drogue. Le hasard apparent des cambriolages et la petitesse des sommes volées semblent indiquer des victimes d’opportunité et un besoin désespéré d’argent liquide.
Mais la police affirme qu’elle maîtrise parfaitement ses actes, un contrôle que l’on trouve rarement chez les drogués dont l’état de « manque » occasionne une absence de discernement les empêchant de prendre soin de ne pas laisser d’indices derrière eux.
Les enquêteurs allemands reconnaissent que, même s’ils parviennent à identifier la tueuse, cela ne sera qu’un début et non une fin. Ils devront encore établirent définitivement comment et pourquoi son ADN s’est retrouvé sur ces scènes de crimes et de quoi la « Femme sans visage » est coupable précisément : meurtres, cambriolages ou « simple » complicité ?
Ils devront surtout la trouver et l’appréhender.
Ils attendent donc que la « Femme sans visage » commettent enfin une erreur et laisse un indice plus parlant, une empreinte digitale, un témoin.
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