Article mis à jour le 26 août 2023
Les victimes d’Ed Kemper
Maud Kemper (66 ans)
Assassinée de trois balles de fusil .22 long rifle, le 27 août 1964.
Edmund Kemper Sr. (71 ans)
Assassiné d’une balle dans la nuque, de .22 long rifle, le 27 août 1964.
Mary Ann Pesce (18 ans)
Etranglée, poignardée et égorgée le 7 mai 1972.
Son corps fut découvert en août 1972.
Anita Luchese (18 ans)
Poignardée à mort le 7 mai 1972.
Son corps ne fut jamais retrouvé.
Aiko Koo (15 ans)
Étouffée et étranglée le 14 septembre 1972.
Son corps fut découvert le 17 mai 1973.
Cindy Schall (18 ans)
Abattue d’une balle dans la tête, le 8 janvier 1973.
Son corps fut découvert le lendemain.
Rosalind Thorpe (23 ans)
Abattue d’une balle dans la tête, le 5 février 1973.
Son corps fut découvert le 14 février 1973.
Alice Liu (21 ans)
Abattue de plusieurs balles dans la tête.
Son corps fut découvert le 14 février 1973.
Clarnell Strandberg – Kemper
La tête fracassée, égorgée, le 21 avril 1973.
Son corps fut découvert le 23 avril 1973.
Sara Hallett
Étranglée le 21 avril 1973.
Son corps fut découvert le 23 avril 1973.
Mode opératoire
Kemper a minutieusement préparé ses meurtres durant des mois. Non seulement il s’est équipé (armes à feu, couteaux) et a modifié sa voiture dans ce but (en bloquant la porte du côté passager), mais il a également appris à se comporter de manière à ce que les étudiantes montent dans sa voiture sans crainte. À force de conduire des dizaines de jeunes femmes sur les autoroutes du comté de Santa Cruz, il a appris les comportements à éviter, les mots à prononcer pour les mettre en confiance.
Lorsqu’il a tué ses deux premières victimes, Mary Ann Pesce et Anita Luchese, il a voulu les étrangler et les poignarder : les tueurs en série aiment être proches de leurs victimes lorsqu’ils les tuent. Mais lorsque les deux étudiantes ne sont pas tombées, raides mortes, « comme dans les films », Kemper a été désemparé, s’est affolé et les poignardées à de nombreuses reprises, ne comprenant pas pour quoi «elles ne voulaient pas mourir».
Il a étouffé Aiko Koo, avec la même surprise angoissée de ne pas la voir mourir immédiatement.
Pour les meurtres des trois dernières étudiantes, il a exclusivement utilisé une arme à feu. Kemper craignait plus que tout la violence physique, le combat qu’il aurait pu avoir à mener (bien que mesurant 2m10 pour 130kg), et voulait tuer ses victimes rapidement.
Il ramenait toujours ses victimes chez lui pour les violer. Au départ, il a démembré ses victimes, non seulement « par curiosité » et pour que les corps soient plus difficiles à identifier, mais aussi parce qu’il s’est livré au cannibalisme. Il possédait un stock de Polaroïds de ses victimes dépecées, qu’il regardait souvent, en fantasmant.
Il a parcouru des centaines de kilomètres pour abandonner les morceaux de corps ou les corps dans des endroits différents, dans des comtés différents.
Mais, à mesure qu’il tuait, Kemper a commencé à prendre plus de risques et à faire nettement moins attention : il n’a plus démembré ses victimes, il a pris en stop Cindy Schall directement sur le campus de Santa Cruz et, finalement, il a tué Rosalind Thorpe et Alice Liu directement dans sa voiture, sans même arrêter de conduire.
Motivations
« Lorsque Kemper déclare : ‘Je voulais faire du mal à ma mère’, il touche du doigt la clé du problème. Kemper assassine des femmes qu’il associe à sa mère. Celle-ci travaillait à l’université, il choisit donc des étudiantes. Finalement, le vendredi de Pâques, Kemper tue sa mère et lui coupe la tête, qu’il pose sur une étagère (…) Sa mère assassinée, il ne ressent plus le besoin de tuer à nouveau » : Dr Donald Lunde.
Kemper a donné des raisons différentes à ses agissements : des désirs sexuels, la volonté de posséder ses victimes, la recherche d’une revanche contre une société qui le rejetait… mais le mobile principal de ses meurtres était la terrible haine qu’il éprouvait envers sa mère.
Elle le houspillait constamment et a hurlé sur lui sa vie entière. Lorsque Kemper a tué sa mère, il a découpé son larynx (organe de la voix) pour le jeter dans le vide-ordure… Kemper, qui aime se moquer des psychiatres, a tenté de rationaliser cet acte, mais le symbole est évident.
Kemper a tué des étudiantes comme incarnation de sa mère, avant de la tuer « réellement ». Si elles lui donnaient l’impression d’être trop sûre d’elles, d’être « hautaines », la colère et la haine montaient en lui, et il les tuait.
Kemper a également dressé une liste écrite des critères que devaient posséder ses victimes pour qu’il les tue : appartenir à des familles riches, avoir des parents qui avaient telle ou telle profession, être étudiantes, habiter tel quartier…, etc. Sa mère lui répétait souvent que les étudiantes étaient «trop bien pour lui», que des jeunes femmes belles et éduquées ne «voudraient jamais de lui», qu’il était un minable. Il voulait lui prouver (et se prouver à lui-même) qu’elle avait tort.
Il leur posait des questions en conduisant et si les jeunes femmes ne correspondaient pas à la conception qu’il avait des « gosses de riche », il les laissait repartir sans même les toucher.
Mais Kemper a admis qu’il a souvent tué ses victimes parce qu’elles commençaient à crier… tout comme sa mère qui hurlait sur lui.
Edmund Kemper aurait pu n’avouer que le meurtre de sa mère et celui de Sara Hallett. Aucune preuve directe ne le reliait directement aux six étudiantes assassinées. Comme d’autres tueurs en série opéraient à la même époque en Californie, la police était dans le brouillard.
Mais le taille de son ego rivalisait avec celle de son corps et, une fois qu’il fut le centre de l’attention de la police, il voulut conserver cet intérêt. Il adorait se sentir supérieur aux enquêteurs, leur révéler des détails que seul lui connaissait et qu’ils n’auraient jamais appris sans lui. Il se sentait important et supérieurement intelligent.
Il était également soulagé de pouvoir parler ouvertement de ses meurtres, des fantasmes qu’il cachait en lui depuis si longtemps.
Citations
– « Si j’avais ignoré le passé de cet homme, je dirais que je me trouve face à un jeune homme intelligent, équilibré et qui ne manque pas d’esprit d’initiative. Bref, quelqu’un dépourvu de troubles psychiatriques (…) En fait, l’adolescent de 15 ans qui a commis cet acte atroce et le jeune homme de 23 ans que j’ai rencontré dans mon cabinet sont deux personnes totalement différentes (…) Cela prouve l’efficacité du traitement qu’il a reçu à Atascadero ; d’un point de vue psychiatrique, Edmund Emil Kemper ne représente aucun danger pour lui-même ou la société » : rapport d’un des psychiatres qui ont demandé que le casier judiciaire de Kemper soit effacé. (Kemper avait déjà tué Mary Ann Pesce, Anita Luchessa et Aiko Koo, à ce moment-là).
– « Il faudrait d’abord que je la tue » : Ed Kemper à 13 ans, répondant à sa sœur qui lui demande pourquoi il n’embrasse pas son institutrice, dont il est amoureux.
– « Vous vous demandez peut-être ce que l’on ressent à faire l’amour à un cadavre ? Ou quelle impression on éprouve assis sur son divan à regarder deux têtes coupées posées à vos côtés ? La première fois, ça vous rend malade… Pour vous faire partager mon état d’esprit de l’époque, que croyez-vous que je pense lorsque je croise une jolie fille dans la rue ? Une partie de moi se dit : ‘Quelle chouette nana. J’aimerais lui parler et sortir avec elle’. Et l’autre moitié de moi pense : ‘Je me demande à quoi ressemblerait sa tête, enfoncée sur un pieu’ « : Ed Kemper.
– « Vers la fin, je devenais de plus en plus malade, assoiffé de sang, et pourtant ces flots de sang m’emmerdent. Ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de voir. Ce que je désire ardemment, par contre, c’est assister à la mort, et savourer le triomphe que j’y associe, mon propre triomphe sur la mort des autres. C’est comme une drogue, qui me pousse à en vouloir toujours plus. Je veux triompher de ma victime. Vaincre la mort. Elle sont mortes et moi je suis vivant. C’est une victoire personnelle » : Ed Kemper.
– « Lorsque je les tue, je sais qu’elles m’appartiennent. C’est la seule façon pour moi de les posséder. Je les veux pour moi seul. Qu’elles fassent un avec moi. Le fantasme des têtes coupées est un peu comme un trophée. C’est la tête qui fait la personne » : Ed Kemper.
– « Cela m’a toujours étonné qu’elles aient continué à faire de l’auto-stop, même après la découverte des premiers corps. Elles me narguent du fait qu’elles s’octroient le droit d’agir comme bon leur semble. Cela me démontre que la société est aussi tordue que je le pense. C’est quelque chose qui me dérange : elles se sentent en sécurité dans une société où moi je ne le suis pas » : Ed Kemper.
– « Je la tue un jeudi soir. Le lendemain matin, je me fais porter malade auprès de mon patron. Je démembre son corps. Vendredi soir, je me débarrasse du cadavre, en gardant la tête et les mains, qui sont aisément identifiables. Le samedi matin, je pars de chez moi en les emportant. Je cherche un endroit sûr pour les enterrer. Ce n’est pas facile de se débarrasser de ces choses-là« : Ed Kemper.
Bibliographie
Livres en francais :
Chasseur de tueurs
Résumé : Ressler consacre une vingtaine de pages à Edmund Kemper, qu’il a été l’un des premiers à interroger pour le programme de recherche du FBI sur le profiling et les tueurs en série. Étant un excellent professionnel, enseignant à l’Académie du FBI, il a pourtant commis l’erreur de trouver Kemper sympathique et de vouloir discuter avec lui seul à seul. Il l’a regretté… et a compris à quel point ce genre de psychopathe peut être manipulateur.
Livres en anglais :
Why: The Serial Killer in America
Résumé : Ce livre (une réédition augmentée de « The Co-Ed Killer », qui fut publié en 1976) s’intéresse non seulement aux crimes et à la psychologie de Kemper, mais aborde également les tueurs en série en général et les points communs qu’ils partagent. L’auteur s’interroge aussi sur le fait que la culture américaine serait une sorte de « bouillon de culture » pour les tueurs en série…
Urge to Kill
Résumé : Les meurtres d’Edmund Kemper, John Frazier et Herbert Mullin ont provoqué la terreur parmi les habitants de Santa Cruz.
Filmographie
Serial Killers – Enquête sur une déviance
Diffusé le : 9 mai 1992 sur France 3
Résumé : Une interview d’Ed Kemper par Stéphane Bourgoin dans ce docu de 60mn.
Paroles de criminels
Diffusé le : 20 juin 1993 sur Arte
Résumé : Une interview d’Ed Kemper par Stéphane Bourgoin dans ce docu de 22 mn.
Liens
– L’Université de Californie à Santa Cruz : le site officiel
– La ville de Santa Cruz sur wikipedia
– Le Comté de Santa Cruz : le site officiel
– Serial Murders in Santa Cruz County : les meurtres en série entre 1970 et 1973 dans le comté de Santa Cruz (en anglais)
– When Santa Cruz Was the ‘Murder Capital of the World’ sur GoodTimes
– Des articles du Inside Detective, publiés en août 1973 et mars 1974 (en anglais)
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