Article mis à jour le 26 août 2023

Les victimes de l’Éventreur

Mary Ann Nicholls (43 ans)
Égorgée et poignardée au ventre le 31 août 1888.

Annie Chapman (47 ans)
Assassinée le 8 septembre 1888.
L’Éventreur l’a éviscérée et a prélevé son utérus.

Elizabeth Stride (45 ans)
Assassinée le 30 septembre 1888.
L’Éventreur a été interrompu alors qu’il la mutilait.

Catharine Eddows (46 ans)
Assassinée le 30 septembre 1888.
Deuxième victime, le même soir qu’Elizabeth Stride. L’Éventreur a prélevé l’un de ses reins et une grande partie de son utérus.

Mary Kelly (25 ans)
Assassinée et affreusement mutilée dans la chambre qu’elle louait, le 9 novembre 1888.
L’Éventreur a pris son coeur avec lui.

En plus de ces 5 victimes « officielles », il est possible que la première victime de l’Éventreur ait été Martha Tabram (37 ans) assassinée le 7 août 1888.

Mode Opératoire

Jack l’Éventreur était un tueur « classique » en cela qu’il s’attaquait aux victimes « traditionnelles » des tueurs en série : les prostituées.
Il lui était simple de trouver des victimes, des femmes pauvres obligées de se prostituer et prêtes à suivre un client s’il n’avait pas « une trop mauvaise tête ».

Les meurtres ont eu lieu la nuit, sauf celui d’Annie Chapman (au lever du jour) et, à l’exception de celui de Mary Kelly, se sont déroulés dans les rues de l’East End.

D’après les témoignages, les victimes de l’Éventreur étaient saoules au moment où il les agressait, ce qui pourrait expliquer qu’il parvenait à les prendre par surprise et qu’elles ne criaient pas.

L’assassin et sa victime étaient face à face dans la rue, car les prostituées de l’East End accomplissaient leur « travail » directement dans la rue, debout, un peu à l’écart.

L’Éventreur se jetait alors sur elle et l’étranglait jusqu’à l’inconscience ou la mort. Les autopsies ont toujours montré des indications claires que les victimes avaient été étranglées, puis égorgées. Certains auteurs ont pensé que Jack l’Éventreur égorgeait ses victimes de derrière, par surprise ou non, et qu’ainsi, il évitait d’être aspergé de sang.
L’Éventreur allongeait ensuite sa victime sur le sol. Il semble qu’il ne les laissait pas tomber et ne les projetait pas à terre, car aucune des victimes n’a eu d’hématome derrière la tête.
Des taches et des éclaboussures montrent que le sang formait une flaque sous le cou et la tête de la victime, plutôt que devant, où le sang aurait jailli si elle avait été égorgée debout.

rue étroite
Un gentleman mesurant l’étroitesse des rues de Whitechapel

Toutes les victimes ont été tuées sur place et aucune n’a été déplacée, et surtout pas dans un fiacre. Les rues de Whitechapel étaient pour la plupart trop étroites pour y faire passer un fiacre.

Pour l’une des victimes, du sang a été découvert sur une barrière, à une trentaine de centimètres du sol, à l’opposé de la blessure du cou. Cela pourrait montrer que le sang avait giclé du cou alors que la victime était sur le ventre. Cette méthode aurait évité au tueur d’être éclaboussé de sang. De toute façon, si la victime était déjà morte lorsque l’Éventreur l’égorgeait, le sang n’aurait quasiment pas jailli, car le cœur, arrêté, ne « pressurisait » plus le sang.

L’Éventreur opérait ensuite ses mutilations. Plusieurs fois, les jambes ont été pliées pour offrir un meilleur accès vers le ventre de la victime. Il ne semble pas que les victimes aient jamais été violées et l’Éventreur ne s’est pas masturbé sur elles.
Il prélevait généralement une partie des viscères de sa victime, un « trophée », une pratique courante chez les tueurs en série.

Ses victimes vivaient toutes dans le même quartier, Whitechapel, que le tueur semblait connaître comme sa poche. Après le meurtre de Catharine Eddowes, dans Mitre Square, l’alerte fut donnée rapidement par la police, mais le meurtrier parvint à s’enfuir dans un labyrinthe de ruelles, de cours et d’impasses, qui plus est dans l’obscurité.

Les avis des médecins et chirurgiens qui ont examiné les corps des victimes sont contradictoires en ce qui concerne le degré de connaissance anatomique et / ou chirurgicale de l’Éventreur. Certains pensaient qu’il était un expert, d’autres qu’il savait juste manier un couteau avec habileté, et d’autres enfin qu’il mutilait sans discernement.
Le Docteur Bagster Phillips a soutenu que Jack l’Éventreur était un expert en anatomie. Le Docteur Thomas Bond a affirmé que l’Éventreur n’avait aucune connaissance particulière.
Il est difficile, de nos jours, de savoir qui des deux médecins avaient raison. Les photographies des victimes font plus penser à des mutilations sauvages qu’à des prélèvements habiles. Toutefois, il est possible, par exemple, que l’Éventreur ait fait preuve de doigté pour extraire un utérus puis ait brutalement poignardé sa victime.
La question reste posée.

Motivations de Jack l’Éventreur

L’Éventreur s’en prenait sûrement aux prostituées, car elles étaient des victimes « faciles » et non pas parce qu’il voulait mener une croisade contre le vice.

Il est plus que probable que l’Éventreur ait agressé d’autres femmes avant ses cinq victimes « officielles ». La presse de l’époque avait fait état de plusieurs agressions, par un homme seul et sans mobile apparent, en 1887 et 1888.
Il est tout à fait possible que l’Éventreur soit également l’assassin de Martha Tabram, en août 1888 : elle n’a pas été égorgée, mais a été poignardé aux seins, au ventre et au bas-ventre.

Les mutilations au bas ventre, le prélèvement de l’utérus, les coups de couteau à la poitrine : toutes ces violences indiquent un acte violent dirigé vers (contre) les symboles du corps féminin. Le couteau enfoncé dans les chairs peut être considéré comme le substitut du pénis enfoncé dans le corps de la victime.

L’Éventreur étranglait ses victimes. C’est une manière de tuer fort répandue (et appréciée) chez les meurtriers sexuels à tendances sadiques, car elle leur permet d’être très proches de leurs victimes et a une forte connotation érotique. Certains ne ressentent même pas l’envie de violer leur victime, le fait de les étrangler suffit à leur procurer un plaisir sexuel.

Il semble que l’Éventreur était un tueur « mixte », à la fois « organisé » et « inorganisé » (comme l’était Ed Kemper) : il prenait soin de se vêtir correctement pour inspirer confiance, approchait ses victimes tranquillement à la manière d’un client potentiel, les emmenait dans un coin sombre… Et d’un seul coup, lorsqu’il passait à l’acte et se jetait sur elle, la sauvagerie prenait le dessus et il était pris d’une frénésie de sang et de mutilations.

La nature et l’importance des mutilations ont augmenté à chaque meurtre, pour aboutir à la boucherie de Miller’s Court.
Il semble impossible que l’Éventreur ait tout simplement cessé de tuer. Il a dû être arrêté pour un autre crime ou a eu un accident ou sa santé mentale s’est détériorée et il a été institutionnalisé.

Contrairement à la croyance populaire, les crimes de Jack l’Éventreur n’étaient pas uniques. Les mutilations terribles étaient caractéristiques d’un « désordre mental » identifié et diagnostiqué par le psychanalyste Richard von Krafft-Ebbing, une dizaine d’années avant qu’aient lieu les meurtres de Whitechapel. L’étude d’Ebbing, « Psychopathia Sexualis », détaille de nombreux cas de meurtres sexuels sadiques qui présentaient une grande similarité avec ceux commis par l’Éventreur :
«On ne peut douter qu’un grand nombre de meurtres sexuels dépend d’une combinaison de désirs excessifs et pervers. La perversion de ces sentiments peut mener à d’autres actes de bestialité avec le corps, par exemple : couper et étendre les intestins».

Colin Wilson, expert britannique des tueurs en série, propose une théorie intéressante concernant les motivations de Jack l’Éventreur… et celles d’autres « tueurs sexuels » de l’époque. Selon Wilson, les hommes d’aujourd’hui savent que la majorité des femmes sont généralement « prises » et non disponibles. Mais au 19ᵉ siècle, au Royaume-Uni, le contraire prévalait. De très nombreuses femmes pauvres venaient dans les grandes villes pour tenter d’y trouver un emploi. N’y parvenant pas, elles se voyaient forcées de se prostituer pour survivre et vendaient leur corps pour quelques pièces.
À partir de la fin du 19ᵉ siècle, les mentalités comme les besoins évoluant, on réalisa que les femmes étaient d’excellentes dactylo ou secrétaires, de très bonnes employées de magasin, des ouvrières habiles, des infirmières qualifiées, etc., et on leur offrit plus facilement un emploi. Les femmes devinrent employées, « respectables » et « fréquentables » et donc, bien souvent, indisponibles.
S’ajouta à cela la pensée victorienne puritaine selon laquelle le sexe est interdit, mauvais et prohibé. Les femmes devinrent les objets tabous d’un désir interdit, le mélange parfait pour transformer une libido déjà confuse en perversion mortelle.

Colin Wilson retrace également l’histoire de la littérature pornographique, expliquant que ses thèmes de prédilection ont changé avec le temps. Durant le 18ème siècle, la pornographie décrivait le sexe de manière explicite, mais libre, sans vice. Au 19ème siècle, la littérature pornographique commença à s’inspirer du Marquis de Sade, qui décrivait le sexe comme quelque chose d’interdit, un tabou qui ne pouvait être surmonté que par le voyeurisme, le bondage, le viol…
Dans la pornographie victorienne, la femme vertueuse ne pouvait apprécier le sexe qu’en étant maîtrisée, forcée. De jeunes vierges étaient capturées par des pirates ou des Turcs luxurieux, et elles découvraient le plaisir en étant violées dans des harems. Les enfants étaient présentés comme des créatures sexuelles désireuses de séduire le chef de famille… Les scènes de bondage, de flagellation et de sexe se mélangeaient. Le sexe était presque toujours lié à la douleur et la perte de la virginité, souvent dans l’enfance et de manière sanglante.

Vendue dans des revues populaires bon marché, à l’époque où les journaux étaient les seuls médias et où même les petites gens commençaient à savoir lire, cette littérature eut un énorme impact sur l’imagination de nombreux hommes seuls et frustrés, parmi lesquels, sans doute, Jack l’Éventreur.

Le mot « sadisme » est d’ailleurs un terme foncièrement moderne, inspiré par le Marquis de Sade, qui vécut à la fin du 18ème siècle.

Bien entendu, aucun lien n’a été établi entre les crimes sexuels et la pornographie. Et certains suggèrent même que la pornographie, au contraire, permet de libérer une tension sexuelle plutôt que de commettre un crime.
Il est évident, toutefois, que les personnes possédant une prédisposition aux crimes sexuels, ayant déjà des envies de viols et/ou de meurtres, sont souvent de gros consommateurs de pornographie. Les tueurs en série, notamment. La pornographie ne les pousse pas au meurtre mais, comme le disait Ed Kemper, elle «met de l’huile sur le feu.»

Citations

« Ce que nous avons vu, je n’arrive pas à le chasser de mon esprit. Cela ressemblait à l’œuvre du Diable » : John McCarthy, au sujet du meurtre de Mary Kelly.

« Me permettrez-vous de faire un commentaire sur la réussite du meurtrier de Whitechapel pour attirer l’attention, un moment, sur la question sociale ?
Il y a moins d’un an, la presse du {West End}, menée par la ‘St James’s Gazette’, le ‘Times’ et le ‘Saturday Review’, réclamait à grands cris le sang du peuple – demandant à Sir Charles Warren de battre et de museler la saleté qui osait se plaindre d’être affamée ; amoncelant les insultes et les calomnies irréfléchies sur ceux qui intercédaient en faveur des victimes ; applaudissant aux partis pris de classe de ces magistrats et de ces juges qui firent le pire avec zèle dans les actions judiciaires qui suivirent – se comportant, en fait, comme la classe propriétaire le fait toujours lorsque les travailleurs les plongent dans la terreur en osant montrer les dents. (…)
À présent, tout a changé. Une initiative privée a réussi là où le socialisme a échoué. Tandis que nous, démocrates sociaux, perdions notre temps en éducation, agitation et organisation, un génie indépendant prit les choses en main, et en assassinant et éviscérant quatre femmes, a converti la presse propriétaire à un mode inepte de communisme (…) » : article de George Bernard Shaw, dans le Star, 24 septembre 1888.

Bibliographie (non exhaustive…)

Livres en francais :

Le Journal de Jack l’Eventreur
Résumé : Cette traduction du livre controversé d’Harrison (« The Diary of Jack the Ripper ») présente le journal intime de James Maybrick ainsi que des preuves de sa possible culpabilité.
Critique : Cet ouvrage est intéressant parce qu’il montre comment un « ripperologue » peut mener une enquête, se convaincre, trouver des preuves qui ne veulent pas dire grand-chose, oublier les avis contraires et démontrer la culpabilité d’un homme… qui n’était pas l’Éventreur. De nos jours – malgré l’aveu de falsification de Barret, les dénis des chercheurs et les preuves tant scientifiques que factuelles – Shirley Harrison est toujours persuadée que ce journal est authentique.

Jack l’éventreur : Affaire classée
Résumé : L’auteur de roman Patricia Cornwell a dépensé des sommes énormes et passé beaucoup de temps pour obtenir les preuves de la culpabilité de Walter Sickert, un peintre britannique célèbre. Elle est persuadée qu’il est l’Éventreur et présente ses preuves.
Critique : Patricia Cornwell affirme avoir découvert l’identité de l’Éventreur. Mais pour soutenir ses dires, elle propose comme meilleure preuve un lien ADN entre Sickert et une lettre envoyée par on ne sait qui, ce qui permet seulement de dire que Sickert fait partie des 10% de personnes habitant le Royaume-Uni ayant pu envoyer cette lettre. De plus, cette lettre est considérée comme un canular depuis bien longtemps. L’intérêt de ses recherches est d’avoir pu prouver que de l’ADN peut encore être découvert sur un objet plus d’un siècle après sa création. À part ça… Patricia Cornwell, comme beaucoup de « ripperologues », a choisi un coupable, puis a tenté de trouver des preuves qui étayeraient sa théorie. L’affaire est loin d’être « classée ».

From Hell
Résumé : Cette bande dessinée (un pavé de 576 pages !) met en images les crimes de Jack l’Éventreur et un jeune enquêteur, un peu médium, qui le poursuit. « From hell porte un nouveau regard sur L’Éventreur, se penchant sur les dimensions historique, politique (notamment le poids de la Franc-maçonnerie), sociale (la critique de l’Angleterre victorienne), métaphysique et mystique de cette célèbre affaire ».
Critique : Un chef-d’œuvre ! C’est une bande dessinée culte et elle le mérite. Très sombre, très détaillée, très réaliste, elle décrit non seulement les crimes de Jack l’Éventreur, mais également toute l’atmosphère de l’époque, et particulièrement l’affreux quartier de Whitechapel et ses prostituées. Le dessin « brut » est déroutant, mais s’accorde parfaitement avec l’histoire. Le scénario en lui-même est souvent fantaisiste (le complot, l’identité de l’Éventreur, les relations des victimes, l’âge et les capacités médiumniques d’Abberline…) et parfois terriblement réaliste. C’est une BD violente et noire, à ne pas mettre entre toutes les mains (cf le meurtre de Mary Kelly sur 30 pages !). Alan Moore propose à la fin de l’ouvrage une longue liste de ressources sur l’Éventreur.

Jack l’éventreur démasqué : L’enquête définitive
Résumé : « Ceci est une histoire vraie. En 1888, la police retrouve le corps lacéré d’une prostituée en pleine rue. Après Polly, quatre autres seront assassinées. Alors que Scotland Yard investigue, les journaux s’enflamment, les suspects se multiplient, la police n’avance pas… Cent vingt ans après, l’enquête menée par Sophie Herfort est sans appel : Jack l’Éventreur a désormais un nom. »

Duel en enfer : Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur
Résumé : « Londres, été 1888. Sous une chaleur suffocante, la ville est saisie d’horreur par les premiers meurtres de celui qu’on surnommera bientôt  » Jack l’Eventreur « . Mais que fait donc à cette époque le célèbre Sherlock Holmes ? Pourquoi aucune de ses enquêtes ne mentionne-t-elle la plus fameuse affaire criminelle qu’ait connue l’Angleterre de son temps ? C’est ce que va découvrir George Newnes, l’éditeur du docteur Watson, lorsque ce dernier, bien des années plus tard, lui confie le journal de l’enquête qu’il mena aux côtés de Holmes sur l’insaisissable tueur en série ».

Livres en anglais :

Il en existe des centaines. Je ne vous présente que les plus intéressants, les autres sont disponibles sur le site « casebook.org » (dans les liens).

The Complete Jack the Ripper A to Z
Résumé : Ce livre présente, de manière alphabétique, les victimes, les témoins, les suspects, les policiers et toutes les autres personnes ayant joué un rôle dans cette affaire. Également des photographies, une bibliographie, une filmographie et des liens sur le net.
Critique : Un livre de référence, à posséder absolument si l’on s’intéresse à Jack l’Éventreur. Les auteurs sont sérieux et généralement objectifs. Lorsqu’il existe une controverse sur un point ou un autre, ils présentent chaque théorie et les analysent toutes.

Jack the Ripper: And the Whitechapel Murders
Résumé : Des reproductions en couleur de nombreux documents d’époque, en couleur ou en noir et blanc : des lettres, des rapports de police et du ministère de l’Intérieur, des déclarations de témoins, etc.
Critique : On peut voir les fameuses lettres signées Jack l’Éventreur et celle adressée à Mister Lusk, le rapport de Macnaghten sur ses 3 suspects « préférés », etc. C’est une excellente collection de documents, tous assez nets pour être lus. On peut ainsi examiner chaque document soit même et se faire sa propre opinion. Les deux auteurs proposent une brève explication pour chaque document, afin de le replacer dans le contexte, ainsi qu’un bref historique de l’affaire et une bibliographie. Pour les passionné(e)s.

Jack the Ripper: Letters from Hell
Résumé : Dans ce livre, les 2 auteurs examinent la très volumineuse correspondance engendrée par les meurtres de l’Éventreur (les « Ripper’s letters »). Les plus célèbres (Dear Boss, From Hell, etc.) mais également des dizaines d’autres, moins connues, mais tout aussi intéressantes.
Critique : Evans et Skinner présentent des informations sur plus de 700 lettres avec leur transcription, incluant des photos couleurs des originales, souvent inédites. Bien qu’étant fort nombreuses, ces lettres sont peu variées, montrant le peu d’imagination qu’avaient la majorité des auteurs des courriers. Les auteurs analysent le phénomène des lettres de Jack l’Éventreur, qui étaient toutes (excepté, peut-être, une) des canulars plus ou moins réussis… Malgré cela, les lettres sont passionnantes, car elles témoignent de la dépravation d’une société qui utilise des meurtres affreux comme moyen de s’amuser.

Jack the Ripper: The Definitive History
Résumé : Paul Begg explore les causes, conditions et impacts sociaux, historiques et politiques des crimes de l’Éventreur.
Critique : Begg propose plus un historique de l’East End qu’un historique des crimes de Jack l’Éventreur. Cela lassera peut-être certain(e)s, mais c’est passionnant. Le livre n’offre pas de récapitulatif détaillé de tous les aspects des crimes de l’Éventreur, mais une description des faits les plus marquants de chaque meurtre, ainsi qu’une analyse des 5 suspects principaux, de la théorie de la conspiration royale et du journal de Maybrick. Mais l’intérêt de ce livre repose surtout sur… tout ce qui n’est pas consacré à l’Éventreur.
Begg fournit un compte rendu du contexte historique et politique de la police, des gouvernants et de la presse, montrant comment certaines personnalités ont eu, directement ou indirectement, une influence sur l’enquête. Begg ne fait pas que décrire l’East End Victorien, il offre un historique entier de ce quartier, de l’antiquité à nos jours. Il explique comment ce quartier de Londres est devenu l’un des plus pauvres et révèle les motivations et les expériences de ses habitants. Pour les passionné(e)s.

The Complete History of Jack the Ripper
Résumé : Sugden, historien britannique, présente une étude complète sur les meurtres de l’Éventreur.
Critique : Sugden mène son enquête de manière historique, factuelle et non émotionnelle. Il examine également les livres publiés par les autres « ripperologues » et démontre que beaucoup ont succombé à la mythologie sensationnelle entourant cette affaire et ont soutenu des théories rocambolesques. Sugden corrige les mythes et les erreurs longtemps répandues. Selon lui, étant donné le peu de connaissances « forensiques » que la police avait à l’époque, elle a néanmoins fait du bon travail, mais n’avait que très peu de pistes solides. Il re-examine les témoignages de l’époque, les rapports d’enquête et les articles de journaux, les suspects et les pistes suivies par la police, et conclut que l’Éventreur n’a pas été arrêté… Un excellent ouvrage, objectif et minutieux.

The Ultimate Jack the Ripper Sourcebook: An Illustrated Encyclopedia
Résumé : Ce livre de 800 pages, dont les 2 auteurs sont des « ripperologues » connus et renommés, est le plus complet jamais publié sur Jack l’Éventreur. Il aborde également les autres crimes commis avant et après les 5 meurtres « officiels » de l’Éventreur.
Critique : Cet ouvrage présente, par ordre chronologique, des rapports d’enquêtes et d’autopsies, des articles de presse, des illustrations, des commentaires, des photographies, des témoignages d’époque, des reproductions de lettres… pour la plupart inédites. Les deux auteurs n’ajoutent pas de spéculations ou de conclusions contemporaines, laissant le lecteur décider par lui-même, les faits sous les yeux. Indispensable si l’on s’intéresse vraiment à cette affaire.

Filmographie

Il existe de très nombreux films inspirés des crimes de Jack l’Éventreur. Je n’en présente que quelques un.

The Lodger
C’est un film muet, en noir et blanc, joué par des inconnus… mais réalisé par monsieur Hitchcock. Il vaut mieux être fan ou aimer le « vieux cinéma ». Le film et le jeu des acteurs sont datés, mais la mise en scène d’Hitchcock rattrape tout. Le film baigne dans une ambiance de terreur claustrophobe, de paranoïa, et la tension va crescendo. À voir par curiosité.

Loulou
Réalisé en Allemagne en 1928 par G.W. Pabst avec Louise Brooks et Gustav Diessl dans le rôle de Jack l’Éventreur, « Loulou » est un des chefs-d’œuvre du cinéma muet. Louise Brooks y campe une extraordinaire Loulou qui tombe sous les coups de couteau de l’Éventreur. Ses crimes y sont clairement définis comme une psychose d’origine sexuelle.

The Lodger
Le premier film américain sur Jack l’Éventreur, The Lodger, repose sur une atmosphère effrayante, et capture la panique et la paranoïa qui régnaient à Londres durant les meurtres de l’Éventreur. Les acteurs sont excellents, notamment celui qui joue le tueur. Le récit est cependant loin de la réalité (le quartier de Whitechapel est nettement plus propre, les noms des victimes ont été changés et elles ne sont plus des prostituées, mais des actrices de rues…) et ne cherche pas à explorer la psyché du tueur. Un beau film dont le seul problème est qu’il n’y a aucun suspense : on sait dès les deux premières minutes qui est le coupable.

Jack the Ripper
Grand classique en noir et blanc du cinéma d’horreur britannique, ce film dépeint l’Éventreur sous les traits d’un chirurgien rendu fou par une maladie vénérienne et qui désire nettoyer la société du « virus » de la prostitution.

Meurtre par décret
Meurtre par décret, film anglo-canadien réalisé par Bob Clark en 1979, présente Sherlock Holmes enquêtant sur les crimes de Jack l’Éventreur et se base sur la séduisante, mais mauvaise, théorie de la conspiration royale (Jack l’Éventreur était le duc Albert Victor de Clarence, héritier du trône d’Angleterre). Par contre, le film recrée avec authenticité l’ambiance poisseuse de l’époque et le labyrinthe de rues de Whitechapel.

From Hell
Ce film est tiré d’une BD homonyme géniale d’Alan Moore et Eddie Campbell. J’ai préféré la BD au film, mais… Albert et Allen Hughes utilisent en fait Jack l’Éventreur comme point de départ plus que comme sujet de leur film. Ils n’essaient pas de trouver qui était le tueur (car ils présentent la « théorie » la plus célèbre, celle de la conspiration royale), mais plutôt de présenter l’époque Victorienne (distinction de classes, pouvoir aux plus riches…) et l’immonde quartier de Withechapel (pauvreté, saleté…), message social à la clé. Ils en profitent aussi pour créer de beaux plans très stylés… et offrir quelques scènes gores. L’histoire en elle-même est totalement fantaisiste : L’inspecteur Abberline (qui avait 45 ans) est joué par le fringant Johnny Depp, les victimes de l’Éventreur (plutôt jeunes et jolies) se connaissent, le complot royal et Franc-Maçon est de mise, Abberline et Kelly ont une aventure… Mais le suspense fonctionne bien, et les indices s’accumulent pour se rapprocher du tueur, bien que la fin soit un peu trop prévisible.

Whitechapel – Le retour de Jack l’Éventreur
Whitechapel, produit et diffusé par ITV en 2009, est une mini-série britannique en 3 épisodes dans laquelle un tueur en série moderne copie les meurtres de l’Éventreur, dans le quartier de son « illustre aîné ». Sans être foncièrement originale, cette série se regarde avec intérêt, particulièrement pour le talent des comédiens.

Ripper Street
« En avril 1889, six mois après la disparition de Jack l’éventreur, l’est de Londres commence à retrouver un semblant de paix inespérée après le règne de l’impitoyable tueur. Une bouffée d’oxygène pour les hommes de la Division H, le district de police chargé de maintenir l’ordre dans le chaos de Whitechapel. Ensemble, ils vont tenter de maintenir la justice dans cette époque troublée ».

« Dossier Scheffer : Qui est vraiment Jack l’Eventreur ? », France 5, diffusé en 2007.

Liens

– Casebook.org : LE site (en anglais, excellent, exhaustif) sur Jack l’Éventreur
– La mallette de Jack l’Éventreur : un site en français
– Jack the Ripper walk : une « excursion touristique » dans le Londres de l’Éventreur
– Dissecting Jack-the-Ripper : An Anatomy of Murder in the Metropolis (un article en anglais qui présente une autre théorie, le commerce secret de cadavres de pauvres)
– Certains des courriers échangés par les enquêteurs à l’époque sont disponibles aux National Archives

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