Article mis à jour le 5 mars 2023

Nom : Peter Dinsdale, puis Bruce George Peter Lee
Surnom : aucun.
Né le : 31 juillet 1960 à Manchester (Angleterre).
Mort le : toujours en vie, interné dans un hôpital psychiatrique.

Durant 7 années, cet adolescent a incendié plusieurs maisons, asphyxiant ou brûlant de nombreuses victimes, hommes, femmes, enfants, personnes âgées. Handicapé, faible d’esprit, il passait inaperçu dans son quartier pauvre de la ville de Hull et personne n’aurait jamais pensé que « Peter le crétin » soit un terrible pyromane assassin

Informations personnelles

Peter Dinsdale est le fils d’une prostituée alcoolique, Doreen Dinsdale.
Elle s’était séparée du père durant sa grossesse et l’homme ne vit jamais Peter. Peu après la naissance du garçon à Manchester, en 1960, Doreen recommença à se prostituer et accueillit souvent des étrangers dans sa petite maison. Peter était né handicapé et sa mère, honteuse, le laissait enfermé dans sa chambre pendant qu’elle s’occupait de ses clients.
Un an plus tard, Doreen Dinsdale mit au monde une petite fille, la demi-sœur de Peter, qu’elle négligea tout autant que lui.

Manchester dans les années 1960
Manchester dans les années 1960

Parfois, Doreen Dinsdale organisait des beuveries et ses jeunes enfants, affamés, buvaient des gorgées de bières dans les canettes jetées au sol. Les services sociaux furent prévenus et découvrirent que les deux enfants étaient sous-alimentés, mal habillés et effrayés. Ils furent pris en charge et placés dans une « structure de soin ». Malheureusement, à l’époque, n’importe qui pouvait travailler dans ces établissements et de nombreux pédophiles y étaient employés, prenant pour cibles ces enfants sans famille et sans défense. Peter Dinsdale allait admettre des années plus tard qu’il avait été fréquemment violé par des membres du personnel, mais aussi par d’autres enfants placés.

Durant les années qui suivirent, Peter fut déplacé à de nombreuses reprises, entre des orphelinats effroyables et sa mère incompétente. Dans les années 1960, on pensait que la place d’un enfant était avec sa mère, quels que soient ses défauts. À l’âge de 6 ans, il fut donc rendu Doreen Dinsdale. Elle vivait à présent à Kingston-upon-Hull (surnommé simplement Hull), une grande ville industrielle du Yorkshire, au nord de l’Angleterre. Mais ses problèmes d’alcool avaient empiré et elle négligea son fils au point que les services sociaux le renvoyèrent bientôt à l’orphelinat. Ils tentèrent l’expérience années après années, le plaçant chez sa mère où il était maltraité, puis le renvoyant à l’orphelinat où il était frappé ou violé. Évidemment, le jeune Peter devint très perturbé.
Perdu, seul, il marchait souvent dans les rues la nuit, espérant que quelqu’un lui achèterait de l’alcool afin qu’il puisse, même brièvement, faire disparaître la réalité de sa triste existence.
Le quartier où il habitait, dans l’ouest de Hull, était gangrené par la pauvreté, le crime et le chômage. Il ne pouvait faire aucune rencontre qui lui aurait permis d’améliorer sa vie.

Kingston upon Hull
Kingston upon Hull

Le manque de soins et d’éducation avait également des répercussions sur le cerveau de Peter. Son QI plafonnait à 70, ce qui faisait de lui un « arriéré ». Il luttait pour lire et écrire et avait toutes les peines du monde à s’exprimer. Les autres enfants se moquaient de lui, le traitaient d’idiot et le surnommaient « Daft Peter » (Peter le crétin). Il souffrait par ailleurs d’épilepsie, bien qu’elle soit contrôlée par des médicaments.
Peter Dinsdale ne ressentait que de la rage et pensait qu’il n’était bon à rien… si ce n’est allumer des feux.

À l’âge de 9 ans, l’histoire d’amour du jeune Peter pour les flammes avait déjà commencé. Il aimait les feux de joie et son voisin Shaun Lister allait expliquer plus tard qu’il avait allumé un petit feu avec lui dans le dépôt d’un négociant en bois. Le stock de bois avait complétement brûlé quelques jours plus tard… Peu après, Peter Dinsdale provoqua également un incendie dans un quartier commerçant qui causa 17 000 £ de dommages.

Crimes et châtiments

En 1973, l’adolescent de 12 ans fit sa première victime. Il était jaloux d’un garçon handicapé de 6 ans, Richard Ellerington, qu’il voyait tous les jours dans le bus scolaire, et qui venait d’une famille stable et aimante. Peter qui était lui-même handicapé, avec une main droite atrophiée ainsi qu’un bras et une jambe presque paralysés, ne supportait pas que Richard soit heureux avec sa famille. Il voulait le faire souffrir.
Un soir, il entra dans la maison de Richard au travers d’une fenêtre ouverte et alluma un feu en utilisant de la paraffine et des allumettes. Les parents, bien que brûlés, parvinrent à sauver leurs autres enfants qui n’étaient pas handicapés, mais malgré leurs nombreuses tentatives pour entrer dans la chambre en feu de Richard, le garçon mourut.
Les enquêteurs pensèrent que l’incendie avait été provoqué par une fuite de gaz, mais aucune conclusion définitive ne fut rendue à l’époque.

Peter avait adoré regarder les flammes et entendre les cris de ses victimes. Quatre mois plus tard, il décida de tuer à nouveau. Il choisit apparemment sa victime au hasard. Il entra dans la maison d’un vieil homme reclus, Bernard Smythe, qui souffrait de gangrène dans les jambes, et mit le feu à son fauteuil. L’homme de 72 ans mourut des inhalations de fumée, car il était trop faible pour atteindre la porte de sa maison et appeler à l’aide.
Peter allait plus tard expliquer que « le feu était son maître » et qu’il adorait regarder les flammes s’étendre et ravager une habitation.

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Trois semaines s’écoulèrent avant que le jeune pyromane de 13 ans ne se faufile dans la maison de David Brewer, un homme de 34 ans infirme à la suite d’un accident du travail, qui l’avait frappé auparavant parce que Peter s’était introduit dans son pigeonnier (l’adolescent voulait sûrement faire du mal aux volatiles). Peter Dinsdale versa de la paraffine sur sa victime endormie et mit le feu avant de s’enfuir. Le jeune homme en proie aux flammes tituba jusqu’à la porte de sa maison, s’effondra et tomba dans le coma. Il mourut de ses brûlures quelques jours plus tard.
Cette mort fut, elle aussi, considérée comme accidentelle : David Brewer avait lui-même allumé un petit feu avec de la paraffine pour faire sécher ses vêtements et les policiers pensèrent qu’ils avaient pris feu et que Brewer, en essayant de les détacher, s’était enflammé.

Personne ne se doutait que le jeune garçon boiteux, petit et mince, qui tenait son maigre bras de façon étrange contre sa poitrine, avait l’intention de tuer à nouveau. Personne n’avait relié Peter Dinsdale aux incendies. Les trois décès étaient considérés comme accidentels par la police, car de nombreuses personnes dans la région utilisaient des feux à paraffine et les accidents n’étaient pas rares. Les feux de friteuses et les morts dues aux inhalations de fumées (lorsqu’un fumeur s’endort avec une cigarette allumée et met le feu à ses draps ou ses vêtements) étaient courants.

Durant les 14 mois qui suivirent, Peter ne se fit plus remarquer. Les enquêteurs allaient par la suite spéculer sur le fait que, pendant cette période, il avait allumé de feux plus petits et non mortels, ou qu’il avait tenté d’allumer des incendies qui n’avaient pas complétement prit. Peter Dinsdale allait admettre qu’il avait perdu le compte du nombre d’incendies dont il était responsable.

En décembre 1974, il pénétra dans la chambre d’Elizabeth Rokahr, une dame de 82 ans mal voyante et impotente, et alluma un feu. Il exulta lorsque l’incendie se répandit dans toute sa maison. La vieille dame mourut brûlée vive, mais les autorités ne soupçonnèrent pas un feu criminel et expliquèrent qu’Elizabeth Rokahr avait dû fumer au lit. Ses voisins expliquèrent à la police qu’elle était très prudente et n’aurait jamais agi ainsi, mais les enquêteurs ne furent pas convaincus. Comme souvent avec les incendies de Peter Dinsdale, il avait allumé un feu si violent que la maison avait été réduite en cendres, laissant très peu de preuves.

Ensuite, l’adolescent contint ses désirs meurtriers durant un an et demi, peut-être parce qu’il avait été placé chez une mère adoptive attentionnée qui s’occupait bien de lui.

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Puis, en juin 1976, à l’âge de 16 ans, il entra dans la maison d’un camarade d’école, mit le feu sous les escaliers du rez-de-chaussée avec de la paraffine et des allumettes, avant de se glisser hors de l’appartement. La grand-mère du garçon, Dorothy, 77 ans, qui gardait ses 3 petits-enfants, parvint à faire sortir les deux plus âgées et les conduisit en sécurité chez un voisin. C’est seulement lorsque ce dernier lui demanda s’il y avait quelqu’un d’autre dans la maison qu’elle se souvint du bébé qui dormait à l’étage. Malgré des tentatives intrépides et répétées, personne ne put sauver le petit Andrew Edwards, 1 an, qui périt dans les flammes.
La police pensa que David Edwards, 5 ans, avait joué avec des allumettes, bien que les parents protestèrent qu’ils ne gardaient aucune allumette chez eux. L’incendie et la mort d’Andrew furent considérés comme un tragique accident et non un incendie volontaire.
La pauvre grand-mère fut tellement traumatisée par la perte de son petit-fils qu’elle dut être placée dans un hôpital psychiatrique.

La victime suivante de Peter Dinsdale, en janvier 1977, était encore plus jeune. Il avait pris l’habitude de rendre visite à une famille de son quartier pour voir leurs pigeons, mais l’homme de la maison, Peter Thacker, avait refusé qu’il continue d’entrer chez eux sans y être invité. Le jeune pyromane, qui avait à présent 17 ans, détestait qu’on lui dise ce qu’il devait faire ou ne pas faire, et jura de se venger. Il se faufila dans la maison et mit le feu à la chambre de Katrina Thacker, un bébé de 6 mois. Le temps que ses parents réalisent qu’un incendie dévorait sa chambre et se précipitent, elle mourut des inhalations de fumée.

Une enquête conclut qu’une étincelle jaillie de la cheminée devait avoir provoqué l’incendie. Les enquêteurs, qui n’étaient sans doute pas des spécialistes de l’incendie criminel, ne s’étonnèrent pas que le feu se soit propagé si rapidement, indiquant la présence d’un accélérant. Et il ne leur sembla pas étrange que le point de départ de l’incendie, autour du mobilier de la petite Katrina, soit bien loin de la cheminée qui avait soi-disant causé l’incendie.
Personne n’avait remarqué que Peter Dinsdale se trouvait parmi les spectateurs qui observaient le brasier. Quelques jours après l’incendie, il se rendit au salon funéraire où était exposé le petit corps de Katrina avant son enterrement.

Il allait par la suite affirmer qu’il était désolé d’avoir tué un petit enfant, car il aimait les bébés. D’ailleurs, les autorités locales, pour tenter de créer un esprit de communauté chez le silencieux et solitaire jeune homme, lui avait trouvé un emploi bénévole avec de petits enfants. Il semble que Peter Dinsdale se soit bien entendu avec eux, car ils étaient -à ses yeux- bien moins menaçants que les adolescents de son âge. Il était également très religieux, portant souvent une Bible sur lui, et avait connaissance du principe selon lequel on ne doit pas faire de mal à un enfant. Mais les enquêteurs allaient découvrir que Dinsdale était incapable de ressentir de véritables remords, et qu’il assurait être désolé de la mort de Katrina simplement parce que les gens voulaient qu’il le dise.

Vue de Hull dans les années 1970
Vue de Hull dans les années 1970

Ses victimes suivantes, au nombre de onze, furent toutes tuées dans un seul et même incendie. Trois jours après la mort de Katrina Thacker, Peter Dinsdale mit le feu dans une maison de retraite Wensley Lodge à Hull. L’adolescent brisa une fenêtre pour entrer dans le bâtiment. Il alluma plusieurs feux, s’assurant que les flammes étaient déjà hautes avant de ressortir. Il resta cependant sur place et se mêla aux spectateurs qui se réunirent dehors lorsque l’incendie ravagea la maison de retraite. Tout le monde pouvait entendre les hurlements des hommes prit au piège dans les flammes. Certains suppliaient qu’on leur vienne en aide et appelaient le Seigneur.
Plusieurs hommes se précipitèrent pour sauver les anciens vétérans de guerre et furent sévèrement brûlés. Malgré leur intervention, Harold Akester, 95 ans, Victor Consitt, 83 ans, Benjamin Phillips, 83 ans, Arthur Ellwood, 82 ans, William Hoult, 82 ans, William Carter, 80 ans, Percy Sanderson, 77 ans, John Rilby, 75 ans, William Beales, 73 ans, Leonard Dennet, 73 ans, et Arthur Hardy, 65 ans, moururent dans l’incendie.
Une enquête jugea que le feu avait pris accidentellement, car un plombier avait utilisé un chalumeau dans le bâtiment plus tôt dans la journée. La police ne cherchait toujours pas un pyromane. Le plombier protesta avec véhémence : il avait suivi à la lettre les procédures de sécurité et n’était pas responsable. Mais la police ne le cru pas et sa réputation fut injustement entachée.

Le carnage continua. En avril 1977, Dinsdale s’en prit à nouveau à une maison de famille durant la nuit. Cette fois, une jeune fille de 13 ans atteinte d’une déficience mentale, Deborah Hooper, et le fils d’un ami de la famille, Mark Jordan, 7 ans, moururent dans l’incendie. Le courageux petit Mark était parvenu à s’enfuir, mais était retourné dans la chambre en flammes de Deborah pour tenter de la sauver, y laissant sa vie. Le petit garçon reçu une médaille pour bravoure à titre posthume.
Le père de Mark, qui dormait dans le canapé du salon, fut accusé d’avoir allumé l’incendie en laissant une cigarette allumée dans le cendrier, ce qui ajouta une terrible culpabilité au traumatisme de la perte de son fils.

La caserne de pompiers de Hull
La caserne de pompiers de Hull

Neuf mois s’écoulèrent avant que Peter Dinsdale ne frappe à nouveau, en janvier 1978. Il choisit une maison au hasard, celle de Christine Dickson, 24 ans, son époux et leurs quatre fils. Peter versa un accélérant, contenu dans une bouteille de liquide vaisselle, au travers de la fente de la boite aux lettres, dans la porte, puis jeta un morceau de papier enflammé. Prise dans l’incendie, Christine Dickson tendit son bébé, Bryan, à sa voisine au travers d’une fenêtre puis retourna dans l’enfer de flammes pour tenter de sauver ses trois autres enfants. Mais elle fut asphyxiée par la chaleur et mourut auprès de Mark, 5 ans, Steven, 4 ans et Michael, 16 mois. Son époux, qui était malade, survécu par miracle.

En juin 1979, Peter Dinsdale prit pour cible une jeune femme enceinte, Ros Fenton, incendiant le couloir de la maison où elle vivait avec sa fille de 7 ans, Samantha. La jeune femme se préparait à se mettre au lit lorsqu’elle avait vu l’adolescent, qu’elle ne connaissait que par le surnom de « Daft Peter », traîner dehors. Pensant qu’il était inoffensif, même si elle avait aperçu une main glisser par la fente de la boîte aux lettres, elle était allée se coucher. Elle se réveilla en sursaut pour trouver la maison en proie aux flammes, mais Samantha et elles furent sauvées par des voisins.
Ros Fenton passa plusieurs mois à l’hôpital à cause de ses brûlures et perdit le bébé qu’elle portait. Durant plusieurs mois, elle ne fut pas en état de donner son témoignage aux policiers et ils pensèrent qu’un visiteur, passé dans la soirée, avait dû laisser une cigarette mal éteinte dans la maison.

Le même été, Peter Dinsdale changea légalement de nom, décidant de s’appeler « Bruce Lee ». Non seulement il adorait cet acteur, mais sa mère avait épousé peu de temps auparavant un homme dont le nom de famille était Lee et Peter voulait rendre hommage à ce beau-père avec qui il s’entendait plutôt bien. Il expliqua aux gens que son nom était à présent « Bruce George Peter Lee », un patronyme bien long pour un tout jeune homme de 19 ans.

Peter n’était toutefois pas aussi riche que son idole Bruce Lee et devait parfois dormir dans la rue. Il allait par la suite assurer qu’il avait eu des relations avec plusieurs filles et se fit tatouer deux figures féminines sur le bras. Il cherchait désespérément à affirmer son hétérosexualité, mais il était apparemment plus à l’aise dans des relations avec des hommes. Il avait eu ses premières « relations sexuelles » avec des garçons et des hommes, à l’orphelinat, et il ne connaissait rien d’autre. En tant qu’adolescent mal dans sa peau, peu bavard, souvent sans logis et peu attirant, il luttait pour courtiser les jeunes femmes et trouvait plus facile de satisfaire les demandes purement physiques de certains hommes, qui préféraient se contenter de sexe. Il traînait dans les toilettes publiques et avait des relations sexuelles avec des jeunes hommes, parfois pour le plaisir, parfois pour de l’argent.

L’une de ces jeunes hommes était un adolescent de 15 ans, Charlie Hastie, qui finit par lui réclamer de l’argent, le menaçant de le dénoncer à la police si Peter ne lui donnait pas une livre sterling pour chacune de leur rencontre : Charlie étant mineur, Peter aurait été immédiatement arrêté. Peter paya. Il était attiré par l’une des sœurs de Charlie, Angeleena, 16 ans, mais la famille Hastie lui affirma qu’il n’avait aucune chance et se moqua de ses sentiments. Angeleena repoussa toutes ses avances.
Peter Dinsdale ne supporta ni leur moquerie, ni le rejet et décida de se venger.

En décembre 1979, il glissa des chiffons imbibés de paraffine au travers de la fente de la porte de la maison que Charlie Hastie partageait avec ses frères et sœurs et ses parents, puis versa encore de la paraffine dans le couloir avant d’y mettre le feu avec des allumettes. La petite maison fut rapidement consumée par les flammes. La mère, Edith, 34 ans, se réveilla et se précipita dans la chambre de Charlie pour qu’il l’aide à sauver les autres enfants. Il aida sa mère à sauter par la fenêtre pour qu’elle échappe à l’incendie. Elle se brisa une cheville en tombant sur le trottoir en ciment, mais survécu. Bien qu’elle hurla à Charlie de sauter à son tour, le garçon retourna dans la fournaise pour tenter de sauver ses 3 frères dont l’un, Thomas, 9 ans, était immobilisé par une dystrophie musculaire. La maison était ravagée par les flammes et commençait à s’effondrer.
Charlie, ses deux frères, Peter et Paul, souffrirent de brûlures au 3ème degré sur plus de 80% de leur corps et moururent dans les jours qui suivirent, mais Charlie était parvenu à sauver Thomas. Les autres membres de la famille, heureusement, n’étaient pas à la maison : le père était en prison pour un vol (commis avec Charlie) et les trois filles dormaient chez des amis.

Selby Street Hull
Selby Street de nos jours

Cette fois, la police comprit rapidement que l’incendie était criminel : les pompiers avaient remarqué de la paraffine, facilement reconnaissable à sa forte odeur, ainsi que des allumettes. Mais les enquêteurs n’avaient aucune idée de l’identité du coupable. Ils commencèrent à interroger plusieurs jeunes hommes, mais il existait un grand nombre de suspects possibles, car plusieurs membres de la famille Hastie étaient impliqués dans des activités criminelles. Ils étaient craints et détestés dans leur quartier. Les enfants, les garçons comme les filles, avaient brutalisé des camarades de classe et s’étaient fait de nombreux ennemis. Ils avaient l’habitude de jeter des pierres sur les personnes âgées. Ils cambriolaient souvent la maison du quartier. Ils s’en étaient même pris au pasteur de l’église locale.
Les habitants du quartier ne cachèrent pas leur indifférence envers la mort des frères Hastie et personne ne vint soutenir la mère lors de leur enterrement.
Durant des semaines, les policiers suivirent donc leur piste principale : la famille Hastie avait reçu un courrier un an auparavant, qui les menaçait de brûler leur maison. Ils furent abasourdis lorsqu’ils parvinrent à par trouver l’auteur de la lettre. C’était une dame âgée, calme et respectueuse des lois, qui allait régulièrement à l’église, mais la famille Hastie avait fait de sa vie un enfer et elle avait pensé que ce courrier menaçant, remplis d’insultes, serait le seul langage qu’ils comprendraient…

Une Rover 2000
Une Rover 2000

Ne parvenant pas à obtenir d’information de la part de la communauté locale, les enquêteurs se concentrèrent sur un appel anonyme reçu par le bureau central de la police de Hull le lendemain de l’incendie. L’informateur avait déclaré avoir vu deux hommes s’éloigner de la rue où se situait la maison de la famille Hastie, peu de temps après que le feu a commencé. Il n’avait pas remarqué d’incendie, mais il avait vu ces deux hommes courir vers une Rover 2000 garée à proximité et conduite par un 3ᵉ homme.
La police parvint à identifier l’informateur, qui vivait dans le quartier. Ce qu’il décrivait dévoilait un mobile crapuleux. La maison mitoyenne de celle des Hasties était une base pour les trafiquants de drogue. Peut-être les incendiaires avaient-ils mis le feu à la mauvaise maison ? La description de la voiture, une berline haut de gamme, correspondait au modèle qu’un trafiquant de drogue pourrait posséder. Et la participation de plusieurs hommes suggérait une agression organisée.
Les detectives gardaient également à l’esprit les commentaires d’un enquêteur de la police scientifique : il avait remarqué que le feu qui avait ravagé la maison des Hastie était le travail de quelqu’un qui avait l’habitude d’allumer des incendies.

Les policiers sondèrent leur réseau d’informateurs parmi la fraternité criminelle locale. Mais, excepté quelques histoires de transactions de drogue ayant mal tourné, ils ne trouvèrent aucune querelle qui aurait pu éventuellement conduire à un incendie criminel. Les enquêteurs en vinrent à douter du témoignage de l’homme qui les avait appelés au sujet de la Rover 2000. Bien que la rue n’ait été éclairée que par des lampadaires, il affirmait qu’il avait identifié le type de voiture, sa couleur, la couleur de peau et le style de vêtements de deux hommes qui couraient. Plus ils le questionnaient, plus l’homme se souvenait soudainement de détails improbables. Les detectives le considérèrent finalement comme un affabulateur en recherche d’attention et mirent de côté la piste du trafic de drogue.

Après six mois d’enquête, la seule information intéressante découverte par la police était que Charlie Hastie, le plus âgé des trois frères, pouvait, d’une façon ou d’une autre, « être impliqué dans le milieu de la prostitution homosexuelle ».
Au cours de leurs enquêtes, les policiers avaient découvert par hasard que le propriétaire d’une Rover 2000 qu’ils avaient mis sous surveillance, passaient énormément de temps avec des adolescents dans les toilettes publiques de la ville pour obtenir des relations sexuelles. L’incendiaire pouvait-il avoir un lien avec eux ?
La police n’avait rien de mieux pour continuer son enquête. Les officiers supérieurs voulaient clore l’affaire et occuper la main-d’œuvre sur d’autres enquêtes.

Ron Sagar
Ron Sagar

Le policier en charge de l’enquête sur l’incendie criminel, le Detective Superintendant Ronald Sagar, décida alors d’interroger plusieurs jeunes homosexuels locaux qui avaient fréquenté les mêmes toilettes publiques que le conducteur de la Rover 2000.
En juin 1980, Peter Dinsdale/Bruce Lee fut arrêté après avoir été surpris avec un homme dans les toilettes publiques. Il fut brièvement interrogé par la police. Il admit avoir eu des « contacts sexuels » avec Charlie Hastie et expliqua que Charlie lui avait réclamé de l’argent.
Cette information fournissait un lien entre le fils aîné des Hastie et les adolescents des toilettes publiques. Sur une intuition, Ron Sagar fit amener plusieurs suspects possibles pour les interroger le même jour et décida de jouer son va-tout : il allait les accuser chacun à leur tour, dans l’espoir que le véritable tueur avouerait.

Peter Dinsdale fut donc de nouveau interrogé au sujet de sa relation avec Charlie Hastie. Sagar dit rapidement à Peter qu’il pensait que c’était lui qui avait allumé le feu. Sagar fut complétement stupéfait par la réponse de Dinsdale, qui admit qu’il avait effectivement incendié la maison des Hastie. « Je n’avais pas l’intention de les tuer », expliqua-t-il. « Un soir, j’ai juste pensé que j’allais aller à la maison de Charlie et allumer un feu, et lui foutre les jetons ».
Peter Dinsdale expliqua au detective Sagar qu’il avait attendu que tout soit calme, dehors, debout dans l’obscurité. Il raconta en détail la manière dont il avait allumé le feu et cela convainquit Sagar qu’il disait la vérité. Il avait trouvé le meurtrier des frères Hastie.

Le Detective Sagar emmena le jeune homme sous-alimenté dans un snack pour lui payer un repas et lui offrit autant de tasses de thé qu’il voulut. L’attention qu’il porta à Peter et sa manière douce de l’interroger fonctionna parfaitement. Peter le remercia pour sa gentillesse et admit qu’il avait craint que la police ne le maltraite… Sagar prit son temps pour le questionner afin d’obtenir des aveux très complets et fit des pauses à plusieurs reprises pour laisser le jeune homme, qu’il sentait fragile, se reposer dans sa cellule.

Lorsque la nouvelle que la police de Hull avait arrêté un certain « Bruce Lee » pour les meurtres des frères Hastie fit les gros titres des journaux, Ros Fenton ne reconnut pas ce nom. Mais elle s’était intéressée à cette affaire puisqu’un an plus tôt, en juin 1979, sa maison avait elle aussi brûlé dans un incendie qu’elle pensait criminel. À l’époque, elle avait vu « Daft Peter » roder devant chez elle avant que le feu ne se déclare. Lorsqu’elle vit la photo de « Bruce Lee » dans la presse locale, elle réalisa que l’incendiaire et Peter Dinsdale étaient la même personne.
Elle appela la police pour leur faire part de ses soupçons et, confronté à ces accusations, Peter Dinsdale avoua à Ron Sagar qu’il était bien l’auteur de ce feu. « Je l’ai fait, c’est tout. Je ne l’aimais pas et, voilà, je l’ai fait ».
Le detective Sagar, décontenancé par ce nouvel aveu, voulut en savoir plus. Dinsdale répondit simplement « J’aime les feux, vraiment. J’aime les feux ». Sagar lui demanda alors s’il avait l’habitude d’allumer des feux qui auraient pu tuer d’autres personnes dans le passé. Il ne s’attendait pas à des aveux complets, mais après une longue pause, Peter Dinsdale répondit « Oui, vous avez raison. J’ai tué un petit bébé, une fois ».

Peter Dinsdale fut envoyé à la prison de Leeds, pendant que les policiers vérifiaient ses dires. Lorsque Ron Sagar lui rendit visite, deux jours plus tard, Peter Dinsdale décida d’avouer tous ses crimes. Devant des policiers horrifiés et incrédules, il donna tous les détails des incendies qu’il avait provoqués.
Mais le nombre des victimes était tellement élevé que Sagar et ses collègues se demandèrent si le jeune homme mentait. Après tout, les personnes faibles d’esprit ou les gens intimidables avouent souvent des crimes qu’ils n’ont pas commis, et certains se convainc même de leur propre culpabilité. Les enquêteurs laissèrent Peter Dinsdale dans sa cellule pour vérifier son histoire et découvrirent que des enfants et des adultes étaient morts exactement comme il l’avait décrit, alors que ces feux avaient toujours été considérés comme des incendies accidentels.

Vue aérienne de Hull
Vue aérienne de Hull

Les enquêteurs emmenèrent le jeune homme de 20 ans dans une voiture de police. Il avait vécu une vie tellement étriquée qu’il adora être conduit à travers la ville, un endroit qu’il n’avait jamais parcouru autrement qu’à pied ou à vélo. Il ne se souvenait plus très bien des dates, mais il désigna tous les bâtiments auxquels il avait mis le feu et quelle fenêtre il avait brisé pour y entrer. Il décrivit le type de rideaux qu’il avait enflammé, les meubles dans les pièces et les habitants. Il était évident qu’il s’était effectivement rendu dans tous ces endroits avant qu’ils ne brûlent et ne s’était pas contenté de lire quelques informations dans la presse.
Les policiers furent choqués qu’un si jeune homme, que le Detective Sagar décrivit comme « insignifiant », revendique la responsabilité de 26 morts affreuses.
Pour jauger sa réaction, les enquêteurs accusèrent Peter Dinsdale d’avoir allumé un incendie criminel supplémentaire, dont ils avaient déjà identifié l’auteur. Peter Dinsdale nia toute implication dans cet incendie, démontrant qu’il ne cherchait pas à se vanter de crimes additionnels dont il n’était pas responsable.

Dinsdale demeura en garde à vue pendant que les enquêteurs rassemblaient des preuves contre lui. Un rapport expliqua qu’il avait mis le feu pour plusieurs raisons : la vengeance, une compulsion pathologique et parce que cela l’excitait sexuellement. Les psychologues pensaient qu’il serait toujours stimulé sexuellement par la pensée de provoquer un incendie et qu’il resterait donc un danger pour le public pour le reste de son existence.

Le 20 janvier 1981, au tribunal de Leeds, Peter Dinsdale fut inculpé sous le nom de « Bruce Lee » et plaida non coupable des 26 accusations de meurtre, mais coupable de 26 accusations d’homicide involontaire et 10 accusations d’incendie volontaire. Son avocat plaida la responsabilité diminuée.

Peter Sutcliffe
Peter Sutcliffe

Comme Peter Dinsdale plaida coupable, le procès fut court et l’affaire reçu très peu de publicité dans les journaux. De plus, le procès eu lieu 18 jours après que la police a enfin arrêté le tueur en série surnommé « l’Éventreur du Yorkshire », Peter Sutcliffe. Le public britannique voulait tout savoir de l’homme qui avait terrorisé le nord de l’Angleterre durant les 5 dernières années. Sutcliffe affirmait que Dieu lui avait confié la mission divine de tuer des prostituées, mais parmi ses victimes, six jeunes femmes n’avaient rien à voir avec l’industrie du sexe, notamment une jeune employée de 16 ans et une étudiante de 20 ans. L’une des victimes était encore vierge.
Sutcliffe avait tué 13 femmes alors que Dinsdale avait provoqué la mort de deux fois plus de personnes, mais les crimes de Sutcliffe étaient indubitablement sexuels, ce qui était plus « captivant » pour la presse et le public. Les gens étaient plus intrigués par Peter Sutcliffe, un beau jeune homme marié à une jolie institutrice. Il avait été fossoyeur, ce qui ajoutait à son aura de « monstre ». Comparé à lui, Peter Dinsdale semblait affreusement terne.
D’ailleurs, en prison, Dinsdale tenta de changer son image. Il affirma qu’il avait été payé 500 £ pour chaque incendie, mais fut incapable de donner plus de détails sur ses soi-disant commanditaires. L’idée d’être chargé d’un travail par la pègre, et de bien le faire, permettait à ce jeune homme sans envergure de se sentir important. En tant que pyromane solitaire, il était simplement un individu perturbé, mais s’il parvenait à convaincre le monde qu’il avait été un tueur à gages, il gagnerait le respect des autres détenus.

Parce qu’il avait avoué les meurtres, le procès ne dura que quelques heures et Dinsdale fut condamné à être détenu indéfiniment en vertu du Mental Health Act (loi sur la santé mentale).

Il fut envoyé au Park Lane Special Hospital (un hôpital prison sécurisé) près de Liverpool.

Peter Dinsdale fut d’abord satisfait d’y être envoyé, car il pensait que l’hôpital serait moins répressif qu’un pénitencier. Mais il se retrouva dans un établissement où étaient enfermés des fous criminels dangereux. Il changea d’avis et demanda à être libéré lorsque des journaux suggérèrent qu’un adolescent handicapé et faible d’esprit n’avait pas pu grimper dans des maisons pour y mettre le feu. C’était faux, car Peter Dinsdale était assez agile pour conduire une bicyclette et avait aussi obtenu, brièvement, un emploi au marché, où il élevait des porcs dans des enclos. De nombreuses personnes l’avaient vu faire du vélo alors qu’il tenait quelque chose dans un sac en papier (peut-être un bidon de paraffine).
Il était également lié à plusieurs des victimes. Certains étaient des enfants de son école et voyageaient avec lui dans le bus pour écoliers handicapés, alors que d’autres étaient des voisins adultes avec qui il s’était disputé.
En décembre 1983, il fut toutefois décidé qu’il n’avait pas allumé le feu dans la maison de retraite et 11 de ses condamnations furent cassées. Et pourtant, le jeune homme continua d’affirmer qu’il avait bien incendié le bâtiment et était resté sur les lieux pour entendre les occupants hurler à l’aide.

Certains journaux suggérèrent que la police avait contraint un jeune homme vulnérable à admettre les 26 meurtres. Mais loin de menacer Peter, le Detective Superintendant Ron Sagar l’avait traité avec respect, car il ressentait de la pitié pour le jeune infirme qui était manifestement un solitaire. En fait, Peter Dinsdale écrivit plus tard à Ron Sagar afin de le remercier pour sa gentillesse et lui souhaiter bonne chance.
Plusieurs prisonniers écrivirent aux journaux pour signaler que Sagar les avait traités équitablement lorsqu’ils étaient en garde à vue et qu’il n’avait jamais tenté de les menacer. Le journal qui avait porté les pires accusations contre Ron Sagar, le Sunday Times, dû faire marche arrière et présenter ses excuses. En 1987, Sagar reçu même un « arrangement financier », qu’il offrit à une œuvre de bienfaisance. Ses bons services furent officiellement reconnus et il fut nommé membre de l’Ordre de l’Empire Britannique par la reine Elizabeth II. Le detective était également réputé pour son travail bénévole au Royaume-Uni et dans plusieurs pays pauvres d’Afrique. Il travaillait aussi dans ses pays en tant que conseiller en enquête criminelle, pour aider les policiers locaux à arrêter les meurtres rituels.

Les années passèrent et Peter Dinsdale fut transféré au Rampton Special Hospital dans le Nottinghamshire.

Rampton Hospital
Rampton Hospital

En 2005, des rumeurs affirmèrent que Peter Dinsdale avait épousé une autre patiente, Anne-Marie Davison, et la direction du Rampton expliqua immédiatement que les détenus qui se marient ne sont pas autorisés à consommer leur union.

En mars 2010, le Detective Ron Sagar mourut d’un cancer à l’âge de 75 ans. Dans un livre de mémoires qu’il avait publié, il avait déclaré qu’il espérait qu’un jour, Peter Dinsdale serait guéri et pourrait être libéré.
Mais Peter Dinsdale / Bruce Lee, élevé dans des orphelinats et ayant passé toute sa vie d’adulte dans des hôpitaux psychiatriques, ne serait sans doute pas capable de vivre seul dans la société, dans notre monde moderne. Et aucun psychiatre ne peut garantir que son amour des flammes n’a pas complétement et définitivement disparu. S’il était libéré, il tuerait à nouveau.

Peter Dinsdale / Bruce Lee a de nouveau changé de nom, s’appelant à présent Peter Tredget. En 2016, il a été autorisé à sortir de l’hôpital psychiatrique durant quelques jours et à se promener en ville, accompagné d’une « escorte ».
En février 2022, à l’âge de 61 ans, il a fait appel de son jugement, appel qui a été rejeté.

Les victimes de Peter Dinsdale / Bruce Lee

Peter Dinsdale a fait 26 victimes et 8 blessés graves.

Richard Ellerington (6 ans)
Asphyxiés par les fumées le 23 juin 1973

Bernard Smythe (72 ans)
Brûlé vif le 12 octobre 1973

David Brewer (34 ans)
Brûlé vif le 27 octobre 1973

Elizabeth Rokahr (82 ans)
Asphyxiée et brûlée le 23 décembre 1974

Andrew Edwards (1 an)
Asphyxié le 3 juin 1976

Katrina Thacker (6 mois)
Asphyxiée par les fumées le 2 janvier 1977

Le 5 janvier 1977, l’incendie dans la maison de retraite Wensley Lodge fit 11 victimes :
Harold Akester (95 ans)
Victor Consitt (83 ans)
Benjamin Phillips (83 ans)
Arthur Ellwood (82 ans)
William Hoult (82 ans)
William Carter (80 ans)
Percy Sanderson (77 ans)
John Riby (75 ans)
William Beales (73 ans)
Leonard Dennett (73 ans)
Arthur Hardy (65 ans)

Deborah Hooper (13 ans) et Mark Jordan (7 ans)
Asphyxiés par les fumées le 27 avril 1977

Christine Dickson (24 ans) et ses 3 fils Mark (4 ans), Steven (3 ans) et Michael (1 an)
Asphyxiés par les fumées le 6 janvier 1978

Les 3 frères Hastie, Charlie (15 ans), Paul (12 ans) et Peter (8 ans)
Brûlés vifs le 4 décembre 1980

Mode opératoire

L’accélérant préféré de Peter Dinsdale était la paraffine, un produit chimique inflammable qui est utilisé comme combustible, mais aussi par les cracheurs de feu.

Généralement, il brisait une fenêtre de la maison qu’il ciblait (ou cherchait une fenêtre ouverte), versait le liquide sur le plancher, mettait le feu grâce à des allumettes puis s’enfuyait.

Comme beaucoup de pyromanes, il restait présent pour regarder l’incendie et revenait par la suite pour voir les maisons en cendres.

Motivations

Peter Dinsdale aimait par-dessus tout être présent lors d’un grand incendie, lorsque les flammes engouffraient complétement une maison. C’était la seule chose « qui le faisait se sentir spécial » et qui apaisait sa colère.
Regarder les flammes détruire un bâtiment était devenu l’occupation favorite de l’adolescent, car il n’avait pas d’ami, pas de loisirs, aucun intérêt pour l’école et aucun projet d’avenir.

Dinsdale / Lee a affirmé qu’il aimait tout autant mettre le feu à un bâtiment désert qu’à une maison occupée, mais les psychologues qui l’ont examiné ne le croient pas : il semblait prendre un grand plaisir à entendre les hurlements de détresse des victimes et trouvait agréable de détruire de familles entières.

Dinsdale a expliqué qu’il ne se souciait que du feu et ne pensait pas aux occupants des maisons qu’il incendiait, mais en réalité, il voulait détruire des vies avec la désinvolture d’une personne qui écrase une fourmi. Il trainait souvent autour de la maison qu’il avait prise pour cible, dans l’attente que les habitants reviennent chez eux, avant d’y mettre le feu.
Il admit qu’il lui était arrivé plusieurs fois d’attendre jusqu’à 3 h du matin avant de provoquer un incendie, pour s’assurer que les occupants étaient profondément endormis.

Les psychologues qui ont examiné Peter Dinsdale ont spéculé sur le fait que l’adolescent souffrait d’un « désordre affectif saisonnier » car la majorité des meurtres avait eu lieu en décembre, janvier et février, lorsqu’il y avait peu de lumière, de longues nuits et de froides températures.
Pour un garçon comme Peter Dinsdale, qui savait à peine lire et écrire, qui n’avait aucun emploi ou projet d’avenir, les hivers devaient être particulièrement lugubres.
Il aurait pu trouver un petit boulot et se porter volontaire pour du bénévolat ou exercer des activités créatives, mais il avait choisi de détruire des vies.

Après son arrestation, il affirma au detective Ron Sagar : « Je sais quand je vais allumer un feu parce que j’ai des fourmillements dans les doigts ».

En prison, dans l’attente de son procès, il réclama une Bible, et s’intéressa au mouvement des Témoins de Jéhovah. Il lut à Ron Sagar un passage de Saint Matthieu, qui dit : « Nul homme ne peut servir deux maîtres. » « Mon maître, c’est le feu« , conclut-il.
Le passage poursuit en affirmant que si un homme a eu deux maîtres, il doit en mépriser un et se consacrer à l’autre. Dinsdale dit Sagar: « Je suis dévoué au feu et je méprise les gens.« 
Il détestait en particulier les gens qui avaient une maison « parce qu’il n’en avait jamais vraiment eu une ».

Peter Dinsdale montrait les caractéristiques habituelles des pyromanes : le sadisme sexuel et la paranoïa. Il voulut même mettre le feu à sa propre cellule.
Il fut également diagnostiqué comme ayant une personnalité psychopathe et fut décrit comme « un pyromane en série extrêmement dangereux ». Il tirait du plaisir, atteignant même l’orgasme, au travers de ses actes, même si, contrairement aux pyromanes les plus forcenés, il pouvait aussi trouver du plaisir dans le sexe, hétérosexuel ou homosexuel.

Les médecins de la prison découvrirent que le jeune homme était immature et totalement indifférent de la portée de ses actes. Un électroencéphalogramme montra que le tracé de ses ondes cérébrales n’était que légèrement anormal, et que Dinsdale ne présentait aucun dysfonctionnement organique sérieux.
Il présentait par contre un désordre de la personnalité, ce qui était peu surprenant, vu que sa personnalité s’était formée durant ses jeunes années durant lesquelles personne ne s’était soucié de lui et, se repliant sur lui-même pour survivre, il ne s’était préoccupé de personne d’autre que lui.
Enfant, il avait été détesté, frappé et humilié, et il apparut qu’il était incapable de se lier sincèrement avec qui que ce soit. Il fut toutefois capable de créer des amitiés superficielles en prison et rechercha celles des prisonniers les plus célèbres, les vénérant comme des héros.

À un moment, Sagar craignit que Peter Dinsdale / Bruce Lee n’ait simplement avoué tous ces incendies criminels afin de saper la crédibilité de ses tous premiers aveux, concernant l’incendie de la maison des Hastie. En novembre 1980, alors qu’il attendait son jugement en prison, Peter Dinsdale expliqua à Ron Sagar : « Je vais plaider non coupable parce que je comprends qu’il y a une chance, si je nie et que j’agis de manière stupide, que je pourrais entrer dans un hôpital psychiatrique, ce sera mieux que dans une prison puante, et de toute façon, je pourrais peut-être carrément ne pas être condamné pour tout ça ».
Lors de son jugement, il suivit toutefois les conseils de son avocat : il plaida coupable, mais seulement d’homicide involontaire. Et il fut effectivement envoyé dans un hôpital. Il n’était pas aussi « simple d’esprit » que beaucoup le pensaient et était tout à fait aptes à manipuler le « système » pour obtenir ce qu’il voulait.

Certains pensent même que « Daft Peter » utilisait sa « crétinerie » pour se fondre dans la foule et ne pas se faire remarquer. Personne ne le pensait apte à quoi que ce soit, alors sûrement pas de meurtre. Parfois, il disait aux habitants de son quartier qu’il n’était « personne », mais il expliquait ensuite qu’ils ne devineraient jamais ce qu’il avait été capable de faire…

Durant toute son adolescence, Peter Dinsdale alluma des incendies à intervalle régulier : plus de 30 qui sont connus, et d’autres qui n’ont jamais été signalés ou qu’il a lui-même oublié.
Ce qui lui manquait en intelligence classique, il le compensait avec une «  ruse animale » (pour reprendre l’expression inventée par le procureur de l’affaire, Gerald Coles) dans la façon dont il couvrait ses traces après les incendies.

En fait, Peter Dinsdale / Bruce Lee faisait preuve d’une « ruse pratique » et chercha autant que possible à ne pas laisser d’indice. Sa capacité à passer inaperçu alors qu’il traînait près des scènes de ses crimes, bien qu’il soit une figure connue du quartier, et à mettre le feu de manière que l’on ne soupçonna pas des incendies criminels, suggère un cerveau criminel calculateur plutôt qu’un faible d’esprit maladroit.
Pourtant, vu dans son contexte, l’échec des autorités à identifier ces incendies comme étant criminels n’est pas si surprenant.
Si vous parcourez la presse locale de l’époque, vous remarquez que les incendies de maisons faisaient les gros titres quasiment tous les jours, même après l’arrestation de Dinsdale. Ces maisons incendiées se situaient toujours dans les quartiers pauvres de la ville, où les poêles ouverts étaient monnaie courante, les détecteurs de fumée n’existaient pas encore, le mobilier était bon marché, mais de piètre qualité et hautement inflammable, et tout le monde fumait à l’intérieur. Les accidents domestiques mortels étaient affreusement habituels.
La « chance » de Dinsdale était également que, dans les quartiers où il a incendié des maisons, les relations entre les résidents et la police n’étaient pas des plus cordiales. Après son procès, un documentaire montra plusieurs habitants de Hull qui affirmaient savoir que Dinsdale adorait allumer des feux, mais n’en avaient jamais fait part à la police. Une femme expliquait qu’elle avait soupçonné l’adolescent d’avoir provoqué l’incendie qui avait tué David Brewer en octobre 1973, mais elle ajoutait : « Vous ne pouvez pas simplement accuser quelqu’un comme ça, non ? Vous ne pouvez pas dire à un policier qu’un gars a déclenché un incendie. »
Et comme aucune des victimes de Peter Dinsdale (excepté les Hastie) n’avait d’ennemis qui auraient pu vouloir brûler leur maison, il y avait peu de raisons d’envisager un incendie criminel.
Peter Dinsdale ne fut négligent que pour les incendies des maisons des Fenton et des Hastie, où il ne couvrit quasiment pas ses traces. Il était devenu trop sûr de lui et laissa des preuves derrière lui.

Citations

« Je pouvais entendre des vieux mecs qui criaient. Ne me demandez pas comment je sais que c’était de vieux types, mais c’était pas des femmes et des bébés. J’ai entendu la voix d’un homme qui criait « Mon Dieu, aidez-moi ». C’était franchement horrible. Je savais que le feu tuait des gens. J’avais tué des gens avant dans mes incendies, alors ça ne m’a pas vraiment dérangé » : Peter Dindsdale, sur l’incendie de la maison de retraite.

« Il m’avait tiré l’oreille. Il n’aurait pas dû faire ça » : l’explication de Peter Dinsdale sur la raison pour laquelle il a brûlé vif David Brewer.

« Il a agi en toute impunité, même s’il y avait souvent des témoins de ses incendies. Il n’a pas été remarqué, parce que c’était un homme insignifiant et pathétique. (…) Je me souviens de l’un de ses premiers commentaires lors de l’interrogatoire. Il a dit avec une touche de vantardise : « J’ai tué un bébé une fois, vous savez ». C’était une situation atroce. » : le detective superintendant Ronald Sagar.

« Les feux ont été sa seule véritable réussite dans la vie » : le procureur Gerald Coles.

Bibliographie / Filmographie

Hull : Hell and fire
Une fois à la retraite, le detective superintendant Ronald Sagar a écrit ses mémoires sur l’affaire Peter Dinsdale / Bruce Lee. « Hell And Fire, The Extraordinary Story Of Bruce Lee ».

La chaine de télévision britannique ITV a diffusé un documentaire sur l’affaire Dinsdale / Lee en 2002, « Manhunt Fireraiser », produit par Ray Fitzwalter Associates.

Liens

La ville de Hull (Kingston upon Hull) sur Wikipedia

Le Rampton Special Hospital

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