Article mis à jour le 2 septembre 2022
Après d’innombrables demandes reçues par email, voici une petite mise au point sur le « profiling » et les « profilers » au FBI.
Comment entrer au FBI ?
Plus précisément : comment devenir profiler au FBI ?
(Petite précision : un agent du FBI est un fonctionnaire d’état. Il a donc obligatoirement la nationalité américaine *).
Il n’existe pas de « profiler » au FBI. (Voilà, c’est dit ;-))
Il y a des agents spéciaux du FBI, ayant une certaine formation et une certaine expérience, qui – entre autre – dressent des profils psychologiques de criminels non identifiés.
Pour plus de facilité, nous allons malgré tout employer les termes « profiler » et « profiling »…
Le BSU n’existe plus
L’unité des sciences du comportement (Behavorial Science Unit) est une unité au sein de la division de formation du FBI qui fut créée en réponse à l’augmentation des agressions sexuelles et des homicides dans les années 1970. L’unité a été remplacée par le Groupe d’intervention en cas d’incident critique (CIRG) et rebaptisée Unité de Recherche et d’Instruction Comportementale (Behavioral Research and Instruction Unit). Elle s’appelle actuellement l' »Unité d’analyse comportementale 5″ (BAU-5) et fait partie du Centre national d’analyse des crimes violents (NCAVC). Le BAU-5 travaille à ce jour sur le développement de la recherche, puis sur l’utilisation des résultats factuels pour fournir une formation et améliorer la consultation dans les sciences du comportement – comprendre qui sont les criminels, comment ils pensent, pourquoi ils font ce qu’ils font – pour le FBI et les forces de l’ordre américaines.
L’unité de recherche et d’enseignement comportemental est composée d’agents titulaires de diplômes de niveau supérieur en psychologie, criminologie, sociologie et résolution des conflits. Aujourd’hui, les membres de l’Unité proposent des programmes de recherche, des cours de formation et des services de consultation en sciences du comportement.
Qui sont les profilers au FBI ?
Le « profiling » est réalisé par les agents spéciaux du National Center for the Analysis of Violent Crime (NCAVC) à Quantico (Virginie).
Les agents spéciaux qui proposent leur candidature pour entrer au NCAVC ne sont retenus que s’ils ont au minimum 8 à 10 ans d’expérience en tant qu’agent spécial du FBI.
Le NCAVC emploie des personnes qui ont des expériences diverses, mais la plupart sont spécialisés dans les crimes violents (homicides, viols, enlèvement d’enfant, menaces).
Le NCAVC offre une aide à l’enquête -mais n’enquête pas lui-même- sur des affaires de : meurtres, meurtres en série, enlèvement ou exploitation d’enfants, terrorisme, attentat à la bombe, incendie criminel, menaces, viols en série, extorsion.
Le NCAVC offre son expertise, selon ses services, pour : profiling de criminel non identifié, évaluation des menaces, analyse de crime, soutien aux enquêtes, stratégies d’interrogatoire, préparation aux procès, stratégies pour l’accusation, témoignage d’experts, coordination des ressources.
Le NCAVC conduit également des recherches et propose des formations aux agents du FBI concernant les crimes à haut risque, les crimes pervers et les crimes en série.
La police ne fait pas obligatoirement appel au NCAVC lorsque l’on pense qu’un tueur en série est en action. Le FBI, d’ailleurs, attends très souvent qu’on fasse appel à lui plutôt que de proposer son aide. Pourquoi ? Simplement parce que le meurtre n’est pas un crime fédéral (sauf s’il est prouvé qu’une même personne tue dans plusieurs états différents).
La police qui enquête sur une série de crimes ne fait donc pas forcément appel à un « profiler » et si elle le fait, ce profiler n’appartient pas obligatoirement au FBI. Il existe des profilers « privés » (psy, criminologues, ex-policiers…) ou des policiers ayant une très bonne formation en psycho-criminologie.
Le profiler ne mène aucune enquête. Comme leur nom l’indique, le profiler propose juste un profil et l’enquêteur enquête.
Même si les policiers demandent l’aide du FBI, tant qu’aucun crime « fédéral » n’a été commis, le FBI ne « prend pas la main » sur l’enquête.
Comment intégrer le FBI ?
Le FBI recrute sur concours.
Il faut :
- être américain *,
- avoir entre 23 et 37 ans,
- avoir obtenu un diplôme de master (minimum)
- posséder au moins 3 années d’expérience professionnelle.
Lorsque la personne propose sa candidature, elle passe une batterie de tests écrits (QI, psychotechnique, QCM, culture générale…). Si ces tests sont concluants, elle est classée dans l’un des 5 « programmes d’entrée » : Comptabilité, Informatique, Langue, Loi, Divers (tout le reste, et là, l’expérience professionnelle est plus importante). Selon le programme choisi, la personne est donc considérée comme plus ou moins « intéressante » pour le Bureau.
Une seconde batterie de tests est programmée, en rapport avec le programme dans lequel on est classé, puis un entretien avec des agents du FBI. Il faut démontrer ses compétences, sa motivation et sa compétitivité.
Le FBI recrute en priorité des personnes ayant des diplômes et de l’expérience en : Comptabilité, Finance, Informatique, Ingénierie, Langues étrangères, « Intelligence » (sécurité intérieure, lutte contre le terrorisme, mais aussi spécialiste de l’international), Droit, Maintien de l’ordre et Enquête criminelle, Sciences Physiques (chimie, bio…), ainsi que d’anciens soldats.
Quelqu’un n’ayant pas ou peu d’expérience dans ces domaines a très peu de chances d’être recruté.
Si le candidat passe ces tests, ça n’est pas fini.
Il faut évidemment être en bonne forme et le FBI fait également passer des tests d’aptitude physique (bonne forme qu’il faut garder tout au long de sa carrière). Des pompes, de la course à pied (sprint et fond), un parcours du combattant. Il est possible de passer ce test 3 fois si on le manque, car il est éliminatoire.
Il faut par ailleurs avoir une bonne vision et une bonne ouïe, et ne pas avoir de maladie grave héréditaire.
Ensuite, ils font une enquête sur l' »historique » du candidat, sa vie, son passé, sa famille, ses opinions personnelles, etc. Ils font passer un test au détecteur de mensonge (polygraphe), cherchent des traces de drogues dans les urines, et interrogent collègues et ex-collègues, employeurs et ex-employeurs, voisins, amis, familles, enseignants… Et, bien entendu, casier judiciaire vierge.
Si tout s’est bien passé, le candidat est (enfin) admit à l’Académie de Quantico, dans la « New Agent Training Class » (vous avez vu Le Silence des agneaux ? ;-)). Il y suit une formation de 21 semaines.
Il existe un « tronc commun », mais la formation spécifique de la recrue va dépendre de son « programme », et donc influer sur le service dans lequel il travaillera : Intelligence, Contre-intelligence, Contre-terrorisme, Crime, ou Cyber-crime.
La recrue suit des cours théoriques, mais également un entraînement physique, apprend à se battre à mains nues et à utiliser une arme à feu. La recrue passe (encore…) le test d’aptitude physique 3 fois durant cette formation.
Il y a évidement des examens, qu’il faut réussir pour pouvoir terminer la formation.
À la fin de ces 21 semaines, si tout s’est bien passé, la recrue devient « agent spécial du FBI ».
Le nouvel agent est alors envoyé dans l’un des 56 bureaux que compte les États-Unis, selon les besoins de chacun des bureaux. Un agent peut d’ailleurs être transféré d’un bureau à un autre, quasiment du jour au lendemain, si l’on a besoin de ses compétences. Le nouvel agent va rester 3 ans dans ce premier job. Les 2 premières années sont « probatoires » et il est pris sous son aile par un agent d’expérience, qui lui apprend la réalité du métier.
Après ces 3 premières années, l’agent est transféré dans un bureau plus important, avec plus de responsabilités.
Un agent travaille généralement 50 heures par semaine et n’est pas franchement payé en rapport. Ils ne font pas ça pour l’argent. Et, étant fonctionnaires, ils ont quelques avantages bienvenus, surtout aux États-Unis (assurance santé, assurance vie, congés payés, jours de maladie, plan de retraite).
Durant sa carrière, un agent peut suivre des formations, au FBI ou à l’Université, notamment s’il veut changer de service et/ou obtenir une promotion.
En ce qui concerne la formation universitaire pour être « profiler » au FBI, ça n’est donc pas si simple. Disons qu’une recrue ayant un master en psychologie ou en criminologie sera à priori avantagée.
Reste que nombre de « profilers » du NCAVC (même lorsqu’il s’appelait encore Behavorial Science Unit) ont plutôt une expérience d’enquêteur et un « feeling » acquis sur le terrain. Et qu’ils ont, par la suite, suivi des formations et obtenu des diplômes en psychologie criminelle, afin de mieux connaître les particularités de certains types de criminels.
* Nationalité américaine : si vous n’êtes pas né(e) aux États-Unis, la nationalité américaine peut s’obtenir en :
– épousant un/une ressortissant(e) américain(e).
– vous engageant pour quelques années dans l’Armée Américaine.
– en obtenant un emploi durant au moins 5 ans (avec le visa adéquat), puis en faisant une demande de « carte verte », en espérant que vous l’obtiendrez.
Bibliographie
Agent spécial du FBI : enquêtes sur les serial killers
Mindhunter. Dans la tête d’un profileur