Article mis à jour le 5 mars 2023
Le 13 janvier 1994, six jours après la mort de Catherine Rocher, Guy Georges agressa Annie L., animatrice radio, qui rentrait tard chez elle. Il la suivit à l’intérieur de son immeuble et la plaqua au sol. Annie L. parvint à crier, mais, à cette heure tardive, personne ne réagit. Guy Georges la menaça de son couteau et lui demanda son sac. Il la força ensuite à une fellation. Puis, il lui ordonna de lui ouvrir la porte de son appartement, mais elle répondit qu’il y avait quelqu’un chez elle. Il se releva, rageur, et jeta la veste de la jeune femme au bas des escaliers. Mais elle ne réagit pas. Il descendit alors les quelques marches pour récupérer la veste, et elle en profita pour bondir jusqu’à son appartement et s’y enfermer. Seule. Guy Georges, furieux, mais impuissant, quitta l’immeuble. Annie L. appela immédiatement la police, mais, cette fois-ci, la patrouille ne parvint pas à retrouver « l’homme de race noire » qui venait de s’enfuir.
Guy Georges travailla comme balayeur pour la ville de Paris durant quelques mois, gagnant de quoi vivre chichement. Il eut, à la même époque, une relation avec Sandrine L. Selon elle, il n’était pas violent. Certes, il l’avait giflée le jour de leur séparation, mais il était gentil et attentionné. Ils s’étaient installés dans un squat de la rue Didot, avec d’autres jeunes « exclus ».
Dans les squats, personne n’imaginait que « Joe »et le « tueur de l’Est parisien » ne faisaient qu’un. Tout le monde le trouvait sympathique, réservé, calme, équilibré, solidaire… Guy Georges alla même jusqu’à insulter ce « salaud de tueur » devant un ami qui l’hébergeait parfois.
Elsa Benady, 22 ans, travaillait dans un bureau de presse. Elle fut violée et assassinée à coups de couteau le 8 novembre 1994, dans sa voiture, garée dans un parking sous terrain du boulevard Auguste-Blanqui, dans le 13e arrondissement.
Elle venait de se garer dans le parking de son immeuble, après un dîner avec son fiancé et des amis, lorsque Guy Georges l’agressa à la sortie de sa voiture.
Son frère la découvrit à l’arrière de son véhicule, tout comme Catherine Rocher l’avait été au début de la même année, par son patron.
Il y avait de grandes similitudes entre le meurtre d’Elsa Benady et celui de Catherine Rocher : toutes deux avaient été violées puis tuées, de nuit, dans un parking sous terrain, à l’intérieur de leur voiture.
Et surtout, la « signature » était la même : le soutien-gorge coupé entre les bonnets et les vêtements tailladés.
Un mois plus tard, dans la nuit du 9 au 10 décembre 1994, Agnès Nijkamp, une jeune Hollandaise de 33 ans, architecte d’intérieur, fut violée et égorgée dans son duplex rue du Faubourg-Saint-Antoine, dans le quartier de la Bastille (11e arrondissement). Elle fut retrouvée allongée sur son lit, vêtue de son seul blouson de cuir, bâillonnée, la jupe et les sous-vêtements arrachés.
Agnès Nijkamp avait bu un verre avec une amie, puis avait voulu repasser chez elle, car elle attendait un coup de téléphone de son compagnon, Claude, qui devait lui indiquer le nom du restaurant où ils devaient se retrouver avec des amis. Guy Georges pénétra à sa suite dans l’immeuble, puis la suivit jusqu’en haut des escaliers. Il la laissa entrer, l’entendit au téléphone et, lorsqu’elle ressortit, il brandit son couteau devant elle pour qu’elle fasse marche-arrière. Il la viola et la tua de plusieurs coups à la gorge. Puis, indifférent, il commença à fouiller l’appartement pour y voler quelques objets. Mais le compagnon d’Agnès Nijkamp l’appela à nouveau et le répondeur s’enclencha. Il s’inquiétait de ne pas la voir arriver, alors que le restaurant était tout près. Guy Georges s’empara alors du sac de la jeune femme et s’enfuit. Claude M. arriva quelques minutes plus tard.
Des traces de sperme permirent cette fois aux enquêteurs d’isoler l’ADN du meurtrier, un « ADN inconnu ».
Guy Georges et son amie, Sandrine, se séparèrent en avril 1995. Guy Georges en fut très affecté. Il se remit à boire et à fumer du haschich, et à traîner avec les « zonards » du quartier des Halles. Là, il rencontra un vieil ami qui lui proposa de venir s’installer dans un squat délabré de la rue Saint-Sauveur, entre la rue Saint-Denis et les Halles. Guy Georges s’accommoda très bien de cet endroit nauséabond, sombre et déprimant. Il buvait jusqu’au milieu de l’après-midi, puis disparaissait jusqu’au lendemain matin. Il fréquenta plusieurs jeunes filles. Il s’amusait avec ses compagnons de « zone » qui le trouvaient tous sympathique. Il rencontra Edwige D., qu’il appela « petite sœur » et avec qui il volait beaucoup dans les supermarchés.
Le 16 juin 1995, Elisabeth O. faillit subir le même sort que les précédentes victimes de Guy Georges. Cette psychomotricienne de 23 ans fut suivie par Guy Georges jusqu’à son appartement du 4e arrondissement, à la sortie d’une boîte de nuit. Arrivée chez elle, rue des Tournelles, alors qu’elle ouvrait sa porte du rez-de-chaussée, « un homme » surgit, un couteau à la main. Il la poussa à l’intérieur de son duplex. Il n’était pas très agressif. Ils bavardèrent quelques instants en fumant une cigarette. Il lui affirma qu’il était en cavale et qu’il cherchait juste à se reposer. Puis, il l’attacha sur le lit. Il monta à l’étage du duplex pour éteindre une lumière qui pourrait attirer l’attention à une heure si tardive. Dans un sursaut désespéré, Elisabeth O. parvint à se détacher, à ouvrir la fenêtre du rez-de-chaussée et à sauter dans la rue. Le temps qu’elle prévienne la police, Guy Georges s’était envolé. Mais il avait pris le temps d’emporter son sac à main…
On releva l’empreinte génétique de « l’agresseur » grâce au mégot de la cigarette qu’il avait fumée.
Interrogée par la police, Elisabeth O. décrivit son agresseur comme un homme jeune, «foncé comme un indou», et parlant français « sans accent », costaud, avec des cheveux noirs coupés très courts et de gros sourcils. Un premier portrait-robot fut établi, mais il ressemblait très peu à Guy Georges. Il représentait un « Nord-Africain « … (Elisabeth O. a-t-elle confondu, dans sa panique ? Car il est vrai que Guy Georges n’avait pas un teint de peau très foncé. Ou les policiers ont-ils, inconsciemment, incité la jeune femme à reconnaitre un Nord-Africain ?)
Toujours est-il que ce portrait-robot mena la police à chercher « un certain type de suspect ».
Par contre, les analyses génétiques permirent de démontrer que l’agresseur d’Elisabeth O. et l’assassin d’Agnès Nijkamp ne faisaient qu’un. Les policiers avaient enfin une piste.
Collaborant courageusement et étroitement avec la police, Elisabeth O. se rendit dans les commissariats de la capitale dès qu’on le lui demanda, afin d’identifier des suspects. La police lui présenta plus de 2500 photos. Elle accompagna même les policiers dans leurs rondes, la nuit, malheureusement sans résultat.
Guy Georges continuait de squatter, de boire et de fumer, mais, selon ses amis, il était devenu agressif et méfiant. Il passait ses journées au lit ou au Forum des Halles, sans but. Ses pulsions de mort l’envahissaient depuis qu’Elisabeth O. lui avait échappé et qu’il n’avait pu « avoir sa dose » de sang.
Hélène Frinking, une jolie jeune femme de 27 ans, fut violée et tuée à coups de couteau le 8 juillet 1995 dans son appartement du 10e arrondissement, rue du Faubourg Saint-Martin. Cette nuit-là, elle rentrait à pied d’une soirée entre amies, un « enterrement de vie de jeune fille ». Sa gardienne l’aperçut, à 4 heures du matin, discuter sous le porche avec un homme brun, à la peau sombre. Il lui avait demandé une cigarette et, gentiment, elle lui en avait donné une. La gardienne pensa qu’ils se connaissaient et retourna à ses occupations.
Mais Guy Georges sortit son couteau et menaça Hélène Frinking. Comme pour Elisabeth O., il lui raconta une histoire de cavale et lui assura qu’il n’allait pas lui faire de mal. Hélène Frinking tenta de lui parler, pour l’amadouer et le calmer. Mais, une fois dans son appartement, il la bâillonna et l’attacha.
Elle fut retrouvée allongée sur son lit par son petit ami, les vêtements arrachés et découpés, les mains attachées, puis détachées. Guy Georges, avant de partir, vola tranquillement quelques objets, comme à son habitude.
Les policiers découvrirent également la trace d’un pied « égyptien » (le gros orteil est plus long que les autres) qui avait marché dans le sang d’Hélène.
Anne Gautier, la mère d’Hélène Frinking, sur un pressentiment, tenta d’appeler sa fille, mais elle n’obtint que la réponse d’un pompier qui lui dit seulement que sa fille ne pouvait lui parler. Terriblement angoissée, Anne Gautier se précipita à Paris. Là, les policiers lui annoncèrent la terrible nouvelle. En état de choc, effondrée, presque inconsciente, elle n’assista pas à l’enterrement de sa fille. Elle mit deux mois à « retrouver le monde des vivants ».
Mais Guy Georges venait de trouver en Anne Gautier « sa pire ennemie, celle qui (allait) remuer ciel et terre pour que ce monstre soit mis hors d’état de nuire. Inlassablement, Anne Gautier se consacra toute entière à la chasse au fauve, relançant en permanence juge et enquêteurs, exigeant que toutes les pistes, même les plus insignifiantes, soient explorées ». (« Guy Georges, contre-enquête sur le tueur de l’est parisien » de Franck Spengler et Omar Gendouz).
Mme Gautier fit sa propre « petite enquête » et réalisa avec effarement que les policiers n’avaient même pas interrogé les habitants du quartier de sa fille. Ils n’avaient pas non plus enquêté sur le lieu de travail d’Hélène Frinking.
« Même s’il a souvent été irrité par la pression exercée sur lui par Anne Gautier, le juge Thiel reconnaît que la pugnacité et la douleur de cette mère ont eu le mérite de maintenir en éveil permanent toutes les personnes qui s’occupaient des crimes du tueur inconnu. » (id)
Grâce à l’ADN, les enquêteurs de la brigade criminelle établirent un lien direct entre les meurtres d’Agnès Nijkamp et d’Hélène Frinking, et l’agression d’Elisabeth O. La police était sûre d’être en présence d’un tueur en série… qui avait peut-être fait d’autres victimes auparavant.
Les policiers détenaient à présent un (mauvais) portrait-robot, un ADN « inconnu » commun à au moins deux meurtres et une agression, et une empreinte de pied. Mais ce n’était malheureusement pas assez. La police cherchait un « Nord-Africain » et non pas un métis.
Guy Georges recommença à traîner, comme à son habitude, dans le quartier des Halles, solitaire, soucieux et coléreux. Début août 1995, il trouva un emploi à la ville de Paris : un contrat emploi-solidarité comme éboueur, payé 3 500 francs (530 €) par mois, d’une durée d’un an. Il quitta le squat de la rue Saint-Sauveur et s’installa dans une petite chambre d’hôtel, dans le 18e arrondissement.
Cédant à des pulsions de plus en plus fréquentes, il agressa une jeune femme le 25 août, Mélanie B., 20 ans, dans l’escalier de son immeuble du Marais. Il la menaça de son couteau et lui ordonna d’ouvrir la porte de son appartement. Elle obéit. Son compagnon, qui regardait la télévision, se leva et vint l’accueillir. Quand Guy Georges vit l’homme s’approcher, il s’enfuit sans demander son reste. Dans sa précipitation, il perdit ses papiers.
Mélanie B. et son compagnon allèrent porter plainte et amenèrent le portefeuille au commissariat. Le lendemain, Guy Georges, naïf ou inconscient, se présenta au commissariat pour déclarer la perte de ses papiers… Le 9 septembre 1995, il fut arrêté.
Guy Georges nia l’agression et prétendit qu’une autre personne avait dû trouver son portefeuille là où il l’avait perdu. Mais Mélanie B. le reconnu comme étant son agresseur. Guy Georges finit par avouer, en assurant que sa motivation était le vol. Il fut condamné à trente mois de prison. Le caractère sexuel de l’agression, à nouveau, ne fut pas retenu. Personne ne l’ayant demandé, le sursis de 1992 ne fut pas révoqué !
Et Guy Georges passa encore entre les mailles du filet.
Tout d’abord, l’ADN. Il se prêta à un prélèvement, sans résultat, concernant les deux meurtres commis dans les parkings sous-terrain (Catherine Rocher et Elsa Benady), mais pas les meurtres des appartements. Seul maigre indice : une trace de sang sur la tranche d’un prospectus du Théâtre Silvia-Monfort, abandonné dans la voiture d’une des victimes. Le Dr Pascal, du laboratoire de Nantes, ne put en extraire qu’un ADN partiel. Pour le comparer avec celui de Guy Georges, il n’effectua donc qu’une empreinte elle aussi partielle, à partir d’une prise de sang du suspect. La comparaison fut négative.
Guy Georges nia farouchement les agressions des parkings. Deux de ses petites amies furent, elles aussi, entendues.
Les policiers perquisitionnèrent sa chambre d’hôtel dans le 18e arrondissement : dans son sac à dos, ils découvrirent une paire de ciseaux aux extrémités recourbées ; Guy Georges expliqua qu’elles lui servaient à forcer les portières de voitures. Plus troublant, ils trouvèrent également trois rouleaux de sparadrap de trois marques différentes. Ce dernier indice les amena sans doute à faire le rapprochement avec le « tueur en appartement ».
Les enquêteurs présentèrent alors sa photo, parmi quelques autres, à Elisabeth O. – dont l’agression remontait à tout juste deux mois. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle ne le reconnut pas. Elle n’eut même pas une hésitation : persuadée d’avoir été agressée par un Nord-Africain, elle ne cilla pas devant la photo du métis. (Un sans-domicile fixe avait bien précisé à la police qu’il avait vu l’agresseur comme un noir. Mais son témoignage ne fut pas pris en compte).
Les policiers vérifièrent si Guy Georges avait le « pied égyptien » : ça n’était pas le cas. (L’explication « anatomique » est connue aujourd’hui : Guy Georges n’a pas un doigt de pied plus long que le gros orteil; c’est le point d’appui de ce dernier, très en retrait, qui avait donné cette impression sur l’empreinte relevée chez Hélène Frinking).
Les policiers ne demandèrent donc pas de comparaison entre Guy Georges et le mystérieux « ADN inconnu » recueilli dans les appartements. Son dossier fut écarté de celui des suspects dans ces affaires. Si un fichier national des empreintes ADN pour les délinquants sexuels avait existé en France à cette époque – comme c’était le cas en Grande-Bretagne depuis plusieurs années – il aurait été mis, dès ce moment-là, hors d’état de nuire.
Guy Georges réintégra donc tranquillement (à sa propre surprise) sa cellule, le 19 septembre, pour purger sa peine de trente mois. Et, ce jour-là, il dut se sentir intouchable. Invincible.
Il écrivit à ses compagnons de squat qu’il avait été condamné pour avoir donné un coup de couteau à un videur de boîte raciste… Il affichait un profond mépris pour les « pointeurs » (nom donné aux violeurs en prison), et n’avoua jamais à ses amis la véritable raison de son emprisonnement, et encore moins les raisons de ses passages précédents en prison.
Il se conduisit en détenu modèle, calme, sympathique et solitaire. Il sortit de la centrale de Châteaudun le 6 juin 1997, après avoir bénéficié de deux permissions, en mars et en avril. Il retrouva ses amis de squats, avec qui il fêta sa libération.
Les enquêteurs observèrent que le tueur en série n’avait pas frappé en 1996. Qu’était-il devenu ? Avait-il filé à l’étranger ? Sous la direction du commissaire Martine Monteil, la patronne de la Crim’, les enquêteurs passèrent en revue les nouveaux engagés de la Légion, les hôpitaux psychiatriques, les prisons, et même le fichier médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu. En vain.
Le 2 juillet 1997, à peine un mois après sa sortie, Guy Georges agressa Estelle F., 24 ans, monteuse pour le cinéma, dans son immeuble du 11ᵉ arrondissement. Il la suivit à l’intérieur et la plaqua contre le mur, la menaçant avec son couteau. Puis, il l’entraîna dans la cour et la poussa devant lui. Elle se mit à hurler et des voisins apparurent. Guy Georges s’enfuit.
Estelle F. porta plainte et décrivit son agresseur comme un homme pas très grand, athlétique, de type nord-africain, avec des cheveux courts. La police ne fit pas le rapprochement avec les deux meurtres et les précédentes agressions. La Justice classa l’affaire sans suite « parce que l’agression ne présentait pas de caractère sexuel ».
En août, Guy Georges trouva un emploi de manutentionnaire dans un supermarché. Il dépensa toute sa paie en alcool, en hachich et en nourriture pour ses camarades squatteurs. En septembre, il fut hébergé chez un ami dans le 19e arrondissement, qui lui trouva également un petit boulot de distribution de prospectus.
Magali Sirotti, une jolie étudiante de 19 ans, fut violée et assassinée le 23 septembre 1997, dans son appartement du 19e arrondissement, rue d’Hautpoul. Elle fut la seule victime attaquée en plein jour. Guy Georges la suivit dans la rue, pénétra dans son immeuble à sa suite, puis dans les escaliers, et la poussa dans son appartement. Il l’attacha avec des lacets de chaussures trouvés chez elle, la bâillonna, puis la viola. Enfin, il posa un oreiller sur son visage et la poignarda à la gorge avec un couteau trouvé dans la cuisine. Ensuite, il emporta quelques objets et quitta l’appartement, vers 19 heures.
Magali Sirotti partageait cet appartement avec son fiancé, Stéphane, un mécanicien moto, qu’elle devait épouser le 4 juillet 1998, et qui découvrit son corps.
Cette fois, les enquêteurs ne trouvèrent pas d’ADN, mais la mise en scène était une signature connue à présent : l’égorgement, les mains liées, les vêtements découpés. Guy Georges avait emporté le préservatif qu’il avait utilisé et la culotte de Magali Sirotti, pour ne laisser aucune trace d’ADN. Les policiers découvrirent par contre une empreinte digitale identique à l’une de celles retrouvées sur le lieu de l’un des meurtres de la série 1994-1995.
La police pensa alors à diffuser le portrait-robot réalisé en 1995 par Elisabeth O. et retravaillé depuis avec un nouveau logiciel. Mais le juge Thiel, qui s’occupait des meurtres, n’y fut pas favorable. Le portrait était déjà ancien et le tueur avait pu changer d’apparence. De plus, la diffusion du portrait aurait pu alerter le suspect… et les médias. Car, en juillet 1998, la population parisienne ne savait pas encore qu’un tueur en série rôdait dans ses rues et qu’il avait déjà sauvagement assassiné six jeunes femmes. Et enfin, le juge craignait que la diffusion du portrait entraîne des centaines de témoignages fantaisistes, comme c’est le cas d’habitude.