Article mis à jour le 13 septembre 2015
Un ancien detective de Scotland Yard affirme que la police métropolitaine de Londres aurait intentionnellement couvert les meurtres de 16 personnes par un vagabond d’origine irlandaise vivant à Clapham (sud de Londres), qui poussait les gens sous le métro.
L’ex-officier Geoff Platt a publié un livre (« The London underground serial killer ») qui affirme que Kiernan Kelly, arrêté en 1984 pour « alcoolisme sur la voie publique, désordre et résistance à agent », serait un tueur en série.
Il a été emprisonné à la prison de Wandsworth, où il a assassiné son « compagnon de cellule », William Boyd. Alors que M. Platt l’interrogeait sur ce meurtre, Kiernan Kelly en a avoué 16 autres.
M. Platt explique que Kelly était « shooté… shooté à l’adrénaline, la testostérone… excité. Vous pouviez le voir dans ses yeux. Il était fier d’avoir tué Boyd et quand nous sommes allés lui parler, il a avoué avoir tué 16 autres personnes. »
Platt a d’abord pensé que Kelly était un mythomane mais des recherches ont révélé qu’il avait effectivement été présent sur les lieux de plusieurs suicides signalés dans le métro.
La Police a ensuite découvert qu’un certain nombre de « suicides » sur la Northern Line correspondaient parfaitement aux détails que Kelly avait donnés.
Kelly s’attardait souvent sur les quais après les meurtres. Soulignant que la majorité des voyageurs quittaient rapidement les lieux après un tel incident traumatisant, Platt explique : « ce qui a attiré mon attention était que Kiernan Kelly était souvent la seule personne encore présente sur le quai. »
Selon Platt, Kelly donnait souvent de fausses informations à la police. Il avait par exemple affirmé que l’une des victimes avait discuté avec lui et lui avait « avoué » que sa femme avait une liaison, juste avant de se jeter devant un train. Non seulement cette affirmation avait laissé la famille de l’homme confuse et désemparée, mais ses enfants n’avaient pu réclamer l’assurance-vie car la mort était considérée comme un suicide.
Le porte-parole de la Police des transports britannique a expliqué aux médias être au courant des affirmations de M. Platt et l’a invité à soumettre toutes les informations qu’il possède sur ces meurtres.
Geoff Platt a expliqué que Kiernan Kelly a commis son premier meurtre en 1953, alors qu’il avait assisté au couronnement de la reine. Il s’y était rendu avec son meilleur ami, Christie Smith, qui le soupçonnait d’être homosexuel. Smith lui avait demandé pourquoi il n’était toujours pas marié, ce qui avait mené Kelly à penser que Smith avait deviné son secret.
Selon M. Platt, « Kelly a été saisi d’une panique aveugle et, en attendant le dernier train à la gare de Tooting Bec, il a entendu le train qui arrivait et a réalisé qu’il avait la solution à son problème ». Kelly a alors “vigoureusement poussé” Christie Smith sous le train qui arrivait.
Lorsqu’il a été arrêté par la police pour un incident mineur quelques semaines plus tard, ils n’ont absolument pas mentionné la mort de Smith et Kiernan Kelly a réalisé qu’il n’allait pas être accusé de son meurtre.
Platt affirme que Kiernan Kelly n’a pas pu sortir de son esprit le meurtre de son meilleur ami et qu’entre 1953 et 1983, il a assassiné 15 autres personnes de la même manière.
La police aurait décidé de ne pas rendre les crimes publics et le Home Office aurait informé les chefs de Police qu’ils ne devaient surtout pas en parler aux médias, afin de prévenir une terrible panique.
« Ils étaient inquiets que les gens ne veuillent plus prendre le train ou le métro sur la Northern Line et voulaient éviter une panique de masse, de sorte que la décision a été prise de ne pas en parler aux médias. De temps en temps une décision vient d’en haut et vous devez obéir à cette décision.
Pensez-y, la police ne voulait pas que ça se sache. Ils ne voulaient pas que les gens soit au courant qu’un tueur en série qui poussait des gens innocents sur les rails n’avait jamais été arrêté pour ses crimes – les gens auraient peur que cela se reproduise. Le public aurait cessé d’utiliser le métro. Ç’aurait été le chaos. »
Geoff Platt affirme cependant que Kiernan Kelly n’a été reconnu coupable “que” du meurtre de son compagnon de cellule et de deux vagabonds, qu’il avait assassiné auparavant. Une enquête a été menée concernant les 16 meurtres et Kelly a été acquitté de 8 d’entre eux. Il a également été accusé d’une tentative de meurtre en 1982 pour avoir poussé un homme âgé sur les voies de la gare de Kensington, mais il a finalement été acquitté en raison d’un manque de preuves.
Puisque Kelly avait été reconnu coupable du meurtre de William Boyd et de deux vagabonds, « il ne fut pas dans l’intérêt des finances publiques de lancer de nouvelles poursuites contre Kelly ».
Selon Platt, Kelly ne serait toutefois pas mort en prison. Il ne sait pas s’il est encore vivant ou s’il est décédé après sa libération.
Les allégations de Platt ont été décrite comme «plutôt convaincantes» par Sir Bernard Hogan-Howe, Chef de la Metropolitan Police, qui a expliqué à la BBC : «Les détails semblent tout à fait convaincants. Toutefois, je ne suis pas sûr de savoir pourquoi aucune mesure n’a été prise à l’époque. L’explication de M. Platt est étrange, je ne la trouve pas très probante, pour être honnête … Je ne dis pas que je ne le crois pas, mais j’ai du mal à être persuadé».
La BBC a confirmé avoir lu des documents judiciaires datés de 1983 dans lesquels Kelly dit à la police : « Je suis votre homme pour le meurtre de Boyd mais maintenant que j’ai commencé, je veux vous parler d’autres meurtres que j’ai commis dans le passé. »