Article mis à jour le 5 mars 2023

Nom : Guy Rampillon, devenu Guy Georges à 4 ans.
Surnom : “La bête de la Bastille”, “Le tueur de l’Est Parisien”.
Né le : 15 octobre 1962, à Vitry-le-François (Marne) – France
Mort le : encore vivant (condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans)

Guy Georges détestait les femmes, toutes les femmes. Et en particulier les jeunes et jolies jeunes femmes qui semblaient heureuses et épanouies. La police détenait son empreinte génétique et aurait pu l’arrêter dès son 5ᵉ meurtre. Mais cette empreinte n’était pas enregistrée dans une base de données informatique. Dans les années 1990, la France se reposait encore sur des fiches et des dossiers papiers, enfouis dans des caisses et des armoires… Guy Georges a pu continuer à violer et assassiner des jeunes femmes, sept en tout. Et il en a agressé plus de 10 autres, traumatisées à jamais.

Informations personnelles

Guy Georges est le fils d’un soldat noir américain (cuisinier dans une base de l’OTAN de la banlieue parisienne), George Cartwright, et d’une jeune femme blanche “aux mœurs légères”, Hélène Rampillon, déjà mère d’un premier enfant non désiré, Stéphane.
George Cartwight était marié et les autorités américaines faisaient rentrer leurs soldats “au pays”. La mère de Guy Rampillon se retrouva donc seule. À sa naissance, Guy le petit métis devint un secret, un sujet tabou. Ses grands-parents n’apprirent son existence que par un télégramme, dans lequel sa mère menaçait de laisser le bébé à la police ou à la DDASS. Les grands-parents, qui élevaient déjà Stéphane, voulurent alors s’en occuper, mais, lorsqu’ils réalisèrent que le bébé était noir, ils le rejetèrent. Il fut confié à une nourrice.
Hélène Rampillon refit sa vie sans aucun remords et ne s’occupa plus de son fils.

Angers
Angers

En 1963, la nourrice prévint la DDASS et Guy Rampillon fut placé dans le “service départemental de l’Aide à l’enfance” du Maine-et-Loire. La DDASS confia alors le bébé aux époux Morin, dans la banlieue d’Angers.
En 1968, dans la perspective de son adoption, la DDASS changea le nom de Guy Rampillon et le transforma en “George” (le prénom de son père), puis changea également son lieu de naissance (Vitry-le-François) et le transforma en “Angers”. À six ans, Guy George était orphelin, il ne savait même plus de qui il était le fils, quel était son véritable nom de famille et la ville où il était né.
Finalement, la DDASS ne trouva aucune famille de couleur pour adopter le petit Guy Georges, et aucune famille blanche qui voulut d’un enfant noir.

Les Morin avaient déjà cinq autres enfants âgés de 3 à 13 ans, lorsque Guy Georges fut placé chez eux. Unique enfant noir de la ville (et de son école), garçon élevé au milieu d’un essaim de filles, le petit Guy devint solitaire. La région où il vivait était peu peuplée et les gens y étaient plutôt réservés.
Au début, les Morins furent heureux d’accueillir le petit Guy Georges : « Il était doux, gai, farceur, affectueux, intelligent, attachant, bien élevé »

guy_george_enfant

Mais, à 10 ans, il vola son premier couteau pour s’adonner à sa grande passion : la chasse. À cette époque, la seule distraction de Guy Georges, dans ce coin ennuyeux, était le braconnage dans les bois alentour. Il fabriquait des pièges et guettait parfois plusieurs heures ses proies, tapis dans les bois. Il y passa des journées entières, seul, à observer et traquer des animaux.
(Il se prenait pour “Jo”, le héros des Aventures de Tom Sawyer, de Mark Twain. « Personne ne l’aime parce qu’il est Indien et qu’il est soupçonné de meurtre », explique-t-il. Adulte, il allait garder ce surnom auquel il accolerait celui de “Le Killer”).

Dans la famille, les démonstrations d’affection étaient rares. Jeanne Morin était une femme bienveillante, mais autoritaire et quelque peu castratrice (selon un examen psychologique établi alors que Guy Georges avait douze ans). Mme Morin éleva jusqu’à 13 enfants à la fois, confiés par la DDASS. Chez les Morin, c’est l’autorité et l’ordre qui régnaient. La sexualité y était un sujet tabou.

Après ses 10 ans, Guy Georges changea du tout au tout. Il était toujours intelligent, avait son petit caractère, mais on s’aperçut qu’il se métamorphosait. Il poursuivit tant bien que mal une scolarité chaotique de 1974 à 1978 durant laquelle il montra « un incessant besoin de se faire remarquer, autrement que par sa couleur de peau, allant de l’affabulation à la violence ».
Il se mit à voler de l’argent dans le portefeuille de sa mère adoptive. Il devint de plus en plus violent et ne parvint pas à s’intégrer au collège. On découvrit qu’il souffrait de boulimie.

Les frères adoptifs de Guy Georges, plus âgés, ayant quitté le foyer, le jeune adolescent se retrouva seul avec six filles. Sous la houlette de Madame Morin, elles dirigeaient la maison, et Guy Georges, qui avait été “abandonné par une femme”, le supportait de plus en plus mal.

À 14 ans, en novembre 1976, il tenta d’étrangler par surprise l’une de ses sœurs adoptives, Roselyne, attardée mentale, mais elle parvint à le faire fuir. Guy Georges ne put expliquer son geste. Ses parents adoptifs tentèrent de minimiser l’événement, mais on se méfia de lui à partir de ce moment. Guy Georges se sentit encore plus isolé et différent. Il se montra agressif, rebelle à l’autorité de ses grandes sœurs.

Le 31 mars 1978, à 16 ans, il tenta d’étrangler une autre de ses sœurs adoptive, Christiane, avec une barre de fer. Mais elle parvint à se débattre et à le mordre jusqu’au sang. Madame Morin retrouva Guy Georges prostré, les yeux révulsés, dans un état second. Mais, plus tard, lorsqu’elle voulut qu’il explique son geste, il n’exprima aucun regret, ni même une émotion particulière. Elle demanda à la DDASS de reprendre Guy Georges, car elle avait à présent peur pour ses autres filles.

La DDASS plaça Guy Georges dans un foyer spécialisé. Durant son séjour, d’avril à novembre 1978, il se montra aimable et sans agressivité envers les autres pensionnaires, des paumés et des exclus, comme lui. Par la suite, il allait toujours chercher leur compagnie.
Par contre, il passait son temps à faire peur au personnel féminin du centre, avec un plaisir quasi maladif.

En juin 1978, il commença une série d’apprentissages qui se soldèrent tous par des échecs. Le 15 novembre, il fut placé dans un foyer plus “spécialisé”, où les pensionnaires étaient bien encadrés et soutenus. Mais Guy Georges ne changea pas. Montrant un visage enjoué et sympathique, il se sentait en fait très seul et ne se voyait aucun avenir.
Lorsqu’il revint passer les week-ends chez les Morin, on le fit dormir dans une caravane, au fond du jardin, en exclu, « à cause des femmes » de la famille, pensa-t-il.

Le 6 février 1979, il agressa la jeune Pascale C. après qu’elle est descendue du bus, le sourire aux lèvres. Il la suivit jusqu’à un bois, la poussa au sol, exigea son argent, puis tenta de l’étrangler alors qu’elle se mettait à crier. Il s’enfuit. Les gendarmes le retrouvèrent moins de trois heures plus tard. Guy Georges passa une semaine en prison.
Sa famille d’adoption le rejetait de plus en plus et lui demanda finalement de ne plus revenir. Guy Georges, effondré, se mit à boire. Encore mineur, il accumula les petits délits : vol à l’étalage, vol de moto, vol à la roulotte… Lorsqu’il était arrêté, il portait toujours sur lui un poignard, une paire de ciseaux ou un tournevis.

Le 5 mai 1980, il commit sa quatrième agression sur une femme, alors qu’il n’était pas encore majeur. Jocelyne S., 24 ans, rentrait chez elle, le soir, et Guy Georges lui arracha son sac. Lorsqu’elle tenta de se défendre, il la plaqua contre l’ascenseur, la poussa à l’intérieur, puis la frappa au visage avec une incroyable violence. Il s’enfuit avec son argent.
Les recherches ne donnèrent rien et Guy Georges regagna tranquillement le foyer.

guy-georges_mugshot

Dix jours plus tard, le 15 mai, à Angers, il agressa Roselyne C., 33 ans, dans l’ascenseur. La menaçant de son couteau, il lui vola son sac. Mais Jocelyne ne voulut pas se laisser faire et Guy Georges, sans hésitation, lui planta son couteau dans la joue. Elle se mit à hurler et il s’enfuit. Deux jours plus tard, il fut reconnu par un témoin et arrêté à la garde d’Angers, alors qu’il buvait avec des clochards.
Les experts présents au procès brossèrent un portrait plus qu’inquiétant : « Immature, instable, impulsif », « état dangereux et criminologique » pouvant donner lieu à des « explosions pulsionnelles d’autant plus violentes qu’elles ont été longtemps réprimées ». L’avenir ne fit que confirmer cette sombre expertise… (Pourtant, jamais, après ces condamnations, Guy Georges ne fut suivi sur un plan psychiatrique).
Il fut condamné à un an de prison pour les agressions commises à Angers, et ressortit le 10 février 1981.

Il partit pour Paris et s’installa chez un ami. Il se mit à parcourir les rues de la capitale, qu’il finit par connaître comme sa poche. Il vécut de vols et, occasionnellement, de prostitution homosexuelle (ce qu’il a par la suite farouchement nié, et n’a fait qu’ajouter à sa honte et à sa rage).

Crimes et châtiment

Le 16 novembre 1981, il agressa Nathalie L., 18 ans, enceinte, dans le sous-sol de son immeuble du 14ᵉ arrondissement. Il entra avec elle dans l’ascenseur et la poignarda à la poitrine, puis au cou. Ensuite, il la traîna dans un recoin du sous-sol et l’obligea à une fellation. Il la frappa une troisième fois, au ventre. Les supplications de la jeune femme n’y firent rien. Il découpa sa robe et ses sous-vêtements puis la viola. Enfin, il lui porta un dernier coup de couteau au cou et, la croyant morte, s’enfuit avec son sac. (Guy Georges a nié les faits, mais Nathalie L. l’a formellement reconnu sur les photos diffusées après son arrestation en mars 1998).
Elle réussit malgré tout à se traîner jusqu’à l’ascenseur et à alerter les secours. L’enquête – menée pour un simple “vol avec violences” (!!!) – ne donna rien et, le 23 juillet 1982, l’affaire fut classée sans suite.

La prescription
La prescription jouant, personne ne peut plus être jugé aujourd’hui pour cette agression. Fait très rare, le tribunal de Paris a reconnu la faute lourde de l’État pour avoir laissé cette prescription s’installer, et alloué 800.000 francs à Nathalie.
Faute de suspect, l’affaire a été classée sans suite en 1982. Mais 17 ans après, Nathalie a reconnu Guy Georges à la télévision.
Immédiatement, Nathalie s’est présentée devant le juge d’instruction Gilbert Thiel. Elle a alors appris que la prescription lui interdisait de figurer au nombre des parties civiles. La commission d’indemnisation des victimes d’infractions a également refusé de l’indemniser, ayant été saisie trop tardivement.

En février 1982, Guy Georges fut condamné à 5 mois de prison pour vol.

Peu de temps après sa sortie, le 7 juin 1982, il agressa Violette K. qui rentrait chez elle, dans le 16ᵉ arrondissement. Il se jeta sur elle et la poussa sous un porche, la menaçant de son couteau. Il la maintint au sol et tenta de lui imposer une fellation, mais elle le repoussa. Il la frappa alors au cou avec son couteau, par deux fois, puis commença à l’étrangler. Elle le repoussa avec ses pieds et réussit à s’enfuir. Un agent de sécurité, alerté par ses cris, lança son chien sur l’agresseur. Guy Georges s’enfuit, mais le chien lui arracha sa sacoche qui contenait son billet de sortie de Fleury-Mérogis…
Vingt jours plus tard, il fut arrêté par la police. Il nia, inventa des alibis, tenta de changer sa physionomie pour que Violette K. ne le reconnaisse pas, mais rien n’y fit.
Le 10 février 1983, il fut condamné à 18 mois d’emprisonnement pour “attentat à la pudeur commis avec violence”, alors qu’il aurait pu être condamné pour “agression sexuelle”.

En prison, il s’isola encore davantage, mais eut un comportement correct. En mai 1983, il fut transféré à Ecouvres, en Meurthe-et-Moselle. Là aussi, il se comporta convenablement. Le 27 février 1984, il obtint une permission de sortie pour “bonne conduite”. Il prit le car et se rendit en ville. Il voulait profiter de sa liberté.

guy georges arrêté

Le soir, il se glissa dans un parking sous terrain pour “forcer” des voitures. Mais Pascale N., une étudiante de 22 ans, s’approcha pour reprendre son véhicule. Il attendit qu’elle soit installée derrière son volant pour ouvrir la portière et la menacer avec un couteau. Il lui imposa une fellation et lui porta un coup de couteau à la gorge. Puis, il la força à passer à l’arrière et commença à l’attacher et à la bâillonner, dans le but de la violer.
Mais elle parvint à défaire ses liens, à ouvrir la portière côté passager et à s’enfuir. Dehors, elle se mit à hurler. Guy Georges s’approcha d’elle, son couteau à la main. Mais une voiture entra dans le parking et il disparut.
Pascale N. donna un signalement précis de son agresseur à la police. Guy Georges fut arrêté dans la soirée. Il reconnut l’agression, mais prétendit qu’il était ivre et ne se souvenait de rien. L’éthylotest, négatif, prouva qu’il mentait.

Le 5 juillet 1985, il fut condamné à dix ans de réclusion pour “viol commis sous la menace d’une arme”. Il fut emprisonné à Caen, une prison “spécialisée” pour les agresseurs sexuels, auxquels on propose des thérapies adaptées. Mais elles ne sont pas obligatoires et les détenus peuvent refuser de les suivre. En fait, à peine 12% des prisonniers en suivent une. Guy Georges la refusa : il ne se sentait ni malade ni coupable, et ne comprenait pas de quoi on voulait le “guérir”.
Durant quatre ans, il ne fit rien, ne chercha pas à reprendre sa scolarité ni à obtenir des diplômes, contrairement à d’autres détenus plus motivés. Il se replia sur lui-même. Il passa pour un prisonnier modèle. Il passa surtout inaperçu…
Guy Georges ne vit le psychiatre qu’une seule fois, en 1989. Ce dernier estima que « la dangerosité de Guy Georges en milieu libre est difficile à cerner et rien ne prouve qu’il est devenu capable de réfréner ses pulsions ».

Le 8 janvier 1991, on lui accorda un régime de semi-liberté (il pouvait rester dehors dans la journée et ne devait rentrer à la prison que le soir, pour y dormir). Mais le 18 janvier, Guy Georges s’évapora dans la nature. Il ne réintégra pas sa cellule, il était parti pour Paris.

Il avait décidé de vivre en marge de la société. Il vola pour vivre et dormit dans les squats de l’est de Paris.

Dans la nuit du 24 au 25 janvier 1991, Pascale Escarfail, une jolie étudiante en lettres de 19 ans, fut violée et assassinée chez elle, rue Delambre, dans le XIVe arrondissement. D’une manière particulière, l’assassin avait coupé son soutien-gorge entre les bonnets et avait tailladé ses vêtements. Malheureusement, les traces de sperme, trop légères, ne permirent pas d’isoler un ADN exploitable.

rue delambre
La rue Delambre

Selon les éléments de l’enquête, Guy Georges aperçut Pascale Escarfail, marchant dans la rue, depuis la terrasse du café où il buvait un verre. Il “flasha” sur elle : c’était une belle jeune femme blonde qui semblait heureuse. Il la suivit jusqu’à la porte de son immeuble. Avant que celle-ci ne se referme, il entra derrière elle, monta les escaliers, la dépassa même. La jeune femme ne se douta de rien. Arrivée au 6ᵉ et dernier étage, elle réalisa qu’il l’attendait. Elle lui demanda ce qu’il voulait. «Toi», lui répondit-il, en sortant un couteau, un Opinel n°12.
Ils entrèrent tous les deux dans le studio de l’étudiante. Sous la menace de l’Opinel, Guy Georges poussa Pascale Escarfail sur le lit. Avec du chatterton, il lui attacha les mains. Puis, il découpa ses vêtements, trancha son soutien-gorge entre les deux bonnets et son slip sur les côtés. Il la viola. Elle ne se débattit pas, sans doute paralysée par la peur et le choc, sauf une fois où elle lui donna un coup de pied. Il la frappa alors de trois coups de couteau dans la région du cou, dont un, mortel, qui atteint la carotide gauche. Guy Georges prit également le temps de se laver les mains, de boire une bière et d’emmener des objets qu’il revendit par la suite (un walkman, un appareil photo, une montre, une chaîne en or…).

Ce meurtre fut le premier du “tueur de l’est parisien”. Il constituait la “matrice” de ses futurs assassinats : repérer une femme (jeune et belle) seule, la suivre, l’attaquer avec un couteau, avant de la violer puis de la tuer. Dans les six autres meurtres, on retrouva l’usage de la même arme, un Opinel n°12, comme la même manière d’attacher la victime et de trancher ses sous-vêtements.

Les policiers fouillèrent l’appartement de Pascale Escarfail mais ne trouvèrent aucun indice, aucune empreinte. Ils n’avaient aucune piste. Le dossier d’instruction fut confié au juge Martine Bernard. L’enquête fut menée sans grande conviction et n’apporta rien de probant aux enquêteurs. Juste avant que Guy Georges ne soit arrêté, en 1998, la juge Martine Bernard s’apprêtait à classer l’affaire “sans suite”…

Le 17 février 1991, Guy Georges se constitua prisonnier. On le réincarcéra à la prison de Caen sans se préoccuper de son emploi du temps pendant l’évasion ! Le juge d’application des peines, trop heureux de retrouver son prisonnier, ne posa pas de question à Guy Georges sur le mois qu’il avait passé à Paris ! Guy Georges pensa sûrement qu’il avait “bien eu les policiers et la justice”… et qu’il pourrait recommencer à tuer sans être inquiété.

guy georges squat

En décembre 1991, Guy Georges fut transféré à la prison de Coutances. Il fut libéré le 4 avril 1992, alors qu’il n’avait pas encore terminé ses dix années de prison et qu’il s’était rendu coupable d’une évasion.

Guy Georges repartit pour Paris et passa de squat en squat, s’attirant toujours la sympathie et le respect de ses colocataires. Pour tous, il était “Joe”, joyeux buveur, d’humeur égale, serviable, souriant, attentif aux autres.

Boulevard Malesherbes
Boulevard Malesherbes

Seulement 18 jours après sa sortie de prison, le 22 avril 1992, il agressa une nouvelle jeune femme, Eléonore P., une étudiante qui se rendait vers minuit chez son ami, boulevard Malesherbes à Paris. Dans l’entrée de l’immeuble, Guy Georges se jeta sur elle, armé d’un Opinel n°12. Il la poussa contre le mur et lui mit son couteau sous la gorge. Il l’enfonça assez profondément pour l’entailler. Il lui demande une fellation en la menaçant de lui planter le couteau dans le ventre. Malgré sa terreur, elle commença à lui parler, “pour l’amadouer”. Mais Guy Georges s’énerva et la jeta au sol.
Enfin dégagée, Eléonore P. se mit à hurler. Il s’allongea sur elle et leva son couteau. Mais une lumière s’alluma. Des habitants de l’immeuble l’avaient entendu crier et arrivaient en courant. Guy Georges, avec son courage habituel, s’enfuit. Toutefois, la concierge avait pris le temps d’appeler la police qui, rapidement sur les lieux, rattrapa Guy Georges.

Bien qu’étant récidiviste, il ne fut condamné qu’à 5 ans d’emprisonnement, dont 3 avec sursis… Par commodité, la justice ne reconnut pas le caractère sexuel de l’agression, ce qui excluait toute possibilité de faire un rapprochement avec lui, par la suite, pour les viols suivis d’assassinats.

Par commodité
Dans leur livre “Guy Georges, contre-enquête sur le Tueur de l’est parisien”, Franck Spendler et Omar Guendouz expliquent qu’ils ont critiqué cette décision des magistrats. Il leur a été répondu qu’ “il vaut mieux une comparution immédiate en correctionnelle où les peines de prison peuvent être très lourdes, plutôt qu’un procès d’assises qui sont longs et coûtent cher aux contribuables”

Guy Georges donna à ses amis des squats de fausses raisons à son incarcération, des bagarres ou des braquages, mais n’avoua sûrement pas les viols ou tentatives de viol.

Il fut libéré le 5 novembre 1993. Il s’installa alors chez des amis, et recommença à se prostituer pour survivre, mais cette fois-ci, il “michetonna” avec des hommes riches.

Le boulevard de Reuilly
Le boulevard de Reuilly

Le 7 janvier 1994, Catherine Rocher, une jolie assistante de marketing de 27 ans, fut retrouvée morte dans un parking sous terrain, au 70 boulevard de Reuilly, dans le 12e arrondissement. Elle avait été violée, frappée et assassinée au couteau, dans sa voiture, alors qu’elle rentrait d’une fête chez des amis.
Son corps ne fut découvert que le lundi suivant par son patron qui lui prêtait un box dans ce parking. Avec la même signature que pour le meurtre de Pascale Escarfail : le soutien-gorge coupé entre les bonnets et les vêtements tailladés.
Guy Georges s’était également emparé de la carte de crédit de Catherine Rocher (qui lui avait spontanément révélé son code, dans l’espoir que, satisfait, son agresseur s’en irait). Juste après être ressorti du parking souterrain, il retira 3 800 francs (580 euros) à un distributeur de billets à proximité, comme si de rien n’était.

Guy Georges lut la presse et constata que la police n’avait aucune piste probante. Cela le conforta sans doute dans son sentiment d’impunité.

Il toucha finalement le RMI (devenu depuis le RSA) en décembre 1993. Il se proposa comme bénévole pour l’association Saint-Vincent-de-Paul, qui l’avait aidé à monter son dossier. D’ailleurs, par commodité, Guy Georges fut officiellement domicilié au siège de cette association catholique, où il passait relever sa boîte postale.
Un bénévole de l’association allait déclarer, plus tard : « Bien sûr, nous savions qu’il sortait de prison. Il était très discret, pas du tout agressif. Il restait parfois une heure à se confier, en particulier sur son absence de famille. Mais nous pensions qu’il n’avait commis que des vols… ».