Article mis à jour le 24 août 2022

Nom : Richard Angelo
Surnom : « The Angel of Death » (L’Ange de la Mort)
Né en : 1961 à Lindenhurst (New York) – États-Unis
Mort le : Toujours vivant, incarcéré.

Richard Angelo voulait qu’on le prenne pour un héros. Comme beaucoup d' »infirmiers de la mort », il empoisonnait délibérément certains de ses patients, puis attendait qu’on l’appelle pour les réanimer et les sauver. Malheureusement, il a souvent eu la main trop lourde et au moins 20 d’entre eux sont décédés. Ses collègues ont fini par se douter de quelque chose. La police a perquisitionné chez lui et a trouvé des fioles de médicaments, mortels à hautes doses. Lors de son procès, il a tenté de convaincre les jurés qu’il n’était pas responsable de ses actes, mais ils ne l’ont pas cru.

Informations personnelles

Richard_Angelo_jeune

Richard Angelo est le fils unique de parents fort religieux qui l’ont toujours choyé. Ses parents, des professeurs, l’ont élevé dans la peur et le respect de Dieu. Ils étaient des citoyens modèles, réservés et sans aucun problème. Ils vivaient dans une belle maison de banlieue à Long Island. Enfant, Richard Angelo avait un visage… angélique. Il sortait tout droit d’une série des années 50, un gamin parfait, poli, gentil, bien éduqué…

À l’adolescence, il ne se rebella pas, au contraire. Ses parents n’avaient même pas besoin de lui demander de tondre la pelouse, vider les poubelles, ramasser les feuilles, porter les courses ou aider les voisins. Il n’était pas très sportif et ne se fit remarquer à la ligue de Base-ball pour enfants que pour son niveau très… moyen. Il continua pourtant, fit des efforts, essayant toujours de faire du mieux qu’il le pouvait. Il était Scout et se vit attribuer le badge convoité de « Eagle Scout« , une récompense uniquement attribuée aux meilleurs.
Il aimait chasser ou pêcher avec son père, un homme aimant et fier de son fils. Richard Angelo adorait également rendre visite à sa grand-mère Italienne qui lui préparait toujours ses pâtes préférées.

Il était toutefois réservé et solitaire, personne ne l’a jamais vu sortir avec une fille. Angelo était un garçon studieux, sans doute influencé par ses parents. Il eut la meilleure éducation (Catholique) de la région : l’École Élémentaire de l’Aide Perpétuelle et le Lycée Baptiste de Saint Jean. Comme ses parents, il allait à la messe tous les dimanches (et continua une fois adulte). Son oncle, un prêtre de Pennsylvanie, eut aussi de l’influence sur lui. Richard était fier d’être enfant de chœur à l’Église de Notre Dame de la Santé Perpétuelle. Son visage s’illuminait lorsqu’il participait à la messe, heureux que ses parents le regardent.

En fait, en grandissant, il sembla presque trop parfait pour certains. Il ne buvait jamais, ne fumait pas, ne sortait jamais avec les filles et rarement avec ses amis.

Nassau medical center
Nassau medical center

En 1980, Angelo commença des études d’infirmier à l’Université de Farmingdale (état de New York). Il obtint ensuite un emploi à l’unité des grands brûlés du Centre Médical du Comté de Nassau (Long Island, état de New York). Mais il ne resta pas longtemps. Il était compétent, sans plus et, selon ses supérieurs, il eut des problèmes avec ses collègues parce qu’il se faisait souvent porter pâle.
Il démissionna et fut rapidement engagé à l’Hôpital Brunswick d’Amityville (état de New York). L’endroit ne lui plut pas vraiment, et il démissionna à nouveau en janvier 1987. (Il semble qu’il ne tua personne dans ces deux hôpitaux).

Il se voyait comme un pilier de sa communauté. Il était pompier volontaire et s’était justement porté volontaire pour se déguiser en elfe lors de la parade des pompiers de Noël. Ses (rares) amis et ses voisins le considéraient comme quelqu’un de doux, de calme et de gentil. Ses activités préférées étaient de tondre la pelouse ou remplir les bouteilles d’oxygènes de la caserne de pompiers… Sa logeuse âgée l’adorait, et son chef, chez les pompiers, ne parvint pas à croire qu’il ait fait le moindre mal à qui que ce soit.
Et pourtant, Angelo avait l’impression d’être un moins que rien et avait besoin d’être le meilleur en tout, d’être respecté dans son travail, pour remonter dans sa propre estime.

Ses parents avaient pris leur retraite en Floride et Richard Angelo, à 26 ans, était seul pour la première fois de sa vie. Il loua une chambre chez l’habitant, dans la petite ville où il avait grandi, Lindenhurst.

Au printemps 1987, il commença à travailler à l’Hôpital du Bon Samaritain de Long Island (New Jersey).

Crimes et châtiment

état de new york

Richard Angelo paraissait mature et heureux de travailler au Bon Samaritain. Il avait obtenu un poste de responsabilité et supervisait l’équipe d’infirmiers urgentistes. Il était pourtant humble et toujours correct avec ses collègues. Ceux-ci ne pouvaient pas savoir qu’il cherchait désespérément leur respect et celui de ses supérieurs.
Lorsqu’il ne travaillait pas, il passait presque tout son temps à sa nouvelle passion : sa précieuse collection de cailloux, sur lesquels il collait amoureusement des étiquettes détaillées. Ou alors, il lisait voracement des encyclopédies médicales, afin de satisfaire sa soif de connaissance et de perfection.
Sa logeuse, une dame âgée, le trouvait « très convenable, poli et gentil » mais le connaissait finalement très mal. Il travaillait la nuit, dormait le jour et parlait peu.

Tout se passait bien au Bon Samaritain, excepté un « détail » : l’augmentation du taux de mortalité du service des soins intensifs.
Ces morts étaient étranges. Des patients âgés (en soins intensifs ou soins cardiaques) étaient stables et se portaient bien lorsque les infirmier(e)s de nuit contrôlaient leur état. Mais quelques minutes plus tard, l’alarme sonnait et l’équipe découvrait le ou la patiente haletant sur son lit, le visage bleu, à bout de souffle.
Les médecins comme les infirmières étaient perplexes et horrifiés.

hôpital Bon samaritain
L’hôpital Bon Samaritain

Vingt-cinq patients moururent durant une période de six semaines, tous dans des circonstances similaires et tous lorsque Angelo travaillait.
Pourtant, Angelo avait encore beaucoup de collègues et d’amis admirateurs qui ne se doutaient de rien et pensaient que les morts auraient pu être encore plus nombreuses sans les efforts héroïques d’Angelo pour sauver ces patients. Il s’était bâti une réputation de « sauveur ». Les membres de l’équipe de nuit au Bon Samaritain étaient constamment impressionnés par le fait que le 1er infirmier arrivant dans la chambre lorsque l’alarme sonnait était invariablement Richard Angelo. Certains ne cachaient pas leur respect et leur admiration pour le jeune infirmier qui prenait toujours la situation en main et semblait savoir exactement ce qu’il fallait faire.

D’autres infirmiers, au contraire, finirent par avoir des doutes.
Ainsi, une infirmière, Lauren Ball, ne pouvait s’empêcher de penser que « quelque chose n’allait pas » avec Angelo. Il travaillait deux nuits par semaine avec elle et ne lui avait jamais donné de raison de se méfier de lui. En fait, il faisait tout ce qu’il pouvait pour qu’on l’apprécie. Mais Lauren Ball ne pouvait se débarrasser d’un sentiment de malaise. Tout au fond d’elle, elle sentait que le jeune infirmier, bien que doux et efficace, était lié à ces morts. Il était « trop beau pour être vrai », trop parfait.
Une des patientes, Nancy Falabella, 67 ans, lui avait dit qu’elle n’aimait pas Angelo et qu’elle ne lui faisait pas confiance. Le fils de Madame Falabella expliqua même à Lauren Ball que sa mère lui avait dit : « Ne laisse pas cet infirmier barbu s’approcher de moi ».

Le 11 octobre 1987, il y eut plus de morts que d’habitude. Et cette nuit-là, Angelo fut enfin découvert.

La première victime fut Joseph Mirabella, 71 ans. Il avait été opéré pour un désordre intestinal et, à la surprise générale, il s’en était très bien remis. Dirigeant d’une compagnie de fabrication de portes en aluminium, Monsieur Mirabella était un sacré bonhomme. Il paraissait si bien que sa famille rentra chez elle sans inquiétude. Il était en bonne santé lorsque Richard Angelo vint vérifier sa tension, une demi-heure après leur départ.
À 1h30 du matin, l’hôpital appela l’épouse de Joseph Mirabella pour la prévenir : il venait de décéder d’une crise cardiaque. La famille, affligée, en état de choc, retourna à l’hôpital. Angelo les accompagna à la morgue. Très religieux, il les réconforta en leur assurant que Joseph devait déjà être avec le « Père », puis les reconduisit vers la sortie.

Moins d’une heure après, ce fut le tour de Gerolamo Cucich, 73 ans. Ce touriste Yougoslave était à l’hôpital, où il se remettait de problèmes cardiaques, lorsque Angelo entra dans sa chambre et injecta quelque chose dans son intraveineuse. Il lui dit : « Je vais vous aider à vous sentir mieux ». Quelques minutes plus tard, Cucich se sentit engourdi, il eut du mal à respirer et commença à s’affoler. Il réussit pourtant à appeler les autres infirmier(e)s. L’infirmière Lauren Ball parvint à le sauver, de justesse.

À six heures du matin, il y eu une troisième victime, Nancy Falabella, la dame qui ne faisait pas confiance à Angelo.
Madame Falabella était une ancienne institutrice de Brooklyn à qui on avait enlevé une tumeur cancéreuse avec succès. Elle avait toutefois connu quelques complications et avait été envoyée dans l’unité des soins intensifs. Elle n’avait pas voulu venir au « Bon Samaritain », mais son fils et sa belle-fille l’y avaient poussé, à cause de l’excellente réputation de l’hôpital…

pavulon

Par la suite, Gerolamo Cucich voulu parler à Lauren Ball. Il lui expliqua ce qui s’était passé. Un jeune homme barbu, rondouillard, portant une blouse blanche d’infirmier, avait injecté quelque chose dans son intraveineuse. Peu après, il avait commencé à se sentir très mal. Angelo était le seul barbu de l’équipe.
L’infirmière Ball, qui le soupçonnait déjà, décida de l’interroger pour en être sûre. Évidemment, Angelo nia tout et fut indigné des accusations portées par Lauren Ball. Mais celle-ci ne fut pas convaincue et fit part de ses soupçons à ses supérieurs. Comme Angelo avait d’excellentes références, on demanda à l’infirmière de garder ses soupçons pour elle-même… jusqu’à ce qu’une enquête interne soit menée.
On analysa l’urine et le sang de Monsieur Cucich et on réalisa qu’ils présentaient des traces de Pavulon, un puissant paralysant musculaire.
Le Pavulon est le produit utilisé en doses massives pour exécuter les condamnés à mort dans certains états des États-Unis. En doses minimes, il est utilisé comme relaxant durant les opérations ou pour détendre les patients avant de les intuber. En bien des aspects, il est semblable au curare. À petites doses, c’est un médicament utile. Entre de mauvaises mains, il provoque une mort longue et extrêmement douloureuse, bloquant les poumons et suffoquant lentement sa victime.

Richard Angelo fut immédiatement suspendu, en attendant la suite de l’enquête.
Le 13 octobre, son casier fut fouillé à l’hôpital. On y découvrit des seringues, des fioles d’Anectine, un autre paralysant, ainsi que du chlorure de potassium (qui peut provoquer un arrêt cardiaque). Ces objets avaient été volés dans les stocks de l’hôpital et n’avaient rien à faire dans ce casier. Les enquêteurs jetèrent également un œil dans le réfrigérateur de l’unité de soins cardiaques et on leur révéla qu’une assez grande quantité de Pavulon avait disparu.

Les journaux apprirent la nouvelle et « Newsday », un périodique New Yorkais, annonça qu’il allait publier un article. Les policiers se décidèrent alors à arrêter Angelo.

Le 14 octobre, ils se rendirent chez lui, mais il n’était pas là. Les policiers trouvèrent par contre de nouvelles fioles de Pavulon et d’Anectine. Les enquêteurs se demandèrent si Angelo n’avait pas disparu dans la nature et s’ils n’auraient pas dû l’arrêter plus rapidement. Il n’était pas chez lui, il n’était pas chez ses parents, il n’était pas à la caserne des pompiers volontaires…

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Les policiers apprirent alors qu’une convention de « techniciens médicaux » avait lieu au Conseil du service médical des urgences de l’état de New York, à Albany. Ils s’y rendirent et y trouvèrent Angelo, étudiant avec fidélité la profession qu’il avait choisie, jusqu’au bout. Il ne résista pas et se laissa conduire au commissariat central de Yaphank, à Long Island.

Bien qu’affligé et angoissé, Angelo renonça à la présence d’un avocat et avoua rapidement ses crimes. En larmes, il admit qu’il avait injecté du Pavulon à haute dose dans l’intraveineuse de Gerolamo Cucich et qu’il avait également injecté du Pavulon ou d’autres drogues dangereuses dans les intraveineuses de « plusieurs dizaines de patients ».
Il se vanta d’être devenu un expert du Pavulon en faisant des essais sur des souris qu’il chassait dans le champ qui bordait la maison où il habitait. Il expliqua qu’il avait volé du Pavulon à l’Hôpital du Bon Samaritain, « ainsi, je pouvais le ramener à la maison afin de l’expérimenter sur mes souris ». Il ajouta que « quelques » souris étaient mortes alors qu’il peaufinait ses connaissances.
Angelo fut inculpé de la tentative de meurtre sur Gerolamo Cucich.

Le médecin légiste du Comté de Suffolk, le Docteur Charles Hirsch, demanda à ce que l’on procède à une « revue » de 37 patients décédés ou qui avaient failli mourir lorsque Angelo était dans l’équipe de nuit. Il savait, comme ses autres collègues experts, qu’il serait très difficile de trouver des traces de Pavulon dans les corps des victimes à cause du temps passé, de la décomposition et du processus d’embaumement.
Néanmoins, dès la fin du mois de novembre, les autorités commencèrent à exhumer les corps des victimes afin de procéder à des analyses. Les familles de Nancy Falabella et de Frederick LaGois, 60 ans, furent les premières contactées pour donner leur accord.

Le 13 janvier 1988, Angelo fut inculpé du meurtre de Frederick LaGois, un ancien manager de restaurant, père de trois enfants. Il était arrivé au « Bon Samaritain » en septembre 1987 pour une opération de la prostate. Il allait très bien et devait être opéré le 9 octobre, mais quelques heures avant son opération, il avait eu un arrêt cardiaque.

Au même moment, l’hôpital du « Bon Samaritain » faisait sa propre enquête pour tenter de comprendre comment Richard Angelo avait pu tuer sans jamais être repéré. La raison, selon les administrateurs, était en fait la combinaison de quatre facteurs.
– D’abord, Angelo avait d’excellentes références et beaucoup d’expérience lorsqu’il avait été embauché en avril 1987.
– Ensuite, son but premier n’était pas de tuer ses victimes, mais de les rendre très malades pour les sauver.
– Troisièmement, les victimes d’Angelo étaient âgées et en mauvaise santé.
– Et enfin, le Pavulon et l’Anectine étaient disponibles pour tous les infirmiers du service des soins intensifs.

Le standard de l’hôpital fut submergé d’appels provenant de familles de patients décédés qui voulaient savoir si leur proche avait été assassiné par Angelo.
L’annonce des inculpations d’Angelo eut un effet dévastateur pour l’hôpital du « Bon Samaritain ». Il avait une excellente réputation, celle d’un établissement moderne et bien administré, où le personnel était soucieux du bien-être des patients. Mais la presse, le public et les familles des victimes accusaient l’hôpital d’être responsable des meurtres.

richardangelo

Angelo, qui, en une semaine, avait sali la réputation que le « Bon Samaritain » avait mis 40 ans à construire, ruminait dans une cellule de prison. Il avait pensé être libéré sous caution dans l’attente de son procès mais, à sa grande surprise (!!!), il avait reçu des dizaines de lettres le menaçant de mort s’il sortait du pénitencier.

Les enquêtes continuaient et il y eu bientôt des preuves selon lesquelles Angelo avait tué entre 10 et 25 des 33 patients exhumés (quatre familles seulement refusèrent que le corps de leur défunt ne soit exhumé).
Le Docteur Hirsch découvrit des traces de Pavulon dans six des corps et, dans quatre cas, il y avait assez de Pavulon pour provoquer la mort.

Le procès de Richard Angelo commença en automne 1989, en présence des parents de l’infirmier.
L’accusation préféra ne l’accuser que des quatre meurtres pour lesquels les preuves étaient les plus solides. Les enquêteurs et le Docteur Hirsch présentèrent leurs conclusions, les infirmiers témoignèrent et Gerolamo Cucich fit le voyage depuis la Yougoslavie pour venir raconter son calvaire.

angelo

Angelo ne nia pas avoir injecté des drogues à ses patients, mais il essaya de démontrer qu’il souffrait « d’une maladie mentale qui l’empêchait de produire l’état mental requis pour les crimes dont il était accusé : la conscience d’un grand risque de décès du patient à cause de ces injections ».
À cette fin, ses avocats requirent deux experts psychiatres qui affirmèrent qu’il souffrait d’un « désordre de dissociation de la personnalité qui l’empêchait d’identifier (et ainsi le poussait à négliger) les risques associés à son geste d’injecter aux patients des produits qui causaient une détresse respiratoire ».
Les experts témoignèrent qu’Angelo avait un sentiment « d’extrême non-conformité », et qu’il cherchait à créer une situation dans laquelle il pourrait prouver ses capacités. Son « désordre dissociatif », expliquèrent les psychiatres, avait fait qu’Angelo n’avait pas réalisé que les produits qu’il injectait à ses patients était la cause de leur arrêt respiratoire et donc de leur mort.
Malheureusement pour lui, les policiers témoignèrent qu’Angelo, après son arrestation, leur avait expliqué tout le contraire : il savait parfaitement que ses injections pouvaient tuer ses patients.

L’accusation, quant à elle, présenta les témoignages de deux autres psychiatres dont l’opinion était qu’Angelo souffrait bien d’un trouble de la personnalité le poussant à chercher constamment les félicitations et l’admiration, mais qu’il était par contre capable d’évaluer les risques et les conséquences de ses actes.

Les jurés furent convaincus par l’accusation plus que par la défense, et, le 14 décembre 1989, Angelo fut reconnu coupable de deux meurtres au second degré, d’un meurtre au 1er degré, d’un homicide par négligence criminelle et d’une tentative de meurtre sur Gerolamo Cucich.
Il fut condamné à la peine maximale prévue par la loi du New Jersey : la prison à vie, avec une peine de sécurité incompressible de 50 ans.

L’hôpital du « Bon Samaritain » a été attaqué en justice par plusieurs familles de victimes qui lui ont réclamé des millions de dollars de dommages et intérêts.

Les victimes de Richard Angelo

Angelo a été reconnu coupable des meurtres de :
Milton Poultney (75 ans)
Anthony Green (57 ans)
John Stanley Fisher (75 ans), le 8 septembre 1987
Frederick LaGois (60 ans), en septembre 1987

Il a sûrement aussi assassiné :
Joseph Seider, en juillet 1987
Joseph O’Neill, le 21 septembre 1987
Nancy Falabella (67 ans), le 11 octobre 1987
Joseph Mirabella (71 ans), le 11 octobre 1987
Ruth Gardeneer (49 ans), le 14 octobre 1987
et bien d’autres…

Mode opératoire

Richard Angelo profitait tout simplement de son métier d’infirmier, et de la confiance que lui accordait ses patients, pour les empoisonner. Les malades, même s’ils allaient bien, pensaient qu’il savait ce qu’il faisait lorsqu’il leur injectait quelque chose dans les veines.

Il injectait soit du Pavulon, soit de l’Anectine (ou « Succinylcholine« ) dans leur intraveineuse.
Le Pavulon est un dérivé du curare qui relaxe les muscles, mais, à trop hautes doses, il paralyse les poumons pour stopper la respiration. Il est l’un des trois produits utilisés lorsque les condamnés à mort sont tués par injection.
L’Anectine est un anti-douleur possédant de nombreux effets indésirables et secondaires : douleurs musculaires, bradycardie, crampes, voire arrêts cardiaques.

En fait, il arrivait souvent à Angelo de ramener des fioles de Pavulon et d’Anectine chez lui, et de mélanger les deux avec une solution saline. La solution saline est utilisée par les infirmiers pour déboucher les intraveineuses des patients. Ainsi, si quelqu’un le voyait injecter quelque chose à un patient, il pouvait toujours dire qu’il nettoyait le tube…

Les patients se retrouvaient rapidement en insuffisance respiratoire. S’ils n’étaient pas sauvés à temps, ils mourraient étouffés dans d’horribles souffrances. Angelo se précipitait avec ses collègues dans la chambre du patient qu’il venait d’empoisonner, pour tenter de lui sauver la vie, et obtenir de cette manière une gratification : félicitations, admiration, louanges, respect…

Peu de gens, même parmi ses collègues, ont jamais soupçonné Angelo des meurtres qu’il a commis. Il était tout à fait banal, une jeune homme rondouillard, barbu à lunettes, qui commençait à perdre ses cheveux. Physiquement, il passait inaperçu. Et en tant qu’infirmier, il a toujours donné l’impression d’un très bon professionnel.

Les motivations de Richard Angelo

Contrairement à Donald Harvey qui tuait ses patients par plaisir et volonté de pouvoir, Richard Angelo voulait tout simplement être un héros. Il avait été un « Eagle Scout » (la plus haute distinction qu’un scout puisse obtenir) et était un pompier volontaire courageux. Il voulait être celui qui sauve des vies, celui que l’on admire, même s’il devait pour cela provoquer une situation dramatique.

Angelo empoisonnait ses patients, puis revenait dans leur chambre avec l’équipe médicale lorsque l’alarme se déclenchait. Il reconnaissait immédiatement le problème (puisque c’était lui qui l’avait provoqué) et donnait d’excellentes indications pour le sauver. Même s’il n’y réussissait pas, ces collègues louaient ses connaissances médicales, son savoir, sa rapidité, son abnégation, sa motivation, etc.
Angelo a lui-même expliqué aux policiers qu’il était comme ces pompiers qui allument des feux dans le but d’aller sauver des gens et de se conduire héroïquement.
La première fois qu’il essaya, il injecta quelque chose dans l’intraveineuse de John Fisher, et celui-ci se retrouva dans une condition physique critique. Angelo ne put le sauver, car John Fisher mourut la nuit-même. Angelo voulut recommencer pour « y arriver la prochaine fois ».

Angelo recherchait maladivement la gloire et l’admiration, même s’il devait tuer pour cela. Il se moquait des souffrances qu’il infligeait à ses victimes. Il a tenté d’expliquer qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait ou qu’il ne s’était attaqué qu’à des personnes « de toute façon condamnées » (ce qui était faux).
Il n’a été capable de se souvenir que du nom d’une seule de ses victimes, alors qu’il les avait parfois côtoyées et soignées durant des mois.

Citations

« La raison pour laquelle j’ai fait une intraveineuse à Monsieur Cucich, c’est que le service avait eu énormément de travail et j’avais l’impression d’avoir mal travaillé en général. J’ai pensé qu’il fallait que je prouve à l’équipe et à moi-même que j’étais un bon infirmier. L’équipe me posait des questions et m’utilisait comme personne de ressource. Je savais ce que je faisais et je l’ai fait volontairement. Je savais que ça causerait une détresse respiratoire et je savais que nous devrions intervenir » : Richard Angelo, aux policiers.

« J’ai fait tout ça intentionnellement. Je voulais que l’équipe me respecte… J’ai l’air idiot maintenant… Et je suis désolé » : Richard Angelo, aux policiers.

« Je voulais créer une situation dans laquelle je provoquerais une détresse respiratoire chez le patient, ou un autre problème, et que grâce à mon intervention, on pense que je savais ce que je faisais. Je n’avais pas du tout confiance en moi. Je me sentais terriblement inadapté… insuffisant. » : Richard Angelo, lors de son procès.

Bibliographie

Livres en anglais :

Aucun livre n’est consacré spécifiquement à Angelo, mais des ouvrages ont pour sujet des médecins et infirmiers assassins.

Nurses Who Kill
Résumé : Ce livre expose les vies et les crimes de plusieurs infirmier(e)s qui s’en sont pris à leurs patients : Richard Angelo, Anthony Joyner, Robert Diaz, Catherine Wood et Gwendolyn Graham, Donald Harvey…

Inside the Minds of Health-Care Serial Killers: Why They Kill
Résumé : Les médecins, infirmiers et infirmières tueurs, de la fin du 19ᵉ siècle à aujourd’hui.
Alors que beaucoup de gens considèrent qu’un professionnel de santé ne peut pas être un tueur en série, cette profession est représentée de manière disproportionnée parmi les tueurs en série, et ils ont tendance à être plus prolifiques que les autres tueurs, ayant plus d’opportunités et des alibis faciles. Ce livre plonge dans le monde des « anges de la mort », en examinant les caractéristiques particulières des différents groupes de meurtriers, les motivations, les méthodes et les victimes.

Liens

– L’Hôpital : le Good Samaritan Hospital (en anglais)
– Lindenhurst : le site du « village » où a vécu Angelo (en anglais)
– L’état de New York : les comtés sur wikipedia